3 avril 2021

El reino (2018) de Rodrigo Sorogoyen

El reinoManuel López Vidal est un homme politique influent à l’avenir prometteur. Mais son implication dans une affaire de corruption vient remettre en cause sa réputation. Prêt à tout pour conserver une place montante au sein de son parti, il va très vite plonger dans une spirale infernale…
El reino (= le royaume) est un thriller politique espagnol écrit par Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña. Pour évoquer « la situation politique préoccupante en Espagne où les affaires de corruption ne cessent de se multiplier depuis quelques années », ils ont choisi un angle original et inattendu : tout le déroulement de l’histoire est vu par les yeux d’un politicien corrompu. Cette approche n’est, de toute évidence, pas là pour générer l’empathie mais plutôt pour mieux mettre en relief l’omniprésence du mensonge, à tous les niveaux et dans tous les rapports avec autrui. A noter que aucun parti, ni même couleur politique, n’est mentionné, probablement pour rendre le propos plus universel. La caméra de Rodrigo Sorogoyen est très mobile, collant de près au personnage, à tel point que le début du film perturbe quelque peu. Mais le plus remarquable est l’énergie qui dégage de l’ensemble, une énergie également insufflée par le jeu nerveux d’Antonio de la Torre. Pour son second long métrage, le réalisateur Rodrigo Sorogoyen montre indéniablement un style qui lui est propre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Antonio de la Torre, Mónica López, Josep Maria Pou, Bárbara Lennie
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El reinoAntonio de la Torre dans El reino de Rodrigo Sorogoyen.

3 janvier 2021

Lettre à Franco (2019) de Alejandro Amenábar

Titre original : « Mientras dure la guerra »

Lettre à Franco (Mientras dure la guerra)Salamanque, été 1936. Lorsqu’éclate l’insurrection de la junte militaire, le prestigieux écrivain, philosophe et recteur de l’Université Miguel de Unamuno s’exprime en faveur du coup d’État. Il pense qu’il ramènera l’ordre dans un pays dirigé par des socialistes et des communistes. Mais peu à peu, l’insurrection devient la guerre civile espagnole, et la république tend à être supprimée…
L’espagnol Alejandro Amenábar évoque l’une des pages les plus sombres de l’histoire de son pays et, pour ce faire, il choisit de nous faire suivre le cheminement de la pensée de Miguel de Unamuno face à la montée de Franco. En ce sens, il met en relief les difficultés de certains intellectuels à déceler l’arrivée de l’autoritarisme et leurs difficultés à prendre position. Le cinéaste veut aussi faire un parallèle avec la résurgence actuelle de mouvements fascistes (1). Le portrait de Franco est assez inhabituel : il nous montre un homme qui avance timidement, prudemment, anxieux à l’idée de faire un faux pas qui le mettrait en mauvaise posture. Nous sommes loin de l’image classique du dictateur, son arrivée au pouvoir se fait finalement de façon presque sournoise. Le film a donc le mérite de nous apprendre beaucoup sur cette période de l’Histoire mais hélas le résultat ne convainc pas vraiment. Et, bizarrement, il est difficile de pointer exactement quels sont les défauts qui le rendent quelque peu ennuyeux.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Karra Elejalde, Eduard Fernández, Santi Prego, Nathalie Poza, Luis Bermejo
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(1) Le titre original signifie « Tant que durera la guerre ». Comme expliqué dans le film, cette expression était incluse dans le document signé par les généraux mais Franco est parvenu à la faire disparaître avant la publication de ce document qui lui donnait tous les pouvoirs. Le réalisateur a choisi ce titre pour s’adresser aux spectateurs européens d’aujourd’hui, pour affirmer que l’état de guerre est permanent : « le film parle autant du présent que passé ».

Lettre à Franco (Mientras dure la guerra)Karra Elejalde dans Lettre à Franco (Mientras dure la guerra) de Alejandro Amenábar.

2 avril 2020

1492: Christophe Colomb (1992) de Ridley Scott

Titre original : « 1492: Conquest of Paradise »

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492. Le navigateur Christophe Colomb tente en vain de convaincre les théologiens catholiques qu’atteindre les Indes en passant par l’ouest est possible. Un armateur et un banquier le présentent à la Reine de Castille qui lui accorde son voyage en échange de sa promesse de rapporter suffisamment de richesses en or…
Pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, deux longs métrages sont sortis sur les écrans à quelques semaines d’intervalle en 1992. Le film franco-britannico-espagnol de Ridley Scott est le plus intéressant des deux car il dépasse les simples clichés et images d’Epinal. Le récit se concentre, d’une part, sur les intrigues politiques et le poids du clergé dans sa patrie d’origine et, d’autre part, sur ses relations avec les indigènes des îles découvertes et l’esclavage mis en place. Il n’en parait que plus authentique même s’il épargne son personnage principal (1). Ayant bénéficié d’un beau budget, la mise en scène est à la hauteur des grandes épopées, le principal excès se situant au niveau de la musique de Vangelis, lourde et grandiloquente. C’est Ridley Scott qui a exigé que le rôle-titre soit tenu par Gérard Depardieu qui fait une excellente prestation, donnant beaucoup de présence et d’enthousiasme à son personnage. Le film a connu un beau succès en France et même en Europe mais fut un échec de l’autre côté de l’Atlantique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Armand Assante, Sigourney Weaver, Loren Dean, Ángela Molina, Fernando Rey, Tchéky Karyo
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Remarques :
* Le film de Ridley Scott est sorti dans le monde la semaine du 12 octobre 1992, cinq cents ans jour pour jour après que Christophe Colomb a posé le pied sur l’île de Guanahani (dont on ne connait toujours pas avec certitude l’emplacement exact).
* L’autre film sur Christophe Colomb sorti en 1992 :
Christophe Colomb: La découverte (Christopher Columbus: The Discovery) de John Glen avec Georges Corraface et Marlon Brando. Ce fut un échec commercial.

(1) La brutalité de la domination sur les indigènes est attribuée aux nobles qui l’ont accompagné dès le deuxième voyage alors que les dernières recherches sembleraient indiquer que Christophe Colomb et ses frères en auraient été grandement responsables.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)Gérard Depardieu dans 1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

19 août 2019

Everybody Knows (2018) de Asghar Farhadi

Titre original : « Todos lo saben »

Everybody KnowsLaura qui vit en Argentine revient dans son village natal en Espagne pour assister au mariage de sa sœur. Alors que la fête bat son plein, un évènement tragique bouleverse l’atmosphère joyeuse et va faire ressurgir un passé enfoui…
L’iranien Asghar Farhadi a écrit son scénario en farsi, l’a tourné en espagnol et en Espagne ; les distributeurs français l’ont affublé d’un titre américain. Autant dire qu’il s’agit d’un film international mais, même si le dossier de presse brode sur le choc des cultures, rien de tel n’est en réalité perceptible à l’écran. Il s’agit d’un thriller familial plutôt classique qui bénéficie d’une interprétation assez forte du couple Penélope Cruz et Javier Bardem. Il se passe réellement quelque chose entre les deux acteurs (rappelons qu’ils sont mari et femme à la ville). Asghar Farhadi manque un peu de clarté dans le déroulement de son scénario, ce qui nuit beaucoup à l’impression générale. Et la mise en place est vraiment interminable.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín, Eduard Fernández, Inma Cuesta
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Everybody KnowsPenélope Cruz et Javier Bardem dans Everybody Knows de Asghar Farhadi.

26 janvier 2019

Peppermint frappé (1967) de Carlos Saura

Peppermint FrappéJulián dirige une clinique de radiologie, assisté d’Ana, une infirmière timide. Un soir, il est invité chez un de ses amis d’enfance, Pablo, un aventurier qui vient de se marier avec Elena, une belle jeune femme blonde. Julián croit reconnaître en elle une mystérieuse femme qu’il a vue jouer du tambour lors de la Semaine sainte à Calanda…
Tourné après La Chasse, le premier long métrage d’importance de Carlos Saura, Peppermint frappé met de nouveau en scène les frustrations et fantasmes d’une bourgeoisie étouffée. Tourné sous la dictature de Franco, le film est chargé de symboles et d’allégories. L’atmosphère est puissante, chargée d’un fétichisme latent et marquée par une oscillation permanente entre réalité et fantasme. Le désir semble constamment vouloir poindre sous une indéfectible retenue. Tout cela crée un malaise léger, une sensation d’être en équilibre instable à l’instar de l’Espagne sous le joug de Franco. Carlos Saura vient de rencontrer Geraldine Chaplin et donne d’emblée un double rôle à celle qui deviendra sa compagne et sa muse pendant douze ans. Peppermint frappé a rencontré un certain succès, le premier pour Saura, et le film aurait probablement été récompensé à Cannes 1968 si le festival n’avait été annulé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, José Luis López Vázquez, Alfredo Mayo
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Remarque :
* La scène de la femme au tambour est située à Calanda. C’est de toute évidence un hommage à Luis Buñuel qui est originaire de cette ville. On retrouve d’ailleurs le rite de  La Route du tambour et de la grosse caisse (Ruta del tambor y el bombo) dans plusieurs films de Buñuel. A noter que ce n’est que dans les années 1980 (donc bien après ce film de Saura) que les femmes eurent le droit de jouer d’un instrument dans cette procession.

Peppermint frappé
Geraldine Chaplin (en blonde Elena) et José Luis López Vázquez dans Peppermint frappé de Carlos Saura.

Peppermint frappé
Geraldine Chaplin (en brune Ana) dans Peppermint frappé de Carlos Saura.

15 octobre 2018

Elisa, Mon Amour (1977) de Carlos Saura

Titre original : « Elisa, vida mía »

Elisa, Mon AmourAccompagnée de sa sœur, son mari et leurs enfants, Elisa vient rendre visite à son père Luis qui vit seul dans une maison isolée à la campagne. Elle reste ensuite seule avec lui, heureuse de pouvoir ainsi s’éloigner de son propre couple qui traverse une crise profonde…
Elisa, vida mía est probablement le film le plus épuré, voire le plus austère, du cinéaste espagnol Carlos Saura. C’est peut-être l’un des plus personnels aussi. L’épure se ressent aussi bien dans le récit que dans les décors ou les personnages. Mais c’est la construction qui étonne le plus, une construction presque circulaire, qui nous déroute de prime abord, où il nous semble revenir plusieurs fois au point de départ. Au final, il est bien difficile de séparer ce qui relève de la réalité ou du fantasme, ou bien si tout l’ensemble n’est issu que de l’imagination du père-écrivain. Mais l’important n’est pas là, il est plutôt dans cette façon de nous faire pénétrer au plus profond des personnages, de leurs interrogations, de leurs attentes. Le film prend ainsi une dimension philosophique, une réflexion sur la vie et sur les rapports aux autres. Géraldine Chaplin et Fernando Rey sont deux très grands acteurs ; ils parviennent à mettre une très grande subtilité dans leur interprétation.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fernando Rey, Geraldine Chaplin
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Remarques :
* La pièce jouée par les enfants est Le Grand Théâtre du monde de Pedro Calderon, classique du répertoire espagnol. Ecrite aux alentours de 1635, elle étudie la vie humaine comme une pièce de théâtre.
* Le choix de Fernando Rey peut certainement être vu comme un hommage à Luis Buñuel.
* Prix d’interprétation masculine pour Fernando Rey à Cannes en 1977.

Elisa mon amour
Fernando Rey et Geraldine Chaplin dans Elisa, Mon Amour de Carlos Saura.

12 juin 2018

Julieta (2016) de Pedro Almodóvar

JulietaÀ la veille de quitter Madrid pour s’installer au Portugal avec son amant Lorenzo, Julieta rencontre une amie de sa fille dont elle n’a plus de nouvelles. Elle décide de rester et d’écrire à sa fille pour lui raconter comment elle a rencontré son père…
Almodovar a écrit Julieta d’après trois nouvelles de l’écrivaine canadienne Alice Munro. Loin de ses réalisations plus baroques ou loufoques, c’est un film dramatique qui explore les notions de culpabilité et de l’absence. La forme quasi-parfaite du film lui donne une grande force et Almodovar sait lui donner beaucoup de chaleur humaine ; il nous place très près de ses personnages et le récit nous touche d’autant plus profondément. Julieta fait certainement partie de ses films les plus puissants.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Darío Grandinetti, Rossy de Palma
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Julieta
Daniel Grao et Emma Suárez dans Julieta de Pedro Almodóvar.

29 avril 2018

Psiconautas (2015) de Pedro Rivero et Alberto Vázquez

Titre original : « Psiconautas, los niños olvidados »

PsiconautasSur une île ravagée par un désastre nucléaire, trois adolescents ont décidé de fuir avec l’aide du mythique Birdman qui symbolise l’espoir d’un monde meilleur… Adapté d’une bande dessinée d’Alberto Vázquez, Psiconautas est un dessin animé sombre et cauchemardesque qui met en avant de nombreuses angoisses de notre société. Le dessin est assez remarquable, épuré, poétique, très inspiré de Roland Topor et de La Planète Sauvage de René Laloux (1973). Un lieu très différent (qui symbolise l’espoir d’un monde meilleur en harmonie avec la nature) évoque quant à lui fortement Miyazaki. Les personnages sont, assez classiquement, des animaux anthropomorphes d’une grande candeur ; plus original, certains objets sont doués de parole. Sans nuance aucune, le propos n’est pas vraiment construit, abordant pêle-mêle les grandes questions vues des yeux d’un adolescent : la pression parentale, le refus de l’autorité, la drogue, la pollution et le saccage écologique de la planète, le chômage. Tout cela est très désordonné, de nombreuses séquences semblent là surtout pour faire des effets cauchemardesques. L’ensemble est très noir, Psiconautas n’est pas à montrer à de jeunes enfants…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
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Psiconautas
PsiconautasPsiconautas
Psiconautas de Pedro Rivero, Alberto Vázquez.

3 juillet 2016

Cría cuervos (1976) de Carlos Saura

Cría cuervosDans une vaste demeure madrilène, une petite fille Ana entend son père décéder dans la pièce voisine. Une femme en sort précipitamment. Bizarrement, la fillette entre dans la pièce, regarde son père et prend un verre de lait qu’elle va laver dans la cuisine… Ecrit et réalisé par Carlos Saura dans la dernière année de dictature franquiste, Cria Cuervos est une admirable réflexion sur le deuil, sur le monde de l’enfance, sur les souvenirs qui ne veulent s’effacer. Le récit débute de façon un peu mystérieuse pour dévoiler ensuite peu à peu l’univers de cette fillette seule avec ses deux soeurs : profondément marquée par la mort (ou plutôt par l’absence), elle parvient à se bâtir un monde à part où le rêve se mêle à la réalité, malgré la totale incompréhension du monde des adultes. Mais, comme on le sait, tous les films de Carlos Saura sont également une métaphore politique de son pays sous la chape de plomb du franquisme. Cette grande demeure coupée de l’extérieur représente ainsi l’Espagne, le père (et les hommes en général) le franquisme finissant, la mère est la république réduite au silence, la grand-mère la vie d’avant la dictature, la tante la bourgeoisie qui s’accommode des militaires. Les trois fillettes symbolisent l’avenir de l’Espagne et, en ce sens, le film de Saura est profondément optimiste. Âgée de neuf ans, Ana Torrent est assez inoubliable avec ses grands yeux noirs. Une fois de plus, Carlos Saura signe un film très fort avec sa façon assez unique de mêler inextricablement rêve, réalité, fantasmes et souvenirs.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Mónica Randall, Florinda Chico
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Remarques :
* Le titre vient d’un proverbe espagnol « Cría cuervos y te sacarán los ojos » qui signifie « Nourrissez des corbeaux et ils vous arracheront les yeux », maxime volontiers utilisée par les adultes pour se plaindre de l’ingratitude des enfants qui est donc détournée ici pour prendre un sens politique et prophétiser que la jeune génération balaiera le franquisme.

* La chanson Porque te vas (Parce que tu pars) a connu un succès international la même année, notamment en France où ce fut le tube de l’été 1976. Les paroles de cette chanson sont sur le thème de l’absence de l’être aimé et du souvenir qu’il laisse.

* Franco est mort à peine deux mois avant la sortie du film (donc après le tournage).

* Carlos Saura avait découvert la jeune Ana Torrent dans le beau film de Victor Erice L’esprit de la ruche (1973).

Cria Cuervos
Géraldine Chaplin et Ana Torrent dans Cría cuervos de Carlos Saura.

9 décembre 2015

Blancanieves (2012) de Pablo Berger

BlancanievesEspagne, années 20. Sa mère étant morte en la mettant au monde, la petite Carmen est élevée par une belle-mère cruelle qui la laisse à peine voir son père, grand torero handicapé à la suite d’un accident de corrida… Second long métrage de l’espagnol Pablo Berger, Blancanieves a toutes les apparences d’un film muet des années 20, sans paroles avec des intertitres, tourné en 16mm pour obtenir une image avec du grain. Il s’agit d’une variation sur le thème de Blanche-Neige et les sept nains transposé de façon assez inattendue dans le monde de la tauromachie. Pablo Berger fait preuve de beaucoup de style et rend hommage aux grands réalisateurs du muet : il est difficile de ne pas penser à Blood and Sand de Fred Niblo pour les scènes de corrida, à The Unknown ou Freaks de Ted Browning pour les forains, mais aussi à El Dorado de Marcel L’Herbier ou encore à Eisenstein (pour le montage très rapide dans certaines scènes) etc. Les procédés usuels du muet sont utilisés : ouverture et fermeture d’iris, surimpression plutôt qu’incrustation. Les scènes sont démonstratives, le réalisateur utilisant largement les gros plans pour exprimer les caractères des personnages qui sont, comme souvent dans les contes, très typés. Il va même très loin dans ce sens puisque dans une scène, la peau de la (très méchante) marâtre devient toute granuleuse pour exprimer sa noirceur intérieure. Le jeu des acteurs est quelquefois trop expressif mais de bon niveau, seule Macarena García n’est pas toujours convaincante. Le résultat est totalement différent de The Artist : bizarrement il se dégage plus de modernité de l’ensemble, sans doute est-ce la façon de travailler l’image et surtout le placement de la musique qui est résolument moderne. Quoiqu’il en soit Blancanieves est une belle réalisation, un film très plaisant à regarder et qui n’est pas sans humour, un bel hommage au cinéma muet des années vingt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maribel Verdú, Daniel Giménez Cacho, Macarena García, Ángela Molina
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Blancanieves
Sofía Oria et Maribel Verdú dans Blancanieves de Pablo Berger

Blancanieves
Macarena García (au centre) entouré de 5 des 7 nains (en fait ils ne sont que 6) dans Blancanieves de Pablo Berger.