2 avril 2020

1492: Christophe Colomb (1992) de Ridley Scott

Titre original : « 1492: Conquest of Paradise »

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492. Le navigateur Christophe Colomb tente en vain de convaincre les théologiens catholiques qu’atteindre les Indes en passant par l’ouest est possible. Un armateur et un banquier le présentent à la Reine de Castille qui lui accorde son voyage en échange de sa promesse de rapporter suffisamment de richesses en or…
Pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, deux longs métrages sont sortis sur les écrans à quelques semaines d’intervalle en 1992. Le film franco-britannico-espagnol de Ridley Scott est le plus intéressant des deux car il dépasse les simples clichés et images d’Epinal. Le récit se concentre, d’une part, sur les intrigues politiques et le poids du clergé dans sa patrie d’origine et, d’autre part, sur ses relations avec les indigènes des îles découvertes et l’esclavage mis en place. Il n’en parait que plus authentique même s’il épargne son personnage principal (1). Ayant bénéficié d’un beau budget, la mise en scène est à la hauteur des grandes épopées, le principal excès se situant au niveau de la musique de Vangelis, lourde et grandiloquente. C’est Ridley Scott qui a exigé que le rôle-titre soit tenu par Gérard Depardieu qui fait une excellente prestation, donnant beaucoup de présence et d’enthousiasme à son personnage. Le film a connu un beau succès en France et même en Europe mais fut un échec de l’autre côté de l’Atlantique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Armand Assante, Sigourney Weaver, Loren Dean, Ángela Molina, Fernando Rey, Tchéky Karyo
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Remarques :
* Le film de Ridley Scott est sorti dans le monde la semaine du 12 octobre 1992, cinq cents ans jour pour jour après que Christophe Colomb a posé le pied sur l’île de Guanahani (dont on ne connait toujours pas avec certitude l’emplacement exact).
* L’autre film sur Christophe Colomb sorti en 1992 :
Christophe Colomb: La découverte (Christopher Columbus: The Discovery) de John Glen avec Georges Corraface et Marlon Brando. Ce fut un échec commercial.

(1) La brutalité de la domination sur les indigènes est attribuée aux nobles qui l’ont accompagné dès le deuxième voyage alors que les dernières recherches sembleraient indiquer que Christophe Colomb et ses frères en auraient été grandement responsables.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)Gérard Depardieu dans 1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

1 mars 2020

Le Chat du rabbin (2011) de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

Le Chat du rabbinAu début des années 1930, le chat d’un rabbin de la casbah d’Alger raconte sa vie et ses dialogues avec son maître. Le chat voit son paisible quotidien bouleversé le jour où il acquiert subitement le don de parole après avoir dévoré le perroquet de la maison. Le rabbin refusant de le laisser fréquenter davantage sa fille Zlabya que le chat aime profondément, l’animal demande à se convertir au judaïsme et de faire sa bar-mitsva…
Après avoir refusé plusieurs propositions, Joann Sfar a décidé d’adapter lui-même sa bande dessinée à succès en film d’animation. Un scénario original est alors écrit, mêlant des éléments des tomes 1, 2 et 5. L’histoire est amusante avec ce chat qui se lance dans des grandes discussions théologiques avec ses interlocuteurs humains le plus souvent un peu plus bornés que lui. L’ensemble est assez bavard, on peut reprocher une impression de tourner en rond. Le propos global est un message de tolérance qui prône la convergence des religions et l’aplanissement des différences. Le dessin, dans le style ligne claire, est plus épuré que celui de la bande dessinée. Un film assez plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: François Morel, Maurice Bénichou
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Le Chat du rabbinLe Chat du rabbin de Antoine Delesvaux et Joann Sfar.

Le Chat du rabbinLe Chat du rabbin de Antoine Delesvaux et Joann Sfar.

28 février 2020

La Tragédie impériale (1938) de Marcel L’Herbier

Autres titres français : « Le Diable de Sibérie » / « La Fin des Romanoff » / « Raspoutine »

La Tragédie impérialeRussie, début du XXe siècle. Raspoutine, paysan illettré mais doué d’un charisme et d’un magnétisme hors du commun, a acquis une réputation de faiseur de miracles. Certains le voient comme un envoyé de Dieu. Le couple impérial de Russie décide de faire appel à lui pour tenter de soulager les souffrances de leur fils hémophile…
La Tragédie impériale est basé sur un roman de l’allemand Alfred Neumann. Tout sonne très juste dans l’évocation de cette figure historique sur laquelle subsistent de grandes zones d’ombre. L’approche retenue est de présenter Raspoutine comme un grand connaisseur de l’âme humaine tout en soulignant certaines contradictions du personnage. Que ce soit dans les décors ou l’éclairage, tout semble parfaitement dosé, sans recherche du spectaculaire. Ce personnage complexe est parfait pour Harry Baur, qui fait une prestation puissante mais mesurée. Les seconds rôles sont parfaitement tenus. L’histoire est prenante. Trop peu connu, le film ressort aujourd’hui en DVD dans une version restaurée. Il le mérite largement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Marcelle Chantal, Pierre Richard-Willm, Jean Worms, Jany Holt
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Remarque :
* La Tragédie impériale (1938), Adrienne Lecouvreur (1938) et Entente cordiale (1939) sont trois films historiques que Marcel L’Herbier appelle des « chroniques filmées ». Il les considère comme « une leçon d’histoire, très proche de la réalité. Il y a une ligne romanesque mais qui ne me semble nullement plaquée. » (Entretien avec Jacques Siclier, Marcel L’Herbier par Noël Burch, Seghers, 1973)

La Tragédie impérialeHarry Baur et Carine Nelson dans La Tragédie impériale de Marcel L’Herbier.

30 janvier 2020

Fortuna (2018) de Germinal Roaux

FortunaUne communauté de religieux catholiques dans un monastère isolé des Alpes suisses accueille temporairement des réfugiés de plusieurs nationalités. Parmi eux, Fortuna est une jeune Ethiopienne de 14 ans qui a perdu ses parents dans une tempête pendant la traversée. Elle rencontre Kabir, un jeune Africain…
Fortuna est écrit et réalisé par le cinéaste suisse Germinal Roaux ; il s’agit de son second long métrage. Son histoire prend la forme d’une fable qui met en relief la difficulté de venir en aide autant que l’on pourrait le souhaiter. Cette situation provoque des questionnements même au sein de la petite communauté de chanoines, écartelés entre leurs convictions religieuses et la complexité des problèmes pratiques qui les détournent de leur vocation première. Le rythme lent donne l’apparence d’un récit méditatif. L’image est un noir et blanc très stylé où les rares éléments du paysage apparaissent en net contraste avec les grandes nappes de neige.  Fortuna est l’un des derniers films de Bruno Gantz.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kidist Siyum, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao, Yoann Blanc
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FortunaKidist Siyum dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaKidist Siyum et Yoann Blanc dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaLe monastère (en réalité l’Hospice du Simplon) de Fortuna de Germinal Roaux.

25 janvier 2020

Philomena (2013) de Stephen Frears

PhilomenaLe journaliste de la BBC Martin Sixsmith vient de perdre son emploi de conseiller du gouvernement travailliste de Tony Blair. Aigri et désabusé, il ne sait quelle orientation donner à sa carrière jusqu’à ce qu’il rencontre Philomena Lee, une femme irlandaise qui désire retrouver son fils qu’elle a été forcée d’abandonner il y a cinquante ans alors qu’elle avait été placée par sa famille dans un couvent…
Philomena est l’adaptation du roman Philomena: The True Story of a Mother and the Son She Had to Give Away (= Philomena : L’histoire vraie d’une mère et du fils qu’elle a dû abandonner) écrit par Martin Sixsmith, basé sur sa propre enquête. Il s’agit donc d’une histoire vraie qui met au grand jour les pratiques révoltantes de la société et de l’Eglise irlandaise vis-à-vis des filles-mères. Mais tout l’art de Stephen Frears est d’avoir introduit un soupçon de comédie dans ce drame en exploitant l’opposition entre ses deux personnages principaux : Philomena est une femme simple qui n’a pas beaucoup étudié mais qui a le contact facile alors que Martin, le journaliste, sort d’Oxford et se montre plutôt méprisant (ou au moins condescendant) envers ses semblables. Il est rare de voir un film mêler si subtilement le drame et la comédie. Le film n’est absolument pas un « tire-larmes ». Il est même assez léger, mais sans que soit entamée la force de la dénonciation. Le film a décuplé l’impact du livre.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Judi Dench, Steve Coogan
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Remarques :
* L’adaptation a été co-écrite par Steve Coogan, qui joue le rôle de Martin Sixsmith dans le film, un acteur qui officie habituellement dans le genre comique. Il n’est certainement pas étranger à l’introduction des éléments de comédie.
* Les noms réels des personnages principaux ont été gardés mais l’adaptation a bien entendu pris quelques libertés. Dans la réalité, l’enquête de Martin Sixsmith et Philomena s’est étalée sur plusieurs années et Philomena n’est jamais allé aux Etats Unis. Le compagnon de Michael Hess a affirmé que le livre Philomena était vrai à 30%, tandis que, dans l’esprit, le film était vrai à 100%.
* Le programme des adoptions contraintes géré par les autorités catholiques en Irlande durant les années 1950 a soulevé des débats houleux et le cas de Philomena y a joué un rôle proéminent. La plupart des documents concernant ces enfants ayant été détruits, l’accès aux archives est impossible.

PhilomenaJudi Dench et Steve Coogan dans Philomena de Stephen Frears.

5 janvier 2020

Les Innocentes (2016) de Anne Fontaine

Les innocentesEn Pologne, en 1945, Mathilde est jeune médecin de la Croix Rouge française. Suppliée par une religieuse, elle se rend au couvent de bénédictines voisin pour découvrir que l’une des soeurs va accoucher. Neuf mois auparavant, des soldats soviétiques avaient envahi le couvent et violé les religieuses pendant deux jours. Plusieurs sont enceintes et sur le point d’accoucher mais nul ne doit savoir…
Le scénario est de Les Innocentes tiré du récit authentique de Madeleine Pauliac. Ce jeune médecin à l’Hôpital français de Varsovie a laissé derrière elle son journal intime, aujourd’hui en possession de son neveu. Cette histoire est une série de rencontres où la jeune femme va devoir gagner la confiance de ces religieuses. Anne Fontaine a su la mettre en images avec délicatesse et en exprimer toute la force, tout en laissant poindre le questionnement métaphysique qui traverse son personnage. Le récit monte lentement en intensité et capte toute notre attention. Le jeu des comédiens le rend très authentique, Lou de Laâge est assez remarquable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lou de Laâge, Agata Buzek, Agata Kulesza, Vincent Macaigne, Joanna Kulig
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Remarque :
* Madeleine Pauliac a trouvé la mort en 1946 en percutant un arbre sur une route verglacée de Pologne en février 1946. Elle était âgée de 33 ans. Elle a activement participé, huit mois durant dans une Pologne ravagée et dangereuse, au sauvetage et au rapatriement des Français blessés retenus sur le territoire envahi par l’armée soviétique. Lire sa fiche sur Wikipédia…  et une interview de Philippe Maynial, son neveu…

Les innocentesAgata Buzek et Lou de Laâge dans Les innocentes de Anne Fontaine.

4 janvier 2020

La Religieuse (1966) de Jacques Rivette

Titre complet : Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot

La ReligieuseAu XVIIIe siècle, Suzanne Simonin, née de père inconnu, est cloîtrée contre son gré par ses parents qui la destinent à la vie conventuelle sans qu’elle en ait la vocation…
La Religieuse de Jacques Rivette, son deuxième long métrage, est l’adaptation du roman anticlérical de Denis Diderot paru en 1796. Le film fut interdit à sa sortie ce qui provoqua un tollé. Grâce à cette publicité, il connut un assez beau succès lorsqu’il put enfin être projeté sur les écrans un an plus tard en 1967 (avec une interdiction au moins de 18 ans qui ne sera levée qu’en 1975). L’adaptation reste très proche du roman. C’est un film très austère, à la mise en scène dépouillée, long, très long. En outre, Jacques Rivette utilise le son de façon surprenante, avec des bruitages mixés très forts (peut-être s’agit-il d’une expérimentation pour traduire le tourment des personnages). Cette bande sonore et une musique légèrement dissonante amplifient l’aspect rebutant du film. La Religieuse de Rivette bénéficie toujours aujourd’hui de son aura de « film interdit ».
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Anna Karina, Liselotte Pulver, Micheline Presle, Francine Bergé, Francisco Rabal
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Remarque :
Le producteur Georges de Beauregard avait proposé dès la fin des années cinquante à Jacques Rivette de réaliser une adaptation du roman de Diderot La Religieuse. Après un avis de précensure défavorable, le scénario écrit par Jacques Rivette et Jean Gruault est d’abord adapté en 1963 au théâtre au Studio des Champs-Élysées, sous la direction de Jean-Luc Godard et avec Anna Karina dans le rôle principal. La pièce passa inaperçue et n’eut aucun succès.

La ReligieuseAnna Karina (à droite) dans La Religieuse de Jacques Rivette.

Autre adaptation :
La Religieuse de Guillaume Nicloux (2013) avec Pauline Étienne

23 décembre 2019

Salomé (1953) de William Dieterle

Titre original : « Salome »

Salomé (Salome)Bannie de Rome, la princesse Salomé arrive en Galilée où elle rejoint sa mère, la reine Hérodiade et son beau-père le roi Hérode Antipas. Le prophète Jean le Baptiste prêche contre le roi et la reine. Celle-ci souhaite la mort du prêcheur, mais Hérode craint de lui nuire en raison d’une prophétie qui lui promet une mort dans mille tourments s’il venait à lui nuire…
Hollywood a toujours été friand des adaptations bibliques et le personnage de Salomé donne une bonne occasion d’y ajouter une dose de sensualité. Le scénario a ici été écrit pour Rita Hayworth et Columbia n’a pas hésité à modifier assez radicalement les écrits bibliques pour ne pas ternir l’image de leur star. L’ensemble est d’assez bonne facture mais le résultat est un peu gâché par un jeu inégal : Stewart Granger est très terne, Judith Anderson sur-joue, Rita Hayworth minaude un peu trop souvent. Seul Charles Laughton est assez remarquable en roi concupiscent. Le clou du film est la « danse des sept voiles » de Rita Hayworth, empreinte d’un érotisme flamboyant, qui vient clore le récit.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rita Hayworth, Stewart Granger, Charles Laughton, Judith Anderson, Cedric Hardwicke
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Remarques :
* Rita Hayworth (qui est danseuse) a affirmé qu’il s’agissait de la danse la plus exigeante et la plus difficile de toute sa carrière, et qu’elle avait exigé d’innombrables prises.
* Harry Cohn, le patron de la Columbia, aurait volé l’idée à Cecil B. deMille après que ce dernier lui ait fait une demande d’emprunt de Rita Hayworth pour jouer Salomé. Harry Cohn refusa et décida de tourner son propre film : il convoqua Jesse Lasky Jr. (le fils du grand pionnier Jesse L. Lasky) pour lui dire qu’il avait un week-end pour écrire un scénario ou sinon il était viré. Lasky écrivit effectivement une ébauche de 50 pages en un week-end. Harry Cohn n’est pas réputé pour ses méthodes élégantes…
* Dans le Nouveau Testatment, Salomé n’est nommée que sous le nom « une fille d’Hérodiade ». Seul l’épisode de la danse est relaté en quelques lignes et c’est bien entendu elle qui demande la tête de Jean-Baptiste. Tout le reste (bannissement de Rome, amour avec un centurion converti, etc.) est inventé par les scénaristes.

Salomé (Salome)Rita Hayworth dans Salomé (Salome) de William Dieterle.

Autres adaptations du personnage :
1918 : Salomé (Salome) de J. Gordon Edwards avec Theda Bara
1922 : Salomé de Charles Bryant, scénario d’Oscar Wilde avec Alla Nazimova
1945 : Les Amours de Salomé (Salome, Where She Danced) de Charles Lamont avec Yvonne De Carlo
1986 : Salomè de Claude d’Anna
2002 : Salomé de Carlos Saura avec Aída Gómez
2013 : Salomé de Al Pacino avec Jessica Chastain

7 décembre 2019

My Lady (2017) de Richard Eyre

Titre original : « The Children Act »

My Lady (The Children Act)Fiona Maye est juge aux affaires familiales à la Haute Cour de justice d’Angleterre. Accaparée par son métier, elle délaisse son mari qui lui annonce qu’il va la tromper. Dans le même temps, elle doit décider si elle autorise la réalisation d’une transfusion sanguine à un adolescent de 17 ans hospitalisé pour une grave leucémie. Les parents sont des témoins de Jéhovah farouchement opposés à cette intervention nécessaire pour qu’il ait la vie sauve…
Le romancier anglais Ian McEwan a lui-même écrit l’adaptation de son roman L’Intérêt de l’enfant publié en 2014. Le récit est mené assez délicatement par Richard Eyre sans effets ni dramatisation excessive. Emma Thompson donne au film toute son intensité, exprimant de façon harmonieuse puissance et faculté d’écoute et nous laisse percevoir toute la force d’une éthique sous-jacente. Face à elle, la passion perturbatrice et mal définie du jeune et ardent Fionn Whitehead offre un beau contraste. My Lady est un film qui n’est pas spectaculaire mais qui enchante par la qualité du récit et de l’interprétation.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Emma Thompson, Stanley Tucci, Fionn Whitehead, Jason Watkins
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Remarques :
* Le titre original The Children Act (qui est aussi le titre original du roman) fait référence à la loi de 1989 qui a révolutionné le droit de l’enfance en plaçant l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute considération, dans le cas d’un conflit familial.
* La production a eu le droit très rarement accordé de filmer à l’entrée et dans le grand hall de la Cour royale de justice (Royal Courts of Justice), imposant édifice de l’époque victorienne, situé sur le Strand dans la cité de Westminster à Londres.

 My Lady (The Children Act)Fionn Whitehead et Emma Thompson dans My Lady (The Children Act) de Richard Eyre.

 My Lady (The Children Act)Emma Thompson et Stanley Tucci dans My Lady (The Children Act) de Richard Eyre.

6 novembre 2019

Sainte Jeanne (1957) de Otto Preminger

Titre original : « Saint Joan »

Sainte Jeanne (Saint Joan)En 1456, le roi de France Charles VII a le sommeil agité : le fantôme de Jeanne d’Arc lui apparaît pour lui remémorer certains évènements…
Otto Preminger adorait depuis toujours la pièce Saint Joan de l’irlandais George Bernard Shaw (écrite au début des années 1920). Il en confia l’écriture de l’adaptation à Graham Greene. Malgré ce beau pedigree, le film peine à convaincre. La pièce serait une réflexion sur l’influence de la religion sur notre Histoire ; il est bien difficile d’en dire autant du film. Il est difficile d’en dire quoi que ce soit d’ailleurs, à part qu’il est assez statique et repose sur une série de dialogues où Jeanne tente de convaincre le roi, les gens d’église ou les militaires. L’atmosphère est théâtrale. De plus, le récit est encadré par un prologue et un épilogue vraiment ridicules, avec une tentative d’introduction d’un humour qui, au mieux, paraîtra déplacé. Le casting pour trouver l’actrice a duré plusieurs mois et près de dix-huit mille jeunes filles (oui: 18 000 !) ont été auditionnées dans divers pays. C’est finalement une jeune américaine de dix-sept ans sans aucune expérience qui fut choisie : Jean Seberg. Elle s’en tire fort bien, jouant l’innocente illuminée avec beaucoup de naturel. Face à elle, Richard Widmark appuie un peu trop ses mimiques pour personnifier un Charles VII au bord de la folie. La photographie en noir et blanc est assez belle. Le film fut un échec.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Seberg, Richard Widmark, Richard Todd, Anton Walbrook, John Gielgud
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Remarques :
* Le film a été assez mal reçu par la critique qui a, assez injustement, mis la faute sur Jean Seberg. Otto Preminger reconnait lui-même dans ses mémoires que ce fut injuste et qu’il est le seul à blâmer : il estime avoir négligé la difficulté d’adapter la pièce à l’écran et n’a pas su (ou voulu) voir que la pièce elle-même n’avait jamais connu le succès.

Sainte Jeanne (Saint Joan)Jean Seberg et Richard Widmark dans Sainte Jeanne (Saint Joan) de Otto Preminger.