12 novembre 2013

Holy Motors (2012) de Leos Carax

Holy MotorsUn homme est conduit dans une immense limousine à différents endroits de Paris pour une dizaine de « rendez-vous » où il tient un rôle à chaque fois différent… En préambule, Leos Carax se met en scène en dormeur qui se réveille, sort de sa chambre pour se retrouver dans une immense salle de spectacle où des spectateurs figés attendent. Holy Motors est en effet le premier long métrage depuis Pola X (1999). Le film a été qualifié de chef d’oeuvre par la critique avec une unanimité dont elle a le secret. On peut être un peu plus nuancé face à cet OVNI cinématographique. Certes, il montre de belles fulgurances et des moments d’une beauté envoutante. Certes, il sait nous surprendre, nous déstabiliser, casser nos repères, questionner sur les rapports entre spectacle et réalité et, par là même, sur notre vie (qui pourrait n’être qu’une succession de rôles)… mais ces réflexions ne sont finalement qu’effleurées. Holy Motors donne parfois l’impression d’être plus un film de performance (celle de Denis Lavant est évidente), une performance hélas assez froide et même déshumanisée. Holy Motors reste toutefois très intéressant, ne serait-ce que par le foisonnement d’idées cinématographiques de Leos Carax.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Kylie Minogue, Michel Piccoli
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11 novembre 2013

Le Gang Anderson (1971) de Sidney Lumet

Titre original : « The Anderson Tapes »
Autre titre : « Le Dossier Anderson »

Le dossier AndersonA sa sortie de prison, Duke Anderson rejoint son ancienne petite amie installée dans un immeuble cossu de New York. C’est ainsi qu’il a l’idée de mettre sur pied le cambriolage de tous les appartements de la résidence… Adapté d’un roman de Lawrence Sanders, Le Gang Anderson ne figure pas parmi les plus grands films de Sidney Lumet. Pourtant le scénario ne manque pas d’originalité et même d’humour. L’équipe assemblée pour le mauvais coup est particulièrement disparate, composée de personnages très différents mais finalement peu exploités. L’élément le plus remarquable du scénario est cette mise en évidence des écoutes : utilisant des moyens technologiques plus ou moins sophistiqués, nos compères sont écoutés par tout un tas de services de police, chacun pour un motif différent, et même par un amant jaloux. Et toutes ces écoutes étant illégales, « on » préférera effacer toute trace. Cette mise en relief des écoutes est assez étonnante, un an avant que le scandale du Watergate n’éclate. Si la première moitié du film manque un peu de rythme, la seconde est plus animée. Le Gang Anderson est assez amusant mais l’on en attend un peu plus de Sidney Lumet. Très bonne musique de Quincy Jones.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Dyan Cannon, Martin Balsam, Ralph Meeker, Christopher Walken
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Remarque :
Si Le Gang Anderson est le premier film de Christopher Walken, c’est le dernier long métrage de l’actrice Margaret Hamilton (actrice que tout le monde connaît sous les traits de la sorcière du Magicien d’Oz). Elle interprète ici Miss Kaler.

10 novembre 2013

Antoine et Antoinette (1947) de Jacques Becker

Antoine et AntoinetteNous sommes à Paris au lendemain de la guerre. Antoine travaille dans une imprimerie et Antoinette est vendeuse dans un grand magasin. Mariés, ils vivent dans un petit appartement. Un jour, la chance leur sourit par le moyen d’un billet gagnant à la loterie… Ecrit par Jacques Becker avec l’aide de Maurice Griffe et de Françoise Giroud, Antoine et Antoinette dresse un portrait très réaliste de ce jeune couple avec des ressources limitées mais plutôt heureux de vivre. Avec une précision et aussi une certaine tendresse, Jacques Becker nous les montre dans leur vie de tous les jours. C’est une histoire simple que l’on pourrait rattacher au néoréalisme si le genre avait vraiment fait école dans le cinéma français de l’Après-guerre. L’ensemble est illuminé par le charme de Claire Mafféi qui apporte une fraîcheur mêlé d’une bienfaitrice insouciance. L’histoire du billet de loterie est là pour donner un peu de corps à l’histoire mais le film aurait certainement gardé tout son attrait et son charme sans cela. Antoine et Antoinette est avant tout une ode à la jeunesse et à l’amour.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Roger Pigaut, Claire Mafféi, Noël Roquevert
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Remarques :
* Louis de Funès fait ici l’une des ses premières apparitions à l’écran, dans un double rôle : c’est l’un des garçons-épiciers qui déchargent le camion. Plus tard, c’est l’un des invités à la noce : il est alors plus difficilement reconnaissable, avec une moustache (voir un montage vidéo de ces scènes). On remarque aussi la présence de Gérard Oury en client entreprenant.
– Claire Mafféi n’a que peu tourné ensuite. Antoine et Antoinette est, de loin, son film le plus important.

9 novembre 2013

L’aigle vole au soleil (1957) de John Ford

Titre original : « The Wings of Eagles »

L'aigle vole au soleilEn 1919, l’officier Frank « Spig » Wead oeuvre pour renforcer le rôle de l’aviation à l’intérieur de la marine américaine. Il persuade ses supérieurs de participer à différentes compétitions pour accroitre le prestige de la Navy. Mais un bête accident va interrompre sa carrière… Avec L’aigle vole au soleil, John Ford rend hommage à son ami Frank Wead, pionnier de l’aviation qui a dédié sa vie à la Marine et qui, handicapé après un grave accident, a écrit des scénarios pour Hollywood. Autant le film est superbe dans sa forme, avec notamment un déroulement admirable du scénario, autant on peut ne pas adhérer totalement au propos militariste et à la nostalgie de Ford pour la vie militaire (où tout se termine par une bonne bagarre). Tous les évènements décrits dans le film se sont réellement déroulés ainsi a précisé le réalisateur qui s’est mis en scène sous les traits de Ward Bond : plusieurs objets utilisés dans cette scène, l’Oscar, la canne creuse, le pipe, le chapeau sont des objets appartenant au réalisateur lui-même. A noter que le discours tenu par Frank Wead aux membres du Congrès de l’époque (début des années vingt) s’adresse également à leurs homologues de 1957. L’aigle vole au soleil est en effet sorti à une époque où l’armée et la marine voyaient leurs crédits diminuer sous la pression d’une aspiration au pacifisme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Wayne, Dan Dailey, Maureen O’Hara, Ward Bond
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Remarques :
* Frank Wead est crédité d’une trentaine d’histoires et de scénarios de 1929 jusqu’à sa mort en 1947 : on peut citer Dirigible de Frank Capra (1931), Hell Divers de George Hill (1931), Airmail de John Ford (1932), Test Pilot de Victor Fleming (1938), The Citadel de King Vidor (1938), They were expendable par John Ford (1945).

* Le film visionné par le petit groupe de producteurs est un extrait de Hell Divers (Les Titans du ciel) de George W. Hill (1931) avec Wallace Beery et le jeune Clark Gable, film dont le scénario est basé sur une histoire réellement écrite par Frank Wead.

* La scène où Frank Wead parle à son orteil a inspiré Tarantino pour Kill Bill.

8 novembre 2013

L.627 (1992) de Bertrand Tavernier

L.627Lucien est enquêteur de police, un policier de terrain qui fait son métier avec passion. Muté à la suite d’une insubordination, il est affecté à une petite brigade chargé d’arrêter les dealers de drogue en flagrant délit… L.627 est un film étonnant, à la fois très proche du documentaire mais également solidement écrit, joué et interprété. Bertrand Tavernier en a écrit le scénario avec Michel Alexandre, lui-même ancien policier. Le film dresse ainsi un portrait très réaliste des conditions de travail vraiment précaires dans lesquelles les policiers doivent travailler, les astuces dont ils doivent faire preuve, leurs rapports avec les indics. S’il montre essentiellement les scènes vues du côté des policiers, L.627 laisse entrevoir l’environnement social des petits trafiquants. L’interprétation de Didier Bezace est très solide dans son jeu, bien soutenu par les seconds rôles, Philippe Torreton en tête. Tavernier a volontairement écarté tous les clichés du film policier, tant sur le fond que sur la forme, et trouvé ainsi un style nouveau qui est propre au film, empreint de réalisme, tout en énergie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Didier Bezace, Philippe Torreton, Jean-Paul Comart, Charlotte Kady, Jean-Roger Milo
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Remarques :
* L.627 désigne un article du Code de la Santé publique français qui prévoit les sanctions pénales liées à la drogue.
* Si L.627 a été son premier scénario, Michel Alexandre a ensuite continué dans ce domaine pour faire une belle carrière de scénariste, réalisateur et maintenant producteur.

7 novembre 2013

La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola

La nuit de VarennesEn juin 1791, l’écrivain libertin et chroniqueur de la Révolution Restif de La Bretonne est le témoin involontaire du départ du Palais Royal en pleine nuit d’un carrosse dans lequel a pris place l’une des dames de compagnie de la reine. Intrigué, il décide de le rattraper et découvre que leurs occupants tentent de rejoindre la famille royale en fuite… En s’inspirant d’un roman de Catherine Rihoit, Ettore Scola et son scénariste ont inventé ce trajet de Restif de La Bretonne (Jean-Louis Barrault) de Paris à Varennes en compagnie de l’intellectuel américain Thomas Paine (Harvey Keitel), d’une dame de la cour (Hanna Schygulla), et quelques autres personnages auxquels vient s’adjoindre Casanova (Marcello Mastroianni). C’est un petit microcosme de la société et le temps du trajet est l’occasion de discussions et d’échanges d’idées assez intéressants sur ce monde en pleine transformation. Hélas, le film est gâché par une bande son épouvantable que doublages et bruitages de studio bien trop présents rendent assez agressive. Ettore Scola ne porte pas de jugement tranché même s’il donne l’impression de s’être identifié à ce Casanova vieillissant qui regrette l’insouciance et une certaine douceur de vivre. Très belle fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy, Andréa Ferréol, Michel Vitold, Laura Betti, Daniel Gélin, Jean-Louis Trintignant
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Remarque :
La version initiale de La Nuit de Varennes dure 150 minutes. Il existe également une version réduite à 135 minutes et une autre à 122 minutes (c’est cette dernière qui était visionnée ici).

6 novembre 2013

Contes immoraux (1974) de Walerian Borowczyk

Contes immorauxContes immoraux met en scène quatre contes érotiques situés à des époques différentes, remontant ainsi le temps depuis notre époque jusqu’au XVe siècle de Lucrèce Borgia. A l’époque de sa sortie en 1974, le film fit scandale et fut très remarqué. Une pré-publicité habile et une interdiction de la censure contribuèrent à le rendre particulièrement attirant. Il fut alors paré de nombreuses qualités notamment celle de « redonner à l’érotisme ses lettres de noblesse ». Avec le recul, tous ces corps nus féminins mis en scène avec un excès de théâtralité précieuse n’a bien entendu plus le même effet libérateur. L’ensemble paraît même plutôt ennuyeux mais on peut s’amuser au spectacle du jeune Fabrice Luchini qui utilise les marées pour initier sa jeune amie aux plaisirs de la fellation ou encore s’étonner de l’audace de certaines scènes ouvertement iconoclastes. Borowczyk alterne les plans larges avec de très gros plans et, dans les meilleurs moments, esthétise ses plans de façon quasi picturale.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lise Danvers, Fabrice Luchini, Charlotte Alexandra, Paloma Picasso
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Remarque :
La diffusion du film était à l’époque précédée d’un court métrage Une collection particulière où Borowczyk montre sa collection très fournie d’objets érotiques. On retrouve cet attrait du cinéaste pour les objets dans le deuxième sketch, Thérèse philosophe, variation étonnante autour d’un corps et de nombreux objets et vêtements.

5 novembre 2013

Paris, Texas (1984) de Wim Wenders

Paris, TexasSous le soleil brûlant du désert à la frontière mexicaine, un homme marche avec détermination sous le regard des vautours. Il parvient enfin à une station service isolée où il s’écroule d’épuisement. Soigné, l’homme refuse de parler. Grâce à une carte de visite trouvée sur lui, on appelle son frère… Paris, Texas est un très beau film, l’un des plus beaux qui soient. Il s’en dégage une sensation de plénitude et on peut s’interroger sur son origine : est-ce la superbe photographie ? Le caractère contemplatif de l’image ? La justesse des situations et des dialogues ? La force et le naturel du jeu des acteurs ? L’inoubliable musique de Ry Cooder ? La modernité empreinte de classicisme du cinéma de Wenders ? C’est certainement tout cela à la fois. Le scénario a été écrit par Sam Shepard en collaboration étroite avec Wim Wenders. L’histoire est forte tout en restant simple, celle d’un homme à la recherche d’une vie qu’il a volontairement quittée. Le jeu d’Harry Dean Stanton est particulièrement intense, l’acteur s’étant en partie identifié avec son personnage. Quelque trente ans après sa sortie, Paris, Texas garde toute sa séduction. Comme pour tous les grands films, le temps semble ne pas avoir de prise sur lui.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell, Aurore Clément, Hunter Carson
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Remarques :
* Wim Wenders raconte que, lorsque Sam Shepard a du s’absenter pour le tournage du film Country de Richard Pearce, c’est avec Kit Carson (le père du jeune acteur Hunter Carson) qu’il a fait les derniers ajustements de scénario.
* Pour la musique, c’est Wim Wenders qui a eu l’idée de la guitare seule jouée au bottleneck. Ry Cooder l’a composée et jouée face à l’image, « comme un musicien dans le cinéma muet » précise Wenders.
* Lorsque Harry Dean Stanton feuillette l’album photo, ce sont les photos de ses propres parents qui sont dans l’album.
* Paris, Texas est un film allemand mais la version originale en anglais.
* Paris, Texas achève la « période américaine » de Wim Wenders, une série de films où le cinéaste montre une certaine fascination (ou du moins une attraction) pour les Etats-Unis.
* Palme d’Or à Cannes en 1984.

Paris, TexasNastassja Kinski et Harry Dean Stanton dans Paris, Texas de Wim Wenders.

4 novembre 2013

Qui a tué Vicky Lynn? (1941) de H. Bruce Humberstone

Titre original : « I Wake Up Screaming »
Autre titre (UK) : « Hot Spot »

Qui a tué Vicky Lynn?Une jeune femme qui posait pour des magazines vient d’être assassinée. La police interroge de façon serrée l’homme qui l’avait découverte comme serveuse dans un restaurant et qui était devenu son agent. Le fait que la jeune modèle fut sur le point de quitter New York pour tenter sa chance à Hollywood laisse devenir le mobile… I Wake Up Screaming est un film remarquable (digne d’être remarqué) à plus d’un titre : tout d’abord, c’est un film noir de 1941 donc l’un des tous premiers dans cette décennie qui fut royale pour le genre. Ensuite, la structure du récit en plusieurs flashbacks non chronologiques et les brusques changements de ton préfigurent de façon étonnante ce que sera un film comme Laura quelques années plus tard. La photographie est elle aussi remarquable, l’utilisation de la lumière, les cadrages, les mouvements de caméra sont assez innovants ; on pourrait voir là l’influence de Citizen Kane mais le film de Welles n’est sorti que quelques mois auparavant. Enfin, le jeu des acteurs est solide avec un Victor Mature charmeur, une Betty Grable Qui a tué Vicky Lynn? (qui n’était pas encore devenue la pinup préférée des GI) dans un environnement assez inhabituel pour elle et surtout l’imposant et impressionnant Laird Cregar, sorte de Sydney Greenstreet dix fois plus inquiétant, acteur dont la carrière sera hélas très courte (1). Pour couronner le tout, l’histoire est assez originale, assez inattendue. I Wake Up Screaming est bel et bien un film remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Betty Grable, Victor Mature, Carole Landis, Laird Cregar, William Gargan, Alan Mowbray, Elisha Cook Jr.
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Remarques :
* La bande sonore utilise de façon étonnante la musique de Somewhere over the rainbow (du Magicien d’Oz) à plusieurs reprises, de façon sans doute un peu insistante. On remarquera aussi l’utilisation de la musique du générique pour entrer dans les flashbacks.
* Le scénario de I Wake Up Screaming est basé sur le roman Vicky de Steve Fisher, un auteur connu pour ses pulp stories. L’adaptation est signée Dwight Taylor.
* Le titre prévu était Hot Spot. Il fut changé au dernier moment pour I Wake up screaming. Le titre original est toutefois resté pour la version diffusée en Grande Bretagne.

(1) Laird Cregar décédera d’une crise cardiaque à la fin de 1944. Il avait alors 31 ans. Il a figuré dans seulement 16 films, entre 1940 et 1944.

3 novembre 2013

Rivière sans retour (1954) de Otto Preminger

Titre original : « River of No Return »

Rivière sans retourAprès une longue absence, le fermier Matt Calder retrouve son fils de neuf ans qu’il a peu connu. Tous deux vont s’installer dans une petite ferme isolée. L’enfant tient à dire adieu à Kay, une jeune chanteuse de saloon qui l’a hébergé. Quelques jours plus tard, ils voient passer sur un radeau pris dans les rapides Kay et son amant, un joueur qui a gagné dans des conditions douteuses une concession de mine d’or. Matt leur vient en aide… Rivière sans retour est le premier film en cinémascope d’Otto Preminger. C’est un film de commande (par contrat, le réalisateur doit encore un film à la Fox) dans un genre qu’il affectionne peu à priori, le western. Tourné en extérieur au Canada, dans les Alberta Rockies, le film profite pleinement des grands espaces et des rivières tumultueuses. Si personne n’était enthousiasmé par le tournage, le résultat n’en est pas moins remarquable. Rivière sans retour est un western calme et plutôt apaisant, sans grande scène d’action en dehors de la navigation dans les rapides, et qui repose sur des personnages attachants. Aujourd’hui, on le qualifierait certainement de « feel-good movie ». Loin des ses habituels rôles de sex-symbol, Marilyn Monroe joue ici avec beaucoup de fraicheur et même une certaine profondeur. A mesure qu’ils se débarrassent de leurs préjugés, les personnages gagnent une indéniable épaisseur. Rivière sans retour sera le seul western d’Otto Preminger.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Marilyn Monroe, Rory Calhoun, Tommy Rettig
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Remarques :
* Quand elle chante, Marilyn Monroe serait doublée par Gloria Wood. (Information vue sur IMDB seulement.) Rectification : Ce serait uniquement les vocalises de One Silver Dollar qui auraient été doublées par Gloria Wood, c’est à dire 5 secondes environ.
* Jean Negulesco a revendiqué la réalisation de certaines scènes qui avaient besoin d’être refaites.
* Otto Preminger raconte dans autobiographie que Marilyn Monroe avait beaucoup de mal à se remémorer son texte et qu’il fallait faire en général une vingtaine de prises. Preminger a rapidement pris en grippe la répétitrice de Marilyn, Natasha Lytess, « une allemande qui se faisait passer pour russe », qui orientait le jeu de l’actrice dans le mauvais sens. Marilyn ambitionnait de devenir une actrice dramatique et suivait hélas ses recommandations. Lorsque la répétitrice à commencé à donner des conseils à l’enfant Tommy Retig, Preminger a tenté de lui interdire le plateau mais Marilyn fit intervenir Zanuck. Preminger ajoute : « Marilyn n’était que pâte d’argile dans les mains de charlatans tels que Natasha Lytess. »
* A la fin du tournage, Otto Preminger se jura de ne plus travailler pour un studio et vendit sa maison californienne pour racheter son contrat qui le liait encore à la Fox.