Entr’acte est un court métrage muet d’avant-garde de 22 minutes réalisé par René Clair, qui signe là sa première oeuvre à l’âge de 26 ans. Le film se situe à une période de transition entre le dadaïsme et le surréalisme. Il était prévu pour être projeté durant l’entracte de Relâche, un ballet instantanéiste orchestré par Francis Picabia qui a également jeté les idées de base du court métrage. Il s’agit d’une suite de scènes surréalistes cherchant à créer l’humour en bousculant toutes les conventions : un canon juché sur le toit du théâtre des Champs-Elysées qui tire sur les spectateurs, une femme à barbe danseuse filmée par en dessous, un corbillard tiré par un chameau suivi par un cortège qui avance en bondissant, etc. Ce sont des scènes où l’inattendu est alimenté par des effets spéciaux de cinéma (multiples exposition, ralentis, accélérations). Bien entendu, l’effet n’est plus le même pour nos yeux blasés d’aujourd’hui mais certaines scènes sont vraiment remarquables (la procession du corbillard est vraiment hilarante). Le but est de faire rire, il n’y a pas de message sous-jacent comme ce sera le cas des futurs films de Buñuel par exemple. La musique a été composée par Éric Satie qui apparait dans le film avec Francis Picabia dans la scène du canon. Parmi les figurants, on note aussi Marcel Duchamp et Man Ray (les deux joueurs d’échec) et de nombreux artistes de la mouvance dadaïste. Entr’acte est un objet filmique plein d’inattendu. Il a été récemment restauré.
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Le cortège qui suit le corbillard d’Entr’acte de René Clair
Marcel Duchamp et Man Ray dans Entr’acte de René Clair.
Remarque :
• L’orthographe du titre, Entracte, est conforme aux règles de l’époque : Ce n’est qu’en 1932-1935 que l’Académie française opta pour la graphie entracte (merci Wikipédia).