25 juillet 2012

Gianni et les femmes (2011) de Gianni Di Gregorio

Titre original : « Gianni e le donne »

Gianni et les femmesA 60 ans, Gianni est en pré-retraite depuis quelques années. Il est apprécié de ses proches qui ont tendance à profiter de lui mais ce qui le tracasse vraiment c’est de ne plus être regardé par les femmes… Gianni et les femmes est le second long métrage de Gianni Di Gregorio. Il s’inspire de sa propre vie et joue lui-même son personnage ce qui lui a valu d’être comparé à Nanni Moretti, mais nous en sommes loin tout de même. Le propos ici reste assez superficiel, bloqué sur ce personnage qui refuse son âge (mais pourtant semble tout faire pour en paraître dix de plus). L’ensemble est assez prévisible et plutôt déprimant. Peut-être un peu aidé par le contexte politique italien (1), Gianni et les femmes a bénéficié d’une bonne critique qui y a vu un certain « donjuanisme à l’italienne revisité ».
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis, Alfonso Santagata, Elisabetta Piccolomini
Voir la fiche du film et la filmographie de Gianni Di Gregorio sur le site IMDB.

(1) Le film est sorti en Italie au moment du « Rubygate », cette affaire où Silvio Berlusconi était accusé d’avoir payé une jeune fille mineure pour des relations sexuelles et d’organiser des soirées dans sa propriété privée impliquant des prostituées mineures. Dans ce contexte, le film « Gianni et les femmes » a été décrit comme montrant une « autre Italie ».

24 juillet 2012

A scandal in Paris (1946) de Douglas Sirk

Titre français parfois utilisé : « Scandale à Paris »

Scandale à ParisCette biographie romancée de la première partie de la vie de Vidocq nous raconte comment, après s’être évadé de prison, il est devenu chef de la police… A Scandal in Paris est le troisième film américain de Douglas Sirk. Pour ce film, il a bénéficié d’une totale liberté qui compense largement le budget réduit. Ainsi, il s’agit d’un film assez personnel et Douglas Sirk dira plus tard que c’est là son film préféré. Il est assez européen par son style et par les talents utilisés. A Scandal in Paris est une fantaisie élégante qui utilise avec bonheur les talents naturels de George Sanders pour ce type de rôle, montrant un subtil mélange d’intelligence et de raffinement. Douglas Sirk est surtout connu pour les grands mélodrames de sa fin de carrière. Le méconnu A Scandal in Paris nous montre que le reste de sa filmographie est loin d’être inintéressant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: George Sanders, Signe Hasso, Carole Landis, Akim Tamiroff, Gene Lockhart
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Remarque :
Jacques Lourcelles a une très belle formule pour décrire A Scandal in Paris : un « film d’esthète où la gravité affleure sans cesse sous les scintillements d’un divertissement très raffiné. »

23 juillet 2012

L’argent de la vieille (1972) de Luigi Comencini

Titre original : « Lo scopone scientifico »

L'argent de la vieilleTous les ans, une riche américaine vient passer quelques jours dans une somptueuse villa de Rome. Elle a pour habitude de jouer aux cartes avec un couple habitant le bidonville situé au pied de la colline. La vieille dame leur donne à chaque début de soirée un million de lires qu’ils perdent invariablement mais ils nourrissent l’espoir de gagner un jour… L’argent de la vieille est un film ambivalent à plus d’un titre. D’abord, sous couvert d’une comédie, le film a un contenu politique puissant ; ensuite, à l’aide d’un cas très particulier, il propose une vision on ne peut plus générale. Ce que l’on peut prendre au départ comme le gentil passe-temps d’une vieille dame est donc en réalité un jeu cruel dont les dés sont pipés, parabole sur les différences de classe entre riches et pauvres, capitalisme américain contre vieille Europe. Il faut tout l’art d’un grand metteur en scène pour parvenir à ce subtil équilibre entre les multiples composantes mises en œuvre, entre la comédie et le drame, entre la légèreté et la profondeur. Le film est très prenant. Les personnages sont hauts en couleur, avec de très nombreux seconds rôles très typés mais sans excès. Comencini dit avoir soigné les personnages des enfants, les seuls à ne pas tomber dans le panneau et desquels vient la solution ultime et radicale (qui est bien entendu une image : c’est le capitalisme qu’il faut tuer selon Comencini). L’argent de la vieille connut un beau succès. Il paraît toujours aussi actuel aujourd’hui.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Silvana Mangano, Joseph Cotten, Bette Davis, Mario Carotenuto
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Remarques :
* Oublié par les distributeurs, L’argent de la vieille n’est sorti en France qu’en 1977.
* Le scénario a été écrit par Rodolfo Sonego qui s’est inspiré d’un fait divers dont il avait été lui-même le témoin.
* Joseph Cotten a un rôle plutôt réduit : « Est-ce que mon dos a bien joué? » demandait-il à Comencini sur le tournage.

22 juillet 2012

Fleur pâle (1964) de Masahiro Shinoda

Titre original : « Kawaita hana »

Fleur pâleA sa sortie de prison, un yakuza (1) s’aperçoit que le monde a changé, son propre clan ayant été contraint de s’allier avec leurs ennemis d’hier. Dans un cercle de jeu clandestin, il rencontre une jeune femme d’apparence douce qui mise de grosses sommes. Il se sent tout de suite attirée vers elle… Simultanément à l’émergence d’un ton nouveau dans le cinéma français, le cinéma japonais a lui aussi connu une Nouvelle Vague au début des années soixante et Masahiro Shinoda en est l’un des meilleurs représentants. Fleur pâle n’a ainsi rien d’un film traditionnel, l’histoire en elle-même n’étant que très peu fournie. C’est surtout un film d’atmosphère et de sensation avec une recherche esthétique évidente, une nouvelle approche du cinéma. Les deux personnages centraux ne correspondent pas aux standards du Japon moderne, ils sont plutôt en marge : le yakuza est déjà un hors-la-loi par nature, il refuse l’amour étouffant d’une ancienne petite amie, il a perdu ses repères. Le personnage de la jeune femme est encore plus en dehors des codes, flambant d’énormes sommes d’argent au jeu, elle reste totalement énigmatique, une fleur pâle, belle et presque irréelle. Cette association de deux caractères très différents qui n’ont en commun qu’un certain mal-être, ou plutôt un décalage avec le monde qui les entoure, est le point fort du film (on peut trouver des points communs avec les couples Belmondo/Seberg et Belmondo/Karina chez Godard). Fleur pâle n’est pas sans défaut, principalement dans le rythme qui manque parfois de cohérence, mais l’ensemble reste admirable. L’esthétisme des plans n’est la moindre de ses qualités, l’image est très travaillée avec souvent une certaine pureté dans les formes et les mouvements. Fleur pâle connut un grand succès au Japon. Il reste aujourd’hui un très beau film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ryô Ikebe, Mariko Kaga, Eijirô Tôno, Seiji Miyaguchi
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Remarques :
* Le film est adapté d’un roman de Shintaro Ishihara, écrivain, scénariste et également réalisateur du segment japonais du film à sketches L’amour à vingt ans (1962).
* A l’époque de sa sortie, les jeux d’argent étaient interdits au Japon et le film eut de sérieux démêlés avec la censure du fait des nombreuses scènes décrivant ces jeux avec force détails.

(1) Yakusa = membre d’un clan mafieux au Japon.

21 juillet 2012

Les chemins de la liberté (2010) de Peter Weir

Titre original : « The way back »

Les chemins de la libertéEn 1941, un petit groupe de prisonniers s’évadent d’un goulag en Sibérie et parcourent des milliers de kilomètres à pied, traversant la Mongolie et la Chine pour parvenir jusqu’en Inde… Les chemins de la liberté est inspiré du roman « À marche forcée » de Slavomir Rawicz, publié en 1956. Pour raconter cet incroyable périple de 10 000 kilomètres, Peter Weir a opté pour un certain classicisme et une indéniable sobriété. Plus que les techniques de survie, ce sont les rapports humains qui l’ont intéressé, un groupe totalement disparate qui va se transformer sous nos yeux. La partie se déroulant le goulag paraît très authentique (Peter Weir s’est largement documenté auprès d’anciens détenus), cet univers assez terrifiant est, notons-le, très rarement montré au cinéma. Le film peut paraître manquer de scènes d’action (ou même de suspense puisque l’on connait l’issue dès le départ) et pourtant il sait nous captiver d’un bout à l’autre. En outre, Peter Weir réussit quelques très beaux plans de nature sauvage et désertique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jim Sturgess, Ed Harris, Colin Farrell, Mark Strong, Saoirse Ronan, Gustaf Skarsgård
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Remarque :
Ne pas confondre ce film avec Le chemin de la liberté de Phillip Noyce (2002) sur le périple de trois jeunes filles échappées d’un centre d’éducation forcée en Australie.

20 juillet 2012

L’arbre (2010) de Julie Bertuccelli

Titre original : « The Tree »

L'arbrePeter et Dawn vivent avec leurs quatre enfants dans le bush australien. La mort brutale de Peter met un terme à leur bonheur. Simone, la fillette, imagine que l’esprit de son père est passé dans le grand arbre qui domine la maison, un gigantesque figuier qui semble doté de vie… L’arbre est la chronique assez émouvante d’une famille frappée par un décès que Julie Bertuccelli a su filmer sans forcer le trait. Le film oscille entre le conte et le réalisme sans vraiment choisir, ce qui le prive de développer sa personnalité. On peut ainsi certainement reprocher au film de manquer un peu profondeur et aussi d’être un peu trop consensuel. Charlotte Gainsbourg trouve le ton juste pour interpréter ce rôle avec beaucoup de sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Morgana Davies, Marton Csokas
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19 juillet 2012

L’enjeu (1948) de Frank Capra

Titre original : « State of the Union »

L'enjeuFroide et calculatrice, l’héritière d’un groupe de presse s’allie avec un sénateur républicain pour faire élire un candidat à l’élection présidentielle. Celui-ci, intègre et aux idéaux nobles, est d’abord réticent mais se laisse convaincre… Sous couvert de comédie, L’enjeu est une critique assez profonde du monde politique, de ses manœuvres et tractations. Le film fait penser à Mr Smith goes to Washington et à Meet John Doe, que Frank Capra a signés quelques années plus tôt, mais le propos est ici plus pessimiste car l’homme politique en question n’est pas un rêveur un peu naïf mais un homme de grande conviction et un orateur talentueux. Le constat est sans appel : impossible de ne pas se laisser corrompre par les politiciens combinards et de conserver un certain idéal politique. Le tandem Spencer Tracy / Katharine Hepburn fonctionne une fois de plus à merveille avec des dialogues assez relevés et des personnages qui ne sont pas exagérément typés. On peut se demander si le propos n’est pas toujours aussi actuel quelque soixante années plus tard.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Van Johnson, Angela Lansbury, Adolphe Menjou, Lewis Stone
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Remarques :
* Au moment où le film a été tourné, Harry Truman (démocrate) était presque au terme de son mandat et sa réélection paraissait totalement improbable. Pour cette raison, le choix d’un candidat républicain était alors d’une actualité criante. (Truman fut toutefois réélu en novembre 1948).

* Le film est adapté de la pièce State of the Union qui fut un succès à Broadway entre 1945 et 1947, écrite par Howard Lindsay et Russel Crouse. La critique du monde politique était semble t-il moins acerbe dans la pièce.

* Le personnage central de L’enjeu (joué par Spencer Tracy) peut paraître quelque peu inspiré de l’homme politique américain Wendell Willkie. Ce grand patron a d’abord soutenu activement le parti démocrate dans les années trente avant de rejoindre le parti républicain par opposition au New Deal de Roosevelt. Il est alors choisi pour être le candidat républicain à l’élection présidentielle de 1940. Battu par Roosevelt, il tentera de se présenter à nouveau en 1944. Ses positions libérales et progressistes surprenaient au sein d’un parti de plus en plus conservateur.

* La vie est belle (1946) et L’enjeu (1948) furent les deux seuls films produits par la Liberty Films, société indépendante formée par Frank Capra, William Wyler, George Stevens et Samuel Briskin.

18 juillet 2012

Hors-la-loi (2010) de Rachid Bouchareb

Hors la loiTrois frères algériens, qui ont perdu une partie de leur famille lors du massacre de Sétif, émigrent en France dans les années cinquante. L’un d’entre eux rejoint clandestinement le bras armé du Front de libération nationale (FLN)… Lors de sa présentation à Cannes, Hors-la-loi créa une certaine polémique, accusé par certains de réveiller les sentiments anti-français. Certes, le film de Rachid Bouchareb présente son histoire de façon très partisane mais il a toutefois le mérite de lever le voile sur certains évènements occultés comme le Massacre de Sétif de juin 1945, reconstitué ici de façon terrifiante (mais hélas exacte) en début du film. En revanche, on peut être plus circonspect sur l’option prise par le réalisateur de présenter le reste du film comme un film de mafia, une saga familiale avec des personnages stéréotypés qui répriment toute émotion et qui enchaîne les scènes d’action. Ce parti-pris a-t-il été choisi pour donner une forme plus accessible à un public large ? Ce faisant, le réalisateur s’éloigne inévitablement de l’Histoire et minimise la question de fond qu’il pose sur l’engagement et l’utilisation de la violence. En regardant Hors-la-loi, on est pris entre la découverte d’un pan caché de notre histoire et le détachement engendré par la forme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sami Bouajila, Roschdy Zem, Jamel Debbouze, Bernard Blancan, Assaad Bouab
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17 juillet 2012

Poetry (2010) de Lee Chang-dong

Titre original : « Shi »

PoetryMija est une sexagénaire coréenne qui vit avec son petit-fils, adolescent. Elle décide de suivre un cours pour apprendre à écrire de la poésie. Grâce à cela, elle devient attentive au monde qui l’entoure et absorbe les évènements défavorables de la vie… Le film Poetry du sud-coréen Lee Chang-dong est un film attachant. Il repose beaucoup sur son actrice principale Yun Jeong-hie qui parvient à faire passer beaucoup d’émotion avec son personnage de femme dont la sensibilité artistique se réveille. Lee Chang-dong la filme avec délicatesse et même une certaine pudeur. Le propos est à la fois la place de l’art dans notre société pas toujours reluisante mais aussi la recherche de la beauté dans le cadre d’une réflexion plus existentielle sur le sens à donner à la dernière partie de sa vie. Lee Chang-dong signe là probablement son film le plus abouti.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yun Jeong-hie, Lee Da-wit, Kim Hira, Ahn Nae-sang
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16 juillet 2012

Tournée (2010) de Mathieu Amalric

TournéeUn ex-producteur de télévision parisien, parti aux Etats-Unis, revient en France avec une petite troupe de strip-teaseuses « New Burlesque ». Il fait la tournée des ports français où il rencontre un vif succès… Le film de Mathieu Amalric cherche à créer l’émotion. Elle est parfois bien présente, notamment avec les girls aux formes rondes de la troupe mais le film est vraiment plombé par l’interprétation de Mathieu Amalric acteur qui ne parvient pas à donner une dimension à son personnage qui, de ce fait, apparaît rapidement bien trop présent. Dès lors, on peut avoir l’impression que l’acteur / scénariste / réalisateur a voulu en faire beaucoup trop. La mise en scène est plus réussie, parfois un peu maniérée mais avec de bonnes trouvailles esthétiques.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Mathieu Amalric, Damien Odoul
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