25 mars 2018

Rien sur Robert (1999) de Pascal Bonitzer

Rien sur RobertDidier est un critique et auteur en vue. Il se querelle avec son amie qui se montre très dure et désagréable avec lui. Pour aider un ami, il accepte une invitation à dîner chez un intellectuel qui l’exécute devant toute la tablée… Comme dans plusieurs de ses films, Pascal Bonitzer construit Rien sur Robert autour d’un personnage central intellectuel, imparfait, angoissé, frustré. Didier semble avoir toujours le dessous dans ses rapports avec les femmes et envie constamment le talent des autres. Cela nous donne une comédie plutôt cruelle qui fut parfois comparée à Woody Allen. Il y a toutefois une grosse différence : Pascal Bonitzer ne cherche visiblement pas à engendrer l’empathie. Son personnage nous est tout de suite présenté sous un jour peu glorieux : il a écrit une tribune pour assassiner un film qu’il n’a pas vu (1). Il n’y a d’ailleurs aucun personnage vraiment positif dans cette histoire. Même si tout cela n’aboutit sur pas grand-chose, l’ensemble est amusant et montre un ton particulier.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain, Valentina Cervi, Michel Piccoli, Bernadette Lafont, Laurent Lucas, Denis Podalydès, Edouard Baer
Voir la fiche du film et la filmographie de Pascal Bonitzer sur le site IMDB.
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Voir les autres films de Pascal Bonitzer chroniqués sur ce blog…

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Remarque :
* Le titre du film fait référence à la scène dans la librairie où la vendeuse annonce à un client qu’elle n’a rien sur Robert Desnos. Il ne semble pas avoir d’autre rapport avec l’histoire. Pascal Bonitzer a dit avoir choisi ce titre parce qu’à l’époque il cherchait des ouvrages sur le poète Robert Desnos et ne parvenait pas à en trouver.

(1) Allusion à une tribune d’Alain Finkielkraut sur le film Underground d’Emir Kusturica (juin 1995).

Rien sur Robert
Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer.

23 mars 2018

Ma saison préférée (1993) de André Téchiné

Ma saison préféréeBerthe a dû se résigner à venir vivre avec sa fille Emilie et son gendre. Émilie invite son frère Antoine, qu’elle voit rarement, pour le réveillon de Noël. Les tensions entre le frère et la sœur sont plus vives que jamais. Berthe décide de retourner vivre chez elle…
Ecrit par Pascal Bonitzer et André Téchiné, Ma saison préférée dépeint les rapports difficiles à l’intérieur d’une famille dans un moment difficile. Téchiné montre une indéniable justesse dans certains éléments, comme la façon dont les souvenirs heureux viennent former un terreau pour une réconciliation, mais n’évite pas les clichés habituels de scénaristes (ah, l’amour fusionnel frère-soeur !) et certaines exagérations. Il est aussi un peu maladroit en insérant dans cette histoire un volet sur le désir, utilisant pour cela la génération des enfants des personnages et une scène de viol bien inutile. L’ensemble montre toutefois beaucoup de sensibilité. Ma saison préférée a connu une belle carrière internationale, notamment aux Etats-Unis, ce qui est toujours remarquable pour un film français. Il est parfois considéré comme étant le meilleur film d’André Téchiné, opinion que nous ne partageons pas : il a fait bien mieux par la suite…
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Daniel Auteuil, Marthe Villalonga, Jean-Pierre Bouvier, Chiara Mastroianni, Carmen Chaplin
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Remarques :
* On pourra aussi objecter que les personnages sont un peu jeunes, 45 ans environ soit à peu près l’âge de Pascal Bonitzer et d’André Téchiné au moment où ils ont écrit cette histoire. C’est habituellement un peu plus tard que l’on affronte ce genre de situation.
* Les dialogues sont inaudibles par moments… défaut hélas assez courant dans le cinéma français de cette époque.
* Ma saison préférée est la première apparition dans un rôle d’importance pour Chiara Mastroianni (20 ans, qui joue donc avec sa mère) et pour Carmen Chaplin (16 ans), petite fille de Charlie Chaplin.

Ma saison préférée
Catherine Deneuve et Daniel Auteuil dans Ma saison préférée de André Téchiné.

11 mars 2018

Les ripoux (1984) de Claude Zidi

Les ripouxDans le 18e arrondissement de Paris, l’inspecteur de police Boisrond est un adepte des petites combines. Il se fait payer pour fermer les yeux sur un certain nombre de choses ce qui lui permet de s’adonner à sa passion : les courses. Le train-train de ce flic ripou va être chamboulé par l’arrivée de l’inspecteur Lesbuche, un jeune et ambitieux provincial, avec qui il va devoir faire équipe…
Le film a vraiment surpris à sa sortie par son ton et son amoralité. Claude Zidi parvient à bien installer l’humour sur un sujet qui ne s’y prête guère. Pour ce faire, il est bien aidé par un duo d’acteurs qui fonctionne à merveille. Le film reste toujours aussi distrayant aujourd’hui. Gros succès populaire.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grâce de Capitani, Julien Guiomar
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Les Ripoux
Philippe Noiret et Thierry Lhermitte dans Les ripoux de Claude Zidi.

Suites (de moindre intérêt) :
Ripoux contre ripoux (1989) de Claude Zidi
Ripoux 3 (2003) de Claude Zidi

24 février 2018

La Maison du Maltais (1938) de Pierre Chenal

La Maison du MaltaisA Sfax en Tunisie, Safia est une prostituée au grand cœur qui mène une vie difficile. Matteo, dit « le Maltais », un vagabond un peu poète, s’éprend d’elle. Safia consent à aller vivre dans sa maison paternelle…
La Maison du Maltais de Pierre Chenal est la seconde adaptation du roman homonyme de Jean Vignaud. Ce mélodrame colonial qui se déroule pour moitié en Tunisie et pour moitié à Paris permet à Pierre Chenal de créer une atmosphère trouble comme il les aime. Comme toujours, il s’entoure de comédiens de premier ordre et d’une excellente équipe technique. La photographie de Curt Courant est remarquable, notamment dans le souk, même si la qualité de la copie ne nous permet pas toujours d’en profiter pleinement. La partie tunisienne évoque tout naturellement Pépé le Moko sorti l’année précédente. Tout comme ce dernier, La Maison du Maltais mérite sa place parmi les classiques du cinéma français.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Viviane Romance, Marcel Dalio, Pierre Renoir, Louis Jouvet, Jany Holt
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Chenal sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pierre Chenal chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Pierre Chenal

Voir aussi la chronique du film sur le blog Mon cinéma à moi qui rapporte des informations intéressantes sur la genèse du film, tirées du livre de souvenirs de Pierre Chenal et de l’autobiographie de Marcel Dalio.

Précédente adaptation :
La Maison du Maltais (1928) de Henri Fescourt avec Tina Meller et Sylvio de Pedrelli (film perdu).

La Maison du Maltais
Marcel Dalio dans La Maison du Maltais de Pierre Chenal. Cette scène de la première rencontre entre Safia et Matteo est un petit bijou…

la Maison du Maltais
Viviane Romance, Pierre Renoir et Louis Jouvet dans La Maison du Maltais de Pierre Chenal.

11 février 2018

Monseigneur (1949) de Roger Richebé

MonseigneurL’historien-archiviste Piétrefond découvre que le serrurier à deux pas de chez lui, Louis Mennechain, porte le nom de l’homme qui aurait participé à l’évasion de Louis XVII en 1795 : certains affirment qu’il aurait fait passer l’enfant royal pour son propre fils. Après recherches, Piétrefond est persuadé que Louis Mennechain est donc le descendant de Louis XIV. Il alerte un groupe de nobles, nostalgiques de la royauté ; cette découverte dépasse leurs plus folles espérances…
Basé sur un roman de Jean Martet, Monseigneur est comédie basée sur « l’énigme du Temple », ces rumeurs qui prétendaient que l’enfant retrouvé mort dans sa geôle en 1795 n’était pas le Dauphin qui avait survécu grâce à une substitution. Roger Richebé en fait un amusant divertissement en jouant sur le décalage entre la nature très simple et modeste du serrurier et le monde de nobles dans lequel il se retrouve propulsé. Il le fait sans exagération, avec une élégante parcimonie et un humour distillé à petites touches. Les royalistes sont ridiculisés mais sans trop de méchanceté. Les dialogues sont de Carlo Rim. Le film doit aussi sa réussite à la belle prestation de Bernard Blier qui montre ici l’étendue de sa palette, toujours très juste dans son interprétation. Depuis une analyse ADN en 2004, on sait aujourd’hui que c’est bien le Dauphin qui est mort dans sa geôle en 1795.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Bernard Blier, Yves Deniaud, Marion Tourès, Paul Frankeur
Voir la fiche du film et la filmographie de Roger Richebé sur le site IMDB.

Monseigneur
Bernard Blier dans Monseigneur de Roger Richebé.

4 février 2018

Cet homme est dangereux (1953) de Jean Sacha

Cet homme est dangereuxLemmy Caution se fait passer pour un dangereux criminel américain venu se réfugier sur la Côte d’Azur. Il est en réalité chargé d’infiltrer la bande du caïd Siégalla qui projette d’enlever une jeune et riche héritière…
Cet homme est dangereux est adapté d’un roman (annoncé « célèbre » dans le générique) de Peter Cheyney, auteur anglais de romans policiers publiés en France dans la collection Série Noire. Il s’inscrit dans une série d’une petite dizaine de films mettant en scène le personnage de Lemmy Caution, agent du FBI interprété par Eddie Constantine. Ce redoutable détective a deux armes principales : le charme (pour les femmes) et les poings (pour les hommes). Et c’est un malin… Que ces films aient pu avoir un attrait au moment de leur sortie est compréhensible : le récit prend beaucoup de libertés avec les conventions sociales, les femmes sont entreprenantes, les dialogues sont modernes, le personnage ne boit que du whisky (boisson alors exotique en France). Mais, pour quiconque n’a pas vécu ces émois à l’époque, la vision de ces films risque de n’en provoquer aucun aujourd’hui. Le déroulement de l’histoire est quelque peu confus et la mise en scène laisse deviner une certaine précipitation de tournage.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Eddie Constantine, Colette Deréal, Grégoire Aslan, Véra Norman
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Sacha sur le site IMDB.

Remarque :
* Jean Sacha a été monteur, entre autres sur Othello d’Orson Welles. Bertrand Tavernier, grand amateur de ces films avec Eddie Constantine qu’il a vus dans sa jeunesse, estime que l’on retrouve clairement l’influence de Welles dans la mise en scène de ce film (il fait bien de nous prévenir car ce n’est pas évident…)

Cet homme est dangereuxEddie Constantine dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha.

Cet homme est dangereuxVoilà le genre de plans très audacieux qui avaient de quoi émouvoir en 1953 : Les jambes de Colette Deréal et Eddie Constantine dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha. Est-ce ce genre de contre-plongée où Tavernier décèle l’influence de Welles ? 🙂

Cet homme est dangereuxVéra Norman et Colette Deréal dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha.

3 février 2018

Le Coupable (1937) de Raymond Bernard

Le CoupablePromis à la riche Marie-Louise Gaude, Jérôme Lescuyer monte à Paris faire des études de droit pour poursuivre la tradition familiale et devenir magistrat. Il tombe amoureux d’une jeune fleuriste, Thérèse Forgeat, qui est enceinte après quelques mois. Mais la guerre est là et Jérôme est mobilisé…
Ce film de Raymond Bernard est la seconde adaptation du roman de François Coppée, Le Coupable, dont Raymond Bernard modifie quelque peu le déroulement. Ce grand mélodrame peut sembler d’abord assez conventionnel mais prend une grande ampleur dans son dernier tiers avec une longue scène de tribunal, forte et émouvante, qui mérite de figurer parmi les grandes scènes de tribunal du cinéma français. Pierre Blanchar se surpasse alors, évitant tout excès de grandiloquence. Pour le reste, le mélodrame se double d’une critique sociale, qui certes n’évite pas les clichés mais doté d’une belle touche d’humour. La présence de tant d’humour au sein du mélodrame est d’ailleurs assez surprenante. L’interprétation est de très bon niveau avec de beaux seconds rôles et une remarquable prestation de Gilbert Gil. La mise en scène de Raymond Bernard est bien maitrisée et la photographie de Robert Lefebvre se distingue par ses cadrages obliques fort bien intégrés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Gabriel Signoret, Suzet Maïs, Junie Astor, Gilbert Gil, Marguerite Moreno
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Remarques :
* Précédente adaptation :
Le Coupable d’André Antoine (1917) avec Romuald Joubé et Sylvie.

* C’est l’un des derniers films de Gabriel Signoret (souvent aux génériques sous le simple nom de Signoret) qui est mort en 1937. Quelques années plus tard, la jeune Simone Kaminker choisira comme nom d’artiste Simone Signoret en hommage à ce grand acteur du théâtre et du cinéma.

Le coupable
Pierre Blanchar et Junie Astor dans Le Coupable de Raymond Bernard.

Le Coupable
Gilbert Gil dans Le Coupable de Raymond Bernard.

Le Coupable
Marguerite Moreno et Gabriel Signoret dans Le Coupable de Raymond Bernard.

2 février 2018

L’amour est un crime parfait (2013) de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu

L'amour est un crime parfaitMarc est un professeur de littérature à l’université de Lausanne qui attire ses jeunes étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue…
L’amour est un crime parfait est l’adaptation d’un roman de Philippe Djian publié en 2010, Incidences. Dès le générique, les frères Larrieu montrent qu’ils cherchent à nous intriguer en créant (un peu artificiellement) une atmosphère énigmatique. Les situations sont inhabituelles et l’ensemble est assez élégant, attirant même, mais l’absence de profondeur des personnages nous éloigne quelque peu de cette histoire finalement bien confuse dans son développement. Malgré un beau plateau d’acteurs, le plus enthousiasmant dans ce film, ce sont les décors et les paysages enneigés des Alpes que les frères Larrieu savent parfaitement mettre en valeur.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn, Sara Forestier, Denis Podalydès
Voir la fiche du film et la filmographie de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu sur le site IMDB.
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Pour lire un avis très différent, vous pouvez allez lire la critique sur Abus de Ciné dont l’enthousiasme fait plaisir à voir…

 

L'amour est un crime parfait
Mathieu Amalric et Sara Forestier dans L’amour est un crime parfait de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu.

L'amour est un crime parfait
Karin Viard et Maïwenn dans L’amour est un crime parfait de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu.

Les décors :
L’université est en réalité un bâtiment de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, les scènes urbaines sont filmées à Lausanne, le chalet du professeur est filmé en France à Megève, les scènes de montagne (gouffre) sont filmées sur le plateau des Glières en Haute-Savoie, les bungalows sur le lac de la scène de finale sont à Neufchâtel en Suisse..

EPFL
Vue aérienne du Rolex Learning Center (également surnommé Rolling Center), bâtiment de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Il est l’œuvre de l’agence japonaise d’architecture SANAA, lauréate du concours d’architecture de 2004. L’éclairage est principalement naturel grâce à la lumière qui entre par les patios et les façades extérieures. La ventilation est elle aussi complètement naturelle, elle est assurée par des ouvrants automatiques qui s’ouvrent autour des patios pour laisser entrer de l’air plus frais du dehors.

29 janvier 2018

Rue de l’Estrapade (1953) de Jacques Becker

Rue de l'EstrapadeFrançoise (Anne Vernon) est une jeune femme pleine de vie et très amoureuse de son mari Henri (Louis Jourdan), pilote automobile, mais lorsqu’elle découvre qu’il a une liaison avec une jeune femme-mannequin, elle fait aussitôt ses valises et part louer une chambre sous les toits… Le succès d’Edouard et Caroline a incité Jacques Becker à tourner, non pas une suite, mais une autre comédie dans le même esprit, avec la même équipe. Le scénario de Rue de l’Estrapade est donc signé de nouveau par la très jeune (et belge) Anne Wademant. Il est assez conventionnel en apparence mais résolument moderne dans les détails. Nous retrouvons aussi le couple d’acteurs formé par Anne Vernon et Daniel Gelin, à ceci près que ce dernier n’a pas le premier rôle masculin donné à Louis Jourdan. Dans cette histoire de couple en crise, les hommes ne sont pas montrés sous leur meilleur jour alors que le personnage féminin fait preuve d’une liberté et d’une modernité rares pour l’époque. Il insuffle aussi beaucoup de fraîcheur à l’ensemble. Anne Vernon a une belle présence à l’écran. Le film est d’une grande perfection formelle et la mise en scène de Jacques Becker est élégante. Ce n’est certes pas son meilleur film mais il n’en est pas moins d’un haut niveau.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Gélin, Louis Jourdan, Anne Vernon, Jean Servais, Micheline Dax
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Becker sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jacques Becker chroniqués sur ce blog…

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Rue de l'estrapade
Anne Vernon et Louis Jourdan dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

rue de l'Estrapade
Superbe regard caméra : nous sommes à la place du miroir dans lequel se regarde Anne Vernon qui essaie une robe chez un couturier. Lucienne Legrand et Anne Vernon dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

Rue de l'estrapade
Daniel Gélin et Anne Vernon dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker. Daniel Gélin n’apparaît qu’après 45 minutes.

Remarque :
* Rue de l’Estrapade est le premier film avec une chanson de George Brassens, Le Parapluie, chantée ici par Daniel Gélin. Brassens débutait alors, non sans difficulté, sa carrière. Éditée sur disque en même temps que la sortie du film en salle, cette chanson sera distinguée par l’Académie Charles-Cros l’année suivante en obtenant le Grand Prix du disque 1954.

Rue de l'Estrapade
Quand il s’agit de faire de superbes gros plans, Jacques Becker n’est pas manchot ! Daniel Gélin dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

Rue de l'Estrapade
Jean Servais dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker. Et paf! un autre regard-caméra : cette fois, nous sommes à la place d’Anne Vernon qui s’avance vers l’énigmatique (et, chose très rare pour le cinéma de cette époque, bisexuel) couturier.

Remarque :
* La rue de l’Estrapade existe bel et bien à Paris dans le 5e arrondissement. Le numéro 7 est bien face au lycée Henri IV. A noter que cette rue doit son nom à un supplice (assez horrible) nommé l’estrapade, qui était infligé à cet endroit au XVIIIe siècle. Est-ce sa proximité sonore avec « escapade » qui a poussé Jacques Becker à choisir ce nom ? (l’estrapade devenant ainsi une escapade ratée…)

21 janvier 2018

La Madone des sleepings (1955) de Henri Diamant-Berger

La Madone des sleepingsLady Diana Wyndham est une riche et belle veuve dont les multiples aventures sont à la une des journaux populaires. Elle ne se déplace qu’en train, dans un wagon particulier, ce qui lui vaut d’être appelée La Madone des sleepings. Ses terres en Amérique centrale recèlent des gisements d’uranium qui sont convoités par plusieurs puissances étrangères…
La Madone des sleepings fut tout d’abord un roman best-seller de Maurice Dekobra en 1925 que Pathé a aussitôt porté à l’écran en muet, puis une seconde fois vingt-cinq ans plus tard dans cette version signée Henri Diamant-Berger, alors âgé de 83 ans. Le roman possède certainement des qualités mais il est bien difficile d’en trouver une seule dans ce film très plat, aux personnages inconsistants et mal interprétés. C’est assez épouvantable.  Erich von Stroheim n’a qu’un petit rôle. Le voir  échouer dans une production si insipide est attristant, d’autant plus qu’il s’agit de son dernier film.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Giselle Pascal, Jean Gaven, Philippe Mareuil, Erich von Stroheim, Jacques Jouanneau
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Diamant-Berger sur le site IMDB.

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La Madone des sleepings
( de g. à dr.) Jacques Jouanneau, Jean Gaven, Giselle Pascal, Philippe Mareuil et Katherine Kath dans La Madone des sleepings de Henri Diamant-Berger.

Remarques :
* Précédente adaptation :
La Madone des sleepings de Marco de Gastyne et Maurice Gleize (1928) avec Claude France.

* Maurice Dekobra est un auteur de romans populaires, faciles à lire, généralement empreints d’exotisme. Il est également l’auteur de Macao, l’enfer du jeu adapté en 1942 par Jean Delannoy (ne pas confondre avec le Macao de Josef von Sternberg).