24 février 2024

Don Camillo… Monseigneur! (1961) de Carmine Gallone

Titre original : « Don Camillo monsignore… ma non troppo »

Don Camillo... Monseigneur! (Don Camillo monsignore... ma non troppo)Près de dix ans ont passé. Don Camillo et Peppone sont devenus respectivement Monsignore (*) et sénateur à Rome. Les anciennes querelles sont oubliées et le climat est officiellement à la « détente ». Toutefois, la perspective d’un nouveau conflit dans leur village opposant la mairie à l’Eglise va les faire revenir à Brescello…
Don Camillo Monseigneur est un film italien réalisé par Carmine Gallone. Il s’agit du quatrième opus de la série des Don Camillo basée sur les personnages créés par l’écrivain Giovannino Guareschi. Les scénaristes jouent bien entendu sur la rivalité entre Peppone et Don Camillo, utilisant des mécanismes maintenant bien rodés mais qui fonctionnent toujours. L’humour est prévisible mais sans exagération, il se déguste comme une madeleine. Comme toujours, l’humour est souvent au détriment des communistes mais c’est sans méchanceté. Fernandel et Gino Cervi ont un jeu un plus calme mais tiennent bien leur rôle. Je dois avouer avoir trouvé le film bien plus plaisant que dans mon souvenir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Gino Cervi, Gina Rovere, Valeria Ciangottini
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

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(*) Monsignore = Prélat, haut dignitaire de la cour papale.

Fernandel et Gino Cervi dans Don Camillo… Monseigneur! (Don Camillo monsignore… ma non troppo) de Carmine Gallone.

Remarque :
• A plusieurs reprises, on aperçoit cet étonnant pont provisoire sur le Pô, long de plus de 400 mètres, fait de dizaines de barques alignées sur lesquelles repose la route. Nous sommes pourtant 16 ans après la fin de la guerre.

Scène de Don Camillo… Monseigneur! (Don Camillo monsignore… ma non troppo) de Carmine Gallone.

22 juin 2023

Un drôle de paroissien (1963) de Jean-Pierre Mocky

Un drôle de paroissienGeorges Lachaunaye appartient à une vieille famille aristocratique désargentée pour laquelle il n’est pas imaginable d’exercer un travail. Il faut cependant bien se nourrir. Fervent croyant, il se rend dans une église pour adresser une supplique au Seigneur. Il croit voir une réponse dans le geste d’une paroissienne qui met une pièce dans un tronc au même moment. Il va dès lors utiliser différents stratagèmes pour piller les troncs des églises parisiennes…
Un drôle de paroissien est un film français réalisé par Jean-Pierre Mocky, adaptation du roman Deo gratias de Michel Servin. Il s’agit d’une comédie assez farfelue avec une belle prestation de Bourvil, la première collaboration de l’acteur avec Jean-Pierre Mocky. Son personnage, naïf et persuadé de suivre une mission divine, est poursuivi par une brigade de police spécialisée, une véritable bande de pieds nickelés, menée par Francis Blanche. Tout le côté irrévérencieux de l’histoire est un peu émoussé aujourd’hui mais l’ensemble reste très amusant et plein de fraicheur. Le film connut un très grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Tissier
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Un drôle de paroissienFrancis Blanche et Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky.

Remarques :
* La scène du rêve est en couleurs alors que le reste du film est en noir et blanc. Jean-Pierre Mocky a expliqué que cette scène fut tournée après coup et ajoutée pour allonger le film de 1 h 19 à 1 h 23, afin de s’approcher du format minimum de 1 h 30 demandé par les exploitants de salles de l’époque.
* Jean-Pierre Mocky fait une courte apparition : c’est le clochard au landau.

5 novembre 2021

Un homme pour l’éternité (1966) de Fred Zinnemann

Titre original : « A Man for All Seasons »

Un homme pour l'éternité (A Man for All Seasons)Angleterre, 1529. Chancelier d’Henri VIII, Thomas More refuse d’intervenir auprès du pape pour faire annuler le mariage du roi avec Catherine d’Aragon qui ne lui a pas donné de fils. Le roi veut épouser sa maitresse Anne Boleyn…
Un homme pour l’éternité est un film britannique produit et réalisé par l’américain Fred Zinnemann. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Robert Bolt qui avait triomphé des deux côtés de l’Atlantique. L’acteur shakespearien Paul Scofield reprend le rôle principal qu’il tenait sur les planches. Ce récit historique met en scène la lutte d’une conscience (Thomas More) contre le pouvoir absolu (Henri VIII et son bras armé Thomas Cromwell) avec, en fond, la question de la suprématie du pouvoir royal sur le pouvoir spirituel (1). L’interprétation est de qualité, la distribution est essentiellement anglaise. Très hollywoodien, le film reste toutefois très marqué par ses origines théâtrales et donne une impression de lourdeur. Il est aussi trop long. Un homme pour l’éternité a connu un grand succès à sa sortie, un succès salué par six Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Paul Scofield, Wendy Hiller, Leo McKern, Robert Shaw, Orson Welles, Susannah York, Nigel Davenport, John Hurt, Colin Blakely
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Remarque :
* A noter la (courte) présence de Vanessa Redgrave qui interprète Anne Boleyn. Dans le remake, l’actrice tiendra le rôle de la femme de Thomas More.

Remake TV :
Un homme pour l’éternité (A Man for All Seasons) de Charlton Heston (TV 1988) avec Charlton Heston et John Gielgud.

(1) Cet épisode du divorce sera à l’origine de la création de la doctrine anglicane. En effet, Henri VIII va rompre avec le pape en 1534 en promulguant l’Acte de Suprématie qui donne au roi et à ses successeurs le titre de « chef unique et suprême de l’Église d’Angleterre ». Cette loi fonde l’Église anglicane.

Un homme pour l'éternité (A Man for All Seasons)Robert Shaw et Paul Scofield dans Un homme pour l’éternité (A Man for All Seasons) de Fred Zinnemann.

20 janvier 2021

Le Lit conjugal (1963) de Marco Ferreri

Titre original : « Una storia moderna – L’ape regina »

Le Lit conjugal (Una storia moderna - L'ape regina)Alfonso, la quarantaine, épouse Regina, une jeune fille catholique et vierge afin de l’initier au devoir conjugal selon ses désirs. Mais Regina va vite s’avérer insatiable et l’épuiser totalement…
L’Ape Regina (littéralement : la Reine des abeilles) est le premier long métrage italien de Marco Ferreri. Le réalisateur italien a en effet tourné ses trois premiers films en Espagne. Il a écrit le scénario de celui-ci avec un ami espagnol, le scénariste Rafael Azcona. Il s’agit d’une comédie qui dresse un portrait acide des conventions bourgeoises et fustige l’hypocrisie de l’Eglise sur le thème de la procréation. Ugo Tognazzi est magnifique, débutant en affreux machiste pour finalement nous attendrir et faire pitié, tout cela en nous faisant rire souvent. L’acteur tournera de nouveau avec Ferreri à sept reprises. Face à lui, Marina Vlady nous offre une composition complexe et riche : énigmatique, douce et belle, inquiétante parfois. Bien que doublée, l’actrice fut primée à Cannes qui réserva un très bon accueil au film. Ce ne fut pas le cas d’une bonne partie de la critique française qui n’avait alors d’yeux que pour la Nouvelle Vague.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Marina Vlady, Walter Giller, Riccardo Fellini
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Remarques :
* Les distributeurs français sont restés insensible à l’humour du titre original en choisissant un titre français assez réducteur.
* Certaines scènes furent coupées par la censure italienne.
* Le film a été restauré en 2019.
* Riccardo Fellini, qui interprète Riccardo, est le frère de Frederico Fellini. Il n’a que peu tourné, il s’agit d’ailleurs de son ultime film. Il a également réalisé un film (Storie sulla sabbia, 1963)

Le Lit conjugal (Una storia moderna - L'ape regina)Ugo Tognazzi et Marina Vlady dans Le Lit conjugal (Una storia moderna – L’ape regina) de Marco Ferreri.

29 juin 2020

Mission (1986) de Roland Joffé

Titre original : « The Mission »

Mission (The Mission)Dans les années 1750, le prêtre jésuite espagnol Père Gabriel pénètre dans la jungle aux confins de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil dans le but de convertir la communauté Guarani au christianisme. Il gagne leur confiance grâce à la musique. Il est rejoint par un ancien mercenaire et marchand d’esclave qui cherche à se racheter d’avoir tué son frère. Mais un traité signé en Europe a établi le partage entre portugais et espagnols sur ces territoires; De plus, les gouvernements cherchent à diminuer l’influence des Jésuites…
Sur un scénario de l’anglais Robert Bolt (qui a beaucoup écrit pour David Lean), The Mission relate de façon très condensée les quelque 150 ans d’histoire des missions catholiques guaranies (1). Le britannique Roland Joffé, souvent décrit comme un cinéaste engagé (qualificatif qui peut convenir à la première moitié de sa filmographie), montre la réalité de la conquête du Nouveau Monde par les espagnols et les portugais, et surtout le dilemme moral des hommes d’église partagés entre humanisme et obéissance aux autorités de tutelle. Mais, dans ce film, ce ne sont pas les intentions qui posent problème mais la volonté évidente de créer un film commercial à grand spectacle, avec force effets de caméra, utilisation de décors naturels grandioses (les chutes d’Iguazú) et une musique tonitruante et grandiloquente d’Ennio Morricone. Tout cela est bien trop visible et donne un caractère artificiel à l’ensemble qui nous éloigne du récit.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Jeremy Irons, Ray McAnally, Aidan Quinn, Cherie Lunghi, Liam Neeson
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Remarque :
* Palme d’Or au Festival de Cannes 1986. Ce choix surprenant a été d’autant plus critiqué que la sélection cette année-là était de grande qualité.

(1) Le terme exact pour désigner les missions catholiques en Amérique du Sud des XVIIe et XVIIIe siècles est « réductions » (« réduire » étant à prendre ici dans le sens de « soumettre »). Une réduction est un village autonome administré par un conseil élu uniquement composé d’Indiens. Le territoire lui-même est contrôlé et administré par les Jésuites qui veillent à garder son indépendance vis-à-vis des colonies espagnoles et portugaises voisines.

Mission (The Mission)Robert De Niro et Jeremy Irons dans Mission (The Mission) de Roland Joffé.

15 janvier 2020

Grâce à Dieu (2019) de François Ozon

Grâce à DieuCatholique pratiquant, Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il décider d’alerter les autorités de l’Eglise qui recueille son témoignage…
Voir un film sortir sur les écrans sur une affaire pénale non encore jugée soulève un problème : le cinéma peut-il influencer, ou pire encore, se substituer à la justice ? François Ozon a su traiter l’affaire Preynat (dont le procès est en cours au moment où j’écris ces lignes) en écartant ce risque : d’une part, il se borne à relater des faits avérés et connus et, d’autre part, il se concentre sur la libération de la parole. Son film a ainsi une portée qui dépasse l’affaire de ce prêtre pédophile car le propos aurait la même pertinence dans le cadre du mouvement metoo : il montre pourquoi la parole a attendu tant d’années pour se libérer alors que les victimes restent marquées, souvent très durablement. Sur le plan cinématographique, sa mise en scène est parfaite, d’une grande fluidité, simple tout en étant travaillée, ne cherchant jamais à passer pour un documentaire. Il ne recherche pas les effets et Grâce à Dieu n’a rien d’un film-polémique. Il traite son sujet de façon sereine.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, François Marthouret, Bernard Verley, Josiane Balasko
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Remarques :
* Les noms des protagonistes du diocèse de Lyon ont été conservés mais ceux des victimes ont été changés.
* La phrase (qui a donné son titre au film) de Mgr Barbarin en conférence de presse est bien réelle, aussi incroyable qu’elle puisse paraître.

Grâce à DieuDenis Ménochet, Eric Caravaca, Swann Arlaud et Melvil Poupaud dans Grâce à Dieu de François Ozon.

14 juin 2015

La Peste à Florence (1919) de Otto Rippert

Titre original : « Die Pest in Florenz »

La Peste à FlorenceA l’époque de la Renaissance, la ville de Florence est dirigée par le Conseil des Anciens qui fait régner une austère discipline, d’inspiration religieuse. Une mystérieuse courtisane arrivée de Venise risque de remettre en cause le pouvoir de l’Eglise en incitant la population à profiter des plaisirs de la vie. Son arrestation provoque un soulèvement…
Peu connu, La Peste à Florence de l’allemand Otto Rippert a un scénario écrit par Fritz Lang qui s’est librement inspiré d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe, Le Masque de Mort rouge. L’histoire est structurée en chapitres, ce qui était alors l’usage dans le cinéma allemand. Dès le début du film, on est frappé par l’ampleur des scènes de foule ce qui témoigne d’une maitrise certaine de la mise en scène. Si les scènes de débauche sont assez empâtées, il y a de belles scènes, notamment un passage dans le monde des morts (étonnant fleuve des morts), l’apparition de la peste, et un certain nombre d’images symboliques. Le sens profond est un peu difficile à cerner : « la cité symbolise la chute de l’Empire allemand, rongé par l’inflation » indique la fiche d’Arte qui a diffusé ce film. Oui, peut-être (quoique l’inflation en 1919 ne rongeait pas encore l’empire allemand)… personnellement, je verrais plutôt plutôt là une variation faustienne, une réflexion sur la quête d’idéal, sur la recherche de sens, avec, en ce lendemain de guerre mondiale, le thème fort de la Mort purificatrice. Le film a été restauré et numérisé 2K par la Fondation Murnau. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Theodor Becker, Marga von Kierska, Anders Wikman
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Remarques :
* La réalisation la plus connue d’Otto Rippert est Homunculus (1916), un sérial en six épisodes qui met en scène un génie du crime, en fait une créature créée par un savant, qui devient dictateur et provoque une guerre mondiale ; une histoire qui préfigure étonnamment ce que sera Hitler. Otto Rippert a arrêté la réalisation en 1925 pour se consacrer au montage.
* Fritz Lang, qui écrivait beaucoup alors, a également signé la même année deux autres scénarios pour Otto Rippert : Der Totentanz (1919, film perdu), Die Frau mit den Orchideen (1919, film perdu).

 

La Peste à Florence(au premier plan de gauche à droite) Anders Wikman, Marga von Kierska et Theodor Becker dans La Peste à Florence de Otto Rippert