4 janvier 2017

Drôle de couple II (1998) de Howard Deutch

Titre original : « The Odd Couple II »

Drôle de couple IIDix-sept ans après leur dernière rencontre, Oscar apprend que son fils va se marier avec la fille de Felix. Ils se retrouvent pour aller assister au mariage dans le sud de la Californie. Dès le début de leurs retrouvailles, cela se passe mal : Felix se foule la cheville et ce n’est que le début d’un voyage passablement mouvementé… Trente ans après Drôle de couple (c’est presque un record pour une suite), la Paramount réunit à nouveau Walter Matthau et Jack Lemmon pour Drôle de couple II. Maintenant septuagénaires, les deux acteurs se connaissent bien puisqu’ils ont déjà fait dix films ensemble. Et c’est de nouveau Neil Simon qui écrit le scénario, cette fois directement pour le cinéma, ce n’est pas l’adaptation d’une pièce. L’humour repose sur les dialogues avec beaucoup de one-liners (bons mots et réparties en une seule phrase) assez brillantes et sur un enchainement de mini-catastrophes qui peut paraître un peu excessif. Mais l’ensemble reste amusant grâce à ses deux comédiens principaux. C’est l’occasion de les voir ensemble pour la dernière fois, un tandem de grands acteurs de comédies. Pour les deux, Drôle de couple II sera leur avant-dernier film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jack Lemmon, Walter Matthau
Voir la fiche du film et la filmographie de Howard Deutch sur le site IMDB.

Drôle de couple 2
Walter Matthau et Jack Lemmon dans Drôle de couple II de Howard Deutch.

Drôle de couple 2
Jack Lemmon et Walter Matthau dans Drôle de couple II de Howard Deutch.

9 janvier 2016

La Vengeance aux deux visages (1961) de Marlon Brando

Titre original : « One-Eyed Jacks »

La Vengeance aux deux visagesAprès avoir dévalisé une banque au Mexique, Kid Rio (Marlon Brando) est abandonné lâchement par son complice et ami Dad Longworth (Karl Malden). Lorsqu’il parvient à s’évader du bagne cinq ans plus tard, Rio n’a qu’une idée en tête : retrouver son ancien acolyte pour se venger… One-Eyed Jacks est l’unique réalisation de l’acteur Marlon Brando. Initialement confié à Stanley Kubrick, le film connut une production tumultueuse mais le résultat est un western très personnel, franchement superbe. Les extérieurs sont splendides et le fait qu’une bonne partie se déroule au bord de la mer californienne tumultueuse lui donne un cachet assez unique. Mais c’est surtout les rapports entre les deux personnages principaux qui font toute la richesse du film, des rapports que l’on peut qualifier de multiples façons, oedipiens, avec un symbolique père et fils (les personnages ne sont pas nommés Kid et Dad pour rien), masochistes, etc. Le jeu de Marlon Brandon est joliment complexe, parvenant à faire passer une multitude de sentiments. Bien que le film ne comporte que peu de scènes d’action, la tension reste forte tout au long des quelque 2 heures 20. One-Eyed Jacks est ainsi un western unique en son genre, une réalisation très personnelle de Brando dont on peut regretter qu’il n’ait pas poursuivi en ce sens. Le film fut (et il est toujours) diversement apprécié.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Karl Malden, Katy Jurado, Ben Johnson, Slim Pickens
Voir la fiche du film et la filmographie de Marlon Brando sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le scénario est l’adaptation d’un roman de Charles Neider, The Authentic Death of Henry Jones, qui s’inspirait lui même de The Authentic Life of Billy le Kid écrit par le shérif Pat Garrett. Rod Serling en débuta l’écriture, suivi par Sam Peckinpah. Lorsque Stanley Kubrick arriva sur le projet, il écarta ce dernier pour le remplacer par Calder Willingham avec lequel il avait travaillé pour Les Sentiers de la Gloire. Le producteur Frank Rosenberg finit par imposer Guy Trosper.

* Prévu pour durer 6 semaines, le tournage dura en réalité 6 mois. Le budget fut triple de ce qui était prévu. Le perfectionnisme de Marlon Brando est le principal responsable de ces dépassements, même si son inexpérience a du également multiplier les prises. On a raconté qu’il pouvait rester des heures assis face à la mer à attendre que les vagues aient la vigueur qu’il souhaitait.

* Le montage fait par Marlon Brando donnait un film de 4h 45. Paramount le réduisit exactement à la moitié.

One-Eyed Jacks
Karl Malden et Marlon Brando dans La Vengeance aux deux visages de Marlon Brando.

One-Eyed Jacks
Marlon Brando et Pina Pellicer dans La Vengeance aux deux visages de Marlon Brando.

10 mars 2014

À l’est d’Eden (1955) de Elia Kazan

Titre original : « East of Eden »

À l'est d'EdenDans la Californie de 1917, à la veille de l’entrée en guerre des Etats Unis, un fermier rigoriste vit avec ses deux fils. Cal ne se sent pas aimé comme peut l’être son frère, il pense qu’il incarne le mal. Il a récemment découvert que sa mère n’est pas morte, comme son père a toujours affirmé, et qu’elle vit dans une ville voisine… Cette adaptation du roman de John Steinbeck À l’est d’Eden ne porte que sur une petite partie du livre. Elia Kazan ne fait pas particulièrement preuve de légèreté en en faisant une variation biblique de l’histoire de Caïn et Abel, aux effets mélodramatiques appuyés. Avec le recul, cette lourdeur semble apparaître d’autant plus. Le film doit en partie sa réputation au fait d’être le premier des trois grands films de James Dean, alors un jeune acteur peu connu de théâtre et de télévision. Très marqué Actors Studio, son jeu est assez puissant (d’autant plus puissant que le personnage de Cal avait quelque écho avec sa propre vie) À l'est d'Eden mais a le défaut d’être en décalage total avec les autres acteurs. Elia Kazan ne parvient pas à atteindre la fusion, à tel point que l’on a parfois l’impression qu’il y a deux films : celui où joue James Dean et celui où jouent les autres acteurs. Quoiqu’il en soit, À l’est d’Eden marquera les esprits pour ce portrait de James Dean en adolescent tourmenté et en rupture, désespérément en quête d’amour et dont les aspirations se heurtent au puritanisme du père.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julie Harris, James Dean, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet
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Remarque :
* À l’est d’Eden est le seul des 3 films de James Dean à être sorti avant sa mort (l’accident qui lui coûta la vie eut lieu le 30 septembre 1955).

28 mai 2013

Les Raisins de la colère (1940) de John Ford

Titre original : « The Grapes of Wrath »

Les Raisins de la colèreLorsque Tom Joad rentre chez lui après quatre années d’absence, il trouve la situation bien changée. Après plusieurs récoltes ravagées par les tempêtes de poussière et expulsés sans scrupule par les propriétaires, les fermiers d’Oklahoma quittent leurs terres, attirés par les promesses de travail abondant en Californie… L’adaptation du grand roman de John Steinbeck, Les Raisins de la colère, était au départ un projet de Daryl Zanuck qui en confia la réalisation à John Ford. Touché par cette histoire, le réalisateur y a vu une analogie avec la grande famine de l’Irlande de ses ancêtres. Il la filme avec un grand réalisme, presque documentaire, et une grande honnêteté qui font des Raisins de la colère un film humaniste de grande envergure. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux rôles d’Henri Fonda, le plus beau d’après lui, l’acteur contribuant à donner une nature christique à son personnage. Certes, le propos de Steinbeck a été édulcoré, dépolitisé, amoindri mais il reste suffisamment fort, une ode poignante à la dignité humaine.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin
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Remarques :
Grappes d'amertume * L’adaptation a été écrite par Nunnally Johnson.
* Le livre de John Steinbeck et le film de John Ford ont été édités en Belgique sous le titre Grappes d’amertume.
* Les Raisins de la colère comporte deux fins et les copies en circulation montrent l’une ou l’autre. John Ford avait terminé son film avec le départ de Tom après sa superbe profession de foi. A la demande de Daryl Zanuck, il fut ajouté une autre scène (de 4 minutes environ) où l’on voit la famille Joad quitter le camp pour un bon travail de plusieurs semaines et Ma Joad dit à son mari : « Nous durerons toujours car nous sommes le peuple. On ne peut nous effacer. »
* Pour juger du caractère réaliste du film, on peut le rapprocher des travaux des grands photographes qui ont travaillé pour la F.S.A. (Farm Security Administration) à la fin des années trente : Walker Evans et Dorothea Lange sont les plus connus, à juste titre d’ailleurs, mais il y a aussi Russell Lee, Arthur Rothstein, Ben Shahn et John Vachon.