16 juin 2013

Frigo fregoli (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Play House »

Frigo fregoli(Court métrage de 22 minutes) Parmi tous les courts métrages que Buster Keaton a tournés entre 1920 et 1923, The Play House est sans aucun doute l’un des plus remarquables. Il s’ouvre avec une longue scène où Buster Keaton apparaît plusieurs fois dans la même image (jusqu’à neuf fois !), diversement déguisé et se donnant la réplique… Lorsque l’on sait que la seule technique possible à cette époque pour parvenir à un tel résultat était la double exposition, on mesure la rigueur et la maîtrise dont il a fallu faire preuve (1). Le résultat est réussi et assez spectaculaire. Tout cela n’est qu’un rêve mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises car Buster Keaton joue avec les faux-semblants pendant tout le reste de The Play House : les apparences sont trompeuses, sa petite amie est devenue double, et il va même jusqu’à prendre la place d’un singe qui copie les comportements des hommes : il mime un singe qui mime les hommes ! Convalescent de sa récente blessure, Buster Keaton n’accomplit pas de cascades dans ce film mais cela n’empêche pas The Play House d’être absolument unique par son inventivité.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Virginia Fox, Joe Roberts
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton et Edward F. Cline sur le site IMDB.
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Remarque :
Le programme où Buster Keaton est mentionné à chaque ligne est une petite moquerie envers Thomas H. Ince : le réalisateur avait tendance à se mentionner plusieurs fois au générique de ses films.

(1) La double exposition consiste à placer un cache sur une partie de l’objectif, d’enregistrer un personnage, de rembobiner, d’inverser le cache et d’enregistrer le second personnage. Sachant que le défilement de la pellicule n’était pas motorisé, il fallait que l’opérateur tourne sa manivelle à exactement la même vitesse à chaque fois. Pour neuf personnages, il fallait faire cette opération neuf fois. Une boite spéciale a été construite autour de la caméra pour pouvoir actionner les caches.

(2) Buster Keaton s’était gravement blessé (cheville cassée) sur le tournage de The Electric House quelques mois auparavant et avait du stopper toute activité. Il n’était pas encore totalement remis lorsqu’il a tourné The Play House, premier film après son repos forcé. C’est d’ailleurs cette absence des écrans qui donna l’idée à Keaton d’offrir à ses fans non pas un seul Buster Keaton à l’écran mais plusieurs…

15 juin 2013

Barbara (2012) de Christian Petzold

BarbaraDans l’Allemagne de l’Est de 1980, une doctoresse trentenaire est mutée dans un petit hôpital de province après avoir fait un séjour en détention pour avoir cherché à obtenir un visa de sortie. Elle reste distante envers ses collègues, craignant la police secrète et ses informateurs… Christian Petzold est l’un des meilleurs talents de la nouvelle génération de cinéastes allemands, ce film Barbara le démontre magistralement. Il en a écrit lui-même le scénario, une histoire qui mêle habilement le contexte politique de la RDA avec une histoire sentimentale et qui constitue un bel hymne à la vie. Christian Petzold ne théorise pas, le climat de surveillance constante est ici montré dans son expression la plus quotidienne, sans scène spectaculaire, une description assez épurée mais très authentique. Barbara est aussi un portrait de femme, très fermée et froide de prime abord et qui va s’ouvrir très lentement pour parvenir à une autre vision de la vie à laquelle elle aspire. Cette femme est remarquablement incarnée par la belle et longiligne Nina Hoss qui fait montre d’une grande présence à l’écran. Barbara est un film sans artifice. Il y a beaucoup de sensibilité et de délicatesse dans le regard de Christian Petzold.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Rainer Bock
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13 juin 2013

Riz amer (1949) de Giuseppe De Santis

Titre original : « Riso amaro »

Riz amerPour échapper à la police, un voleur de petite envergure demande à sa complice Francesca de se joindre à un convoi de « mondines », ces ouvrières saisonnières qui viennent chaque année dans les rizières de la plaine du Pô (1). Elle y fait la connaissance de Silvana… Riz amer est à la fois un film policier, un film d’amour et un film néoréaliste. C’est ce dernier aspect qui est de loin le plus réussi (et le plus novateur en 1949), le film nous faisant découvrir les dures conditions de travail des mondines ; Giuseppe De Santis nous gratifie de quelques superbes plans d’ensemble et de beaux mouvements de caméra. Avec la jeune Silvana, il nous montre aussi comment ces jeunes femmes pouvaient rêver d’une vie facile, abreuvées des images factices des fumetti (romans-photos populaires). Riz amer est un film de femmes (2), les deux personnages masculins sont fades, caricaturaux et sans intérêt. Les intrigues secondaires où ils jouent un rôle sont d’ailleurs bâclées. Riz amer
Doris Dowling montre une belle présence à l’écran mais c’est bien entendu la jeune Silvana Mangano (19 ans, Miss Rome 1946) en short et en cuissardes qui a beaucoup marqué les esprits. A ce titre, la démarche de De Santis fut souvent, et à juste titre, jugée plutôt ambigüe car, tout en critiquant la génération dévoreuse de fumetti, il joue avec l’érotisme pour s’attirer un large public. Riz amer fut un énorme succès. Le film paraît plutôt surestimé, encore aujourd’hui, mais il reste assez unique par le monde qu’il décrit.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Silvana Mangano, Doris Dowling, Vittorio Gassman, Raf Vallone
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Remarques :
* Riz amer fait partie des tous premiers films produits par Dino De Laurentiis (alors âgé d’à peine 30 ans). Il épousera Silvana Mangano à la fin du tournage.
* Actrice américaine, Doris Dowling est doublée par Andreina Pagnani.
* Plus surprenant : Silvana Mangano est également doublée (par Lydia Simoneschi).

(1) Le riz est cultivé dans la plaine du Pô depuis plusieurs siècles. Les mondines (de l’italien monda : désherbage) sont les travailleuses saisonnières qui venaient au printemps planter les jeunes plants et enlever les mauvaises herbes, toute l’opération se déroulant alors que le champ est inondé afin de protéger les jeunes pousses des écarts de température. Les mondines devaient donc travailler avec de l’eau jusqu’aux cuisses, le dos courbé toute la journée, c’est-à-dire dans des conditions très dures.

(2) Que Riz amer soit un film de femmes est particulièrement net dans la scène finale où les hommes se retrouvent condamnés à l’impuissance ; ce sont les deux femmes qui vont déterminer l’issue.

12 juin 2013

Une poule, un train… et quelques monstres (1969) de Dino Risi

Titre original : « Vedo nudo »

Une poule, un train... et quelques monstresLe titre français voudrait nous laisser croire qu’il s’agit d’une suite au très bon film de Dino Risi Les Monstres mais il n’en est rien. Certes, il s’agit d’un film à sketches mais le sujet est moins vaste puisqu’il s’agit ici uniquement d’attirance sexuelle. En cette fin des années soixante soufflait une vague de libération sexuelle et il était ainsi possible de parler plus librement et … de montrer plus de choses. Ce dernier point est très net dans le dernier sketch, celui qui a donné son titre au film, dont l’histoire ne semble être qu’un prétexte pour nous montrer (très brièvement) des femmes entièrement nues. Les autres sketches lui sont bien supérieurs avec une mention spéciale pour le quatrième, Le Voyeur, un sketch très court qui repose sur un gag vraiment énorme. Nino Manfredi interprète brillamment le rôle principal de toutes ces petites histoires. Très bon divertissement,  Vedo nudo est un film peu connu de Dino Risi. Il connut pourtant un grand succès à l’époque et Dino Risi fera deux autres films sur le même modèle (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Sylva Koscina, Véronique Vendell
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Les sketches :
1. La Diva (La Diva) : une starlette de cinéma amène un accidenté de la route à l’hôpital. Le personnel n’a d’yeux que pour la jolie star… (amusant)
2. Procès à huis clos (Udienza a porte chiuse) : un homme est accusé d’avoir eu un rapport avec une poule (le gallinacé). Pour se défendre, il raconte comment la poule l’a vampé… (très court, excellent)
3. Ornella (Ornella) : Un jeune employé des postes qui aime à se travestir en femme entretient une relation épistolaire avec un industriel. Celui-ci vient pour « la » rencontrer… (un peu long)
4. Le Voyeur (Il Guardone) : Un homme un peu myope espionne sa jolie voisine… (très court et excellent)
5. La Dernière Vierge (Ultima Vergine) : alors que les media ne cessent de parler d’un violeur en cavale, une jeune femme voit arriver chez elle un homme qui se prétend être réparateur de téléphone… (excellent)
6. Ma motrice chérie (Motrice Mia !) : un homme trompe sa femme avec… une locomotive. (assez court, très original)
7. Je vous vois nue (Vedo nudo) : Un rédacteur en chef d’un magazine de mode voit les femmes qu’il rencontre comme si elles étaient nues… (moyen)

(1) Sexe fou (Sessomatto) de Dino Risi (1973) et Les Derniers Monstres (Sesso e volentieri) de Dino Risi (1978).

11 juin 2013

La nuit des généraux (1967) de Anatole Litvak

Titre original : « The Night of the Generals »

La nuit des générauxEn 1942, à Varsovie, une prostituée est assassinée sauvagement. Un témoin a vu le pantalon du meurtrier, un pantalon de général. Le major Graü enquête et ses soupçons se portent rapidement sur trois généraux de la Wehrmacht… Librement adapté d’un roman de Hans Hellmut Kirst par Paul Dehn et Joseph Kessel, La nuit des générauxmêle habilement une intrigue policière à des faits historiques. La construction mêle également le présent et la passé puisque l’enquête se poursuit 20 ans plus tard. Le film soulève la question de la différence entre crime de guerre et crime tout court. La reconstitution est soignée et tous les seconds rôles sont parfaitement tenus. Tout serait parfait si Peter O’Toole n’avait pas tant chargé son jeu, compromettant ainsi quelque peu la crédibilité de l’ensemble.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, Omar Sharif, Tom Courtenay, Donald Pleasence, Joanna Pettet, Philippe Noiret, Charles Gray
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Remarques :
* On remarquera la présence de Juliette Greco, chanteuse dans un bar parisien.
* La carrière et la réputation du colonel Joachim Peiper, le plus jeune colonel SS (29 ans), a influencé les auteurs pour créer le personnage du Général Tanz.

10 juin 2013

Goupi Mains rouges (1943) de Jacques Becker

Goupi mains rougesAppelé par sa famille, un parisien rejoint la ferme familiale du clan des Goupi. Le jour même de son arrivée, Goupi Tisane, une vieille fille autoritaire qui régentait la famille, est retrouvée assassinée… Tourné pendant l’Occupation, Goupi Mains rouges est l’adaptation d’un roman de Pierre Very. Contrairement à la propagande pétainiste de l’époque qui glorifiait le monde paysan nourricier, ce portrait d’une famille rurale qui forme un clan opaque et règle elle-même ses affaires n’est nullement édulcoré : la cupidité est ici le principal moteur des comportements. Méfiance et médisance sont omniprésentes. Goupi Mains rouges est le deuxième film de Jacques Becker qui montre ici une grande maitrise dans la mise en scène, il insuffle beaucoup de vie dans cette histoire au point que l’intrigue policière passe un peu au second plan. Fernand Ledoux est parfait, comme bien souvent, mais le personnage le plus remarquablement interprété est celui de Goupi Tonkin par Robert Le Vigan. Le film eut beaucoup de succès à l’époque grâce à sa qualité bien entendu mais aussi parce qu’il permettait à une population urbaine, lassée de voir certains paysans s’enrichir au marché noir, de prendre en quelque sorte une revanche. Goupi Mains rouges fait partie des films les plus remarquables tournés sous l’Occupation.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Georges Rollin, Robert Le Vigan
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9 juin 2013

Brazil (1985) de Terry Gilliam

BrazilDans une société dominée par une administration oppressante, un jeune employé tente de s’évader de la grisaille de son quotidien par ses rêves où il vole au secours d’une jeune fille. Un jour, il l’aperçoit en chair et en os et cherche à la rencontrer… Brazil est un film hors-normes comme on en voit peu. Terry Gilliam a imaginé et brillamment mis en images un monde kafkaïen où l’administration a enflé de façon démesurée. Bien que le qualificatif ait souvent été donné au film, ce n’est en aucun cas un monde futuriste, il n’y a d’ailleurs aucun objet ou élément futuriste dans le film. En revanche, on peut dire que Brazil brasse les époques ce qui renforce son côté atemporel : que ce soit dans les objets, les décors ou les costumes, il y a un savant mélange des cinquante dernières années. Mention particulière doit être faite des conduits et tuyaux qui, figure allégorique de l’administration, ont enflés pour devenir aussi envahissant que sources de dysfonctionnement. Sam Lowry est un personnage sans ambition qui tente vainement de s’échapper de ce monde : dans ses rêves, la jeune femme représente l’espoir et le samouraï le système. Terry Gilliam ne cherche pas à adoucir son propos avec un happy end, Brazil est un film plutôt sombre. C’est aussi un film extrêmement riche, qu’il faut voir plusieurs fois ; Terry Gilliam donne libre cours à toute sa créativité. L’humour est très présent mais il peut apparaître très soudainement pour s’effacer aussitôt. Brazil est à classer parmi les 5 ou 10 films les plus créatifs de toute l’histoire du cinéma.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jonathan Pryce, Robert De Niro, Katherine Helmond, Ian Holm, Bob Hoskins, Michael Palin, Kim Greist
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Remarques :
Brazil* A la sortie du film aux Etats-Unis, Terry Gilliam se heurta à Sid Sheinberg, alors à la tête des Studios Universal. Pour ce dernier, le film était trop long, trop compliqué et avait le défaut de mal se terminer. Il fit refaire un montage, une version de 94 minutes (au lieu de 142) désignée sous le nom « Love Conquers all ». Terry Gilliam fut toutefois habile en médiatisant l’affaire et, finalement, Sheinberg renoncera à sortir cette version courte en salles. Elle ne sera montrée qu’à la télévision. Cette version réduite est présente en bonus de l’édition en LaserDisc (coffret) et de certains DVD. Jack Mathews raconte cette bataille dans son livre « The Battle of Brazil » (Crown, 1987)

* Terry Gilliam a choisi le titre Brazil pour son film après avoir vu un homme seul sur une plage, par mauvais temps dans un environnement industriel et poussiéreux, qui écoutait cette chanson. C’était, à ses yeux, le symbole du fort besoin d’évasion de l’homme malgré l’adversité, son désir de rendre son environnement moins gris.

Brazil* A la sortie du film Les Aventures du baron de Munchausen, Terry Gilliam a parlé d’une « trilogie du rêve » formée par Time Bandits (1981), Brazil (1985) et Munchausen (1988). Il est vrai que les trois films utilisent le rêve comme moyen d’évasion et le personnage principal avance en âge. Terry Gilliam a toutefois déclaré par la suite que parler de trilogie était peut-être un peu prétentieux de sa part…

* Lors du premier rêve de Sam, au début du film, la chanson Brazil est interprétée par Kate Bush.

* La scène où Sam découvre le visage du samouraï qu’il vient de tuer et voit son propre visage peut être interprétée de deux manières :
1. Sam est lui-même un membre de l’administration qu’il combat.
2. Gilliam a lancé lors d’une interview qu’il s’agissait d’une simple boutade car « samouraï » en anglais est proche de « Sam or I » ou encore proche en écriture de « Sam-U-R-I » (= Sam, you are I ).

* La voiture conduite par Sam est une Messerschmitt KR 175 (automobile produite entre 1953 et 1964).

* Le scénario a été écrit par Terry Gilliam, Tom Stoppard et Charles McKeown.

* Avec son humour habituel, Terry Gilliam dit s’être inspiré du livre de George Orwell 1984 tout en précisant aussitôt qu’il n’a jamais lu le livre. Le réalisateur dit avoir pendant longtemps désigné son film sous le titre 1984 ½ (clin d’oeil au 8 ½ de Fellini) mais il peut s’agir d’une boutade car les premiers scripts se nomment The Ministry. D’ailleurs, il n’est pas si proche de l’univers de 1984 : Orwell a imaginé (en 1945) une société où une technologie évoluée était au service d’un pouvoir fasciste. Dans Brazil, la technologie n’est en rien évoluée, elle est poussive et la question du régime politique n’est pas directement abordée. C’est l’administration qui a enflé de façon démesurée et, avec elle, ses dysfonctionnements…


Versions principales :
– Version sortie en Europe de 142 mn
– Version sortie aux Etats-Unis de 132 mn
– Version TV « Love Conquers all » de 94 mn.

Regarder la version Love Conquers all  est intéressant car cela permet de mesurer comment le montage peut créer un film assez différent et également de voir le formatage du cinéma hollywoodien en pleine action. Globalement, cette version met au centre du film l’idylle entre Sam et Jill, supprime toutes les scènes de rêve sauf la première et la dernière (qui devient la fin réelle), simplifie beaucoup de choses, enlève tout ce qui est trop subtil. Sam devient un super-héros qui a vaincu l’administration et gagné le coeur de la belle… Happy end.

7 juin 2013

Arènes sanglantes (1941) de Rouben Mamoulian

Titre original : « Blood and Sand »

Arènes sanglantesDepuis son plus jeune âge, Juan Gallardo rêve d’être un grand torero comme son père et d’épouser la jeune Carmen. Il y parvient mais alors qu’il est au somment de la gloire, il fait connaissance de la belle Dona Sol… Basée sur une livre de Vicente Blasco Ibáñez, cette histoire avait déjà été portée à l’écran au temps du muet par Fred Niblo avec Rudolph Valentino. Si la version de Rouben Mamoulian lui est plutôt supérieure, ce n’est pas tant grâce au scénario, qui reste assez faible et sans surprise aucune, mais plutôt par sa distribution et surtout sa superbe photographie. Tournant pour la première fois en couleurs, Mamoulian a soigné ses images, construisant certains plans comme des tableaux en s’inspirant de peintres tels que Goya, Velasquez ou El Greco. Il utilise également la couleur (des robes) pour souligner l’antagonisme entre les deux femmes. Rita Hayworth, qui n’est à l’époque pas encore très connue (1), montre déjà de belles aptitudes pour interpréter les femmes dévoreuses d’hommes avec une forte présence à l’écran. On notera que Mamoulian ne se prive pas de souligner les aspects sanguinaires des corridas.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tyrone Power, Linda Darnell, Rita Hayworth, Alla Nazimova, Anthony Quinn, John Carradine
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Remarque :
Alla Nazimova, qui interprète ici la mère du matador, fut une très grande star du muet. Elle a notamment tourné avec Valentino (mais pas dans la première version d’Arènes sanglantes).

Les trois adaptations du roman de Vicente Blasco Ibáñez :
Arènes sanglantes (Blood and Sand) de Fred Niblo (1922) avec Rudolph Valentino
Arènes sanglantes (Blood and Sand) de Rouben Mamoulian (1941) avec Tyrone Power
L’indomptée (Sangre y arena) de Javier Elorrieta (1989) avec Sharon Stone

6 juin 2013

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Major DundeeAlors que la guerre de Sécession touche à sa fin, une quarantaine de guerriers indiens menés par un chef belliqueux font régner la terreur au Texas et au Nouveau Mexique. Le Major Dundee, commandant d’un fort qui sert de camp de prisonniers de soldats sudistes, décide d’aller traquer ces indiens qui se sont réfugiés au Mexique pour l’hiver. N’ayant pas assez d’hommes, il est contraint d’enrôler des voleurs et des sudistes… Basé sur un livre de Harry Julian Fink, Major Dundee est un film assez étonnant où Sam Peckinpah bouleverse les codes du genre. Les motivations de son héros ne sont guère nobles, elles sont plutôt à chercher du côté de la rancoeur et de la haine. A l’instar de sa troupe hétéroclite, sa stratégie n’a guère d’unité ; confuse, elle évolue au gré des évènements. Le film est dominé par la haine et les conflits entre les personnes, nord/sud, blancs/noirs, blancs/indiens, sur lesquels vient se greffer la guerre au Mexique. Le film pêche surtout par le déroulement de son scénario, faiblesses longtemps attribuées aux coupes sauvages faites par les studios, mais force est de constater que le visionnage de la version longue récemment restaurée ne fait que renforcer cette sensation de longueurs et de scènes inutiles. En fait, ce sont les scènes d’action qui ponctuent le film, scènes assez violentes comme toujours avec Peckinpah. Film assez confus, Major Dundee fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Richard Harris, James Coburn, Senta Berger
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5 juin 2013

La Part des anges (2012) de Ken Loach

Titre original : « The Angels’ Share »

La part des angesJugé pour agression, le jeune Robbie échappe de peu à la prison : il est condamné à accomplir des travaux d’intérêt général. L’éducateur qui lui est assigné se prend d’intérêt pour lui et le guide. Il lui fait connaitre le monde de la dégustation du whisky dans lequel Robbie montre rapidement une grande aptitude… Ken Loach fait un mélange de film social et de comédie. La Part des anges débute sous haute tension, montrant l’enfermement dans la violence d’un petit groupe de délinquants, avant de s’orienter franchement vers le burlesque. Le parcours de ces quatre Pieds nickelés dévient franchement cocasse et a finalement quelque chose d’attachant. Ken Loach est délibérément optimiste, même si c’est au prix d’une certaine invraisemblance.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Brannigan, John Henshaw, William Ruane, Roger Allam
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