8 octobre 2015

Partie de campagne (1936) de Jean Renoir

Partie de campagneUn dimanche de l’été 1860, M. Dufour, commerçant parisien, emmène sa belle-mère, sa femme, sa fille et son commis et futur gendre à la campagne. Ils s’arrêtent au bord d’une rivière dans une petite auberge pour y déjeuner et, espèrent-ils, y pêcher… Adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant, Partie de campagne a beau être un film inachevé (1), il n’en est pas moins un très beau film de Jean Renoir, d’une grande fraîcheur spontanée et très poétique. C’est certainement le film où sa filiation avec Pierre-Auguste Renoir est la plus manifeste : il tourne sur les rives du Loing, haut-lieu de l’impressionnisme et l’atmosphère évoque très fortement certains tableaux de son père. Certaines scènes, celle de la balançoire notamment, en sont étonnamment proches. Il y a chez le père et chez le fils une même glorification de la nature qui contraste ici avec les structures sociales qui sclérosent l’humain. L’harmonie de la nature semble s’être transmise au film, où tout semble à sa place avec une justesse instinctive de jeu. Le caractère inachevé du film est surtout perceptible dans le dénouement : survenant de façon abrupte, il devient d’autant plus terrible, d’une tristesse infinie. Le film a récemment été restauré ce qui nous permet d’en profiter encore plus pleinement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvia Bataille, Georges D’Arnoux, Jane Marken, André Gabriello, Jacques B. Brunius
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean Renoir chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jean Renoir

Partie de campagne
Sylvia Bataille et Georges Darnoux dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Partie de campagne
Sylvia Bataille dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Auguste Renoir
La Promenade et La Balançoire, deux tableaux de Pierre-Auguste Renoir.

Remarques :
* Faisant là ses débuts, Luchino Visconti était assistant sur le tournage. Le photographe Henri Cartier-Bresson était deuxième assistant (tout comme pour La vie est à nous et La règle du jeu).

* Les séminaristes de passage sont interprétés par Pierre Lestringuez (l’abbé, le plus âgé), l’écrivain Georges Bataille (mari de Sylvia Bataille), le photographe Henri Cartier-Bresson (celui qui est bouche bée devant la jeune fille). Le quatrième est parfois donné pour être Jacques Becker.

* Le petit garçon du début sur le pont est Alain Renoir, fils de Jean Renoir, le patron du restaurant est bien entendu Jean Renoir et sa femme (ou seulement servante ?) dans le film est sa femme dans la vie, Marguerite Renoir.

(1) Pour des raisons de mésentente, de difficultés financières et de mauvaises conditions météorologiques persistantes, le tournage s’est interrompu. Il n’est sorti qu’en 1946 dans un montage effectué par Marguerite Renoir, la femme de Jean Renoir qui était alors toujours aux Etats-Unis. La version ainsi montée dure 40 minutes. Il était prévue une première partie se déroulant à Paris pour bien mettre en place les personnages.

7 octobre 2015

Restauration Buster Keaton

Buster KeatonSerge Bromberg a lancé sa compagnie Lobster Films dans un grand project de restauration :

Les 32 courts métrages tournés par Buster Keaton entre 1917 et 1923, d’abord en tandem avec Fatty Arbuckle puis en solo. Il y a là de petites merveilles comme One Week, The Paleface, The Play House ou (le plus célèbre sans doute) Cops

Pour boucler le projet de 400 K€, Serge Bromberg a lancé un financement participatif sur Kickstarter pour une petite partie de la somme : Projet Lobster Keaton

A noter qu’un don de 120€ permet de recevoir (entre autres) le coffret DVD Blu-ray quand il sortira en 2016, ce qui revient à l’acheter en souscription. L’avantage avec Serge Bromberg est qu’il n’y a pas d’inquiétudes, on est sûr que le résultat sera merveilleux.

6 octobre 2015

Et vogue le navire… (1983) de Federico Fellini

Titre original : « E la nave va »

Et vogue le navire...A l’aube de la Première Guerre mondiale, un navire est affrété pour accomplir les dernières volontés d’une grande diva : aller disperser ses cendres au large de la petite île lointaine où elle est née. A bord du navire embarque un groupe hétéroclite composé de personnalités du monde de l’art lyrique et quelques personnes qui l’ont connue… Fellini nous décrit la fin d’un monde, avec des personnages excentriques et légèrement décadents qui accomplissent les rituels désuets et vains d’une vie mondaine de luxe. La scène est irréelle, surannée avec (on n’en attend pas moins de Fellini) une bonne dose d’insolite : un rhinocéros étrangement présent dans la cale prend ainsi une valeur symbolique (1). Seul point d’attache avec la réalité : la présence d’un journaliste (alter ego de Fellini, le cinéaste a d’ailleurs choisi un acteur qui lui ressemble), qui nous commente en direct les évènements avec un détachement assez comique. Fellini nous gratifie d’un début amusant qui joue avec la forme (et l’histoire du cinéma) : le film débute silencieusement en noir et blanc pour passer habilement au son et à la couleur. Même s’il a ses détracteurs, Et vogue le navire… est un film très fellinien, porté par le style et la vision d’un grand auteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Freddie Jones, Barbara Jefford, Victor Poletti, Peter Cellier, Elisa Mainardi, Norma West, Paolo Paoloni
Voir la fiche du film et la filmographie de Federico Fellini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Federico Fellini chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Federico Fellini

(1) Fellini précise : Le rhinocéros est « un des animaux les plus fascinants de l’univers, une des premières formes de vie, créature insolite, occulte, mystérieusement antique ». Sa présence est d’autant plus symbolique qu’il sera l’un des très rares survivants.

Et vogue le navire... de Fellini
Et vogue le navire… de Federico Fellini

5 octobre 2015

Le Mariage de Maria Braun (1979) de R.W. Fassbinder

Titre original : « Die Ehe der Maria Braun »

Le Mariage de Maria BraunMariée à la hâte sous les bombardements, Maria Braun attend le retour de son mari après la fin de la guerre dans un Berlin en ruines où l’on manque de tout. Un ami soldat lui annonce qu’il est mort. Maria doit s’en sortir et trouve un emploi d’entraineuse dans un bar où elle a une liaison avec un soldat américain… Le Mariage de Maria Braun est le premier volet d’une tétralogie consacrée à l’Allemagne nazie et post-nazie au travers de quatre destins de femmes (1). Le Mariage de Maria Braun débute à la fin de guerre et s’achève lors de la victoire de l’Allemagne à la Coupe de football 1954, symbole d’une nation qui tourne la page de la défaite. Splendidement personnifiée par Hanna Schygulla, Maria Braun est une femme à la fois victime et ambitieuse. La dure réalité de l’immédiat Après-guerre l’a métamorphosée en lutteuse hardie qui sait provoquer la chance plutôt que de l’attendre. La mise en scène de Fassbinder est d’une belle précision, parfaitement maitrisée. La prestation d’Hanna Schygulla est vraiment remarquable avec un mélange de distanciation et de sensualité assez unique. Le film connut un succès mérité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny
Voir la fiche du film et la filmographie de Rainer Fassbinder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Rainer Fassbinder chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Rainer Werner Fassbinder

Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla (à droite) dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Remarques :
* Caméo : Fassbinder apparaît en trafiquant au marché noir. Il propose à Maria une robe noire et, en soldes, les oeuvres complètes du poète Kleist… tout un symbole.
* Les producteurs voulaient Romy Schneider dans le rôle principal mais des propos publics peu amènes de Fassbinder à son propos ont rendu la collaboration impossible…

(1) Le Mariage de Maria Braun (1979), Lili Marleen (1981), Lola, une femme allemande (1981) et Le Secret de Veronika Voss (1982). Fassbinder ne les a pas tournés dans l’ordre chronologique, puisque Lili Marleen traite d’une période se situant avant Le Mariage de Maria Braun et l’histoire de Lola se situe après celle de Veronika Voss.

Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Le Mariage de Maria Braun
Photo de tournage : Hanna Schygulla, R.W. Fassbinder  et Gottfried John sur le tournage du  Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

4 octobre 2015

Livres : nouvelles parutions au 1er octobre 2015

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine :

Qui je suisTITRE : Qui je suis
AUTEUR : Charlotte Rampling et Christophe Bataille
EDITEUR : Grasset
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Acteur > Charlotte Rampling
« Je m’appelle Tessa Rampling. Charlotte est mon deuxième prénom mais il m’a saisie. Tessa est devenue Charlotte. Dès ma naissance, j’ai connu ce mélange un peu trouble de ce qui vient, passe, de ce qui blesse, de ce qu’on ne peut saisir…


Enfin, bref...TITRE : Enfin, bref…
AUTEUR : John Cleese
EDITEUR : Marabout
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Acteur > John Cleese
L’autobiographie du fondateur des Monty Python ! Ou comment un petit garçon malingre et timide est devenu l’un des plus grands comédiens britanniques ! Avec un humour pince-sans-rire et un sens du burlesque à toute épreuve, John Cleese, cofondateur des mythiques Monty Python, raconte son histoire, de son enfance en pleine campagne anglaise à la création des Monthy…


Le Magique et le VraiTITRE : Le Magique et le Vrai
AUTEUR : Christian Viviani
EDITEUR : Rouge Profond
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Technique > Acteurs
Chacun sait l’importance de l’acteur, pivot d’une large part de la création cinématographique. Il n’empêche que, sur le sujet, nous disposons de moins d’écrits vraiment informatifs et analytiques que dans d’autres domaines artistiques sollicités par le cinéma…


Alien : toutes les archivesTITRE : Alien
… toutes les archives
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Huginn & Muninn
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Un Film > Alien
Des documents d’archives et des interviews qui restituent l’univers et la création de la saga.


Hollywood à ShanghaïTITRE : Hollywood à Shanghaï
AUTEUR : Anne Kerlan
EDITEUR : Presses Universitaires de Rennes
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Pays > Chine
En 1930, un groupe d’entrepreneurs chinois vivant entre Shanghai, Hong Kong et Pékin, fondent une des plus grandes compagnies cinématographiques de l’époque, la Lianhua. La Chine est alors une nation jeune et vulnérable et leur projet est autant économique que politique…


Une vie après le nazisme:Entretien avec Jean-Pierre StephanTITRE : Thomas Harlan : Une vie après le nazisme
… Entretien avec Jean-Pierre Stephan
AUTEUR : Thomas Harlan
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Réalisateur > Veit Harlan
« Je suis l’enfant de mes parents, et c’est une catastrophe qui m’a défini. Jusqu’en 1945, c’était plutôt une aubaine. C’est ce que j’appelle un piège tendu. Il n’est pas possible de se détourner de son malheur…


James Bond : L'EncyclopédieTITRE : James Bond
… L’Encyclopédie
AUTEUR : John Cork et Collin Stutz
EDITEUR : Gründ
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Un Film > James Bond
« Je m’appelle Bond, James Bond… » Pour des millions de fans à travers le monde, cette réplique est associée à un univers où tout peut arriver, un univers où le danger impose l’exploit, où les plus maléfiques personnages côtoient les plus radieuses beautés, où l’exotisme est au rendez-vous…


Les clés d'un scénario réussiTITRE : Les clés d’un scénario réussi
AUTEUR : Aurélie Coffineau, Virginie Coffineau et Martin Matte
EDITEUR : Eyrolles
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Technique > Ecriture
Destiné aux scénaristes en activité ou (en apprentissage), cet ouvrage détaille comment réaliser un scénario efficace pour le cinéma (long-métrage), mais aussi pour une série, un documentaire, un film publicitaire…


Un monde truquéTITRE : Un monde truqué
AUTEUR : Tardi et Benjamin Legrand
EDITEUR : Casterman
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Un Film > Avril et le monde truqué
Les coulisses du film d’animation Avril et le monde truqué, réalisé par Jacques Tardi et scénarisé par Benjamin Legrand, à travers les décors, les personnages et les story-boards de cette uchronie se déroulant en 1941…


Star Wars - Yoda et la force: Le livre tu liras, tu plieras et tu exposerasTITRE : Star Wars – Yoda et la force
… Le livre tu liras, tu plieras et tu exposeras
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Un Film > Star Wars
100 citations issues de toute la saga Star Wars, sagesse des Chevaliers Jedi ou menaces des Seigneurs Sith…


Star Wars - Dark Vador: Le livre à lire, à plier et à exposerTITRE : Star Wars – Dark Vador
… Le livre à lire, à plier et à exposer
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Un Film > Star Wars
Revivez l’évolution d’Anakin Skywalker en Dark Vador à travers 210 citations issues des films de la saga, en français et en version orginiale ! Transformez facilement votre livre en véritable sculpture grâce aux repères…


Ultimate Star Wars: Personnages et créatures, lieux, technologie, véhiculesTITRE : Ultimate Star Wars
… Personnages et créatures, lieux, technologie, véhicules
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Un Film > Star Wars
Personnages et créatures, lieux, technologies, vaisseaux et autres véhicules, ligne temporelle… un panorama complet sous forme encyclopédique. Redécouvrez toute la galaxie Star Wars et remettez vos connaissances à jour avant la sortie de l’Episode VII.


Star Wars Graphics:L'univers décrypté en infographiesTITRE : Star Wars Graphics
… L’univers décrypté en infographies
AUTEUR : Virgile Iscan
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 30 septembre 2015
SUJET : Un Film > Star Wars
Des infographies pour tout savoir sur le vaste univers de Star Wars : liens entre les personnages, caractéristiques des vaisseaux, planètes visitées, droïdes, etc.


Avengers - L'ère d'Ultron:Tout l'art d'AvengersTITRE : Avengers – L’ère d’Ultron
… Tout l’art d’Avengers
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Huginn & Muninn
SORTIE : 01 octobre 2015
SUJET : Un Film > Avengers
Une invitation à découvrir le processus de création du film de super-héros accompagnée des croquis préparatoires.

3 octobre 2015

Phantom of the Paradise (1974) de Brian De Palma

Phantom of the ParadiseLe compositeur Winslow Leach se fait voler sa musique par un grand magnat du disque, Swan, qui cherche une musique pour l’ouverture de son club « Le Paradise ». Swan parvient même à le faire envoyer en prison sous une fausse accusation mais il parvient à s’en évader et revient, bien décidé à détruire son oeuvre… Phantom of the Paradise (quelquefois nommé Le Fantôme du Paradis en français) est une version moderne du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, mâtiné d’une bonne dose de Faust. Brian De Palma l’a voulue sous la forme d’un opéra-rock et a eu toutes les peines du monde à monter son projet. C’est finalement Paul Williams qui en a écrit la musique et en interprète le rôle principal. De Palma de son côté puise dans de nombreuses sources ce qui peut donner une impression de fourre-tout à l’ensemble. Sur le fond, le film dénonce le mercantilisme du monde de la musique où signer un contrat équivaut à signer un pacte avec le diable. Le public n’est pas épargné, montré comme une foule décérébrée prête à aduler n’importe quoi dans de véritables hystéries collectives. On trouve déjà certains des thèmes qui deviendront récurrents chez le réalisateur, notamment le voyeurisme, puisque Swan utilise de nombreuses caméras vidéo pour asseoir son pouvoir, mais aussi celui du double, de la victime, du monstre. Même s’il fut remarqué et apprécié pour sa musique, Phantom of the Paradise fut un échec commercial à sa sortie. Ce n’est qu’avec le temps qu’il a bâti sa renommée. Il la mérite car c’est un film à nul autre pareil.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Finley, Paul Williams, Jessica Harper, Gerrit Graham
Voir la fiche du film et la filmographie de Brian De Palma sur le site IMDB.

Voir les autres films de Brian De Palma chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Brian De Palma

Remarques :
* La séquence de la bombe dans le coffre est un hommage à Orson Welles (Touch of Evil, La Soif du mal), celle de la douche est bien évidemment un hommage à Hitchcock (avec une chute très amusante) et le tireur dans la salle de concert également (L’homme qui en savait trop), l’éternelle jeunesse évoque Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (adapté par Albert Lewin au cinéma), la présentation du nouveau chanteur dans un cercueil fait inévitablement penser au Cabinet du docteur Caligari, le show d’ouverture du Paradise à Frankenstein.

* La maison de disque devait s’appeler Swan Song Records. Pour éviter tout conflit avec la maison de disque de Led Zeppelin (Swan Song), elle fut rebaptisée en Death Records et le logo fut recouvert après tournage (parfois pas très bien).
* On peut penser que le personnage de Swan est vaguement inspiré de Phil Spector.
* Phantom of the Paradise aurait influencé le groupe Daft Punk dans leur décision de se cacher derrière des masques.

Phantom of the Paradise
William Finley et Paul Williams Phantom of the Paradise de Brian De Palma

1 octobre 2015

Snowpiercer – le Transperceneige (2013) de Bong Joon-ho

Titre original : « Snowpiercer »

Snowpiercer - le transperceneigeEn répandant un gaz pour stopper le réchauffement climatique, l’homme a provoqué un nouvel âge glaciaire qui a éradiqué toute vie sur Terre. Seuls subsistent un petit millier de personnes dans un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans s’arrêter, et dans lequel une hiérarchie de classes s’est formée : alors qu’à l’avant, une minorité vit dans l’aisance, des centaines de gens sont entassés à l’arrière dans une misère extrême… Snowpiercer est l’adaptation de la bande dessinée française Le Transperceneige de Jean-Marc Rochette, Benjamin Legrand et Jacques Lob, parue en 1984. Il ne faut surtout pas chercher de vraisemblance dans cette histoire post-apocalyptique, les incohérences sont légion. Il faut plutôt la prendre comme une fable : le lieu restreint permet de créer un microcosme où les différences entre classes sociales sont poussées à l’extrême et où une révolte offre de nombreuses possibilités de scènes d’action (car le film regorge d’action et le sang coule abondamment). La métaphore reste assez grossière, le meilleur se situe certainement dans les décors : les extérieurs avec les villes saisis par le froid sont hélas trop rares mais à l’intérieur, chaque wagon traversé révèle un décor totalement différent et certains (l’aquarium par exemple) sont féériques. Le réalisateur coréen Joon-ho Bong n’a pas cherché à rendre les décors vraisemblables, il a gardé un esprit « bande dessinée ». Ce parti-pris lui permet également d’avoir une entière liberté dans les scènes : si la plupart des wagons sont simplement traversés et que d’autres ne sont que le théâtre d’interminables scènes d’action, quelques-uns offrent une scène inattendue : celle de l’école est une petite merveille. Malgré une diffusion plutôt limitée, Snowpiercer a été généralement très bien accueilli par la critique et le public. Il a le mérite d’être particulièrement original.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chris Evans, Song Kang-ho, Ed Harris, John Hurt, Tilda Swinton, Jamie Bell
Voir la fiche du film et la filmographie de Bong Joon-ho sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Bong Joon-ho chroniqués sur ce blog…

Snowpiercer
Chris Evans et Song Kang-ho dans Snowpiercer – le Transperceneige de Bong Joon Ho.

30 septembre 2015

Sommaire de septembre 2015

Il importe d'être constantTu m'as sauvé la vieCamouflageLe CriL'Auberge rougeSalomon et la reine de SabaL'Indésirable

Il importe d’être constant

(1952) de Anthony Asquith

Tu m’as sauvé la vie

(1950) de Sacha Guitry

Camouflage

(1977) de Krzysztof Zanussi

Le Cri

(1957) de Michelangelo Antonioni

L’Auberge rouge

(1951) de Claude Autant-Lara

Salomon et la reine de Saba

(1959) de King Vidor

L’Indésirable

(1914) de Michael Curtiz

Une vierge sur canapéL'Homme de l'OuestLa Chronique de GrieshuusLa Guerre des cerveauxMessalineGertrudOrdet

Une vierge sur canapé

(1964) de Richard Quine

L’Homme de l’Ouest

(1958) d’Anthony Mann

La Chronique de Grieshuus

(1925) de Arthur von Gerlach

La Guerre des cerveaux

(1968) de Byron Haskin

Messaline

(1960) de Vittorio Cottafavi

Gertrud

(1964) de Carl Theodor Dreyer

Ordet

(1955) de Carl Theodor Dreyer

Jour de colèreOblivion

Jour de colère

(1943) de Carl Theodor Dreyer

Oblivion

(2013) de Joseph Kosinski

Nombre de billets : 16

28 septembre 2015

Il importe d’être constant (1952) de Anthony Asquith

Titre original : « The Importance of Being Earnest »

Il importe d'être constantA la toute fin du XIXe siècle, John Worthing s’est inventé un frère Constant (Ernest dans la version anglaise) pour pouvoir aller à Londres courtiser sous cette identité la jeune Gwendoline. Son stratagème est découvert par le cousin de la jeune fille qui s’est inventé, lui aussi, un cousin souffreteux pour s’échapper à la campagne. Lorsque John fait sa déclaration à Gwendoline, celle-ci lui répond positivement et affirme qu’elle a toujours rêvé d’épouser un homme prénommé Ernest (1)… Grand classique de l’humour britannique à son meilleur, Il importe d’être constant est une pièce brillante créée par Oscar Wilde en 1895. Cette comédie qui se moque des moeurs corsetés de la haute société victorienne est portée par des dialogues savoureux. L’humour y est tout en retenue mais assez… constant. Dans son adaptation au grand écran, Anthony Asquith reste très proche de la pièce que ce soit dans le texte ou sur la forme, filmant en longs plans-séquences avec des focales longues. Les performances d’acteurs, tous issus du théâtre, sont excellentes, très britanniques dans leur style, même si on peut trouver que Michael Redgrave et Michael Denison sont trop âgés pour leur rôle. La plus remarquable est probablement Edith Evans dont l’interprétation de Lady Bracknell a vraiment marqué.  Il importe d’être constant est une perle du cinéma britannique des années cinquante. Il pourra bien entendu rebuter le spectateur moderne par sa forme proche du théâtre filmé… mais, quand la pièce est si brillante en elle-même, est-il vraiment nécessaire d’y ajouter quelque chose ?
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michael Redgrave, Michael Denison, Edith Evans, Joan Greenwood, Dorothy Tutin, Margaret Rutherford
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Asquith sur le site IMDB.

Voir les autres films de Anthony Asquith chroniqués sur ce blog…

(1) « Ernest » est en anglais phonétiquement quasiment identique au mot « earnest » qui signifie « sérieux ». Le jeu de mots est encore meilleur en français puisque Constant est un prénom.

Il importe d'être constant
Michael Denison et Michael Redgrave dans Il importe d’être constant de Anthony Asquith

Il importe d'être constant
Dorothy Tutin et Joan Greenwood dans Il importe d’être constant de Anthony Asquith

Il importe d'être constant
Edith Evans dans Il importe d’être constant de Anthony Asquith

Autres adaptations :
L’importance d’être constant (The Importance of Being Earnest) par l’anglais Oliver Parker (2002)
The Importance of Being Earnest de l’américain Brian Bedford (2011), en réalité une représentation filmée de la pièce à Broadway
+ de nombreuses adaptations au petit écran, notamment britannique.

27 septembre 2015

Tu m’as sauvé la vie (1950) de Sacha Guitry

Tu m'as sauvé la vieUn baron, aigri à la suite d’une incapacité sexuelle et déçu par ses semblables, évite toutes les rencontres. Il semble n’avoir d’affection que pour ses employés de maison. Mais lorsqu’un clochard lui évite d’être piétiné par un cheval, il se prend d’amitié pour lui… Quelques mois après créé la pièce Tu m’as sauvé la vie au Théâtre des Variétés, Sacha Guitry décide de la porter sur grand écran. Les acteurs reprennent leur rôle (à part Pauline Carton qui ne figure pas dans le film). Le propos est fortement marqué par l’amertume de Guitry après avoir été injustement accusé de collaboration à la Libération, emprisonné brièvement et mis à l’opprobre. La misanthropie du personnage et la noirceur du propos sont l’écho de son fort ressentiment. Personne n’est épargné, tous les personnages ont des rapports intéressés, le mensonge et l’hypocrisie règlent les rapports humains. La seule échappatoire est la solitude. C’est donc un constat désabusé sur la nature humaine mais cela reste toutefois une comédie. Les bons mots sont souvent acerbes, toutefois. La forme est celle du théâtre filmé, tout se passe dans une seule et même pièce, la caméra restant à distance avec de rares gros plans. C’est la première collaboration de Guitry avec Fernandel pour qui il écrira Adhémar peu après. Tu m’as sauvé la vie est une pièce assez mineure de Sacha Guitry.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Fernandel, Lana Marconi, René Génin, Luce Fabiole, Jeanne Fusier-Gir
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sacha Guitry chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Sacha Guitry

Tu m'as sauvé la vie
Fernadel, Sacha Guitry et Lana Marconi dans Tu m’as sauvé la vie de Sacha Guitry

Remarque de Guitry voyant Fernandel sourire : « Ah, voilà, je savais bien que j’avais vu un deuxième cheval… »