15 février 2013

Kokoro (1955) de Kon Ichikawa

Titre français parfois utilisé : « Le Pauvre Coeur des hommes »

Le pauvre coeur des hommesEn se rendant sur la tombe d’un ami, Nobuchi retrouve un de ses anciens élèves. Ils se lient d’amitié. Nobuchi n’est pas heureux avec sa femme et semble porter un lourd secret lié à son ami disparu…
Après avoir tourné des très nombreuses comédies, Kon Ichikawa décide de se tourner vers un genre plus sérieux. Pour réaliser une grande adaptation littéraire, il choisit le roman de Natsume Sôseki, Kokoro (le livre est paru en France sous le titre Le Pauvre Coeur des hommes). L’histoire se situe à la fin de l’ère Meiji (1912), époque où le Japon amorce sa transition vers un certain modernisme, mais c’est la relation étrange entre deux personnages aux caractères presque opposés qui est ici le sujet principal. Le film est construit sur plusieurs flashbacks où le jeune Nobuchi, pragmatique et posé, s’est lié d’amitié avec Kaji, un jeune idéaliste en quête d’absolu. Ils ont beau être amis, leurs discussions n’en sont pas vraiment et l’idéalisme de l’ami va être perturbé par un autre élément, plus sentimental. Kon Ichikawa peine à transcrire la richesse intérieure des personnages, se bornant à ne montrer que l’extérieur de leur relatif isolement philosophique. Il faut attendre la fin du film pour qu’il commence à ouvrir des portes nous permettant alors de mieux percevoir la profondeur du drame. Le film donne envie de lire le roman de Natsume Sôseki qui semble être beaucoup plus riche.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Masayuki Mori, Michiyo Aratama, Tatsuya Mihashi, Shôji Yasui
Voir la fiche du film et la filmographie de Kon Ichikawa sur le site IMDB.

Voir les autres films de Kon Ichikawa chroniqués sur ce blog…

Remake :
Kokoro de Kaneto Shindô (1973)

24 janvier 2013

La Harpe de Birmanie (1956) de Kon Ichikawa

Titre original : « Biruma no tategoto »

La harpe de BirmanieEn 1945, au moment de la reddition du Japon, une division de l’armée japonaise se bat en Birmanie. Son commandant, passionné de musique et de chant, a pris l’habitude de faire chanter ses soldats. L’un d’entre eux, Mizushima, les accompagne avec une petite harpe. Au moment de la reddition, il est envoyé en mission pour convaincre des irréductibles de se rendre… Au départ un conte à épisodes pour enfants transformé en roman par Michio Takeyama, La harpe de Birmanie s’inscrit dans le courant des films humanistes et antimilitaristes des années cinquante au Japon. Kon Ichikawa met en relief la souffrance et l’horreur de la guerre mais, contrairement à ce que fera Kobayashi (dans La condition de l’homme), il ne s’attaque pas à l’armée mais montre les conséquences de la guerre, c’est à dire les morts inutiles. La musique est ici un langage universel qui fait ressortir l’humanité qui est en chacun, c’est un moyen pour rapprocher les êtres et les peuples comme en témoigne une étonnante scène où un combat est évité grâce au chant. La rédemption passe aussi par une certaine spiritualité, la philosophie bouddhiste tient une grande place dans cette histoire. La harpe de Birmanie est un grand film humanisme, un peu naïf certes, mais néanmoins très beau dans ses intentions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rentarô Mikuni, Shôji Yasui, Taketoshi Naitô
Voir la fiche du film et la filmographie de Kon Ichikawa sur le site IMDB.

Remarque :
Kon Ichikawa a réalisé lui-même un remake de son propre film : Biruma no tategoto (1985), remake généralement jugé inférieur à l’original.