20 juin 2016

L’Homme de la loi (1971) de Michael Winner

Titre original : « Lawman »

L'homme de la loiUn shérif arrive dans une petite ville de l’Ouest pour arrêter un groupe de cow-boys qui ont mis à sac une petite ville voisine un soir de beuverie et tué accidentellement un homme. Tous ces cow-boys travaillent pour un riche propriétaire qui possède la ville et que tous respectent… Lawman est le premier film américain de l’anglais Michael Winner. C’est un western assez prenant mais aussi franchement surprenant. La mise en place (un justicier seul contre toute une ville) a un petit air de déjà-vu et laisse augurer d’un développement assez conventionnel mais il n’en est rien. Contre toute attente, Michael Winner ne cherche pas à provoquer l’identification du spectateur à son personnage principal : certes il est incorruptible et ne faiblira pas mais il a une conception tellement haute de sa mission qu’il a en perdu toute humanité. C’est en quelque sorte un Terminator que rien n’arrête. Face à lui, le « méchant » cherche le dialogue pour éviter que le sang coule ; pour lui, le temps des armes est dépassé, l’argent permet d’éviter les conflits afin de préserver une société construite par les armes. Il a ainsi une vision plus moderne, qui évite la spirale où le meurtre appelle le meurtre. Et comme pour enfoncer le clou et bien montrer les contradictions de son héros justicier, Michael Winner lui fait accomplir un geste désespéré (et totalement inattendu) à la toute fin, un geste qui nous laisse pantois. Lawman se place dans le sillage des westerns italiens pour l’étalage d’une certaine violence froide où le sang se montre. L’interprétation de Burt Lancaster est puissante, sorte de colosse inflexible, tout en contraste avec Robert Ryan en shérif fatigué. La façon de filmer est marquée années soixante dix, notamment par un usage immodéré du zoom. Lawman est un western très original, doté d’une belle force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Robert Ryan, Lee J. Cobb, Robert Duvall, Sheree North
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Winner sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Winner chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Michael Winner est parfois qualifié un peu hâtivement de cinéaste réactionnaire, il doit cette mauvaise image à ses films avec Charles Bronson (notamment Un justicier dans la ville).
* Michael Winner a présenté Lawman comme étant « l’un des westerns les plus authentiques qui aient jamais été fait » (mais sans qu’il ne précise vraiment pourquoi…)
* Dans son encyclopédie du western, Phil Hardy présente Lawman comme étant un remake non déclaré de Man with the Gun (L’Homme au fusil) de Richard Wilson (1955) avec Robert Mitchum, affirmation qui ne me semble pas être reprise ailleurs.

 

Lawman
Robert Ryan et Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

Lawman
Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

Une réflexion sur « L’Homme de la loi (1971) de Michael Winner »

  1. Winner, par ailleurs réalisateur de « Un justicier dans la ville », aborde également ici un thème dont s’emparera, deux ans plus tard, l’acteur-réalisateur Clint Eastwood dans son « High plains driver ». Celui d’une communauté villageoise qui se caractérise essentiellement par sa couardise, et qui se choisit un « régulateur » pour rétablit l’ordre. Cette même communauté finira par haïr ce « Lawman » lorsqu’il s’avérera menacer ses intérêts. Il fait ainsi écho à une thématique que l’on retrouvait précédemment dans le Warlock de Dmytryk (1959), mais avec un traitement marqué par le western spaghetti : violence souvent malsaine, voyeurisme et utilisation du très intrusif « zoom », spécialité du film porno, « genre » roi des 70’s …
    Le tout donne un film plutôt bâtard, pour lequel l’expression « Le cul entre deux chaises » semble avoir été créée, au propre comme au figuré, à l’image de ce casting de vedettes issues du western traditionnel qui se retrouve employé ici comme pour justifier au forceps d’une filiation au genre.
    Un film qui m’a laissé une impression de malaise, voire de vague dégoût. Remettez-moi Daves ou Mann !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *