1 août 2016

Still Walking (2008) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Aruitemo aruitemo »

Still walkingComme chaque année, la famille Yokoyama se réunit le jour anniversaire de la mort tragique du fils aîné, décédé quinze ans plutôt en sauvant un enfant de la noyade. Dans la maison familiale, qui fut autrefois aussi le cabinet médical du père, la mère prépare un petit festin pour ses enfants et ses petits-enfants. Malgré la permanence de certaines choses, l’action du temps montre ses effets : les uns et les autres ont imperceptiblement changé… Pour écrire Still Walking, Hirokazu Kore-eda s’est fortement inspiré de sa propre histoire familiale. Il est parvenu à en faire une chronique familiale très délicate, sans effet dramatique, un subtil mélange d’humour, de chagrin et de mélancolie où ici et là les secrets que chacun porte en lui-même apparaissent discrètement. Des réflexions sur le ressentiment et sur l’accomplissement viennent encore enrichir le film. La filiation avec Yasujirô Ozu est évidente, non seulement par le sujet (une chronique familiale) mais aussi, et surtout, dans la mise en scène et la façon de construire ses plans : caméra fixe et cette façon si élégante d’utiliser les portes et les murs de la maison pour créer un cadre dans le cadre. Le cinéaste cite également Mikio Naruse parmi ses sources d’inspiration. C’est donc dans ce très beau classicisme que l’on peut classer ce Still Walking.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hiroshi Abe, Yui Natsukawa, You
Voir la fiche du film et la filmographie de Hirokazu Koreeda sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film a été tourné à Yokosuka, petite ville au sud de Yokohama sur la baie de Tokyo.
* Hommage à Ozu :
Le premier plan du film montre la mère et la fille en train de peler des carottes et des radis. Or, lorsque Yasujirô Ozu est mort (en 1963), il travaillait sur le scénario d’un film intitulé Daikon to ninjin (littéralement : radis et carottes), projet qu’il n’a pu mener à terme. Le scénario sera finalement tourné par Minoru Shibuya en 1965 avec Chishû Ryû en acteur principal.

Still Walking
Yoshio Harada, You, Kirin Kiki, Shohei Tanaka, Yui Natsukawa et Hiroshi Abe (et un beau cadre dans le cadre) dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yoshio Harada, Shohei Tanaka et Kirin Kiki dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yui Natsukawa et Hiroshi Abe dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

19 novembre 2015

La Famille Tenenbaum (2001) de Wes Anderson

Titre original : « The Royal Tenenbaums »

La Famille TenenbaumLes trois enfants Tenenbaum ont été élevés par leur mère, séparée mais non divorcée. Ils sont tous trois très différents : l’ainé a le sens des affaires, la fille cadette a des dons littéraires et le benjamin fait des exploits en tennis. Lorsque le père désire revenir après quinze ans d’indifférence totale, il n’est pas le bienvenu et doit utiliser un subterfuge… La Famille Tenenbaum est le troisième long métrage de Wes Anderson et le réalisateur montre déjà un style assez affirmé : les décors aux couleurs vives, le goût pour les situations loufoques, les costumes décalés et les objets saugrenus, la voix off faussement détachée (c’est celle d’Alec Baldwin). Le scénario qu’il a écrit avec Owen Wilson est finement écrit, évitant toute dramatisation pour nous glisser une analyse de caractères : ses personnages sont tous tournés vers le passé, ils restent bloqués sur une époque (comme en témoignent leurs vêtements qui ne changent pas ou très peu), enfermés dans leurs frustrations, leurs échecs. L’humour est très présent, il se glisse partout, même dans les situations qui se prêteraient si facilement au drame.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Hackman, Anjelica Huston, Ben Stiller, Gwyneth Paltrow, Luke Wilson, Owen Wilson, Bill Murray, Danny Glover
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la Famille Tenenbaum
(de gauche à droite) Luke Wilson, Gwyneth Paltrow, Gene Hackman, Ben Stiller (les enfants : Jonah Meyerson et Grant Rosenmeyer), Angelica Houston, Danny Glover et Kumar Pallana dans La Famille Tenenbaum de Wes Anderson

24 juin 2015

Europe 51 (1952) de Roberto Rossellini

Titre original : « Europa ’51 »

Europe 51Mariée à un industriel romain, Irene est une femme mondaine et superficielle. La mort de son jeune fils, qui par manque d’amour s’est jeté dans l’escalier, va la pousser à s’ouvrir aux autres et à venir en aide à des personnes des quartiers les plus pauvres… Europa ’51 est le deuxième film de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman. Il s’agit en partie d’une parabole sur l’état du monde occidental à l’aube des années cinquante, un monde en proie à des forces contradictoires, incapable d’apporter le bonheur aux plus démunis, mais c’est aussi et surtout le parcours personnel d’une femme pour qui un drame personnel va être le déclencheur d’un éveil de conscience et l’amener vers un état proche de la sainteté. En réaction, la société qui était la sienne va la considérer atteinte de folie. Cette réflexion autour de la sainteté et de la folie rapproche l’héroïne d’Europa ’51 de grandes figures comme Jeanne d’Arc, et la fin va bien dans ce sens. La mise en scène de Rossellini est épurée, un peu austère, empreinte de néoréalisme. L’interprétation est centrée autour d’Ingrid Bergman, visiblement très inspirée par ce personnage. Elle est hélas doublée dans la version originale italienne, ce n’est que dans la version anglaise que l’on peut entendre sa voix.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, Alexander Knox, Ettore Giannini, Giulietta Masina
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Voir les livres sur Roberto Rossellini

Remarques :
* Roberto Rossellini s’est inspiré du parcours de la philosophe et humaniste Simone Weil (1909-1943) (ne pas confondre avec la femme politique Simone Veil).
* Dans la filmographie de Rossellini, Europa ’51 vient peu après Les onze fioretti de François d’Assise (1950), film où la sainteté tient également une grande place.
* Rappelons également que Rossellini avait perdu son jeune fils (appendicite aigüe) quelques années auparavant.

Europe 51
Ingrid Bergman (au centre) et Giulietta Masina (juste derrière elle) dans Europe 51 de Roberto Rossellini

 

1 juin 2015

Le Passé (2013) de Asghar Farhadi

Le PasséAprès plusieurs années de séparation, Ahmad revient à Paris à la demande de son épouse française qui lui demande à la fois de faire les formalités du divorce et de l’aider à renouer avec sa fille, Lucie… Après son très beau film Une séparation, l’iranien Asghar Farhadi est venu en France tourner Le passé dont il a écrit le scénario. Public et critiques ont été de manière générale assez enthousiasmés par le film et l’actrice  Bérénice Bejo a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes. Les personnages d’Asghar Farhadi sont en proie à d’intenses conflits, générés par des unions multiples et des enfants déboussolés. Le cinéaste sait décrire les fêlures de chacun mais étrangement son histoire dérive ensuite pour se centrer finalement, après quelques rebondissements artificiels, sur un personnage secondaire présenté comme la clef de toutes les tensions. Le climat est lourd, constamment tendu, à l’image de la vie chaotique de son personnage principal. La mise en scène d’Asghar Farhadi est précise, il soigne son image (en revanche, le son est plus problématique, les acteurs sont difficiles à comprendre). L’intensité de l’interprétation contribue à donner au film toute sa dimension.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bérénice Bejo, Ali Mosaffa, Tahar Rahim, Pauline Burlet
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Le Passé
Ali Mosaffa, Tahar Rahim et Bérénice Bejo dans Le Passé de Asghar Farhadi

8 septembre 2014

Les Amitiés particulières (1964) de Jean Delannoy

Les amitiés particulièresDans la France des années 1920, Georges de Sarre, âgé de 14 ans, entre dans un pensionnat catholique tenu avec grande fermeté par des Frères jésuites. Il est attiré par le jeune Alexandre, plus jeune que lui, et les deux enfants développent une relation qui va au-delà de l’amitié…
Le roman de Roger Peyrefitte, Les Amitiés particulières, qui fit scandale à sa sortie en 1943, avait tout de suite intéressé Jean Delannoy  mais le cinéaste dût attendre 1963 pour avoir enfin les moyens de l’adapter. Le sujet ne doit plus choquer grand monde aujourd’hui : l’amitié entre ces deux enfants, qui prend la forme d’un amour platonique (billets doux et quelques petits baisers furtifs), est traitée avec beaucoup de tact et de délicatesse par Jean Delannoy et le scénariste Jean Aurenche. En revanche, le jeu des acteurs reste très figé, en total contraste avec l’émoi sentimental de ces adolescents ; il rend le film un peu ennuyeux, hélas.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Francis Lacombrade, Didier Haudepin, Louis Seigner, Michel Bouquet
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Remarques :
* La productrice Christine Gouze-Rénal n’avait accepté de produire Les Amitiés particulières qu’à la condition expresse que le scénario soit accepté par la commission de pré-censure. Cet accord fut obtenu avec même les félicitations de la commission pour le tact avec lequel ce sujet délicat était traité. La polémique commença toutefois avant même la sortie du film notamment avec un article de François Mauriac, scandalisé, dans Le Figaro Littéraire ce qui lui valut une réponse restée célèbre de Roger Peyrefitte dans la revue Arts (avril et mai 1964). Sous la pression de l’Office catholique du film, le film fut, à sa sortie, interdit au moins de 18 ans, interdiction qui sera levée quelques années plus tard. Il semble que ce qui gênait l’Eglise n’était pas tant la peinture de l’amitié si particulière entre deux adolescents mais plutôt par la démonstration de la totale mainmise des jésuites sur l’éducation des enfants et leur incapacité à empêcher le pire.

* Si Les Amitiés particulières est l’unique prestation de Francis Lacombrade, Didier Haudepin aura une carrière cinématographique bien remplie : IMDB le crédite de 42 films en tant qu’acteur, 3 films en tant que réalisateur, 8 films en tant que producteur. A noter qu’il est le frère aîné de Sabine Haudepin.

Les Amitiés particulièresDidier Haudepin et Francis Lacombrade dans Les Amitiés particulières de Jean Delannoy.

6 août 2014

The Housemaid (2010) de Im Sang-soo

Titre original : « Hanyo »

The HousemaidUne jeune femme se fait embaucher comme aide-gouvernante dans une riche maison bourgeoise. Elle doit céder aux avances du maitre de maison… Im Sang-soo devait certainement tirer un avantage de présenter The Housemaid comme un remake de La Servante de Kim Ki-young car, en réalité, les histoires n’ont que bien peu de points communs ! Disons plutôt qu’il s’agit d’une variation sur le même thème, à savoir une jeune servante embauchée par une famille. Plus qu’une intrigue psychologique, The Housemaid est un film qui désire explorer les rapports de classe entre riches et pauvres. L’histoire est simple et (hélas) prévisible, Im Sang-soo se focalisant sur le thème du sentiment de supériorité (le mari) et de l’arrivisme (la femme et sa mère). Plusieurs éléments ne sont pas crédibles et la fin est quelque peu outrancière. En fait, si le film se révèle plaisant à regarder, c’est surtout grâce à sa forme élégante : une superbe photographie, une composition des plans qui frise la perfection. Im Sang-soo joue beaucoup avec les symétries, les cadres. C’est un délice pour les yeux. Quel dommage que le contenu ne soit pas de la même qualité !
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeon Do-yeon, Lee Jung-Jae, Yoon Yeo-jeong
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Voir sur ce blog : La Servante de Kim Ki-Young (1960)…

Remarque :
Im Sang-soo poursuivra son exploration très critique de l’univers des ultrariches avec son film suivant L’Ivresse de l’argent (2012).

25 mai 2014

Au bout du conte (2013) de Agnès Jaoui

Au bout du conteLaura est une jeune fille qui veut croire au Prince Charmant. Quand elle voit apparaître Sandro dans une soirée de façon similaire à l’un de ses rêves, elle ne doute pas un instant avoir trouvé le grand Amour… Ecrit par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, Au bout du conte est une amusante comédie. Toutefois, on peut se demander s’ils n’auraient pas tenté de mettre trop de choses dans un même film : il y est question d’amour donc, mais aussi et surtout de croyances (sous toutes ses formes : contes, idéalisation, voyance, religion), de l’acceptation de l’infidélité, des enfants, de l’amitié, de la recherche du bonheur… Certes, on pourra rétorquer que tout cela compose la vie, tout simplement, mais cette profusion de thèmes donne aussi une légère impression de fatras. C’est d’autant plus dommage que la qualité de l’écriture du couple Bacri/Jaoui est toujours là, avec une indéniable justesse de trait et des traits d’humour du meilleur effet. Le son des dialogues n’est pas toujours optimal, défaut aggravé par le niveau élevé de mixage de la musique, au demeurant excellente : elle est signée par Fernando Fiszbein.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Agathe Bonitzer, Agnès Jaoui, Arthur Dupont, Jean-Pierre Bacri, Benjamin Biolay
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20 janvier 2014

Parade (1974) de Jacques Tati

ParadeUltime film de Jacques Tati, Parade rend hommage au monde du spectacle et à ses saltimbanques. Même s’il peut en avoir en partie la forme, Parade n’est pas du cirque filmé ni même un film sur le cirque : il s’agit d’un spectacle créé spécialement pour ce film produit pour et par la télévision suédoise. Jacques Tati est en quelque sorte le Monsieur Loyal du spectacle, il assure certaines liaisons et nous gratifie de quelques sketches savoureux, reprenant notamment des mimes avec lesquels il a démarré dans les années trente. Mais l’essentiel du spectacle est assuré par plusieurs groupes d’artistes, toute une bande de joyeux lurons qui se montrent particulièrement inventifs dans leurs gags. Il y a bien entendu quelques moments plus faibles mais l’ensemble est de très bon niveau avec nombre de belles trouvailles. Parade a été tourné presqu’entièrement en vidéo (seules quelques transitions ont été filmées en 16 ou 35mm) puis transféré sur support film. Tati utilise largement les plans larges avec quelques gros plans, parfois sur le public qui participe au spectacle. Parade est un film à part dans la filmographie de Jacques Tati : c’est indéniablement un film de Jacques Tati, tout à fait dans l’esprit du cinéaste-humoriste, mais il est différent. Evidemment moins abouti et moins travaillé, il n’en reste pas moins un superbe hommage au spectacle vivant et à l’humour. Insensible au temps (à part l’habillement des spectateurs, très flower power…), il continue de nous faire passer un vrai bon moment.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jacques Tati
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Artistes : Karl Kossmayer, les Vétérans, les Sipolas, Pia Colombo, Michel Brabo, Pierre Bramms, les Williams.

29 décembre 2013

À perdre la raison (2012) de Joachim Lafosse

À perdre la raisonA perdre la raison s’inspire d’un fait divers particulièrement tragique survenu en Belgique en 2007, un quadruple infanticide commis par une jeune mère de famille. Joachim Lafosse a pris le parti de nous dévoiler l’issue de ce drame dès les premières minutes, tout le film étant ensuite un flashback. La mise en place est alors assez longue malgré de très grandes ellipses. Il nous fait ensuite suivre la lente descente de cette jeune femme sans excès de sentimentaliste, nous dévoilant plus un faisceau d’indices, de petits éléments qui pris isolément peuvent être considérés inoffensifs et anodins mais qui, ensemble, vont conduire à une issue tragique. Toutefois, il ne parvient pas à fournir réellement d’explication, se refugiant derrière la « perte de raison ». Son film est toutefois assez remarquable par sa façon de montrer comment une tragédie peut avoir été engendrée par ce qui lui est normalement antinomique : la douceur, la sécurité, l’empathie. Sur ce point, le personnage du docteur/père/protecteur tenu par Niels Arestrup est remarquablement bien écrit, avec beaucoup de finesse. Le réalisateur belge fait donc, une fois de plus, preuve d’une grande sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Niels Arestrup, Tahar Rahim, Émilie Dequenne
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4 juin 2013

Moonrise Kingdom (2012) de Wes Anderson

Moonrise Kingdom1965. Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, le jeune Sam fait une fugue du camp scout où il séjournait pour les vacances. Il part avec Suzy dont il est tombé amoureux. Tout le monde se lance à leur recherche… Ecrit par Wes Anderson et Roman Coppola (fils de Francis Ford Coppola), Moonrise Kingdom est une amusante comédie qui joue sur le monde de l’enfance. La logique des comportements est ainsi mise à mal pour créer l’humour, les adultes se comportant comme des enfants et les enfants comme des adultes. Mais c’est surtout par les détails que les auteurs génèrent l’humour et le film en regorge, à tel point que l’on a presque envie de le revoir aussitôt pour ne pas en rater. Il se dégage aussi une certaine poésie de Moonrise Kingdom qui contribue à le rendre attachant. Belle distribution avec des acteurs dans des rôles plutôt inattendus.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray, Frances McDormand, Tilda Swinton, Jared Gilman, Kara Hayward, Bob Balaban
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