23 novembre 2014

The Color Wheel (2011) de Alex Ross Perry

The Color WheelColin accompagne sa soeur JR pour aller récupérer ses affaires chez son ex-professeur avec lequel elle a eu une relation. Durant les trois jours de leur voyage, ils échangent, parlent de leurs aspirations, se chamaillent… Coécrit, réalisé, joué, monté et produit par Alex Ross Perry, The Color Wheel est une belle surprise, un film qui sort du lot. Il est tourné en noir et blanc et en 16 mm, en lumière naturelle avec un grain très important, ce qui lui donne un amusant parfum de « premier film » des années soixante-dix. Le style évoque Jim Jarmusch ou même Woody Allen mais en plus féroce dans l’humour. Le frère et la soeur n’arrêtent pas de se chamailler tout en offrant un front uni face aux autres personnes (tous assez odieux, ceci dit) qu’ils rencontrent. Au travers d’une logorrhée permanente, ils expriment la perte de leurs illusions, de leurs rêves. Alex Ross Perry a su se créer un vrai personnage avec son débit monocorde et son humour mordant, désabusé, peut-être un peu trop résigné pour générer l’identification du spectateur. Alex Ross Perry n’hésite pas à adopter une fin aussi radicale que transgressive.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Carlen Altman, Alex Ross Perry
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The Color Wheel

22 novembre 2014

Une nuit à Casablanca (1946) de Archie Mayo

Titre original : « A Night in Casablanca »

Une nuit à CasablancaLe directeur de l’Hôtel Casablanca meurt aussi soudainement que ses deux prédécesseurs. Les autorités soupçonnent bien qu’ils aient pu être assassinés mais n’ont aucune piste. Kornblow (Groucho Marx), le patron d’un obscur petit hôtel, est appelé à occuper le poste vacant… Cinq ans après leur « film d’adieu » (The Big Store, 1941), les Marx Brothers se reforment pour livrer ce qui, au départ, devait être une parodie du film Casablanca mais qui, au final, n’a aucun point commun avec lui (1). Les Marx Brothers sont ici loin d’être à leur meilleur (2) mais nous avons de belles scènes hilarantes et tout un lot de bons mots de Groucho. Le meilleur toutefois, on le doit à Harpo qui occupe ici une place plus importante que dans les films précédents. Un certain nombre de gags déjà connus sont réutilisés. La fin, plus tournée vers l’action, paraît assez faible. L’ensemble reste très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Charles Drake, Lois Collier, Sig Ruman, Lisette Verea
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Voir les autres films de Archie Mayo chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La légende voudrait que Warner Brothers ait menacé d’attaquer la production pour l’utilisation du mot Casablanca dans le titre et que Groucho Marx ait répondu en les menaçant de les attaquer pour l’utilisation du mot Brothers, sachant que les Marx Brothers existaient bien avant Warner Brothers. A une demande ultérieure de détails sur le scénario, Groucho leur aurait répondu une histoire totalement farfelue (où il est un docteur en théologie australien pendant que Chico vend des éponges aux piliers de bar avinés pour les empêcher de vomir et que Harpo est un porteur arabe qui vit dans un ancien vase grec à la périphérie de la ville). Tout ceci semble toutefois avoir été inventé de toutes pièces et donné à la presse pour faire la promo du film, la Warner a nié tout contact.

* Fait assez inhabituel, A Night in Casablanca a été novélisé en Angleterre (voir le livre…)

* le scénario est signé Joseph Fields et Roland Kibbee. Frank Tashlin a également participé à l’écriture (non crédité) . Une tournée fut organisée avant le tournage pour, à la fois, tester les gags auprès d’un public et aider à mémoriser l’ensemble (Chico avait beaucoup de mal à apprendre un rôle).

(1) Le seul vrai point commun avec Humphrey Bogart est la réplique de Groucho Marx à Lisette Verea « You don’t have to sing for me… just whistle ! », paraphrasant le célèbre réplique de Lauren Bacall dans To Have and Have not (1944).

(2) Les frères furent les premiers à le reconnaitre. Groucho a déclaré : « The critics won’t throw their hats in the air. If they throw anything, it’ll probably be their dinner » (les critiques ne vont pas jeter leur chapeau en l’air, s’ils rejettent quelque chose, ce sera probablement leur dîner ! ) (le jeu de mots est sur throw (lancer) et throw up (vomir)).

Les Marx Brothers dans Une nuit à Casablanca
Groucho Marx, Harpo Marx et Chico Marx. Photo publicitaire pour Une nuit à Casablanca.

21 novembre 2014

Les conquérants (1939) de Michael Curtiz

Titre original : « Dodge City »

Les conquérantsEn 1872, Wade Hutton est un convoyeur de troupeaux à l’esprit aventurier et indépendant. Sa destination est Dodge City, ville ou règne le désordre et un certain Jeff Surrett. Voyant qu’il est le seul à pouvoir tenir tête aux hors-la-loi, les habitants lui proposent de le nommer shérif… La fin des années trente marque un renouveau du western avec plusieurs grandes productions. La Warner a ainsi confié un important budget à Michael Curtiz pour un film dans le sillage des Aventures de Robin des Bois (1938) avec Errol Flynn. L’histoire de Les conquérants est très librement inspirée de celle de Wyatt Earp, personnage légendaire que le cinéma a si souvent mis en scène, située à ce moment de l’histoire de l’Ouest où la Loi parvient à s’imposer sur le chaos. Le récit est ici grandement idéalisé pour créer une très large adhésion. On peut lui reprocher d’être sans surprise. L’accent est mis sur l’action avec de nombreuses scènes d’ampleur qui montrent que l’argent n’a pas été dépensé en vain. La mise en scène de Curtiz est parfaite. Le film connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Olivia de Havilland, Ann Sheridan, Bruce Cabot, Alan Hale
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Remarques :
* Il peut être intéressant de comparer le film avec ce que fera John Ford de la même histoire dans La Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946). Ce rapprochement montre que Les conquérants est surtout un spectacle alors que le film de Ford montre plus de profondeur par une analyse plus fine des comportements sociaux et personnels.

* Michael Curtiz tournera deux autres westerns dans la foulée : La Caravane héroïque (Virginia City, 1940) et La Piste de Santa Fé (Santa Fe Trail, 1940). Dodge City est le seul des trois à être en couleurs. Après cela, Curtiz ne tournera pas d’autres westerns.

Homonymes :
Les Conquérants (The Woman God Forgot) de Cecil B. DeMille (1917) avec Wallace Reid
Les Conquérants (The Conquerors) de William Wellman avec Richard Dix
Le Conquérant (The Conqueror) de Dick Powell (1956) avec John Wayne

Autres films centrés sur le personnage de Wyatt Earp :
Law and Order (1932) de Edward L. Cahn avec Walter Huston
Frontier Marshal (1934) de Lewis Seiler avec George O’Brien
Frontier Marshal (1939) d’Allan Dwan avec Randolph Scott
Tombstone: The Town Too Tough to Die (1942) de William C. McGann avec Richard Dix
La Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946) de John Ford
Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral, 1957) De John Sturges avec Burt Lancaster et Kirk Douglas
Hour of the Gun (Sept secondes en enfer, 1967) de John Sturges avec James Garner
Doc Holliday (1971) de Frank Perry avec Stacy Keach
Tombstone (1993) de George Cosmatos avec Kurt Russell
Wyatt Earp (1994) de Lawrence Kasdan avec Kevin Costner

20 novembre 2014

Ombres et brouillard (1991) de Woody Allen

Titre original : « Shadows and Fog »

Ombres et brouillardLe terne et timoré employé Kleinman est réveillé au beau milieu de la nuit par des voisins qui constituent une milice. Ils veulent traquer l’étrangleur qui sévit les jours de brouillard. Et cette nuit-là, la brume est particulièrement intense… Ombres et brouillard est un film assez atypique dans la filmographie de Woody Allen. C’est la forme que l’on remarque en premier : tourné en noir et blanc, le film est un hommage à l’expressionnisme allemand (Murnau, Pabst, Lang) avec tout un jeu sur les ombres et (beaucoup) de brume (1). Visuellement, le résultat reste toutefois en deçà des maitres dont il s’inspire. Sur le fond, l’idée est de créer un environnement isolé où toutes les traces familières de civilisation ont disparu, dans lequel un « petit homme » (2) se trouve brutalement plongé pour y jouer un rôle qu’il ne connait et ne comprends pas. C’est donc du pur Kafka… Woody Allen parvient à introduire beaucoup d’humour dans cette atmosphère oppressante. Avec ses nombreuses petites touches, son film est totalement imprévisible et sur ce point il est très réussi. Surprenant et même déroutant, le film fut assez diversement accueilli, en général plutôt mal…
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow, John Malkovich, John Cusack
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Remarques :
* Parmi les acteurs de seconds ou troisièmes rôles : John Malkovich, Jodie Foster, John Cusack, Madonna, Donald Pleasance, Lily Tomlin, Kathy Bates, …
* La musique comporte plusieurs extraits de L’Opéra de quat’sous de Kurt Weill, dans des enregistrements d’époque.
* Shadows and Fog est le dernier film de Woody Allen pour Orion Pictures.
* Si les références aux maitres allemands sont les plus évidentes (Nosferatu de Murnau, La Rue sans joie et Loulou de Pabst, M le Maudit de Lang), Ombres et brouillard comporte également plusieurs références à Bergman (Le Septième Sceau, Le Visage ou encore La Nuit des forains). Nombreux autres clins d’oeil comme le fait de faire tuer Donald Pleasance dans un cul-de-sac (Polanski) (les mots « cul-de » apparaissent même à l’écran).

(1) Ombres et brouillard fut entièrement tourné en studio et, malgré le budget important, tous les décors désirés ne purent être réalisés ce qui poussa à intensifier encore plus le brouillard.
(2) Ein kleiner Mann en allemand… On peut aussi voir dans le nom Kleinman une référence au Josef K. dans Le Procès de Kafka.

Ombres et brouillard de Woody Allen
Le modeste employé Kleiman est réveillé en pleine nuit pour aller tenir un rôle qu’il ne comprend pas…

18 novembre 2014

Les 3 jours du condor (1975) de Sydney Pollack

Titre original : « Three Days of the Condor »

Les 3 jours du condorUn romancier sans succès travaille pour la CIA. Son service, situé dans une maison anonyme new-yorkaise, est chargé de lire tous les romans d’espionnage qui paraissent pour y détecter d’éventuelles fuites ou y trouver de nouvelles idées. Un jour, alors qu’il était sorti chercher les déjeuners, deux hommes font irruption et abattent méthodiquement les six occupants des bureaux… Les 3 jours du condor est un film d’espionnage qui met en scène les agissements assez troubles de la CIA. Il s’inscrit dans une époque où certains évènements (Watergate, agissements de la CIA en Amérique du Sud, usure de la guerre du Viet-Nam, etc.) favorisaient une remise en cause des institutions aux Etats-Unis. Même s’il n’est pas toujours crédible, le scénario est assez habile dans sa façon de créer tension et suspense. La mise en scène de Sydney Pollack est efficace. Assez original, le personnage joué par Robert Redford n’a certes aucun entrainement en tant qu’espion mais a de la ressource grâce à tous les romans d’espionnage qu’il a lus. Les scènes de romance avec Faye Dunaway sont un peu plus convenues mais ont le mérite de relâcher un peu la tension. Les 3 jours du condor est un film assez prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Faye Dunaway, Cliff Robertson, Max von Sydow
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Remarques :
* Le roman best-seller de James Grady (journaliste free-lance spécialiste de l’investigation) dont le film est l’adaptation a pour titre « Six Days of the Condor ».
* Pour montrer que le personnage joué par Robert Redford est un original, le film le montre allant à son travail en… Solex, ce qui ne devait effectivement être pas très courant à New York.
* Cameo : Sydney Pollack est le chauffeur de taxi qui manque de peu de renverser Robert Redford.

Les 3 jours du Condor

17 novembre 2014

Le Tombeur (1933) de Roy Del Ruth

Titre original : « Lady Killer »

Le tombeurA cause de sa passion pour le jeu, Dan est devenu un gangster recherché par la police. Il fuit en Californie où il se fait engager comme figurant à Hollywood et commence à gravir les échelons vers la célébrité… Au début des années trente, la Warner a décliné le personnage futé et débrouillard de James Cagney en gangster repenti sous de nombreuses formes. Dans Lady Killer (le titre est bien entendu à double sens : « tueur de femme » et « tombeur »), il devient acteur à Hollywood, ce qui nous permet d’assister au tournage d’un film dans quelques scènes. Lady Killer est nettement un pre-Code movie (= film qui précède de peu la généralisation du Code Hays de censure) : l’histoire est franchement amorale et plusieurs scènes n’auraient pu figurer dans un film un ou deux ans plus tard. L’histoire est un peu tirée par les cheveux (si je puis me permettre ce jeu de mots) mais ses accents satiriques la Le tombeur rendent plaisante. Le film offre un beau mélange d’action et de comédie. Et il y a toujours cette combinaison d’éléments presque contradictoires en James Cagney qui le rend si attrayant : dureté et arrogance certes, mais aussi astuce, témérité et droiture qui font toujours pencher la balance du bon côté et emporte l’adhésion des spectateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Cagney, Mae Clarke, Margaret Lindsay, Douglass Dumbrille, Henry O’Neill
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Remarques :
* Deux ans après Public Enemy, Mae Clarke se retrouve face à James Cagney. Décidément malmenée par les scénaristes, elle ne va pas se faire écraser un pamplemousse sur le visage cette fois, elle va se faire éjecter de façon brutale : Cagney la traîne par les cheveux avant de la jeter littéralement hors de chez lui. Cette scène était certainement incluse dans le but de choquer et de faire parler comme la scène du pamplemousse avait pu le faire.

* Clin d’oeil à Public Enemy : lorsqu’elle consulte le dépliant touristique sur la Californie dans la gare, Mae Clarke est soudainement inquiète lorsqu’elle lit qu’on y cultive des pamplemousses.

* Les premières scènes (discussions avec la marchande de cigares suivie d’une partie clandestine de poker avec des escrocs) rappellent étrangement Smart Money sorti deux ans plus tôt. Un clin d’oeil sans aucun doute.

Mae Clarke et James Cagney dans Lady Killer (1933)
Mae Clarke sévèrement malmenée par James Cagney. A noter le truc d’acteur : Mae Clarke agrippe à deux mains le poignet de James Cagney afin de pouvoir être trainée sans que ses cheveux ne subissent toute la force de traction.

16 novembre 2014

Picture Snatcher (1933) de Lloyd Bacon

Picture SnatcherA sa sortie de prison, le gangster et chef de bande Danny Kean est bien décidé à se ranger : il se fait engager comme reporter-journaliste pour la presse à scandales… Picture Snatcher est un film taillé sur mesure pour James Cagney : une bonne dose d’action sans temps mort, des dialogues qui claquent, l’acteur est ici dans son élément. Malgré le sujet, le film est à ranger dans les films de gangster, il se termine d’ailleurs par une fusillade de plusieurs minutes (figure obligée du genre). L’originalité du film est de dresser un portrait assez sévère de la presse racoleuse et sans aucune éthique, toujours prête à publier une photo volée. Si Cagney est égal à lui-même, la surprise vient de la blonde Alice White dans un petit rôle : elle tient tête à Cagney sur son terrain, pleine de vitalité en exubérante nymphomane à la voix haut-perchée.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Cagney, Ralph Bellamy, Patricia Ellis, Alice White
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Remarque :
* Selon les dires de James Cagney dans son autobiographie, le film fut tourné très rapidement en 15 jours (la norme de l’époque pour ce type de films est plutôt 20 jours). Cagney raconte même que Bacon a parfois gardé ce qui n’était qu’une simple répétition.

14 novembre 2014

Smart Money (1931) de Alfred E. Green

Smart MoneyNick Venizelos (Edward G. Robinson) tient un salon de coiffure dans une petite ville mais sa passion, c’est le jeu pour lequel il semble avoir des prédispositions hors du commun et une chance incroyable. Ses amis lui prêtent de l’argent pour aller tenter sa chance dans une grande ville… Smart Money a été tourné peu après le grand succès de Little Caesar avec Edward G. Robinson. James Cagney, qui n’a ici qu’un second rôle, n’était pas encore une grande vedette (1). Le tournage de Smart Money et de Public Enemy ont d’ailleurs été simultanés. Même si les scénaristes sont les mêmes que pour Public Enemy (Kubec Glasmon et John Bright), le ton est ici bien plus modéré pour montrer le monde (illégal) du jeu : pas de violence, c’est tout juste si l’on aperçoit quelques armes, l’ensemble penche plutôt vers la comédie. C’est d’ailleurs l’un des premiers films où Edward G. Robinson montre ses talents pour la comédie. L’équilibre entre les genres est plutôt réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, James Cagney, Evalyn Knapp, Ralf Harolde, Noel Francis
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Smart MoneyRemarques :
*C’est le seul film où Edward G. Robinson et James Cagney apparaissent ensemble. Bien que les deux acteurs aient fait des carrières parallèles, la Warner n’a pas souhaité par la suite les remettre ensemble sur la même affiche.

* Boris Karloff apparait dans un petit rôle (non crédité au générique) de joueur, avec même quelques phrases qu’il prononce avec un accent forcé, de type argotique (vers le début du film, c’est le joueur qui vient jouer sur la table de billard avec le billet de cent dollars extorqué à une jeune femme).

(1) Toutefois, lorsque Smart Money est sorti, Public Enemy était déjà un grand succès et la Warner a donc remonté Cagney vers le haut de l’affiche. (Toutefois le poster ci-dessus, où l’on voit les deux visages, n’est certainement pas d’époque. Il date probablement de la ressortie du film dans les années quarante, voire après).

Edward G. Robinson et James Cagney dans Smart Money
Edward G. Robinson et James Cagney réunis à l’écran…

14 novembre 2014

Les Passagers de la nuit (1947) de Delmer Daves

Titre original : « Dark Passage »

Les passagers de la nuitCondamné pour un crime qu’il n’a pas commis, Vincent Parry parvient à s’évader de la prison de Saint Quentin. Il est recueilli par une jeune femme qui a toujours cru à son innocence… Adapté d’un roman policier de David Goodis, Les Passagers de la nuit est le troisième film du couple mythique Humphrey Bogart / Lauren Bacall. Dans les deux premiers (Le Port de l’angoisse et Le Grand Sommeil), le face à face était quelque peu électrique et, sur ce point, le film de Delmer Daves est décevant. D’une part, Bogart n’apparaît à l’écran sous son vrai visage qu’à la 62e minute (pour s’empresser de quitter aussitôt l’appartement de Lauren Bacall) et, d’autre part, rien ne passe entre eux cette fois. Le pari était audacieux : ne pas montrer le visage du héros pendant toute la première moitié est risqué quand il s’agit d’une grande star (1). Seule sa voix est reconnaissable. Quelques mois après La Dame du Lac de Robert Montgomery, Les Passagers de la nuit utilise en effet le procédé de la caméra subjective, une façon habile de coller au scénario, certes, mais qui se révèle au final plutôt frustrant pour le spectateur. On peut aussi trouver que le scénario est bien peu crédible. Les Passagers de la nuit apparaît plus comme une curiosité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Bruce Bennett, Agnes Moorehead
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Remarque :
* Cameo : Sur la coupure de journal que Bogart trouve dans le tiroir, la photo du père de Lauren Bacall est celle de Delmer Daves, le réalisateur. Et, dans la gare routière à la fin du film, lorsque l’homme seul tente de nouer contact avec une femme et deux enfants, les deux enfants sont les propres enfants de Delmer Daves.

(1) Rappelons qu’à cette époque Humphrey Bogart était l’acteur le mieux payé d’Hollywood.

11 novembre 2014

Crimes et délits (1989) de Woody Allen

Titre original : « Crimes and Misdemeanors »

Crimes et délitsUn très respecté ophtalmologiste newyorkais est pressé par sa maitresse de quitter sa femme ce qu’il ne désire nullement. Par ailleurs, un réalisateur de documentaires sans le sou doit accepter la commande d’un film sur un producteur à succès… Dans la filmographie de Woody Allen, Crimes et délits esquisse un retour vers la comédie après deux films plus introspectifs, ou pourrait-on dire, bergmaniens (1). Mais s’il nous fait sourire parfois, le fond du propos est ici à la fois riche et profondément pessimiste. Il est riche car il traite de l’éthique, de la fonction de la religion, de Dieu, de la conscience. Il est pessimiste car les personnages intègres perdent tout et ceux sans aucune éthique gagnent sur toute la ligne. Woody Allen va encore plus loin dans son raisonnement en instillant le doute en nous : le personnage de la maîtresse (Angelica Houston) est une hystérique incontrôlable à tel point que nous en venons presque à souhaiter nous aussi son élimination. Il n’est donc pas question ici de manichéisme réducteur. La construction est habile, nous faisant suivre plusieurs histoires, et la façon de mêler drame et comédie est remarquable : ici, le comique ne vient pas, comme si souvent, soulager la tension ; non, il semble la renforcer, la dévoiler. Crimes et délits apparaît bien comme un film très riche, à classer parmi les tous meilleurs de Woody Allen. Il est peut-être l’un des plus complexes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Martin Landau, Anjelica Huston, Alan Alda, Mia Farrow, Sam Waterston
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Remarques :
* Woody Allen a affirmé que le personnage du philosophe n’est pas basé sur un philosophe précis. Il est interprété par le célèbre psychanalyste Martin Bergmann.

* Le personnage du producteur serait basé sur Larry Gelbart, scénariste de comédies qui a surtout écrit pour la télévision. Les citations « Comedy is tragedy plus time » (la comédie c’est de la tragédie avec du recul) et « If it bends, it’s funny; if it breaks, it’s not funny » (Si cela plie, c’est drôle ; si cela casse, ce n’est pas drôle) seraient de Larry Gelbart.

* Le directeur de la photographie n’est autre que Sven Nykvist, le chef opérateur préféré d’Ingmar Bergman.

Martin Landau et Woody Allen
Martin Landau et Woody Allen sur le tournage de Crimes et Délits.

(1) September (1987) et Another Woman (1988). Il faut toutefois noter que juste avant Crimes et Délits, Woody Allen a tourné le sketch Le Complot d’Oedipe intégré dans le film New York Stories (1989) dans un style de pure comédie.