18 octobre 2022

Les Cannibales (1970) de Liliana Cavani

Titre original : « I cannibali »

Les cannibales (I cannibali)Dans une société ultra-totalitaire, les cadavres des rebelles sont laissés dans les rues en exemple. La population a l’interdiction des les déplacer. Une jeune femme décide de braver l’interdit pour enterrer son frère. Pour ce faire, elle va recevoir l’aide d’un homme étrange, venu de la mer et parlant une langue inconnue…
Les Cannibales est le deuxième long métrage de fiction réalisé par l’italienne Liliana Cavani. Le film est inspiré de la tragédie Antigone de Sophocle. L’influence de Pasolini, qui avait donné sa propre version de Oedipe trois ans plus tôt, se ressent ici et là mais Les Cannibales est avant tout un film politique, un pamphlet contre les dictatures militaires. La toute première scène et le générique sont assez stupéfiants (surtout si l’on ne connait pas le thème à l’avance comme ce fut mon cas) et tout le premier tiers du film impressionne et montre une certaine force dans le message délivré. Hélas, il faut reconnaitre que l’histoire tourne ensuite en rond, sans développement majeur ; les quelques prolongements ou pistes explorées se révèlent décevantes. Les Cannibales aurait fait un excellent court ou même moyen métrage. Même s’il ne parvient pas à garder notre intérêt, c’est aujourd’hui une curiosité qui s’inscrit pleinement dans son époque. Musique de Ennio Morricone.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Britt Ekland, Pierre Clémenti, Tomas Milian, Delia Boccardo, Marino Masé
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Les cannibales (I cannibali)Les cannibales (I cannibali) de Liliana Cavani.
Les cannibales (I cannibali)Britt Ekland et Pierre Clémenti dans Les cannibales (I cannibali) de Liliana Cavani.

5 avril 2022

Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965) de Jean-Luc Godard

Alphaville, une étrange aventure de Lemmy CautionDans un futur pas si lointain, les autorités des « pays extérieurs » envoient l’agent secret Lemmy Caution en mission à Alphaville, éloignée de quelques années-lumière de la Terre. Il y découvre une cité contrôlée par un ordinateur qui régit la vie des habitants et a banni bon nombre de sentiments humains…
Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (ou simplement,  Alphaville) est un film français de science-fiction écrit et réalisé par Jean-Luc Godard. Il s’agit d’une variation sur l’un des thèmes majeurs de la science-fiction, la description d’un monde totalitaire dominé par une technologie qui asservit la population. Par une approche très particulière, Godard rend cette prospective très actuelle. Il a utilisé les immeubles parisiens les plus modernes en ambiance nocturne pour créer une atmosphère étrange. Les tours en verre n’en sont paraissent que plus inhumaines et angoissantes. Il utilise tout aussi astucieusement leur architecture intérieure, particulièrement leurs longs couloirs. On peut noter nombre de références, souvent humoristiques, littéraires mais surtout cinématographiques. Godard s’amuse plus avec les codes du film noir qu’avec ceux de science-fiction. Alphaville est bien entendu un film très particulier qui pourra susciter des réactions variées.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eddie Constantine, Anna Karina, Akim Tamiroff
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Alphaville, une étrange aventure de Lemmy CautionEddie Constantine et Anna Karina dans Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard.

Remarque :
* La fameuse scène « des portes », qui a notamment servi à lier les sujets de l’émission « Cinéma, Cinémas » de Claude Ventura, a été tournée dans la Maison de la Radio, récemment inaugurée.

Alphaville, une étrange aventure de Lemmy CautionEddie Constantine dans Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard.

8 septembre 2021

La Servante écarlate (1990) de Volker Schlöndorff

Titre original : « The Handmaid’s Tale »

La Servante écarlate (The Handmaid's Tale)États-Unis, fin du XXe siècle. Un mouvement totalitaire dirige le pays et la pollution et les accidents nucléaires ont rendu la plupart des femmes stériles. Les femmes encore fécondes sont placées comme reproductrices auprès des chefs de la nation, les « Commandants ». Kate, qui voulait s’enfuir, est enlevée à sa famille pour servir de reproductrice au Commandant Fred…
Avant d’être décliné en série TV en 2017, le roman dystopique écrit par l’écrivaine canadienne Margaret Atwood avait été porté à l’écran en 1990 par Volker Schlöndorff. Le premier scénario d’adaptation a été écrit par Harold Pinter qui a ensuite déclaré forfait et, peu satisfait du résultat final, a (vainement) tenté de faire retirer son nom du générique. Il faut bien avouer que cette adaptation est bien décevante et ne laisse guère entrevoir les qualités du roman initial. L’ensemble évoque une mauvaise copie de 1984 et la représentation du régime totalitaire ressemble à un pesant catalogue de poncifs. Le budget a visiblement été limité, les véhicules peints à la hâte en noir mat font pitié. La finalité du récit n’est pas évidente, la sensualité paraît avoir été privilégiée.  Il ne semble pas que Volker Schlöndorff se soit vraiment emparé du sujet. Hormis Faye Dunaway et Robert Duvall cantonnés aux seconds rôles, l’interprétation est bien fade : Natasha Richardson (fille de Vanessa Redgrave) manque de présence et ne génère aucune émotion. Le meilleur serait à chercher du côté de la musique, signée Ryūichi Sakamoto.
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Natasha Richardson, Faye Dunaway, Aidan Quinn, Elizabeth McGovern, Victoria Tennant, Robert Duvall
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La Servante écarlate (The Handmaid's Tale)Faye Dunaway et Natasha Richardson dans La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale) de Volker Schlöndorff.

24 juin 2021

L’Ombre de Staline (2019) de Agnieszka Holland

Titre original : « Mr. Jones »

L'ombre de Staline (Mr. Jones)1933. Gareth Jones est un jeune journaliste britannique qui travaille pour l’ancien Premier Ministre David Lloyd George, comme conseiller dans le domaine de la politique étrangère. Licencié pour raisons financières, il décide de partir à Moscou pour éclaircir la question du financement des projets de l’URSS. Une fois sur place, la nouvelle de l’assassinat d’un ami journaliste qui devait l’aider lui fait comprendre qu’il s’intéresse à un sujet dangereux…
L’ombre de Staline est un film biographique polono-britannico-ukrainien réalisé par la polonaise Agnieszka Holland. Le film a le mérite d’exposer au grand public la famine ukrainienne de 1932-1933, l’Holodomor, et de montrer comment elle fut cachée aux yeux du monde avec la complicité de certains journalistes occidentaux. Le pouvoir soviétique avait ainsi l’indéfectible soutien du correspondant du New York Times à Moscou, Walter Duranty, Prix Pulitzer en 1932. Le récit que fait la réalisatrice est bien construit avec une tension qui ne faiblit à aucun moment. Seuls quelques effets de transition entre certaines scènes paraissent superflus car trop accrocheurs. La réalisatrice est convaincue du pouvoir du cinéma pour faire connaitre au grand public de tels pans cachés de l’Histoire. Son film, particulièrement édifiant, a tout pour atteindre ce but.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard, Joseph Mawle, Kenneth Cranham
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Remarque :
* La réalisatrice introduit un personnage supplémentaire, George Orwell, qui a écrit La Ferme des animaux (apologue écrit sous la forme d’une fable animalière, également une critique du stalinisme) environ dix ans plus tard. Orwell et Jones avaient effectivement le même éditeur londonien. Rien n’atteste qu’ils se soient rencontrés mais ce n’est pas impossible.

(1) Le terme Holodomor désigne la grande famine qui eut lieu en RSS d’Ukraine et dans le Kouban, en URSS, en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 3 et 5 millions de victimes. Provoquée par les quotas trop élevés fixés par le pouvoir communiste et une mauvaise récolte, la famine fut niée par Staline qui durcit sa position et emprisonna ou exécuta les « éléments contre-révolutionnaires » présentés comme responsables de l’échec. Depuis l’ouverture des archives soviétiques, la négation de l’Holodomor a cessé, mais son ampleur et le caractère intentionnel de la famine (et donc sa qualification de « génocide ») est toujours contesté. Lire sur Wikipedia

L'ombre de Staline (Mr. Jones)James Norton est Gareth Jones dans L’ombre de Staline (Mr. Jones) de Agnieszka Holland.

L'ombre de Staline (Mr. Jones)Peter Sarsgaard est Walter Duranty dans L’ombre de Staline (Mr. Jones) de Agnieszka Holland.

19 juillet 2020

1984 (1984) de Michael Radford

Titre original : « Nineteen Eighty-Four »

1984 (Nineteen Eighty-Four)Le monde est dominé par trois grandes puissances, qui se livrent une guerre perpétuelle depuis trente. Océania est dirigé par un parti unique, personnifié par le visage de Big Brother, qui a instauré un régime collectiviste et totalitaire. A Londres, Winston est un employé au service du Parti, son travail consiste à « corriger » les archives du quotidien Times…
Ecrit par George Orwell et publié en 1949, le roman 1984 est une analyse des mécanismes du totalitarisme et une réflexion sur la liberté de pensée. Cette dystopie s’inspirait à la fois du stalinisme et du nazisme pour constituer une puissante mise en garde. Le roman avait déjà été porté, très librement, à l’écran en 1956. Cette version est bien plus fidèle au livre et sa sortie a été calculée pour coïncider avec l’année du titre. Le résultat et assez décevant et témoigne de la difficulté d’adapter certaines œuvres à l’écran. L’image prend ici le pas sur les idées, elle asphyxie la réflexion. On reste de marbre devant ce récit bien fade qui ne parvient à faire passer aucune des émotions du personnage. Le film de Michael Radford est surtout austère, glauque, et même parfois difficile à regarder. Pire, il risque de décourager les lecteurs potentiels d’un grand roman.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton
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 1984 (Nineteen Eighty-Four)John Hurt et Suzanna Hamilton dans 1984 (Nineteen Eighty-Four) de Michael Radford.

Autre adaptation :
1984 de l’anglais Michael Anderson avec Michael Redgrave et Edmond O’Brien.