13 février 2015

Othello (1952) de Orson Welles

Ou : « The Tragedy of Othello: The Moor of Venice »

OthelloA Venise, le Maure Othello, général victorieux, épouse Desdémone malgré la ferme opposition du père de la jeune fille. Envoyé à Chypre pour combattre les turcs, Othello est victime du complot de son lieutenant Iago : il insinue que sa jeune épouse le trompe avec Cassio, un autre de ses lieutenants… Othello est la deuxième des trois adaptations de Shakespeare par Orson Welles (1). Le tournage fut difficile et compliqué, principalement par manque d’argent ; il s’étala sur trois années. Orson Welles utilise merveilleusement les décors extérieurs d’une forteresse en bord de mer et multiplie les cadrages audacieux qu’il monte le plus souvent en plans très courts. De la pièce, Welles a fait une adaptation sélective : il a réduit le texte de Shakespeare sans le dénaturer, restant fidèle à l’esprit. Les acteurs ont tous un jeu parfait. L’interprétation d’Orson Welles est magnifique, à la fois puissante et sobre. Othello d’Orson Welles est considéré par beaucoup comme l’une des meilleures adaptations de Shakespeare à l’écran.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Micheál MacLiammóir, Robert Coote, Suzanne Cloutier, Michael Laurence
Voir la fiche du film et la filmographie de Orson Welles sur le site IMDB.
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Voir les livres sur Orson Welles
Voir le livre Macbeth-Othello sorti chez Carlotta…

Othello d'Orson Welles
Orson Welles (Othello) et Micheál MacLiammóir (le fourbe Iago)

Remarques :
* L’acteur Micheál MacLiammóir (Iago dans le film) a tenu un journal pendant le tournage qu’il a ensuite publié sous le titre Put Money in thy Purse.
* Orson Welles a tourné un documentaire en 1978 pour la télévision allemande : Filming Othello. Ce film de 80 minutes ne contient pas de document d’époque sur le tournage, il s’agit d’une série de réflexions de Welles à postériori sur le tournage d’Othello et sur le cinéma, avec des discussions avec Micheál MacLiammóir (Iago) et Hilton Edwards (Brabantio).
* Les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur français Alexandre Trauner.

* Principales autres adaptations d’Othello :
Othello de l’allemand Dimitri Buchowetzki (1922) avec Emil Jannings
Othello du russe Serge Youtkevitch (1956) avec Serge Bondartchouk
Othello de l’anglais Stuart Burge (1965) avec Laurence Olivier
Otello de Franco Zeffirelli (1986), l’opéra de Verdi avec Placido Domingo.
Othello d’Oliver Parker (1995) avec Laurence Fishburne
Othello 2003 (« O ») de Tim Blake Nelson (2001), version rajeunie…
Othello de Mikael Kreuzriegler (annoncé pour 2015)

Et aussi :
Othello (A Double Life) de George Cukor (1948) qui, malgré son titre français, n’est pas une adaptation de la pièce de Shakespeare mais une histoire qui a pour personnage principal un acteur jouant Othello au théâtre.

(1) Orson Welles a également adapté Macbeth en 1948 et Falstaff en 1965.

18 décembre 2014

Le crime était presque parfait (1954) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Dial M for Murder »

Le crime était presque parfaitAyant découvert que sa femme le trompe, un ancien champion de tennis a projeté de la tuer. Il a mis au point un plan qui lui permet d’avoir un alibi parfait et pour lequel il recrute les services d’un ancien camarade de collège au passé trouble… Bien qu’il soit l’un des films les plus connus d’Alfred Hitchcock, Le crime était presque parfait n’est guère apprécié du cinéaste (1). En panne sur un nouveau scénario alors qu’il devait un film à la Warner, il n’a en effet choisi de faire cette adaptation d’une pièce de théâtre que par défaut. Plutôt que d’en gommer les origines théâtrales, il les accentue : il situe tout le film dans une seule et unique pièce et va jusqu’à utiliser un plancher en bois pour garder l’impression d’une scène. Le plus extraordinaire est que l’on ne ressent jamais cet espace limité tant le scénario se déroule à la perfection. Le crime était presque parfait est un film de dialogues. La scène où Ray Milland prend au piège son ancien camarade de collège pour le forcer à exécuter son plan est assez remarquable : très longue et extrêmement passionnante, on ne raterait une phrase pour rien au monde. Le crime était presque parfait est sans aucun doute l’une des plus belles réussites de « théâtre filmé ». Il se revoit toujours avec le même plaisir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Grace Kelly, Robert Cummings, John Williams, Anthony Dawson
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Remarques :
* La pièce originale a été écrite par Frederick Knott. Elle a été jouée 552 fois (10/1952 – 02/1954) ce qui en fait un franc succès. John Williams (le policier) et Anthony Dawson (le tueur) y tenaient le même rôle.
* Alfred Hitchcock a quelque peu modifié l’histoire : sans doute pour la rendre plus troublante, le cinéaste a rendu le mari plus sympathique que dans la pièce où il tuait sa femme surtout pour l’argent, la liaison de sa femme avec son amant étant terminée. De plus, le personnage de l’amant paraît ici bien superficiel et moins intelligent que le mari. La femme est particulièrement hypocrite. Sans doute, Hitchcock voulait-il faire germer en nous l’idée troublante que le mari méritait peut-être de réussir un plan si bien préparé…
* Cameo : Alfred Hitchcock est visible sur la photographie du banquet (environ à 12’30). A noter qu’il est assez net que les visages de Ray Milland, d’Anthony Dawson et d’Alfred Hitchcock ont été collés après coup sur une photo…
* Hitchcock souligne que les robes portées par Grace Kelly sont de couleurs vives au début du film et deviennent de plus en plus foncées au fur et à mesure que l’intrigue devient plus sombre.
* Dans certaines scènes, Hitchcock a placé la caméra dans une fosse pour accentuer l’effet de contre-plongée.
* Le crime était presque parfait a été tourné en 3D, version qui fut peu visible avant qu’elle ressorte en 1980.

Remake :
Meurtre parfait (A Perfect Murder) de Andrew Davis (1998) avec Michael Douglas et Gwyneth Paltrow.

Homonyme :
Le crime était presque parfait (The Unsuspected) de Michael Curtiz (1947) avec Claude Rains, Joan Caulfield et Audrey Totter.

(1) Lors de ses entretiens avec François Truffaut, Alfred Hitchcock dit « Nous pouvons passer rapidement sur ce film car il n’y a pas grand-chose à en dire » et ce n’est qu’à l’insistance de Truffaut qu’il consent à en parler un peu.

Le crime était presque parfait
La scène la plus célèbre du film Le Crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock (de g. à d.: Anthony Dawson et Grace Kelly)

8 décembre 2014

Last Seduction (1994) de John Dahl

 Titre original : « The Last Seduction »

Last SeductionAprès avoir poussé à son mari de faire un coup, Bridget s’enfuit avec le magot le laissant seul avec ses dettes. Elle arrive dans une petite ville perdue au nord de New York où elle ne tarde pas à rencontrer sa prochaine victime… Avec Last Seduction, John Dahl tente de faire revivre la grande époque du film noir et le mythe de la femme fatale. Linda Fiorentino est coiffée à la Veronica Lake pour incarner cette manipulatrice sans scrupule, avec un accent ouvertement mis sur la sexualité et une certaine crudité des dialogues. Dans ce sens, nous sommes assez loin des années quarante où l’on cultivait l’art de la subtilité et de la suggestion. John Dahl réussit tout de même son pari grâce à la performance de son actrice principale. Après un beau départ, l’histoire tourne quelque peu en rond avant de nous offrir une fin plus étoffée. Last Seduction a été produit par une compagnie de télévision (ITC) et a d’abord été diffusé sur la chaîne HBO avant de sortir en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Linda Fiorentino, Bill Pullman, Peter Berg
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Remarque :
* L’auteur du scénario est Steve Barancik.

Last Seduction de John Dahl (1994)
Linda Fiorentino, femme fatale dans The Last Seduction de John Dahl.

11 novembre 2014

Crimes et délits (1989) de Woody Allen

Titre original : « Crimes and Misdemeanors »

Crimes et délitsUn très respecté ophtalmologiste newyorkais est pressé par sa maitresse de quitter sa femme ce qu’il ne désire nullement. Par ailleurs, un réalisateur de documentaires sans le sou doit accepter la commande d’un film sur un producteur à succès… Dans la filmographie de Woody Allen, Crimes et délits esquisse un retour vers la comédie après deux films plus introspectifs, ou pourrait-on dire, bergmaniens (1). Mais s’il nous fait sourire parfois, le fond du propos est ici à la fois riche et profondément pessimiste. Il est riche car il traite de l’éthique, de la fonction de la religion, de Dieu, de la conscience. Il est pessimiste car les personnages intègres perdent tout et ceux sans aucune éthique gagnent sur toute la ligne. Woody Allen va encore plus loin dans son raisonnement en instillant le doute en nous : le personnage de la maîtresse (Angelica Houston) est une hystérique incontrôlable à tel point que nous en venons presque à souhaiter nous aussi son élimination. Il n’est donc pas question ici de manichéisme réducteur. La construction est habile, nous faisant suivre plusieurs histoires, et la façon de mêler drame et comédie est remarquable : ici, le comique ne vient pas, comme si souvent, soulager la tension ; non, il semble la renforcer, la dévoiler. Crimes et délits apparaît bien comme un film très riche, à classer parmi les tous meilleurs de Woody Allen. Il est peut-être l’un des plus complexes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Martin Landau, Anjelica Huston, Alan Alda, Mia Farrow, Sam Waterston
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Remarques :
* Woody Allen a affirmé que le personnage du philosophe n’est pas basé sur un philosophe précis. Il est interprété par le célèbre psychanalyste Martin Bergmann.

* Le personnage du producteur serait basé sur Larry Gelbart, scénariste de comédies qui a surtout écrit pour la télévision. Les citations « Comedy is tragedy plus time » (la comédie c’est de la tragédie avec du recul) et « If it bends, it’s funny; if it breaks, it’s not funny » (Si cela plie, c’est drôle ; si cela casse, ce n’est pas drôle) seraient de Larry Gelbart.

* Le directeur de la photographie n’est autre que Sven Nykvist, le chef opérateur préféré d’Ingmar Bergman.

Martin Landau et Woody Allen
Martin Landau et Woody Allen sur le tournage de Crimes et Délits.

(1) September (1987) et Another Woman (1988). Il faut toutefois noter que juste avant Crimes et Délits, Woody Allen a tourné le sketch Le Complot d’Oedipe intégré dans le film New York Stories (1989) dans un style de pure comédie.

19 octobre 2014

La Femme du dimanche (1975) de Luigi Comencini

Titre original : « La donna della domenica »

La femme du dimancheA Turin, le commissaire Santamaria (Marcello Mastroianni) enquête sur le meurtre d’un architecte poseur et obsédé sexuel. Ses recherches le mènent directement à interroger des membres de la haute bourgeoisie de la ville, notamment Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant) riche bourgeois homosexuel et son amie Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset) la jeune femme oisive d’un riche industriel… L’adaptation de ce best-seller de Carlo Fruttero et Franco Lucentini a été écrite par le fameux duo Age et Scarpelli. Certes, La Femme du dimanche n’est pas un des films majeurs de Luigi Comencini mais il constitue une intéressante tentative de mêler intrigue policière et analyse sociale. La femme du dimanche Alors que ses producteurs le pressaient d’en faire un film policier grand public, Comencini a su, en filigrane, mettre en évidence les rapports de classe dans une ville, Turin, où il y a environ 700 000 siciliens, les pauvres, et 300 000 turinois, les riches (1). Avec tant de talents réunis, on peut se demander pourquoi le film n’est au final pas plus convaincant. Peut-être est-ce du à la dose d’humour introduite qui nous pousse à ne pas prendre tout cela très au sérieux. De ce fait, La Femme du dimanche manque quelque peu de force mais son contenu assez subtil le rend intéressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Jacqueline Bisset, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani
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Remarque :
* La musique est d’Ennio Morricone.

(1) Ces chiffres sont donnés par Jean-Louis Trintignant dans une interview télévisée à propos du film. (Voir…)

La Femme du dimanche (La donna della domenica)Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset dans La Femme du dimanche (La donna della domenica) de Luigi Comencini.

14 octobre 2014

Jeune et innocent (1937) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Young and Innocent »
Autre titre (USA) : « The Girl was Young »

Jeune et innocentUne actrice est retrouvée morte étranglée sur la plage. Entraperçu quittant les lieux du crime, un jeune homme est accusé à tort. Il se rend compte rapidement qu’il ne peut compter que sur lui-même pour prouver son innocence… Jeune et innocent fait partie des meilleurs films de la période anglaise d’Alfred Hitchcock. Le thème est celui du faux coupable. Toutefois, ce n’est pas tant l’intrigue en elle-même qui fait la qualité du film mais la façon dont le cinéaste capte toute notre attention. Hitchcock maitrise alors de mieux en mieux ce mélange de légèreté apparente et de tension qui va le caractériser. Il sait placer le suspense dans les scènes les plus anodines, par exemple dans une fête d’enfants.
Il a également de belles trouvailles comme ce long travelling devenu l’un des plus célèbres du cinéma : Jeune et innocent la caméra surplombe la salle de danse du Grand Hotel et, partant de très loin, effectue un long travelling avant par-dessus des danseurs pour aller cadrer les yeux du batteur de l’orchestre situé au fond de la salle (et livrer au spectateur un indice que les personnages principaux ignorent, renforçant ainsi le suspense). Indéniablement réussi, Jeune et innocent est un beau divertissement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nova Pilbeam, Derrick De Marney, Edward Rigby
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Remarque :
* Cameo : Alfred Hitchcock apparaît assez longuement à l’extérieur du tribunal avec un petit appareil photo à la main.

Jeune et innocent (Young and Innocent)Nova Pilbeam et Derrick De Marney dans Jeune et innocent (Young and Innocent) de Alfred Hitchcock.

8 octobre 2014

Une nuit inoubliable (1942) de Richard Wallace

Titre original : « A Night to Remember »

Une nuit inoubliableRécemment marié, Nancy et Jeff arrivent dans l’appartement qu’ils ont loué au rez de jardin d’un petit immeuble de Greenwich Village. Le propriétaire et les autres locataires ont un comportement étrange, comme s’ils craignaient quelque chose. De plus, l’appartement plongé dans le noir car temporairement sans électricité est un peu inquiétant. Mais le pire est à venir…
A Night to Remember est une comédie policière avec de nombreux éléments de screwball car une bonne part des ressorts de l’humour repose sur les différences entre mari et femme. Le film n’est pas franchement inoubliable (malgré le titre !) mais il se révèle assez plaisant. La prestation de Brian Aherne est excellente et sauve le film car le jeu de Loretta Young est plutôt sans éclat.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Loretta Young, Brian Aherne, Jeff Donnell, Sidney Toler, Gale Sondergaard, Donald MacBride
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Remarque :
L’appartement du jeune couple est situé 13, Gay Street à New York. Il fait vraiment penser à celui de My Sister Eileen d’Alexander Hall (1942) qui, lui, était situé… 14, Gay Street ! En prenant le même environnement, Columbia espérait certainement profiter quelque peu des retombées du succès de ce film.

Une nuit inoubliable (A Night to Remember)Loretta Young et Brian Aherne dans Une nuit inoubliable (A Night to Remember) de Richard Wallace.

7 octobre 2014

Flesh and Bone (1993) de Steve Kloves

Flesh and BoneJeune garçon, Arliss est témoin du meurtre par son père d’une famille entière dans une ferme isolée du Texas. Trente ans plus tard, alors qu’il parcourt les routes pour réalimenter les distributeurs placés dans les stations service et les bars, il fait la rencontre Kay, une jeune femme un peu paumée…
Ecrit et réalisé par Steve Kloves, Flesh and Bone nous immerge dans les grands espaces du sud profond des Etats-Unis. Le film est à la fois un road-movie, un thriller ou encore un film intimiste. C’est surtout un film d’atmosphère qui fait indéniablement montre d’un certain style. A l’errance des personnages répondent la simplicité et l’immensité des décors. Dennis Quaid et Meg Ryan sont des acteurs que l’on est habitué à voir dans des rôles plus légers et pourtant, ici, ils parviennent bien à restituer l’épaisseur de leur personnage. Le résultat est ainsi un mélange assez subtil d’intensité dramatique et de charme. Au regard de ses qualités, Flesh and Bone est trop peu connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Quaid, Meg Ryan, James Caan, Gwyneth Paltrow
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Remarques :
* Steve Kloves n’a réalisé que deux films. Le premier est Susie et les Baker Boys (1989) avec Michelle Pfeiffer et Jeff Bridges et le second est ce Flesh and Bone quatre ans plus tard. Par la suite, Steve Kloves, qui a débuté comme scénariste, écrira l’adaptation des premiers Harry Potter.
* Meg Ryan et Dennis Quaid étaient alors mari et femme. C’est leur troisième film ensemble.

Flesh and BoneMeg Ryan et Dennis Quaid dans Flesh and Bone de Steve Kloves.

24 septembre 2014

Meurtre d’un bookmaker chinois (1976) de John Cassavetes

Titre original : « The Killing of a Chinese Bookie »

Meurtre d'un bookmaker chinoisCosmo est le propriétaire d’une boite de striptease un peu minable en Californie. Pour payer une dette de jeu à la Mafia, il se voit proposer d’aller tuer un riche bookmaker chinois bien protégé…
A l’énoncé du début de l’histoire de Meurtre d’un bookmaker chinois, on peut s’attendre à un film noir assez classique. Le film de John Cassavetes n’a toutefois rien de conventionnel. L’intrigue et le suspense ne sont ici qu’une toile de fond, ce qui intéresse Cassavetes est de dresser le portrait de son personnage principal, un portrait finalement assez complexe. Cosmo est à la fois lucide et naïf, un hédoniste nageant dans le mauvais goût, paternaliste avec ses girls avec lesquelles il entretient des rapports d’amitié voire plus ; il veut jouir de la vie. Ce type de personnage est tout à fait à l’opposé de ceux que l’on rencontre traditionnellement dans les films noirs. Les truands le sont sans doute un peu moins mais Cassavetes les montre plus vrais que nature, sans édulcoration. John Cassavetes a une fois de plus une approche très personnelle qui rend son film assez unique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ben Gazzara, Timothy Carey, Seymour Cassel
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Meurtre d'un bookmaker chinois (The Killing of a Chinese Bookie)Ben Gazzara dans Meurtre d’un bookmaker chinois (The Killing of a Chinese Bookie) de John Cassavetes.

13 août 2014

Chair de poule (1963) de Julien Duvivier

Chair de pouleUn évadé, une station service restaurant isolée tenue par un couple dépareillé, un mari affable mais un peu trop âgé pour sa jeune et jolie femme… voilà qui rappelle singulièrement Le facteur sonne toujours deux fois. Pourtant Chair de poule est l’adaptation d’un roman de, non pas James Cain, mais James Hadley Chase (1). C’est l’avant-dernier film de Julien Duvivier, à une époque où il vivait mal les critiques des défenseurs de la Nouvelle Vague envers son cinéma (2). Cette histoire assez noire semble donc bien coller avec son état d’esprit car c’est la noirceur de l’âme humaine qui est ici mise au grand jour. Le moteur des personnages n’est pas l’attirance sexuelle mais le simple appât du gain et la droiture n’est pas récompensée, elle n’a ici pas droit de cité. La réalisation de Duvivier est sans faille, avec de nombreuses scènes fortes et une distribution très riche par la palette de personnages différents : même Jean Sorel, un choix assez critiqué, est ici parfait car sa prestance est justement en décalage total avec l’histoire. Dans le genre policier très noir, Chair de poule est une des plus belles réussites françaises des années soixante et il est vraiment injuste qu’il ait été si longtemps méprisé.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Hossein, Jean Sorel, Catherine Rouvel, Georges Wilson, Lucien Raimbourg
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(1) L’écrivain James Hadley Chase a eu la fâcheuse tendance à s’inspirer un peu trop fortement des oeuvres de ses confrères. Il fut condamné plusieurs fois pour cette pratique. Le titre du roman ici adapté est « Come easy –- Go easy » paru en France dans la Série Noire sous le titre « Tirez la chevillette ! » (Gallimard Série noire n° 544, 1960, La Poche noire n° 139, 1971, Carré noir n° 71, 1972).
(2) Les critiques des Cahiers du Cinéma tiraient à boulets rouges sur les réalisateurs de ce qu’ils appelaient la « qualité française » : Julien Duvivier, Claude Autant-Lara, Henri Decoin, … Cette intransigeance mêlée de mépris a fortement marqué toute une génération de cinéphiles, bien au-delà de son époque puisque l’on peut en déceler encore quelques restes aujourd’hui. Avec le recul, on mesure mieux toutefois à quel point ce rejet catégorique était excessif et injuste.

Chair de Poule