25 janvier 2014

Sur la piste des Mohawks (1939) de John Ford

Titre original : « Drums Along the Mohawk »

Sur la piste des MohawksEn 1776, dans l’Amérique en pleine révolution d’Indépendance, Gilbert Martin épouse Lana et l’emmène loin de sa luxueuse maison d’Albany pour aller s’installer « sur la frontière » (du monde civilisé) dans la Mohawk Valley (1). Dans cette région, un royaliste a réussi à monter les indiens contre la population. Les maisons et les récoltes sont brulées. Ayant tout perdu, Gilbert et Lana se réfugient dans un fort voisin… Sur la piste des Mohawks est adapté d’un roman de Walter D. Edmonds. Il s’agit du premier film en couleurs de John Ford et le seul qu’il ait consacré à la Guerre d’Indépendance. Situé dans sa filmographie entre deux très grands films (Young Mr. Lincoln et The Grapes of Wrath), Sur la piste des Mohawks est loin de montrer autant de qualités. Des scènes dramatiques alternent avec des semi-bouffonneries, le film ressemblant à un agrégat disparate qui manque singulièrement de force. On y retrouve certains aspects assez récurrents chez le cinéaste, notamment au niveau des personnages qui par ailleurs sont ici très typés. Le film se clôture sur une note populiste et patriotique. Claudette Colbert n’était manifestement pas l’actrice idéale pour le rôle de Lana. Le plus grand intérêt du film est peut-être son aspect documentaire : il nous montre la vie des premiers colons et comment ils défrichèrent les forêts pour y planter du blé.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Claudette Colbert, Henry Fonda, Edna May Oliver, Eddie Collins, John Carradine, Ward Bond
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* William Faulkner a travaillé sur une première version de l’adaptation du roman de Walter D. Edmonds avant même que la réalisation ne soit confiée à John Ford.
* Bien que l’histoire se déroule dans l’état de New York, le film a été tourné dans les montagnes de l’Utah à près de 3000m d’altitude.

(1) Albany est situé 250 kms au nord de la ville de New York. La Mohawk River s’étend sur un peu plus d’une centaine de kilomètres à l’ouest d’Albany. Toute l’histoire se déroule donc dans l’actuel état de New York. Dans la réalité, une bataille décisive eut lieu à Oriskany (près d’Utica) le 6 août 1777, une des batailles les plus sanglantes de la Guerre d’Indépendance.

16 février 2013

Si Versailles m’était conté (1954) de Sacha Guitry

Si Versailles m'était contéCe film de 2h45 relate l’histoire du Château de Versailles depuis sa construction sous Louis XIII jusqu’à la Révolution. Il faut préciser d’emblée que Si Versailles m’était conté est plus un divertissement qu’une fresque historique, Sacha Guitry s’intéressant plutôt aux petites histoires et aux secrets d’alcôve qu’à la grande Histoire. On peut donc reprocher au film de ne pas être parfaitement juste historiquement parlant mais il n’est pas non plus totalement faux… disons que Sacha Guitry n’hésite pas à arranger les choses quand il s’agit de placer un bon mot et il escamote ce qui ne l’intéresse pas. Des mots d’esprit, nous en avons beaucoup, Sacha Guitry s’amuse à les mettre dans la bouche de ses personnages, jouant souvent avec le recul du spectateur pour mieux l’amuser. C’est le plus souvent assez réussi, le ton est léger et badin mais Guitry ne va jamais trop loin et sait rester dans le bon goût. Il sait en tous cas ne pas être ennuyeux. Tourné en Eastmancolor (c’est le premier film en couleurs du réalisateur), le film est fastueux par ses décors, ses costumes et sa distribution où l’on retrouve une bonne partie des acteurs majeurs français de l’époque et même deux acteurs américains de premier plan (Claudette Colbert et Orson Welles). La mise en scène est bien maitrisée malgré la rapidité du tournage (1). Le film a été tourné dans le Château de Versailles lui-même et ses jardins ce qui permet de faire revivre les lieux. Si Versailles m’était conté a participé activement à la recherche de fonds pour restaurer le château (2). Son énorme succès populaire a permis également de restaurer le prestige de Sacha Guitry après les accusations qu’il avait subies à la Libération.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Marais, Claudette Colbert, Micheline Presle, Sacha Guitry, Lana Marconi, Gilbert Bokanowski, Michel Auclair, Jean-Pierre Aumont, Jean-Louis Barrault, Jeanne Boitel, Bourvil, Pauline Carton, Gino Cervi, Jean Chevrier, Aimé Clariond, Nicole Courcel, Danièle Delorme, Yves Deniaud, Jean Desailly, Daniel Gélin, Fernand Gravey, Pierre Larquey, Mary Marquet, Gaby Morlay, Jean Murat, Giselle Pascal, Jean-Claude Pascal, Édith Piaf, Gérard Philipe, Jean Richard, Louis Seigner, Raymond Souplex, Jean Tissier, Charles Vanel, Orson Welles
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.
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On notera également la présence de :
Brigitte Bardot, Annie Cordy, Jacques François, Jeanne Fusier-Gir, Robert Hirsch, Jacqueline Huet, Jacqueline Maillan, Jean Ozenne, Frédéric Rossif, Guy Tréjan, Jacques Varennes.

(1) Cette rapidité de tournage est assez coutumière chez Sacha Guitry. Le tournage ne dura ici que deux mois en juillet et août 1953.
(2) Notons que sur le site internet officiel du Château de Versailles, le film de Sacha Guitry est listé parmi les grandes dates de l’histoire du château, au même titre que, par exemple, le Traité de Versailles. Voir la page…

29 juillet 2011

The Palm Beach Story (1942) de Preston Sturges

Titre français parfois utilisé : « Madame et ses flirts »

The Palm Beach StoryLassée du manque de réussite de son mari, une jeune femme part à Palm Beach pour obtenir le divorce… Le générique de début donne le ton : The Palm Beach Story est une comédie particulièrement loufoque au rythme enlevé. A une époque où les comédies « screwballs » semblaient s’essouffler, Preston Sturges signe l’une des plus belles du genre. Il a écrit lui-même cette histoire qui joue sur les rapports ambigus de l’amour avec l’argent. Il se moque sans méchanceté des riches : ses personnages sont hauts en couleur, frappadingues, fortement caricaturés mais ils restent attachants. L’humour ne faiblit jamais, le rythme est assez rapide, les situations variées, les dialogues enlevés. Claudette Colbert est particulièrement brillante, active, pleine de vitalité (et de culot…) Mary Astor est vraiment étonnante. Par sa liberté de ton, The Palm Beach Story garde toujours une grande jeunesse.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Claudette Colbert, Joel McCrea, Mary Astor, Rudy Vallee, Sig Arno
Voir la fiche du film et la filmographie de Preston Sturges sur le site IMDB.

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Remarques :
Billy Wilder a de toute évidence été inspiré par The Palm Beach Story pour son Some like it hot (Certains l’aiment chaud, 1959). C’est particulièrement net pour les scènes de train, pour le milliardaire sur son yacht et même son nom (J.D. Hackensacker III vs Osgood Fielding III).