24 octobre 2007

Madame de… (1953) de Max Ophüls

Madame De...Elle :
Malgré les louanges générallement réservées à ce film, je n’ai trouvé aucun ingrédient qui permette d’adhérer au destin des personnages. Bien que ces pauvres comtes et comtesses soient bien malheureux en ménage, on n’éprouve aucune compassion pour leur chagrin d’amour. Le film semble avoir bien vieilli.
Note : 2 étoiles

Lui :
Les personnages de cette histoire d’amour contrarié ont des préoccupations et des activités si futiles qu’il est très difficile de s’intéresser au drame poignant qui se déroule sous nos yeux. Mais l’intérêt de l’avant-dernier film d’Ophüls n’est pas là. Il réside plutôt dans forme et son équilibre quasi parfait avec un mouvement constant qui semble parfois nous entraîner.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Danielle Darrieux, Vittorio De Sica
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Ophüls sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Max Ophüls chroniqués sur ce blog…

3 réflexions sur « Madame de… (1953) de Max Ophüls »

  1. Quant à moi, je trouve ce film superbe, les jours qui passent au rythme des valses, les répliques, la beauté des costumes. Pourquoi vouloir retrouver la vie réelle. Un film est là aussi pour faire rêver.

  2. Je viens de voir pour la première fois ce film – il repassait sur Arte – et j’avoue partager le sentiment d’Anne-Marie.

    La construction du film est remarquable, notamment l’idée ingénieuse de faire coïncider la vie et la relation des personnages avec le destin des bijoux, des boucles d’oreille de grande valeur que l’on suit au gré de leurs pérégrinations. Cela rappelle un western américain « Winchester 73 » d’Anthony Mann où la carabine passait de main en main.

    Les acteurs : Danielle Darrieux, Vittorio de Sica, Charles Boyer, ont beaucoup de classe et campent sans difficulté apparente les personnages, nobles et diplomate, qu’ils incarnent. Le rôle de coquette est taillé sur mesure pour Danielle Darrieux, magnifique de grâce et de beauté (son dos dénudé attire inexorablement le regard) qui sait faire comprendre à son mari ses sentiments envers le beau diplomate mais refuse de se montrer chattemite ; cela aurait pu être la pente naturelle de son jeu.

    Une phrase comme : « les femmes mettent du mystère dans les détails », dite par Charles Boyer et que je cite de mémoire, résume bien le film et ses subtilités humaines et mondaines.

    Du grand art dû à un grand réalisateur inspiré avec bonheur par un roman de Louise de Vilmorin.

  3. LA FEMME AUX BIJOUX
    Ce film est un bijou, sans doute la quintessence du cinéma ophulsien dans la rencontre du fond avec la forme
    Cette dernière période française de l’oeuvre du cinéaste est la plus brillante
    Paris fin de siècle a remplacé Vienne, et son amoureuse – le cinéaste s’est toujours fait l’avocat et le complice de ses portraits féminins – est une frivole coquette dépensière et comtesse (le roulement d’un fiacre, une conversation mondaine, les accords d’un orchestre couvrent à chaque fois le nom de famille de madame de…dont on ne sait que le prénom Louise, comme celui de l’auteur de la nouvelle : Louise de …Vilmorin), une frivole qui découvre peu à peu – à cause d’une paire de boucles d’oreille dont on suit l’odyssée – la réalité du masque social dont elle est la victime et à qui Danielle Darrieux (aujourd’hui 98 balais en 2015) confère toute son aura entre son mari (Charles Boyer) et son amant (Vittorio de Sica) tous trois épatants. Il faut la voir et l’entendre répéter derrière une porte fermée pour se convaincre de ce qu’elle ne pense pas, envers l’homme qu’elle aime et dans un sourire qui pleure « Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas, je ne vous aime pas… »
    Il y a du Sternberg, du Minnelli et du Visconti dans les films d’Ophuls
    Ce portrait d’une amoureuse, à la manière d’un peintre, rehaussé par le fin dialogue de Marcel Achard, mène droit au vide absolu, à l’inexistence. A la manière de GG (Greta Garbo) à la fin de La reine Christine, le visage de DD reste la page blanche d’une énigme. On dirait que l’actrice, parfaite dans la gamme détachée du registre imposé par Ophuls, jeu moderne qui minore les affects, a fait cela toute sa vie
    La mise en scène, l’élégance de la grâce, toute en volutes et arabesques musicales piège son héroine dans les biseaux des miroirs, les faux semblants des masques et des coulisses, les griseries et faux pas des valses, les confessionnaux trompeurs et les tiroirs à double fond des coeurs éperdus

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