10 janvier 2022

Sorry to Bother You (2018) de Boots Riley

Sorry to Bother YouCassius Green loue avec sa compagne le garage de son oncle, qui est sur le point de se faire expulser. Il finit par retrouver un travail en tant que télévendeur. Ambitieux, il s’y montre très performant et on lui propose une belle promotion alors qu’autour de lui la révolte sociale gronde…
Sorry to Bother You est une comédie écrite et réalisée par le rappeur Boots Riley dont c’est le premier long métrage. Il s’agit d’une satire sociopolitique du système capitaliste qui fustige également le racisme. Le film est très original par son humour, Boots Riley pousse la caricature jusqu’à l’outrance et le dernier tiers du film est franchement délirant. Tout n’est pas parfait, loin de là, il y a des longueurs, beaucoup de longueurs, des scènes inutiles, mais l’ensemble est percutant. Et, indéniablement, Boots Riley fait montre d’un style bien à lui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: LaKeith Stanfield, Tessa Thompson, Steven Yeun, Armie Hammer
Voir la fiche du film et la filmographie de Boots Riley sur le site IMDB.
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 Sorry to Bother YouLaKeith Stanfield et Tessa Thompson dans Sorry to Bother You de Boots Riley.

8 octobre 2021

Problemos (2017) de Eric Judor

ProblemosDe retour de vacances, Jeanne et Victor font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la construction d’un parc aquatique et plus généralement contre la société moderne, « la grande Babylone ». Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours…
Problemos est une comédie française réalisée par Éric Judor sur un scénario de Moé Debré et Blanche Gardin. Se moquer d’une communauté de zadistes ardéchois n’est pas si évident si on veut aller au-delà des clichés et ne pas se placer clairement dans le camp des « pour » ou des « contre ». Le pari est réussi car le film trouve le ton juste en maniant pleinement l’humour à différents degrés, de plus, avec une certaine parcimonie. Les clichés sont bien là avec des personnages ancrés dans des convictions si extrêmes qu’elles en sont ridicules mais il n’y a pas que cela, il y a aussi l’observation d’un groupe, avec ses limites, des contradictions et les fissures qui apparaissent. Le ton général reste à l’humour toutefois, un humour bien plus intelligent qu’attendu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi, Michel Nabokoff, Celia Rosich, Claire Chust, Marc Fraize
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ProblemosBlanche Gardin, Eric Judor et Claire Chust dans Problemos de Eric Judor.

28 avril 2017

Miss Mend (1926) de Boris Barnet et Fyodor Otsep

Miss Mend(Film en 3 parties de 80 minutes environ chacune) Un groupe de quatre jeunes américains, deux reporters, un employé et une secrétaire, fait tout pour déjouer un complot qui a pour but de tuer les habitants de l’Union Soviétique… Inspiré d’un récit d’aventures de la romancière moscovite Marietta Chaguinian (publié sous le pseudonyme Jim Dollar) et produit par les studios privés Mezrapom, Miss Mend répond à une demande officielle du gouvernement soviétique de créer un art nouveau apte à conquérir les masses. Pour ce faire, les jeunes Boris Barnet (24 ans) et Fyodor Otsep (30 ans) vont s’inspirer des films américains, plus particulièrement des serials, ces films à épisodes d’aventure/espionnage très en vogue outre-Atlantique et en Europe depuis le milieu des années dix. Tous les ingrédients d’un serial à l’occidentale sont bien là : des personnages très typés, un suspense dosé, un rythme assez soutenu avec moult poursuites utilisant tous les moyens de locomotion. Le scénario n’est pas très élaboré, un peu simpliste, marqué par une obsession du complot capitaliste qui fait sourire. Sur le plan filmique, Miss Mend ne montre pas la même inventivité que les films des grands cinéastes soviétiques mais se révèle assez moderne par la mobilité de la caméra dans certaines scènes et par des angles de caméra parfois inhabituels. Le montage est rapide dans les scènes d’action pour rendre le climat plus prenant. A sa sortie, Miss Mend a été condamné par la presse soviétique comme exemple de divertissement décadent de style occidental (c’est un excès de zèle puisque le film avait la bénédiction du gouvernement). Le film a néanmoins rencontré un grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Natalya Glan, Igor Ilyinsky, Vladimir Fogel, Boris Barnet, Sergey Komarov, Ivan Koval-Samborsky
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Voir les autres films de Boris Barnet chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur le cinéma soviétique

Remarque :
* L’arme chimique (utilisée pour la première fois de façon massive dans une guerre dix ans auparavant) était alors objet de recherches dans plusieurs grandes nations, y compris en France.

 

Miss Mend
Boris Barnett, Natalya Glanet et Vladimir Fogel dans Miss Mend de Boris Barnet et Fyodor Otsep.

15 janvier 2014

L’Enfer de la corruption (1948) de Abraham Polonsky

Titre original : « Force of Evil »

L'enfer de la corruptionL’avocat Joe Morse aide son client, un caïd de la pègre, à donner une façade respectable à une arnaque sur des paris illégaux qui doit mettre à terre leurs « concurrents ». Joe a un frère ainé qui est l’un de ceux qui devraient être ruinés et il tente donc de le faire abandonner… Force of Evil est un film noir tiré d’un roman d’Ira Wolfert. Abraham Polonsky dont c’est ici le premier long métrage, en a écrit l’essentiel de l’adaptation. Tout comme le roman, le film assimile le capitalisme sauvage au gangstérisme et, de façon inhabituelle pour l’époque, Polonsky choisit de ne pas représenter la Loi (même si elle joue un rôle important dans l’histoire) car selon lui « elle n’est qu’une représentation de plus du mal général dans lequel nous vivons ». Tous les personnages à l’écran sont donc impliqués d’une façon ou d’une autre dans ces activités illégales mais fructueuses de paris truqués, il n’y aucun personnage irréprochable. C’est un premier film très réussi mais hélas, quelques mois plus tard, John Garfield et Abraham Polonsky seront victimes de la « chasse aux sorcières », ce qui stoppera net sa carrière de réalisateur qui aurait certainement été remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Garfield, Thomas Gomez, Marie Windsor, Roy Roberts
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Remarque :
Polonsky avait l’année précédente écrit le scénario du brillant Body and Soul de Robert Rossen.

30 juillet 2011

Solo (1970) de Jean-Pierre Mocky

Solo De passage à Paris, un violoniste, voleur de bijoux à ses heures, tente de revoir son jeune frère étudiant. Il découvre qu’il commet des attentats contre la société de l’argent… Solo de Jean-Pierre Mocky est l’un des premiers films de l’après-Mai 68 sur le thème du rejet de la société bourgeoise. Alors que Godard et d’autres montrent une contestation qui s’appuie sur la dialectique, Jean-Pierre Mocky est sur une ligne plus dure : ses étudiants sont n’ont pas une réflexion très développée, ce sont des francs-tireurs, adeptes d’une action violente, tout en restant très naïfs. Mocky traite le sujet à la façon d’un film policier, une longue traque dans la nuit. Deux couleurs ressortent : le rouge et le noir. Le rythme est assez rapide, la tension ne faiblit pas. Jean-Pierre Mocky incarne ce grand frère qui tente de faire revenir son frère à la raison tout en rejetant, lui aussi, le cadre étroit que lui offre la société. Solo est une belle œuvre originale et désespérée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Mocky, Sylvie Bréal, Anne Deleuze, Denis Le Guillou, René-Jean Chauffard
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Remarques :
A noter également : la musique composée par Georges Moustaki.
Certains décors ont été réalisés par Françoise Hardy.