10 juillet 2017

Rain or Shine (1930) de Frank Capra

Rain or ShineMary Rainey est catastrophée. Le cirque qu’elle a hérité de son père est au bord de la banqueroute. Heureusement, son directeur Smiley est un indéfectible optimiste qui a plus d’un tour dans son sac. Il est amoureux de Mary mais celle-ci n’a d’yeux que pour le jeune Bud… Rain or Shine avait connu un franc succès à Broadway en 1928. C’était une comédie musicale mais au moment de le porter à l’écran, le genre n’était plus prisé au cinéma (il faudra attendre 1933 pour que la Warner fasse renatre le genre). Toute la partie musicale fut donc enlevée pour ne garder que la comédie, menée par Joe Cook. Ce comédien, qui vient du cirque et du vaudeville, est peu connu mais c’est un humoriste étonnant. Il parle beaucoup pour faire des démonstrations à ses interlocuteurs qui perdent pied, submergés par ses raisonnements qui n’ont pas de sens. En cela, il rappelle beaucoup Groucho Marx. C’est du grand art. L’analogie avec les Marx Brothers est encore plus forte lorsque l’on considère ses deux acolytes, Tom Howard et Dave Chasen (qui ne parle jamais, tiens tiens…). Tous trois tenaient déjà leur rôle sur scène. De plus, Joe Cook montre des qualités stupéfiantes d’acrobate quand il doit remplacer au pied levé plusieurs artistes du cirque. L’histoire en elle-même n’a pas vraiment d’intérêt : on y retrouve toutefois l’optimisme à la Capra. Sur le plan de réalisation, les extérieurs ont été privilégiés et deux scènes furent coûteuses (la tempête du début et l’incendie). On remarquera également quelques scènes en caméra portée (comme dans d’autres Capra de la même époque). Rain or Shine n’est certes pas un grand Capra mais mérite d’être vu pour les numéros assez hilarants de Joe Cook. Le film connut un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joe Cook, Louise Fazenda, Joan Peers, William Collier Jr., Tom Howard, Dave Chasen
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

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Remarques :
* Le thème musical Singing in the Rain accompagne les génériques de début et fin. Ce n’est pas exceptionnel toutefois : composé à la fin des années vingt, on retrouve ce thème dans une petite douzaine de films au début des années trente.
* Une version muette et sonore de Rain or Shine a été également distribuée au moment de la sortie internationale. C’est fatalement une version différente, les logorrhées verbales de Joe Cook n’étant pas vraiment adaptées au muet. La fin est également différente.

Rain or Shine
Joan Peers et Joe Cook dans Rain or Shine de Frank Capra.

Rain or Shine
Dave Chasen, Joe Cook et Tom Howard dans le gag du hot-dog de Rain or Shine de Frank Capra. Détail amusant : Dave Chasen arrêtera sa carrière de comédien en 1936 pour créer le Chasen’s sur Beverly Boulevard à Hollywood, un restaurant qui sera fréquenté par de nombreuses stars jusqu’en 1995 et qui abritera même la soirée des Oscars certaines années.

22 novembre 2014

Une nuit à Casablanca (1946) de Archie Mayo

Titre original : « A Night in Casablanca »

Une nuit à CasablancaLe directeur de l’Hôtel Casablanca meurt aussi soudainement que ses deux prédécesseurs. Les autorités soupçonnent bien qu’ils aient pu être assassinés mais n’ont aucune piste. Kornblow (Groucho Marx), le patron d’un obscur petit hôtel, est appelé à occuper le poste vacant… Cinq ans après leur « film d’adieu » (The Big Store, 1941), les Marx Brothers se reforment pour livrer ce qui, au départ, devait être une parodie du film Casablanca mais qui, au final, n’a aucun point commun avec lui (1). Les Marx Brothers sont ici loin d’être à leur meilleur (2) mais nous avons de belles scènes hilarantes et tout un lot de bons mots de Groucho. Le meilleur toutefois, on le doit à Harpo qui occupe ici une place plus importante que dans les films précédents. Un certain nombre de gags déjà connus sont réutilisés. La fin, plus tournée vers l’action, paraît assez faible. L’ensemble reste très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Charles Drake, Lois Collier, Sig Ruman, Lisette Verea
Voir la fiche du film et la filmographie de Archie Mayo sur le site IMDB.

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Remarques :
* La légende voudrait que Warner Brothers ait menacé d’attaquer la production pour l’utilisation du mot Casablanca dans le titre et que Groucho Marx ait répondu en les menaçant de les attaquer pour l’utilisation du mot Brothers, sachant que les Marx Brothers existaient bien avant Warner Brothers. A une demande ultérieure de détails sur le scénario, Groucho leur aurait répondu une histoire totalement farfelue (où il est un docteur en théologie australien pendant que Chico vend des éponges aux piliers de bar avinés pour les empêcher de vomir et que Harpo est un porteur arabe qui vit dans un ancien vase grec à la périphérie de la ville). Tout ceci semble toutefois avoir été inventé de toutes pièces et donné à la presse pour faire la promo du film, la Warner a nié tout contact.

* Fait assez inhabituel, A Night in Casablanca a été novélisé en Angleterre (voir le livre…)

* le scénario est signé Joseph Fields et Roland Kibbee. Frank Tashlin a également participé à l’écriture (non crédité) . Une tournée fut organisée avant le tournage pour, à la fois, tester les gags auprès d’un public et aider à mémoriser l’ensemble (Chico avait beaucoup de mal à apprendre un rôle).

(1) Le seul vrai point commun avec Humphrey Bogart est la réplique de Groucho Marx à Lisette Verea « You don’t have to sing for me… just whistle ! », paraphrasant le célèbre réplique de Lauren Bacall dans To Have and Have not (1944).

(2) Les frères furent les premiers à le reconnaitre. Groucho a déclaré : « The critics won’t throw their hats in the air. If they throw anything, it’ll probably be their dinner » (les critiques ne vont pas jeter leur chapeau en l’air, s’ils rejettent quelque chose, ce sera probablement leur dîner ! ) (le jeu de mots est sur throw (lancer) et throw up (vomir)).

Les Marx Brothers dans Une nuit à Casablanca
Groucho Marx, Harpo Marx et Chico Marx. Photo publicitaire pour Une nuit à Casablanca.

11 octobre 2013

Noix de coco (1929) de Robert Florey et Joseph Santley

Titre original : « The Cocoanuts »

The CocoanutsA l’époque de la bulle immobilière des années vingt en Floride, un directeur d’hôtel tente de vendre aux enchères des terrains marécageux… The Cocoanuts est le premier film des Marx Brothers, basé sur leur show du même nom qui avait connu un immense succès à Broadway et dans le reste du pays. C’est un musical, c’est-à-dire que régulièrement des chansons ou des danses de chorus grils à la chorégraphie élaborée viennent ponctuer le récit assez farfelu et plein d’humour. C’est surtout Harpo et Groucho qui sont les plus actifs, Chico étant ici plutôt discret (très beau morceau de piano toutefois) et Zeppo quasi inexistant. Les dialogues entre Groucho et Margaret Dumont sont comme toujours assez savoureux. Le film a été tourné au tout début du parlant et donc les caméras sont statiques. The Cocoanuts est le film des Marx Brothers le plus mal conservé, certains (courts) passages sont un peu détériorés. Cela ne l’empêche pas d’être toujours très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Zeppo Marx, Oscar Shaw, Mary Eaton, Kay Francis, Margaret Dumont
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Florey et Joseph Santley sur le site IMDB.

Remarques :
* Peu habitués à se voir au cinéma, les Marx Brothers furent si mécontents du résultat qu’ils proposèrent de racheter les négatifs pour les brûler.
* Robert Florey est un français (alors âgé de 29 ans) qui avait été assistant de Louis Feuillade avant d’émigrer aux Etats-Unis au début des années vingt.
* The Cocoanuts est le premier film avec un plan sur des danseuses filmées du dessus afin de former des motifs kaléidoscopiques. Busby Berkeley utilisera largement ce type de vision par la suite.
* Reprise de nombreuses fois dans le film, la chanson When my Dreams Come True composée par Irving Berlin n’a pas été le hit escompté.
* Les caméras étaient alors enfermées dans un grand caisson insonorisant qui empêchaient tout mouvement et tout panoramique latéral. Des traits à la craie avaient été tracés sur le sol pour que les personnages ne sortent pas du champ. Beaucoup de scènes ont été tournées avec cinq caméras pour permettre d’avoir plusieurs plans.
* Pour que les paroles soient bien compréhensibles, les micros d’alors étaient poussés au maximum et de ce fait les bruitages étaient enregistrés trop forts. C’est ainsi que tous les papiers étaient détrempés avant de tourner afin qu’ils ne fassent aucun bruit. C’est particulièrement visible lors de la fameuse scène entre Groucho et Chico avec la grande carte (« Viaduct… why a duck ? »).

Homonyme :
Noix de coco de Jean Boyer (1939) avec Raimu et Michel Simon

1 août 2013

La Pêche au trésor (1949) de David Miller

Titre original : « Love Happy »

La pêche au trésorPour aider une jeune troupe sans le sou qui répète un spectacle à Broadway, Harpo vole de la nourriture dans la réserve d’un grand magasin. Sans le savoir, il s’empare d’une boîte de sardines dans laquelle est caché le fameux collier de diamants des Romanoff. Il va avoir à ses trousses l’intrigante Madame Egelichi et ses sbires… Love Happy est le dernier film des Marx Brothers. En réalité, il est plus souvent évoqué pour la (très) courte apparition de la jeune Marilyn Monroe, l’une de ses toutes premières à l’écran (1). Les Marx Brothers étaient alors sur le point de séparer. L’idée de base du scénario vient de Harpo et fut ensuite développée par Ben Hecht. Harpo avait souvent été comparé à Chaplin pour sa faculté à générer un humour teinté de sentimentalité et il souhaitait poursuivre sa carrière dans cette voie de comique au grand coeur. Love Happy était donc prévu initialement pour mettre en valeur Harpo seul mais la production fut plus facile à mettre en place en écrivant Marx Brothers sur l’affiche. Chico a ainsi un rôle mineur (mais nous gratifie tout de même d’un superbe numéro de piano) et Groucho fait office de narrateur, un détective privé qui raconte l’affaire. Si certains gags sont très bons, l’ensemble est très nettement en deçà des films précédents des trois frères. La partie la plus inventive est probablement celle se déroulant sur les toits avec un jeu amusant avec de gigantesques publicités lumineuses (2).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harpo Marx, Chico Marx, Ilona Massey, Vera-Ellen, Groucho Marx, Marilyn Monroe, Raymond Burr
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Remarques :
* Groucho Marx a écrit dans ses mémoires qu’il considérait Une nuit à Casablanca (1946) comme étant son dernier film avec les Marx Brothers, montrant ainsi son mépris pour Love Happy.
* Détail révélateur : les trois frères n’apparaissent ensemble dans aucune des scènes du film (deux à la fois, oui, mais les trois réunis, non).
* C’est le seul film des Marx Brothers où Groucho porte une vraie moustache et non une moustache peinte.

(1) Marilyn, vêtue d’une affriolante robe de soirée, vient demander de l’aide au détective privé (Groucho) :
« Il y a des hommes qui me suivent. »
Groucho la regarde marcher et dit :
« Vraiment ? On se demande bien pourquoi ! »

(2) Cette scène est aussi étonnante pour ses « placements de produits », source de financement devenue hélas assez courante par la suite mais qui, à cette époque, était rarissime. Ces publicités témoignent sans doute des difficultés financières de la production.

8 avril 2012

Chercheurs d’or (1940) de Edward Buzzell

Titre original : « Go West »

Chercheurs d'orA la grande époque du Far-West, Groucho, Harpo et Chico se retrouve impliqué dans une histoire de vente de terrain à une compagnie ferroviaire…
Le scénario de Chercheurs d’or a été écrit peu après la sortie d’Une nuit à l’Opéra (1935) mais, à la suite du décès d’Irvin Thalberg, le projet fut constamment remis à plus tard. Quand il fut enfin accepté par la MGM, les trois frères rodèrent l’ensemble sur les planches pendant un mois avant de tourner. Chercheurs d’or ne fait probablement pas partie des meilleurs films des Marx Brothers mais il comporte de très bons moments et d’excellents gags : le cambriolage du coffre, le dialogue avec les indiens et surtout toute la scène finale du train fou (qui a failli ne pas être tournée car jugée trop onéreuse par la MGM), une scène très spectaculaire qui rappelle celle de Buster Keaton. Si l’on ajoute à cela les deux traditionnels morceaux musicaux, ici particulièrement réussis, et nous avons au final un film très amusant qui nous fait passer un très bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Chico Marx, Harpo Marx, John Carroll, Diana Lewis
Voir la fiche du film et la filmographie de Edward Buzzell sur le site IMDB.

Homonymes :
Go West (Ma vache et moi) de Buster Keaton (1925)
Go West, young man de Henry Hathaway (1936) avec Mae West
Go West de Ahmed Imamovic (2005)