12 janvier 2020

Shaun le mouton, le film (2015) de Mark Burton et Richard Starzak

Titre original : « Shaun the Sheep Movie »

Shaun le mouton, le film (Shaun the Sheep Movie)Shaun est un mouton malicieux qui est las du train-train quotidien de la ferme. Il trouve le moyen d’endormir le fermier et l’enfermer dans une caravane, afin d’avoir une journée de repos avec ses congénères. Mais les choses tournent mal : la caravane, mal calée, part à toute vitesse sur la route qui mène à la Grande Ville…
Le personnage de Shaun est apparu pour la première fois en 1995 dans une aventure du duo Wallace et Gromit créé par Nick Park, le court-métrage A Close Shave (Rasé de près). Il fut ensuite au centre d’une série télévisée d’animation britannique (Shaun The Sheep : 150 épisodes de 6 minutes de 2007 à 2016 sur la BBC). Shaun le mouton, le film, sorti lui aussi des studios Aardman Animations, est adapté de cette série. La technique utilisée est celle de l’animation en volume, à base de pâte à modeler. Le film ne comprend aucun dialogue articulé : les personnages s’expriment par cris d’animaux, par grognements ou syllabes inintelligibles pour les humains, ce qui implique la nécessité d’une plus grande variété et précision dans les postures et animations. La mise en place est un peu longue mais rapidement l’humour s’intensifie avec de belles trouvailles et des situations vraiment très variées. Le rythme est rapide, l’ensemble est enlevé et on ne s’ennuie pas une seconde. Shaun le mouton, le film nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Mark Burton et Richard Starzak sur le site IMDB.
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Shaun le mouton, le film (Shaun the Sheep Movie)Shaun le mouton, le film (Shaun the Sheep Movie) de Mark Burton et Richard Starzak.

12 novembre 2019

Les feux de l’été (1958) de Martin Ritt

Titre original : « The Long, Hot Summer »

Les feux de l'été (The Long, Hot Summer)Accusé d’avoir incendié une grange et chassé de sa ville, Ben Quick arrive à Frenchmen’s Bend, Mississippi. Il parvient à se faire accepter par Will Varner qui domine la bourgade et règne en despote sur sa propre famille…
Les feux de l’été est adapté du roman Le Hameau de William Faulkner mais il évoque plutôt Tennessee Williams par son atmosphère. Martin Ritt met en scène cette histoire de façon mesurée, sans excès de dramatisation ou de lyrisme. Il semble même osciller entre le drame et la comédie, sans vraiment vouloir choisir. Le déroulement manque un peu de cohésion mais seul le happy-end paraît maladroitement plaqué. Le film est porté par son interprétation : Orson Welles donne une forte personnalité et beaucoup de présence à son personnage, Paul Newman a un jeu assez simple en arriviste charmeur et terriblement séduisant. Le Technicolor est resplendissant. Les feux de l’été est un film sans aucun doute plus simple et moins intense qu’escompté, c’est sans doute la raison pour laquelle il est généralement massacré par la critique française. Il est pourtant très plaisant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joanne Woodward, Anthony Franciosa, Orson Welles, Lee Remick, Angela Lansbury
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Remarques :
* Paul Newman est ici dans son premier grand film. 1958 sera une grande année pour l’acteur puisqu’il enchaînera ensuite Le Gaucher d’Arthur Penn et La chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks.
* Peu après la fin du tournage, Paul Newman divorcera pour épouser Joanne Woodward. Ils resteront ensemble plus de cinquante ans, jusqu’à la mort de l’acteur en 2008.

Les feux de l'été (The Long, Hot Summer)Paul Newman et Orson Welles dans Les feux de l’été (The Long, Hot Summer) de Martin Ritt.

6 septembre 2014

Le Temps de la colère (1956) de Richard Fleischer

Titre original : « Between Heaven and Hell »

Le temps de la colèreFils d’un riche planteur de coton du sud des Etats-Unis, le jeune Sam Gifford se retrouve en 1945 sur une île du Pacifique en proie à d’incessants combats contre les soldats japonais. Pour avoir frappé un officier lors d’une mission, il a été rétrogradé et envoyé dans un poste avancé dirigé par l’étrange capitaine Waco…
Between Heaven and Hell, titre bizarrement traduit Le Temps de la colère (1), est un film de guerre assez riche par les sujets qu’il aborde. Le thème principal est celui de l’inadaptabilité de l’homme à l’univers de la guerre ce qui en fait par essence un film antimilitariste. L’environnement de la guerre accentue les névroses. Le capitaine Waco (à noter que wacky ou wacko signifie en anglais argotique « cinglé ») est un véritable psychopathe qui peut donner libre cours à ses fantaisies. Toutefois, Richard Fleischer contrebalance cela avec un autre aspect, plus bénéfique celui-là, sur le comportement humain : la guerre abolit les différences de classe sociale, le jeune héritier qui traitait fort mal ses métayers mesure ici leur vraie valeur humaine et, pour la première fois de sa vie, il se fait des amis. Richard Fleischer étudie comment la guerre peut modifier ou révéler la nature humaine. La construction utilise habilement de grands flashbacks.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Wagner, Terry Moore, Broderick Crawford, Buddy Ebsen
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(1) Une fois de plus, il est manifeste que la personne qui a choisi Le Temps de la colère comme titre français n’avait pas vu le film auparavant ; il n’avait probablement lu que les deux premières lignes du synopsis…

Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell)Robert Wagner et Terry Moore dans Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) de Richard Fleischer.

Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) de Richard Fleischer.

14 mars 2014

Cheval de guerre (2011) de Steven Spielberg

Titre original : « War Horse »

Cheval de guerreA la veille de la Première Guerre mondiale, un fermier sans le sou achète un superbe cheval à la grande joie de son fils. Il doit d’abord être éduqué pour labourer une parcelle qui doit les sauver de la ruine. Mais le destin de ce superbe cheval ne va pas s’arrêter là… Cheval de guerre est adapté d’un roman pour la jeunesse de l’anglais Michael Morpurgo. Steven Spielberg en fait un beau film à grand spectacle. Il faut toutefois être patient car les quarante premières minutes sont d’une grande platitude, d’un lyrisme fabriqué de toutes pièces avec la musique de John Williams en renfort. Les violons et les cuivres ne chôment pas. Le film prend une autre dimension au moment où l’histoire bascule dans la guerre, Spielberg créant alors des scènes assez magistrales, d’une grande perfection de mise en scène. Il parvient à créer de la magie dans l’environnement le plus terrible qui soit, faisant l’impasse sur les côtés les plus noirs sans pour autant sacrifier le réalisme de ses scènes. Cheval de guerre conserve son parfum de conte pour enfants. Ses recettes, très hollywoodiennes, peuvent rebuter mais lorsqu’elles sont appliquées avec une telle maestria, il est difficile de ne pas se laisser faire.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irvine, Peter Mullan, Emily Watson, Niels Arestrup
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10 mars 2014

À l’est d’Eden (1955) de Elia Kazan

Titre original : « East of Eden »

À l'est d'EdenDans la Californie de 1917, à la veille de l’entrée en guerre des Etats Unis, un fermier rigoriste vit avec ses deux fils. Cal ne se sent pas aimé comme peut l’être son frère, il pense qu’il incarne le mal. Il a récemment découvert que sa mère n’est pas morte, comme son père a toujours affirmé, et qu’elle vit dans une ville voisine… Cette adaptation du roman de John Steinbeck À l’est d’Eden ne porte que sur une petite partie du livre. Elia Kazan ne fait pas particulièrement preuve de légèreté en en faisant une variation biblique de l’histoire de Caïn et Abel, aux effets mélodramatiques appuyés. Avec le recul, cette lourdeur semble apparaître d’autant plus. Le film doit en partie sa réputation au fait d’être le premier des trois grands films de James Dean, alors un jeune acteur peu connu de théâtre et de télévision. Très marqué Actors Studio, son jeu est assez puissant (d’autant plus puissant que le personnage de Cal avait quelque écho avec sa propre vie) À l'est d'Eden mais a le défaut d’être en décalage total avec les autres acteurs. Elia Kazan ne parvient pas à atteindre la fusion, à tel point que l’on a parfois l’impression qu’il y a deux films : celui où joue James Dean et celui où jouent les autres acteurs. Quoiqu’il en soit, À l’est d’Eden marquera les esprits pour ce portrait de James Dean en adolescent tourmenté et en rupture, désespérément en quête d’amour et dont les aspirations se heurtent au puritanisme du père.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julie Harris, James Dean, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet
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Remarque :
* À l’est d’Eden est le seul des 3 films de James Dean à être sorti avant sa mort (l’accident qui lui coûta la vie eut lieu le 30 septembre 1955).

28 mai 2013

Les Raisins de la colère (1940) de John Ford

Titre original : « The Grapes of Wrath »

Les Raisins de la colèreLorsque Tom Joad rentre chez lui après quatre années d’absence, il trouve la situation bien changée. Après plusieurs récoltes ravagées par les tempêtes de poussière et expulsés sans scrupule par les propriétaires, les fermiers d’Oklahoma quittent leurs terres, attirés par les promesses de travail abondant en Californie… L’adaptation du grand roman de John Steinbeck, Les Raisins de la colère, était au départ un projet de Daryl Zanuck qui en confia la réalisation à John Ford. Touché par cette histoire, le réalisateur y a vu une analogie avec la grande famine de l’Irlande de ses ancêtres. Il la filme avec un grand réalisme, presque documentaire, et une grande honnêteté qui font des Raisins de la colère un film humaniste de grande envergure. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux rôles d’Henri Fonda, le plus beau d’après lui, l’acteur contribuant à donner une nature christique à son personnage. Certes, le propos de Steinbeck a été édulcoré, dépolitisé, amoindri mais il reste suffisamment fort, une ode poignante à la dignité humaine.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin
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Remarques :
Grappes d'amertume * L’adaptation a été écrite par Nunnally Johnson.
* Le livre de John Steinbeck et le film de John Ford ont été édités en Belgique sous le titre Grappes d’amertume.
* Les Raisins de la colère comporte deux fins et les copies en circulation montrent l’une ou l’autre. John Ford avait terminé son film avec le départ de Tom après sa superbe profession de foi. A la demande de Daryl Zanuck, il fut ajouté une autre scène (de 4 minutes environ) où l’on voit la famille Joad quitter le camp pour un bon travail de plusieurs semaines et Ma Joad dit à son mari : « Nous durerons toujours car nous sommes le peuple. On ne peut nous effacer. »
* Pour juger du caractère réaliste du film, on peut le rapprocher des travaux des grands photographes qui ont travaillé pour la F.S.A. (Farm Security Administration) à la fin des années trente : Walker Evans et Dorothea Lange sont les plus connus, à juste titre d’ailleurs, mais il y a aussi Russell Lee, Arthur Rothstein, Ben Shahn et John Vachon.

23 septembre 2011

Visages d’Orient (1937) de Sidney Franklin

Titre original : « The Good Earth »
Autre titre français : « La terre chinoise »

La terre chinoiseL’histoire d’un couple de fermiers en Chine, à l’époque de la guerre civile… Adaptation d’un best-seller de Pearl Buck, Visages d’Orient  est une grande production de la MGM qui nécessita trois années de tournage. 200 hectares d’une vallée californienne furent transformés en campagne chinoise, des tonnes d’éléments de décor furent importées de Chine ; 1500 figurants furent employés. Le fait de faire interpréter des personnages chinois à des acteurs américains peut gêner. Cela ne correspond plus à nos standards modernes et choquera même certains spectateurs. Quand on accepte de dépasser cela, force est de constater que les performances de Luise Rainer et de Paul Muni sont assez remarquables. L’histoire, assez émouvante, est bien mise en place et développée. Certaines scènes sont très spectaculaires : les foules dans la grande ville au moment de la Révolution sont impressionnantes avec une scène de pillage d’un palais qui grouille de monde et l’attaque des sauterelles est une merveille de trucages, vraiment saisissante. Visages d’Orient / La Terre chinoise bénéficie d’une réalisation parfaite et d’une interprétation pleine de sensibilité. Le film reste assez prenant aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Muni, Luise Rainer, Walter Connolly, Tilly Losch, Charley Grapewin
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Remarques :
1) Ont également participé à la réalisation :
– George W. Hill qui a tourné certains plans en Chine en 1933/34. Il devait être le réalisateur du film. Il est mort en 1934 avant que le tournage proprement dit ne commence.
– Sam Wood, qui a tourné certaines scènes dont celle du pillage.
– Victor Fleming
– Gustav Machatý

2) La période couverte par cette saga va globalement de 1900 à 1925. Il faut donc garder à l’esprit qu’à sa sortie, le film traitait d’une Histoire assez récente.