24 janvier 2007

Le jour se lève (1939) de Marcel Carné

Le jour se lèveElle :
Ce qui touche chez Carné, c’est la façon dont il nous expose le destin de ces deux êtres que le sort n’a pas épargné : pas de famille, pas d’argent, des galères multiples. Gabin et Arletty incarnent à merveille ce genre de personnages qui leur ressemblent. Tel le glas qui va sonner la mort de François, Carné retrace son parcours pendant sa longue attente dans sa chambre encerclée par la police. Malgré un rythme peu lent, ce jeu de passerelle entre présent et passé nous donne un Gabin grand et pathétique, incapable d’échapper à son destin et à ses origines modestes.
Note : 4 étoiles

Lui :
Grand drame populiste de la fin des années 30, ce film met en scène l’amour qui mène au désespoir. Beauté des images (de Curt Courant), qualité de dialogues (de Jacques Prévert), un superbe trio d’acteurs, tout serait parfait si le film n’était pas si lent, dans ses scènes d’amour notamment. L’actrice jouant la jeune fille est un ton au-dessous. Beau film cependant, qui traverse aisément les âges.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Jules Berry, Arletty, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Carné sur le site imdb.com.

Remarques :
* Anatole Litvak tourna un remake américain du Jour se lève :
The long night (1947) avec Henry Fonda, Ann Dvorak, Barbara Bel Geddes et Vincent Price, film qui n’est jamais sorti en France.
* Les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur Alexandre Trauner.

Voir les autres films de Marcel Carné chroniqués sur ce blog…

6 réflexions sur « Le jour se lève (1939) de Marcel Carné »

  1. L’actrice qui joue la jeune fille (Françoise) s’appelle Jacqueline Laurent. Elle avait été recommandée auprès de Marcel Carné par Jacques Prévert dont elle était la maîtresse. Sa carrière s’est limitée à 14 films, de 1935 à 1974, et il semblerait qu’elle ait un peu dérapé pour les trois derniers : « Le Plumard en folie », « La Bonzesse » et « La Kermesse érotique »… Jacqueline Laurent vit toujours, elle a 90 ans.

  2. Merci pour cette intéressante précision qui explique effectivement que l’on puisse trouver le jeu « un peu au dessous » de cette actrice.

  3. The long night (1947) avec Henry Fonda, Ann Dvorak, Barbara Bel Geddes et Vincent Price, film qui n’est jamais sorti en France.
    inédit sauf à la télé;ce remake est sans intérêt ,flanqué d’un happy end hollywoodien.

  4. Jacqueline laurent n’a tourné qu’une douzaine de films ;les « pornos » des seventies sont le fait d’une actrice homonyme !voir sa filmographie sur le site imdb.
    Petits rôles notamment « les deux timides  » et « Gaspard De Besse »

  5. Vous avez raison ! Il y a eu confusion. Il existe peu de renseignements sur cette comédienne. Voici néanmoins un extrait d’un texte trouvé sur Internet et se rapportant au film de Marcel Carné :

    La ravissante Jacqueline Laurent, la jeune première du film dont la trace s’est perdue quelque part entre guerre et chef d’œuvre avait fait la connaissance de Jacques Prévert à l’été 1936. Elle était alors une jeune comédienne prometteuse que l’on se plaisait à voir dans la succession d’une Annabella devenue hollywoodienne. L’écrivain poète quitta pour elle son groupe d’écriture pour s’installer à la diable dans un petit hôtel sans prétention jouxtant “Les Deux Magots”. La “nouvelle Annabella” ne rechignait pas à se taper les trois étages pour ramener à son génie “un crème d’en bas”.
    Prévert qui avait rebaptisé Jacqueline son “Bel amour tout neuf” va l’emmener en voyage à la poursuite du soleil et le couple vivra un bel été sur les plages espagnoles encore désertes de touristes. Pour Prévert, ce bel été a malgré tout un goût de cendres, car à la rentrée, il faudra se séparer, il le sait, Jacqueline est attendue à Hollywood.
    Prévert n’aura pas le cœur de laisser son “bel amour tout neuf” partir seule à la conquête des écrans du Nouveau Monde et partira avec elle pour Hollywood, là où rien n’est plus incongru qu’un dialoguiste français !
    Prévert s’y ennuya beaucoup et la comédienne se laissa convaincre de regagner la France, là où le poète pouvait l’imposer à Marcel Carné pour le film qu’il préparait.
    Ce fut “Le Jour se Lève”. Ce fut l’échec, ce fut la guerre, ce fut la fin de leur bel amour tout neuf.
    Lorsque le film de Carné fut redécouvert, encensé et enfin considéré comme l’absolu chef d’œuvre qu’il est, le souvenir de sa douce héroïne s’était depuis longtemps effacé des cœurs et des mémoires.

  6. un des plus grand flashback du cinéma!
    Jules Berry est un méchant d’anthologie.
    N’oublions pas les décors d’Alexandre Trauner qui sont magnifiques.

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