30 janvier 2024

Une femme de notre temps (2022) de Jean-Paul Civeyrac

Une femme de notre tempsJuliane, commissaire de police à Paris, est une femme d’une grande intégrité morale. Mais la découverte de la double vie de son mari va soudain la conduire à commettre des actes dont elle ne se serait jamais crue capable…
Une femme de notre temps est un film français écrit et réalisé par Jean Paul Civeyrac. Ce n’est pas un polar, il s’agit plutôt d’un parcours intérieur avec pour thèmes le deuil inconsolable, le mensonge, la trahison (plus exactement, le fait de se sentir trahi), le basculement d’une vie. Très bien. Mais rien ne fonctionne, le film ne trouve jamais son équilibre, tout paraît artificiellement alourdi, les scènes sont inutilement étirées. La musique est particulièrement insupportable car elle se montre insistante à vouloir créer une atmosphère dramatique. Elle est l’œuvre de Valentin Silvestrov, un compositeur ukrainien qui n’est pas à blâmer car c’est l’utilisation de sa musique qui est outrancière. Les acteurs semblent absents. Seule la scène finale (avec l’arc) est notable. Apprécié par (une partie de) la critique.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Sophie Marceau, Johan Heldenbergh, Cristina Flutur
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Sophie Marceau et Johan Heldenbergh dans Une femme de notre temps de Jean-Paul Civeyrac.

11 novembre 2022

Tout s’est bien passé (2021) de François Ozon

Tout s'est bien passéEmmanuèle, une romancière épanouie, est appelée en urgence : son père, âgé de 85 ans, vient d’être hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme curieux de tout et aimant passionnément la vie, demande à sa fille de l’aider à mourir…
Tout s’est bien passé est un film français écrit et réalisé par François Ozon. Il s’agit de l’adaptation du roman paru en 2013 d’Emmanuèle Bernheim, dans lequel elle narrait sa propre histoire avec son père. La romancière, aujourd’hui décédée, était restée amie avec François Ozon après leur collaboration sur l’écriture de Sous le sable, de Swimming Pool et de 5×2. L’euthanasie est bien entendu un sujet délicat sur lequel chacun aura certainement des convictions.  Tout s’est bien passé n’a toutefois rien d’un film militant, il ne cherche pas à convaincre. C’est le récit du trajet personnel de la romancière qui, au départ fortement opposée à l’idée, doit peu à peu se résoudre à accepter la volonté de son père. La gravité du sujet est légèrement  contrebalancée par de petites touches d’humour ici et là. Très belle distribution. La transformation d’André Dussollier est stupéfiante, on ne le reconnaît qu’à grand-peine, et son jeu est remarquable. Sophie Marceau est tout autant admirable dans l’interprétation de son personnage qu’elle donne l’impression de vivre vraiment. Un film assez frappant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Éric Caravaca, Hanna Schygulla, Grégory Gadebois
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Remarque :
* Dans la vraie vie, le compagnon d’Emmanuèle Bernheim (interprété par Eric Caravaca) n’est autre que Serge Toubiana, bien connu des cinéphiles, directeur de la Cinémathèque française de 2003 à 2016 (ce qui explique ses propos sur le cinéma).

Tout s'est bien passéSophie Marceau, Géraldine Pailhas et André Dussollier dans Tout s’est bien passé de François Ozon.

Tout s'est bien passéSophie Marceau et André Dussollier dans Tout s’est bien passé de François Ozon.

5 février 2017

Police (1985) de Maurice Pialat

PoliceL’inspecteur Mangin enquête sur une affaire de drogue et parvient à arrêter l’un des frères Slimane et son amie Noria. Mais il lui faudrait des preuves ou des aveux et ni l’un ni l’autre ne semble décidé à reconnaître les faits… Si la trame de l’histoire peut sembler à priori classique, le traitement qu’en fait Pialat donne à Police un caractère assez unique : loin des standards du cinéma policiers, il nous place très près des personnages, imprimant ainsi une forte sensation de réalisme. Pour ce faire, la scénariste Catherine Breillat est allée s’immerger dans un commissariat de Belleville et a suivi une brigade. L’autre point remarquable est que Pialat évite le manichéisme et ne montre aucune complaisance que ce soit envers les enquêteurs ou envers les milieux tunisiens du trafic de drogue. Sophie Marceau et Gérard Depardieu font tous deux une belle performance. A noter que certains policiers jouent leur propre rôle. le film connut un certain succès, Police fut le plus gros succès du réalisateur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Sandrine Bonnaire
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Remarques :
* Comme toujours avec Pialat, l’enfantement s’est fait dans la douleur et les conflits. Cela a commencé dès l’écriture : les mauvaises relations entre Catherine Breillat et Pialat se sont terminées devant la justice et c’est Sylvie Danton (future Madame Pialat) qui a pris la relève avec Jacques Fieschi.
Côté acteurs, si Pialat s’est réconcilié avec Depardieu qu’il avait précédemment décrit comme « une Rolls-Royce avec un moteur de Solex », sa protégée Sandrine Bonnaire est reléguée dans un petit rôle pour laisser la place à Sophie Marceau. La jeune actrice (18 ans), que Pialat avec sa délicatesse habituelle a qualifiée de « grosse conne » lors de la promotion du film, a dû en voir de toutes les couleurs avec ces deux gros machos. Elle a encaissé mais a soigneusement évité ensuite de tourner à nouveau avec Pialat ou Depardieu. Et l’actrice n’a pas oublié les mauvais traitements puisqu’à Cannes, trente ans plus tard en 2015, elle a qualifié Depardieu de prédateur (Depardieu a alors reconnu qu’à l’époque il était « un peu con » tout en ajoutant une grossièreté pour faire bonne mesure).
Mais le pire a été pour Richard Anconina : maltraité et humilié en permanence par Pialat, il en est venu presque aux mains, a quitté le tournage et n’est revenu qu’après lecture en public d’une lettre d’excuses du réalisateur. Résultat : sa performance est épouvantable. Maltraiter les acteurs pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, cela ne marche pas avec tout le monde…

Police
Gérard Depardieu et Sophie Marceau dans Police de Maurice Pialat.