5 octobre 2018

Aux sources du Nil (1990) de Bob Rafelson

Titre original : « Mountains of the Moon »

Aux sources du NilEn 1854, l’aventurier Richard Francis Burton et l’ambitieux John Hanning Speke se rencontrent lors d’une expédition en Afrique où ils sont tous deux grièvement blessés. De retour en Angleterre, ils mettent sur pied une nouvelle expédition pour lever le voile sur le plus grand mystère géographique de l’époque : découvrir l’emplacement exact des sources du Nil…
Basé sur le roman Burton and Speke de William Harrison, Aux sources du Nil est un film d’aventures épiques, un genre plutôt inhabituel pour Bob Rafelson qui nourrissait ce projet depuis deux décennies. L’ensemble est de bonne facture mais peine à nous captiver pleinement. Le réalisateur pratique de brusques montées de tension et de fureur, la violence devenant alors effrayante. Pour le reste, les évènements sont assez prévisibles et la confrontation entre l’humaniste Burton et l’arriviste Speke est finalement très conventionnel.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Patrick Bergin, Iain Glen, Richard E. Grant, Fiona Shaw
Voir la fiche du film et la filmographie de Bob Rafelson sur le site IMDB.

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Remarque :
* Aussi étrange que cela puisse paraître, il était impossible de remonter le cours du Nil pour en trouver la source du fait des multiples ramifications du fleuve. L’expédition est donc partie de Zanzibar, sur la côte est de l’Afrique pour tenter de trouver cette « mer  intérieure » (le Lac Victoria) décrite par certains marchands.

 

Aux sources du Nil
Patrick Bergin et Iain Glen dans Aux sources du Nil de Bob Rafelson.

5 août 2018

Dans les forêts de Sibérie (2016) de Safy Nebbou

Dans les forêts de SibériePour fuir la civilisation et découvrir d’autres modes de vie, le parisien Teddy vient s’installer dans une cabane isolée au bord du lac Baïkal, en plein cœur de la Sibérie. Le plus proche village est distant d’une centaine de kilomètres…
Dans les forêts de Sibérie est très librement adapté du livre de Sylvain Tesson, récit autobiographique de ses six mois passés dans un isolement presque total. Par rapport au livre, on perd toutes les réflexions personnelles et les méditations philosophiques qui en font la richesse. En revanche, probablement pour que le spectateur ne s’ennuie pas, Safy Nebbou a ajouté une histoire un fugitif russe qui se cache dans ces grands espaces inhospitaliers. Les images de l’immense lac gelé sont aussi belles que spectaculaires et la musique d’Ibrahim Maalouf ajoute à la beauté de l’ensemble. Hormis les deux acteurs principaux, les autres personnages sont pour beaucoup interprétés par des habitants de la région. Le film évoque quelque peu Into the wild de Sean Penn mais sans en avoir la portée. Le film est plaisant mais le livre de Sylvain Tesson est bien plus profond.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raphaël Personnaz, Evgeniy Sidikhin
Voir la fiche du film et la filmographie de Safy Nebbou sur le site IMDB.

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Dans les forets de Sibérie
Raphaël Personnaz dans Dans les forêts de Sibérie de Safy Nebbou.

15 mars 2014

Péché mortel (1945) de John M. Stahl

Titre original : « Leave Her to Heaven »

Péché mortelUn écrivain fait la rencontre d’une jeune fille de bonne famille dans un train. Elle est fascinée par son visage car l’homme ressemble à son père décédé il y a peu de temps. A leur arrivée, ils s’aperçoivent qu’ils se rendent chez la même personne dans un ranch du Nouveau Mexique. L’attraction réciproque ne fait que grandir et aboutit rapidement à un mariage… Comme le montrent clairement l’affiche et le générique, Leave Her to Heaven est tiré d’un best-seller signé Ben Ames Williams. La Fox en a confié la réalisation à John Stahl, grand spécialiste du mélodrame. Mais, et c’est bien là que réside tout son attrait, Leave Her to Heaven est bien plus qu’un mélodrame puisque, à mesure que l’histoire avance, nous basculons dans le film noir. Très rarement, la symbiose de ces deux genres, mélodrame et film noir, n’a été si réussie. L’histoire est à rapprocher de la vogue des thèmes psychanalytiques à cette époque mais le monumental complexe d’Oedipe non résolu qui en est ici le noeud est toutefois inséré avec une certaine discrétion. L’image, signée Leon Shamroy (1), est absolument superbe avec un Technicolor de toute beauté (des rouges éclatants, une teinte générale brun doré et de belles nuances de bleus, les verts étant judicieusement en retrait). Gene Tierney - Péché mortel Et il y a Gene Tierney… belle et sublime, dont la douceur naturelle rend la noirceur de ses desseins encore plus terrifiante. Elle fait une très belle interprétation de ce personnage complexe sous une façade parfaitement lissée et maitrisée. Face à elle, Cornel Wilde peut paraître un peu fade mais cela correspond à son personnage et la toute jeune (20 ans) Jeanne Crain, alors étoile montante de la Fox, a également un rôle tout en retenue. De nombreuses scènes restent gravées dans nos mémoires : les cendres, la barque et surtout l’escalier… Bien qu’il reste peu connu (pas assez du moins), Leave Her to Heaven est un film vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gene Tierney, Cornel Wilde, Jeanne Crain, Vincent Price, Darryl Hickman
Voir la fiche du film et la filmographie de John M. Stahl sur le site IMDB.

Remarques :
Péché mortel * La fameuse scène de l’escalier a bien failli être coupée par la Censure mais elle a pu être sauvée in extremis.
* Le titre Leave Her to Heaven est tiré d’une phrase d’Hamlet de Shakespeare : le fantôme du père d’Hamlet lui enjoint de ne rien tenter contre sa mère mais de laisser le Ciel se charger de la punir (ce que les distributeurs français ont exprimé bien maladroitement en traduisant par Péché mortel…)
* Dans son autobiographie, Gene Tierney décrit le tournage comme ayant été assez difficile. Le lieu de tournage au bord du lac (Bass Lake en Californie) était difficilement accessible par la route. Le tournage de la scène de la barque eut lieu en novembre et l’eau était glacée : on lui donnait de petites rasades de whisky entre les prises pour réactiver sa circulation sanguine (d’ailleurs, d’après IMDB, le jeune Darryl Hickman aurait été atteint de pneumonie en tournant la scène).

(1) Le directeur de la photographie Leon Shamroy a été oscarisé pour ce film.