9 mars 2014

Trop de maris (1940) de Wesley Ruggles

Titre original : « Too Many Husbands »

Trop de marisQuelques mois après que son mari Bill ait été déclaré mort, perdu en mer, Vicky s’est remariée avec son associé et meilleur ami Henry. Or, un beau matin, Bill réapparaît : il était resté bloqué sur une petite île déserte. Vicky se retrouve alors avec deux maris. Lequel va-t-elle choisir ? … Adapté d’une pièce de Somerset Maugham jouée à Broadway en 1919, Too Many Husbands est une comédie de type screwball qui s’amuse avec le concept de polygamie : après avoir été catastrophée du caractère insoluble de sa situation, Vicky se rend compte qu’elle est au centre de toutes les attentions et décide de profiter de la situation. Si la comédie est plaisante et ne génère pas l’ennui, elle ne s’envole vraiment à aucun moment, l’ensemble restant assez sage. Certes, la censure est passée par là, réduisant sans doute le propos, mais l’écriture manque indéniablement de brillance. Deux mois après ce Too Many Husbands de la Columbia, RKO a sorti le merveilleux My Favorite Wife de Garson Kanin, qui est la situation exactement inverse (un homme avec deux épouses) pour un résultat autrement plus réussi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Fred MacMurray, Melvyn Douglas, Harry Davenport
Voir la fiche du film et la filmographie de Wesley Ruggles sur le site IMDB.
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Remarques :
* Deux fins ont été tournées (Jean Arthur choisissant l’un ou l’autre des deux maris) et plus de 10 000 questionnaires furent distribués à des audiences-tests pour savoir qu’elle était celle qui remportait le plus d’adhésion (un procédé si souvent utilisé à Hollywood mais dont on n’est pas obligé de penser que du bien…)
* L’histoire est une variation du poème Enoch Arden de Lord Tennyson, poème déjà adapté par D.W. Griffith : Enoch Arden Part 1 et Enoch Arden Part 2 (1911), puis une nouvelle fois en moyen métrage, Enoch Arden (1915) avec Lilian Gish et Alfred Paget

Remake :
Tout le plaisir est pour moi (Three for the show) de H.C. Potter (1955) avec Betty Grable et Jack Lemmon.

23 février 2012

Je ne suis pas un ange (1933) de Wesley Ruggles

Titre original : « I’m No Angel »

Je ne suis pas un angeLa belle Tira est danseuse et dompteuse de lions dans une foire ambulante. Par besoin d’argent pour se tirer d’un mauvais pas, elle accepte de faire un numéro dangereux où elle met sa tête dans la gueule d’un lion. Se basant sur les prédictions d’un fakir de foire, elle attend de rencontrer un homme riche et, en attendant, multiplie les conquêtes… Troisième film de Mae West, Je ne suis pas un ange cherchait à capitaliser sur le succès de She Done Him Wrong. L’actrice se remet en tandem avec le jeune Cary Grant et, bien entendu, continue à jouer son personnage de femme provocante au déhanchement exagéré, personnage proche de la caricature qui aligne les répliques à double sens sexuel. L’histoire s’enlise un peu pendant la première moitié du film, où Mae West s’amuse à jouer la dompteuse, Je ne suis pas un ange mais tient ses promesses sur la seconde avec une scène de procès absolument jubilatoire : Mae West décide en effet d’interroger elle-même les témoins de l’accusation et c’est un festival de bons mots. Bien entendu, il y a là largement de quoi réveiller la censure et énerver la League of Decency : les films de Mae West ont indéniablement renforcé leur détermination à agir. Je ne suis pas un ange connut un très grand succès, Mae West apportant un succès supplémentaire à Paramount qui était alors mal en point.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Cary Grant, Edward Arnold, Ralf Harolde
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Remarques :
C’est Mae West qui écrivait elle-même ses scénarios et ses dialogues.
Exemple-type de réplique :
– Tira, comment avez-vous fait pour avoir une telle quantité d’hommes dans votre vie ?
– Vous savez, ce n’est pas la quantité d’hommes dans votre vie qui est important, c’est la quantité de vie qu’il y a dans vos hommes !
(It’s not the men in your life that matters, it’s the life in your men.)
D’autres sont plus difficiles à traduire sans casser le jeu de mots :
– Tira, you’ve been very good
– When I’m good, I’m very good. When I’m bad, I’m better.

C’est dans Je ne suis pas un ange que Mae West dit sa célèbre phrase « Beulah, peel me a grape » (Beulah est le nom de sa femme de chambre). Cette phrase lui aurait été inspirée par l’observation de son singe apprivoisé qui raffolait de raisin et qui pelait tous les grains avant de les engloutir. Cette phrase est devenue ultra-célèbre pour exprimer une certaine langueur luxueuse. Dave Frishberg a écrit une chanson intitulée « Peel me a grape », chantée par Anita O’Day dans les années 60 et reprise plus récemment par Diana Krall qui en fait un grand succès.