25 juin 2016

C’étaient des hommes (1950) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Men »

C'étaient des hommesBlessé de guerre et paralysé des jambes, Wilcheck est soigné dans un hôpital pour soldats paraplégiques. Il refuse de voir sa fiancée de peur de lire la pitié dans ses yeux mais celle-ci s’obstine et sollicite l’aide du docteur… Produit par Stanley Kramer et réalisé par Fred Zinneman (futur réalisateur de Le Train sifflera trois fois et Tant qu’il y aura des hommes), The Men est un film peu connu qui cherche à mettre en valeur un autre type de bravoure que celui du combat, celui qui est nécessaire pour rebâtir sa vie en fauteuil roulant. Assez inévitablement, le film est alourdi par un excès de sentimentalisme sans que cela oblitère toutefois le propos. The Men est le premier film de Marlon Brando. Adepte de la fameuse Méthode de l’Actors Studio, l’acteur est allé vivre plusieurs semaines dans un véritable hôpital pour soldats paraplégiques pour mieux s’imprégner de son personnage. Son interprétation est effectivement assez puissante, elle transfigure le film qui aurait été certainement anodin sans lui. Marlon Brando, qui avait déjà triomphé avec son interprétation à Broadway d’Un tramway nommé désir (qui sera son deuxième film), fit ainsi une entrée remarquée dans le monde du cinéma.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Teresa Wright, Everett Sloane, Jack Webb
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Remarques :
* En plus de son long séjour en hôpital, Brando resta sur un fauteuil roulant tout le temps que dura le tournage.
* De nombreux (49) soldats paraplégiques apparaissant dans le film sont ceux avec qui il séjourna durant plusieurs semaines. L’équipe de basket et de water-polo est une authentique équipe.

The Men
Marlon Brando et Teresa Wright dans C’étaient des hommes de Fred Zinnemann.

21 juin 2016

Blanches colombes et vilains messieurs (1955) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Guys and Dolls »

Blanches colombes et vilains messieursA Broadway, tous les amateurs de jeux clandestins se retrouvent et cherchent à jouer ensemble. Sky Masterson accepte le pari proposé par Nathan Detroit : séduire la première jeune femme qu’il lui montrera et l’emmener dîner à La Havane. Nathan lui désigne Sarah Brown, une jeune missionnaire de l’Armée du Salut… Adapté d’une pièce à succès de Jo Swerling et Abe Burrows, la comédie musicale Guys and Dolls a beau avoir été réalisée par le grand Joseph L. Mankiewicz, il s’agit surtout d’un projet du producteur Samuel Goldwyn (1). L’histoire n’a pas grand intérêt mais c’est surtout par son manque de souffle et de cohésion que le film est très en deçà des grandes comédies musicales des années cinquante. Certes on peut saluer les audaces, comme prendre un pur produit de l’Actors Studio comme Marlon Brando pour lui faire pousser la chansonnette, ou le fait de styliser les décors, ou encore d’introduire un intermède cubain fiévreux, mais tout cela ne suffit pas pour former un bel ensemble. Brando et Sinatra semblent jouer dans un autre film que le reste des acteurs, les ballets et chansons sont loin d’être mémorables et le mauvais goût de Samuel Goldwyn est particulièrement visible (il culmine dans ces ballets vulgaires des Goldwyn Girls). Le film, qui est très long (2h30), ne manque toutefois pas de défenseurs… Ce fut d’ailleurs un gros succès.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Marlon Brando, Jean Simmons, Frank Sinatra, Vivian Blaine
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Pour lire une présentation plus élogieuse : Le Monde

Remarques :
* Patrick Brion émet l’explication que l’erreur principale de Goldwyn et Mankiewicz serait d’avoir fait appel au chorégraphe Michael Kidd, qui avait conçu les ballets de la pièce : il était sans doute trop prisonnier de sa propre chorégraphie sur scène pour innover réellement. Un autre chorégraphe aurait tout imaginé pour le cinéma sans se référer à une chorégraphie précédente.
* Guys and Dolls sera la seule comédie musicale de la filmographie de Mankiewicz.
* Un remake est prévu (2017 ? 2018 ?)

(1) La légende veut que, le soir de la première de la pièce, Samuel Goldwyn était si enthousiasmé qu’il essayait déjà d’en acheter les droits alors que le second acte n’était pas fini. En réalité, il ne les obtiendrait que quatre ans plus tard après une bataille avec la M.G.M. qu’il remporta en proposant 1 million de dollars. Il fit de cette somme un argument publicitaire en insistant sur ce point dans la bande annonce du film.

Guys and Dolls
(de g. à d.) Frank Sinatra, Marlon Brando, Jean Simmons et Vivian Blaine dans Blanches colombes et vilains messieurs de Joseph L. Mankiewicz (photo publicitaire posée).

Guys and Dolls
Marlon Brando et Frank Sinatra dans Blanches colombes et vilains messieurs de Joseph L. Mankiewicz. La rivalité entre les deux acteurs a empoisonné partiellement le tournage.

28 avril 2016

Richard III (1955) de Laurence Olivier

Richard IIIA la fin du XVe siècle en Angleterre, Richard duc de Gloucester a oeuvré pour mettre sur le trône son frère aîné Edward IV non sans en ressentir une forte jalousie : difforme et bossu, il n’a pas tous les atouts pour prétendre lui-même au trône mais il sait qu’il peut y parvenir par la ruse. Il va d’abord s’attacher à écarter définitivement son second frère George… Oeuvre de jeunesse de William Shakespeare, Richard III dresse un portrait très sombre du souverain : un homme fourbe qui ne cesse de comploter et fait tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce portrait ne correspond pas vraiment à la vérité historique mais donne de la matière à l’une des plus grandes pièces de Shakespeare. Après avoir brillamment adapté Henry V et Hamlet, Richard III était un choix assez logique pour Laurence Olivier. Le résultat est tout aussi intéressant même s’il est généralement moins bien considéré du fait d’une mise en scène jugée trop simple. Il y a certes moins de nouveautés, si ce n’est qu’il n’hésite pas à s’adresser directement à la caméra, procédé très rare au cinéma mais un peu plus courant au théâtre. L’ensemble a été tourné en studios à l’exception du dernier acte, la bataille de Bosworth, qui a été tournée… en Espagne. Laurence Olivier reste très fidèle à l’esprit et au texte ; son interprétation est à la fois intense et juste. Son Richard III est vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Cedric Hardwicke, Ralph Richardson, John Gielgud, Pamela Brown, Claire Bloom
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Remarque :
* Les mauvais résultats commerciaux du film aux Etats-Unis (en partie dus au fait que le film était sorti simultanément à la télévision) et la mort du producteur anglais Alexander Korda ont mis fin prématurément aux adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier. Il n’a pas pu trouver le financement pour monter Macbeth, nous privant de ce qui aurait certainement été une très grande interprétation.

Autres adaptations de la pièce :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

À noter aussi :
Looking for Richard (1996) de Al Pacino qui est un documentaire autour de la pièce et de son impact sur le monde actuel.

Richard III
Laurence Olivier dans Richard III de Laurence Olivier.

14 mars 2016

Femmes d’un été (1958) de Gianni Franciolini

Titre original : « Racconti d’estate »

Femmes d'un étéDans une station balnéaire huppée sur la côte italienne en plein été, nous suivons plusieurs personnages assez divers… Gianni Franciolini est un réalisateur italien assez peu connu qui a réalisé une petite vingtaine de films entre 1939 et 1959, notamment des comédies de moeurs. Femmes d’un été est l’avant-dernier d’entre eux. L’histoire est écrite par Alberto Moravia et parmi les scénaristes on remarque quelques grands noms comme Sergio Amidei et Rodolfo Sonego, ou encore René Barjavel. Le titre laisse penser à une comédie mais, s’il y a bien des notes d’humour avec quelques personnages secondaires, il s’agit plutôt d’une étude de moeurs avec des portraits très variés de femmes mais aussi d’hommes. Ce n’est pas un film à sketches, c’est plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui un film choral puisque l’on saute d’un personnage à l’autre pour y revenir ensuite. Moravia a écrit un texte assez riche sur le thème de la séduction : tous ses personnages séduisent, volontairement ou involontairement, ou cherchent à séduire. Il nous en offre ainsi de multiples variations, depuis la séduction tapageuse d’une bimbo en quête d’un riche mari jusqu’à la séduction qui survient sans que l’on s’y attende, en passant par la séduction forcée, la séduction intéressée, la séduction naïve, etc. Le film est ainsi plus profond qu’il ne paraît, cette intensité se manifestant de façon évidente lorsque que le couple Michèle Morgan / Marcello Mastroianni entre en scène à la moitié du film. Parfaitement écrit, Femmes d’un été mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michèle Morgan, Marcello Mastroianni, Sylva Koscina, Gabriele Ferzetti, Dorian Gray, Franca Marzi
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Racconti d'estate
Dorian Gray dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Dany Carrel et Alberto Sordi dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Femmes d'un été
Sylva Koscina et Gabriele Ferzetti dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Michèle Morgan et Marcello Mastroianni dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

6 mars 2016

Le Faux Coupable (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Wrong Man »

Le Faux coupableChristopher Emmanuel Balestrero est musicien, il tient la contrebasse dans un club new-yorkais plutôt huppé, et arrive tout juste à faire vivre sa petite famille. Il est reconnu à tort comme étant l’auteur de hold-up chez les commerçants de son quartier… Le Faux Coupable est basé sur un authentique fait divers. De façon inhabituelle pour lui, Alfred Hitchcock s’est efforcé de rester le plus près possible de la vérité, utilisant des décors réels, allant jusqu’à filmer certaines scènes de prison dans une véritable prison. Il raconte les faits vus, non pas par les yeux de l’un des enquêteurs, mais par les yeux de l’homme faussement accusé, ce qui est un parti-pris original. Il modifie un peu les faits pour augmenter la tension mais son principal défaut est certainement d’avoir trop centré le milieu de film sur le personnage de la femme ce qui casse la montée de cette tension. L’ensemble est très froid. Henry Fonda est bien entendu l’un des plus grands acteurs qui soient mais il est ici plus impénétrable et glacial que jamais. Par ailleurs, faut-il penser (comme François Truffaut dans ses entretiens avec Hitchcock) que le style du maître du suspense ne peut s’adapter à un tel récit de faits réels ?
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Vera Miles, Anthony Quayle
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Remarques :
* Caméo : La scène où Alfred Hitchcock a fait son habituelle apparition a été coupée au montage par lui-même. Il apparaissait en arrière plan quand Henry Fonda regarde les courses hippiques sur son journal dans le café (voir la 3e photo ci-dessous).
* Alfred Hitchcock apparait tout de même en ombre chinoise dans l’introduction. C’est d’ailleurs sa seule apparition parlante dans un de ses films (en revanche, il apparaît et parle abondamment dans nombre de ses « teasers » plein d’humour).

The Wrong Man
Vera Miles, Henry Fonda et Anthony Quayle dans Le Faux coupable de Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Ce plan, avec la tête d’Henry Fonda au dessus de la grille,  est l’une des belles trouvailles d’Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Même si la scène a été coupée au montage, ce plan avec le cameo d’Hitchcock a servi comme matériel publicitaire.

27 février 2016

Pauvres mais beaux (1957) de Dino Risi

Titre original : Poveri ma belli

Pauvres mais beauxRomolo et Salvatore sont voisins et amis depuis toujours. Ils font tout ensemble, y compris draguer les filles après le travail. Mais après avoir fait la connaissance de Giovanna, leur amitié est mise durement à l’épreuve car ils sont tous deux amoureux d’elle… Parmi les premiers films de Dino Risi (il s’agit de son 6e long métrage), Pauvres mais beaux est l’un des plus personnels. Ecrit par une nouvelle génération de scénaristes (le tandem Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa), il montre un ton nouveau. Avec le recul, on mesure mieux à quel point cette comédie est le reflet d’un profond changement dans la société italienne et annonce la révolution sociale des années soixante. Même s’ils sont pauvres, et le décor pourrait être celui d’un film néoréaliste, ses personnages ne sont pas des victimes des mutations économiques mais bénéficient d’une modernité où l’insouciance retrouve une place prépondérante (1). L’autre élément marquant est le personnage de jeune fille très émancipée et sûre d’elle-même qui, dans un environnement pourtant très machiste, entend choisir son prétendant et n’hésite pas à les mettre en compétition. C’est un personnage de femme très moderne. Mais Pauvres mais beaux est avant tout une comédie avec une bonne dose d’humour. Les dialogues et situations sont savoureux. L’ensemble est très positif. Le film connut un grand succès, à tel point que Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres (Belle ma povere, 1957) et Poveri milionari (1959).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori
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Remarques :
* Le film a été tourné directement dans les rues de Rome.
* Marisa Allasio, qui montre à la fois beaucoup de charme et beaucoup de présence à l’écran, n’a pas eu une grande carrière au cinéma. Elle n’a que peu tourné après s’être mariée en 1958 à un comte.

(1) On peut ainsi situer ce film dans la lignée de Dimanche d’Août de Luciano Emmer (1950).

Pauvres mais beaux
Renato Salvatori, Marisa Allasio et Maurizio Arena dans Pauvres mais beaux de Dino Risi (photo publicitaire).

24 février 2016

Pickpocket (1959) de Robert Bresson

PickpocketUn jeune étudiant désargenté qui se dit écrivain décide de se mettre à voler. Il justifie sa position en affirmant que certains êtres supérieurs ont le droit de s’affranchir des lois. Il travaille sa technique pour avoir le geste parfait et affronte quelques proches qui tentent de le raisonner… Inspiré de Crimes et Châtiments de Dostoïevski, Pickpocket est le premier film entièrement écrit par Bresson lui-même. Il choisit des moyens non conventionnels pour exprimer les tensions internes de ce jeune garçon : « Ce film n’est pas du style policier » nous prévient-il en exergue. Effectivement, il ne cherche pas à créer de suspense (il est toutefois bien présent dans la scène d’ouverture) et nous dévoile le dénouement du film au tout début. Il ne cherche pas non plus à développer un argumentaire : les dialogues sont assez pauvres, les arguments des uns et des autres sont d’une naïveté confondante. En revanche, Bresson cherche (et parvient) à épurer au maximum sa façon de mettre en scène : « Rien de trop, rien qui manque » a-t-il écrit. Cet épurement est manifeste au montage mais aussi sur les mouvements de caméra, le cadrage. Le jeu des acteurs surprend toujours. Bresson ne travaille qu’avec des acteurs non-professionnels auxquels il demande d’être les plus inexpressifs possibles. En écartant tout ce qui est voulu expressif, son but est de faire ainsi émerger l’essence de l’être humain. Y parvient-il ? C’est peut-être à chacun d’y répondre. A mon (humble) avis, pas totalement, mais je comprends aisément que la démarche soit passionnante pour un créateur de cinéma. Pickpocket est ainsi un très beau film sur un plan que l’on peut trivialement qualifier de théorique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Martin LaSalle, Marika Green, Jean Pélégri
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Remarque :
La scène d’ouverture de Pickpocket évoque celle de Pick Up on South Street (Le Port de la drogue) de Samuel Fuller (1953). Les deux scènes présentent de grandes similitudes, y compris dans la technique (du cinéaste pas du pickpocket) employée.

Pickpocket
Martin LaSalle et Marika Green dans Pickpocket de Robert Bresson.

10 février 2016

Le Trésor du pendu (1958) de John Sturges

Titre original : « The Law and Jake Wade »

Le Trésor du penduJake Wade fait évader le hors-la-loi Clint Hollister pour s’acquitter d’une vieille dette. Les deux hommes étaient complices autrefois mais, depuis, Jade est passé du bon côté de la Loi, il est même devenu Marshal. Ils se séparent mais Clint retrouve Jade rapidement pour le faire avouer où il a caché le magot d’un ancien forfait… L’histoire de The Law and Jake Wade (le titre français est passablement inapproprié puisqu’il n’y a aucun pendu à l’horizon) peut paraître assez classique, puisqu’il s’agit d’un homme rattrapé par son passé, mais John Sturges en fait un très beau western doté d’une tension quasi-permanente. Beau, il l’est au premier sens du terme par ses décors grandioses (ce sont ceux de la Vallée de l’Owens en Californie) très présents puisque toute l’histoire se déroule lors de la longue chevauchée d’un petit groupe de cavaliers. Robert Taylor est assez monolithique dans son jeu, rendant son personnage impavide certes mais assez distant, ne favorisant guère l’empathie. Face à lui, Richard Widmark est absolument superbe : son personnage est tout à la fois, inquiétant et séduisant, cynique et fascinant, et tout cela sans jamais forcer le trait. Après la beauté des images, la performance de Widmark est le second attrait du film. The Law and Jake Wade fut plutôt maltraité par la critique, assez injustement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Richard Widmark, Patricia Owens, Robert Middleton, Henry Silva
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The Law and Jake Wade
Robert Taylor, Patricia Owens et Richard Widmark dans The Law and Jake Wade de John Sturges (tourné dans les Alabama Hills, Californie,  avec en arrière plan les montagnes de la Sierra Nevada)

9 février 2016

Viva Zapata! (1952) de Elia Kazan

Viva Zapata!Au Mexique, au tout début du XXe siècle, Emiliano Zapata prend la tête d’une rébellion contre les grands propriétaires terriens qui prennent de force les terres de pauvres paysans. Il s’allie avec le révolutionnaire Madero qui espère renverser le gouvernement… Sur un scénario signé John Steinbeck, Viva Zapata! évoque la figure légendaire du révolutionnaire mexicain, non sous la forme d’un récit précis des évènements mais plutôt comme une réflexion sur le pouvoir et sur la façon de l’exercer. Les scènes d’actions apparaissent ainsi de façon disparate pour mieux mettre en relief ses réflexions intérieures, ses hésitations, ses tiraillements. Steinbeck et Kazan posent ainsi beaucoup de questions sur la morale révolutionnaire, sur la difficulté de garder ses idéaux une fois au pouvoir, sur l’utilité des révolutions mais aussi et surtout sur le pouvoir lui-même : « Un homme fort affaiblit un peuple ; un peuple fort n’a pas besoin d’homme fort » font-ils dire à leur héro. Le film est un peu inégal, très puissant dans certaines scènes, presque ennuyeux dans d’autres (généralement celles avec la femme qu’il courtise et épouse). L’interprétation de Brando est assez appuyée, parfois même un peu trop mais sa forte présence à l’écran donne au personnage toute sa crédibilité. Malgré ses défauts, Viva Zapata! reste un film intéressant par son indéniable dimension philosophique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Jean Peters, Anthony Quinn, Joseph Wiseman
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Remarques :
* Viva Zapata! est le seul film d’Elia Kazan se déroulant entièrement en dehors des Etats-Unis.
* Le rapprochement a souvent été fait avec les tiraillements d’Elia Kazan qui trahira, peu après, ses amis communistes devant la commission McCarthy. Ce rapprochement paraît d’autant plus justifié que Kazan a décrit le film dans ses mémoires comme son film le plus autobiographique.

Viva Zapata
(de g. à d.) Anthony Quinn, Marlon Brando, Lou Gilbert et Harold Gordon dans Viva Zapata! d’Elia Kazan

1 février 2016

Assassins et voleurs (1957) de Sacha Guitry

Assassins et voleursUn riche oisif surprend un cambrioleur au moment où il pénètre chez lui et lui demande de l’aider à se suicider. Il lui raconte pourquoi il a décidé d’en finir… Assassins et voleurs est l’avant-dernier film de Sacha Guitry qui était alors déjà très malade. L’histoire est autant farfelue qu’improbable, un enchaînement délirant de situations que Guitry a avoué avoir imaginé sous l’effet des piqûres de morphine. Il est difficile de ne pas voir des allusions à son arrestation arbitraire à la Libération dans la partie reposant sur le thème du faux coupable et dans les scènes de caricature de procès. On retrouve, comme toujours, sa verve brillante dans cette apologie franchement amorale du vol, du meurtre et de l’adultère. Il avait écrit le film avec Michel Simon en tête mais il a fini par jeter son dévolu sur le tandem Poiret et Serrault, le premier tenant le rôle principal, celui qui dispense les mots d’esprit, celui que Guitry aurait tenu s’il avait pu. Darry Cowl fait une petite apparition, nous gratifiant d’un beau numéro visiblement improvisé dans le tribunal, une scène où acteurs et figurants sont tous hilares.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Michel Serrault, Magali Noël, Darry Cowl
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Remarque :
* Certaines scènes auraient été tournées par Clément Duhour (l’acteur qui tient le rôle du mari).

Assassins et voleurs
Jean Poiret et Michel Serrault dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry.