6 mars 2016

Le Faux Coupable (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Wrong Man »

Le Faux coupableChristopher Emmanuel Balestrero est musicien, il tient la contrebasse dans un club new-yorkais plutôt huppé, et arrive tout juste à faire vivre sa petite famille. Il est reconnu à tort comme étant l’auteur de hold-up chez les commerçants de son quartier… Le Faux Coupable est basé sur un authentique fait divers. De façon inhabituelle pour lui, Alfred Hitchcock s’est efforcé de rester le plus près possible de la vérité, utilisant des décors réels, allant jusqu’à filmer certaines scènes de prison dans une véritable prison. Il raconte les faits vus, non pas par les yeux de l’un des enquêteurs, mais par les yeux de l’homme faussement accusé, ce qui est un parti-pris original. Il modifie un peu les faits pour augmenter la tension mais son principal défaut est certainement d’avoir trop centré le milieu de film sur le personnage de la femme ce qui casse la montée de cette tension. L’ensemble est très froid. Henry Fonda est bien entendu l’un des plus grands acteurs qui soient mais il est ici plus impénétrable et glacial que jamais. Par ailleurs, faut-il penser (comme François Truffaut dans ses entretiens avec Hitchcock) que le style du maître du suspense ne peut s’adapter à un tel récit de faits réels ?
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Vera Miles, Anthony Quayle
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Remarques :
* Caméo : La scène où Alfred Hitchcock a fait son habituelle apparition a été coupée au montage par lui-même. Il apparaissait en arrière plan quand Henry Fonda regarde les courses hippiques sur son journal dans le café (voir la 3e photo ci-dessous).
* Alfred Hitchcock apparait tout de même en ombre chinoise dans l’introduction. C’est d’ailleurs sa seule apparition parlante dans un de ses films (en revanche, il apparaît et parle abondamment dans nombre de ses « teasers » plein d’humour).

The Wrong Man
Vera Miles, Henry Fonda et Anthony Quayle dans Le Faux coupable de Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Ce plan, avec la tête d’Henry Fonda au dessus de la grille,  est l’une des belles trouvailles d’Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Même si la scène a été coupée au montage, ce plan avec le cameo d’Hitchcock a servi comme matériel publicitaire.

4 mars 2016

Livres : nouvelles parutions de février 2016

Livres sur le cinéma – Les sorties récentes :


Nicole KidmanTITRE : Nicole Kidman
AUTEUR : Alexandre Tylski
EDITEUR : Cahiers du cinéma
SORTIE : 01 mars 2016
SUJET : Acteur > Nicole Kidman
Nicole Kidman (née en 1967), véritable icône glamour et actrice phare d’Hollywood, a joué dans les films des plus grands réalisateurs, américains ou internationaux, de Gus Van Sant à Lars von Trier et de Jane Campion à Stanley Kubrick, en passant par David Fincher et Sydney Pollack…


George ClooneyTITRE : George Clooney
AUTEUR : Jeremy Smith
EDITEUR : Cahiers du cinéma
SORTIE : 01 mars 2016
SUJET : Réalisateur > George Clooney
George Clooney (né en 1961) est devenu célèbre dans le monde entier en1994, avec le lancement de la série Urgences, dans laquelle il joue le rôle du docteur Ross. Charismatique, l’acteur est intelligent, engagé et n a pas peur du ridicule. La carrière de Clooney est un savant mélange de séduction et de subversion…


La Comédie à l'italienne:L'histoire, les lieux, les auteurs, les acteurs, les filmsTITRE : La Comédie à l’italienne
… L’histoire, les lieux, les auteurs, les acteurs, les films
AUTEUR : Enrico Giacovelli
EDITEUR : Gremese
SORTIE : 25 février 2016
SUJET : Pays > Italie
127 fiches monographiques dédiées aux principaux auteurs et acteurs et de la comédie à l’italienne, genre révolu depuis 1980 : Mario Monicelli, Dino Risi, Ettore Scola, Luigi Comencini (auteurs) ; Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Monica Vitti, Claudia Cardinale (acteurs).


Les rôles de ma vieTITRE : Les rôles de ma vie
AUTEUR : Michel Galabru et Alexandre Raveleau
EDITEUR : Hors Collection
SORTIE : 11 février 2016
SUJET : Acteur > Michel Galabru
Michel Galabru était l’un des derniers monstres sacrés du cinéma français. Acteur de la comédie poulaire, il a tourné dans plus de 250 films et téléfilms, tout en menant en parallèle une belle carrière au théâtre. Considérant souvent le cinéma comme alimentaire et privilégiant le théâtre…


Un père pas comme les autresTITRE : Un père pas comme les autres
AUTEUR : Emmanuelle Boidron
EDITEUR : L’Archipel
SORTIE : 27 janvier 2016
SUJET : Acteur > Roger Hanin
« J’ai pleuré en apprenant la mort de mon papa de cinéma. Pour moi, il était devenu un papa tout court. Roger Hanin était à la fois mon père, mon mentor, mon ami, mon confident et mon pilier. Il m’a aidée à grandir et à devenir la femme que je suis aujourd’hui…


Charlie ChaplinTITRE : Charlie Chaplin
AUTEUR : Peter Ackroyd
EDITEUR : Philippe Rey
SORTIE : 04 février 2016
SUJET : Réalisateur > Charlie Chaplin
Il fut la première icône du grand écran et demeure, cent ans après son premier film, le visage le plus instantanément reconnaissable de Hollywood…


Je suis...Charlie ChaplinTITRE : Je suis…Charlie Chaplin
AUTEUR : Daniel Bonnet
EDITEUR : Jacques André
SORTIE : 10 février 2016
SUJET : Réalisateur > Charlie Chaplin
 » le devoir écrasant de faire rire  »

Quand les nationalismes et les dogmatismes montaient les hommes les uns contre les autres, Charlie Chaplin resta un citoyen du monde, un individualiste à la parole ferme et droite, ayant pour seule cause la défense de la personne humaine dans sa dignité et dans sa liberté…


Les Carnets:1. 1958-1975TITRE : Les Carnets
… 1. 1958-1975
AUTEUR : René Allio
EDITEUR : L’Entretemps
SORTIE : 25 février 2016
SUJET : Réalisateur > René Allio
Des petits carnets toujours de même format, de couleur rouge, marron ou noire… De 1958 à 1995 (l’année de sa mort), René Allio, réalisateur entre autres de Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère, des Camisards et de La Vieille dame indigne, remplit pour son usage personnel des carnets –; une quarantaine au total…


Arts plastiques et cinéma:dialogue autour de la restaurationTITRE : Arts plastiques et cinéma
… dialogue autour de la restauration
AUTEUR : Collectif dir. Béatrice de Pastre
EDITEUR : De l’incidence
SORTIE : 20 février 2016
SUJET : Technique > Esthétisme
Passerelle entre les arts plastiques et le 7e art, ce livre propose un partage de réflexions à partir d’un parcours à travers une sélection d’œuvres restaurées : un ensemble pictural des quatre Scènes de la vie du Christ (anonyme, 17e siècle, Musée de Valence), L’Atalante de Jean Vigo, les films Yves Klein, les films expérimentaux de Michel Amarger et Frédérique Devaux… des œuvres singulières et emblématiques, dont la sauvegarde interroge l’intention artistique originelle, l’intégrité, le statut de la restauration, chantier toujours à reprendre…

Actes des rencontres Viva Patrimoine conçues par LUX scène nationale en collaboration avec le CNC et le Musée de Valence…


Acteur et comédien:D'une passion à l'autreTITRE : Acteur et comédien
… D’une passion à l’autre
AUTEUR : Agnès Figueras-Lenattier
EDITEUR : L’Harmattan
SORTIE : 18 février 2016
SUJET : Technique > Acteurs
Le comédien de cinéma est-il forcément bon au théâtre et vice-versa ? En tout cas, que ce soit côté interprétation ou réalisation, il existe une différence entre le jeu au théâtre et le jeu au cinéma…


Filmer les frontièresTITRE : Filmer les frontières
AUTEUR : Collectif dir. Corinne Maury et Philippe Ragel
EDITEUR : Presses Universitaires de Vincennes
SORTIE : 18 février 2016
SUJET : Sociologie
Cet ouvrage entend se placer sous le signe d’une double matrice, esthétique et politique. Des cinéastes tels que Théo Angelopoulos, Chantal Akerman, Jean-Luc Godard, Atom Egoyan, Tariq Teguia, Sylvain George ou encore Park Chan wook ont filmé les lignes frontalières afin d’en montrer les usages, les tensions et les drames.


De l'analogique au numérique:Cinémas et spectateurs d'Afrique subsaharienne francophone à l'épreuve du changementTITRE : De l’analogique au numérique
… Cinémas et spectateurs d’Afrique subsaharienne francophone à l’épreuve du changement
AUTEUR : Delphe Kifouani
EDITEUR : L’Harmattan
SORTIE : 11 février 2016
SUJET : Pays > Afrique
L’auteur élabore une description rigoureuse des situations de production, de diffusion et des pratiques spectatorielles, connectées ou non à des écrans multiples…


Tim Burton, horreurs enfantinesTITRE : Tim Burton, horreurs enfantines
AUTEUR : Collectif dir. Mélanie Boissonneau, Adrienne Boutang et Bérénice Bonhomme
EDITEUR : L’Harmattan
SORTIE : 11 février 2016
SUJET : Réalisateur > Tim Burton
Issu d’un colloque, cet ouvrage rassemble des réflexions sur les relations entre enfance et horreur dans l’oeuvre de Tim Burton. Il vise à renouveler, sous cet intitulé paradoxal, les études déjà parues sur ce cinéaste charismatique, en proposant trois grandes lignes de force : Tim Burton et les arts, Autour des origines, L’image de l’Artiste.


Habiter le seuil:Cinéma et philosophieTITRE : Habiter le seuil
… Cinéma et philosophie
AUTEUR : Massimo Don?
EDITEUR : Mimesis
SORTIE : 09 février 2016
SUJET : Théorie
Ce livre s’adresse à tous ceux qui sont entrés dans une salle de cinéma au moins une fois dans leur vie, mais aussi à ceux qui s’intéressent à la philosophie. À ces esprits qui se posent depuis toujours des questions obsessionnelles sans réponse définitive…


Sharunas Bartas: ou les hautes solitudesTITRE : Sharunas Bartas
… ou les hautes solitudes
AUTEUR : Collectif dir. Robert Bonamy
EDITEUR : De l’incidence
SORTIE : 04 février 2016
SUJET : Réalisateur > Sharunas Bartas
De très hautes solitudes dans les films du cinéaste lituanien Sharunas Bartas, mais un livre à plusieurs voix, avec plusieurs ouvertures possibles : ses films perçus par des cinéastes (Claire Denis, Antoine Barraud, Leos Carax, Nicolas Klotz, David Yon, Michelangelo Frammartino, Guillaume Coudray), en poèmes (Jacques Sicard), prolongés par une performance photographique et littéraire (Jean-Christophe Norman), pensés dans ses inventions filmiques (Corinne Maury, Antony Fiant, Jacopo Rasmi, Thomas Voltzenlogel)…


Plus sur Un dimanche a la campagneTITRE : Plus sur Un dimanche a la campagne
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Atlande
SORTIE : 04 février 2016
SUJET : Un Film > Un dimanche à la campagne
Contributions de la table ronde de décembre 2015, Un Dimanche à la campagne, à l’université d’Amiens. Une série de textes autonomes qui multiplient les regards sur le film.


The Art of Dofus : Livre 1 : JulithTITRE : The Art of Dofus
… Livre 1 : Julith
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Ankama
SORTIE : 29 janvier 2016
SUJET : Un Film > Dofus
Les coulisses du premier long métrage d’Ankama. The art of DOFUS Livre I : Julith vous propose de plonger au coeur de la création du premier long métrage d’Ankama. Découvrez les recherches de personnages, décors, croquis, story-board mais aussi infos et anecdotes des artistes du studio français.

2 mars 2016

La Jeunesse de la bête (1963) de Seijun Suzuki

Titre original : « Yajû no seishun »

La Jeunesse de la bêteJo s’arrange pour se faire remarquer par un clan de la Mafia sans le but de se faire engager comme homme de main. Les Yakuza le recrutent rapidement et il intègre rapidement le gang. Mais a-t-il un autre but caché ? …. Seijun Suzuki est un réalisateur japonais (1), l’un des plus marquants du genre Yakuza Eiga (= films de Yakuza, c’est-à-dire films de gangsters). De 1956 à 1968, il a réalisé de nombreux films pour la Nikkatsu dont fort peu ont été distribués en Occident où sa découverte se situe dans les années quatre-vingt-dix. Son film le plus connu est La Marque du tueur (1967). La jeunesse de la bête est considéré comme l’un des tous premiers films où il affirme un style assez personnel. Il s’y montre assez inventif sur les plans et les mouvements de caméra, et aussi sur le montage notamment dans les passages d’une scène à une autre : il n’hésite à interrompre brutalement une scène par un fondu au noir soudain si tout a été dit ou fait. Aussi étonnant est cette touche d’humour qui revient assez régulièrement et qui deviendra l’une de ses marques de fabrique, Suzuki le poussant jusqu’à l’absurde. Le scénario est assez alambiqué, le double jeu du personnage principal étant parfois un peu difficile à suivre. Certaines scènes sont très violentes. De belle facture et assez prenant, La jeunesse de la bête est un film qui paraît très moderne.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jô Shishido, Misako Watanabe, Tamio Kawachi
Voir la fiche du film et la filmographie de Seijun Suzuki sur le site IMDB.

Voir les autres films de Seijun Suzuki chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Le joufflu Jo Shishido deviendra l’acteur préféré de Seijun Suzuki. On le retrouve dans plusieurs de ses films ultérieurs dont le fameux La Marque du tueur.

La Jeunesse de la bête
Jô Shishido (à droite)  dans La Jeunesse de la bête de Seijun Suzuki.

(1) Ne pas confondre Seijun Suzuki avec Norifumi Suzuki qui a réalisé de nombreux films pour la Toei entre 1968 et 1990, également dans le genre Yakuza Eiga.

29 février 2016

Sommaire de février 2016

BraquagesPauvres mais beauxL'autrePickpocketLa Grande Attaque du train d'orFranticLe Masque d'orLe mort qui marche

Braquages

(2001) de David Mamet

Pauvres mais beaux

(1957) de Dino Risi

L’autre

(1972) de Robert Mulligan

Pickpocket

(1959) de Robert Bresson

La Grande Attaque du train d’or

(1979) de Michael Crichton

Frantic

(1988) de Roman Polanski

Le Masque d’or

(1932) de Charles Brabin

Le mort qui marche

(1936) de Michael Curtiz

La classe ouvrière va au paradisLe Chant du MissouriMalec forgeronL'Évadé du bagneDont Look BackInside Llewyn DavisHonkytonk ManLe Trésor du pendu

La classe ouvrière va au paradis

(1971) de Elio Petri

Le Chant du Missouri

(1944) de Vincente Minnelli

Malec forgeron

(1922) de Buster Keaton et M. St. Clair

L’Évadé du bagne

(1948) de Riccardo Freda

Dont Look Back

(1967) de D.A. Pennebaker

Inside Llewyn Davis

(2013) de Joel Coen et Ethan Coen

Honkytonk Man

(1982) de Clint Eastwood

Le Trésor du pendu

(1958) de John Sturges

Viva Zapata!L'HorlogeAssassins et voleurs

Viva Zapata!

(1952) de Elia Kazan

L’Horloge

(1945) de Vincente Minnelli

Assassins et voleurs

(1957) de Sacha Guitry

Nombre de billets : 19

29 février 2016

Braquages (2001) de David Mamet

Titre original : Heist

BraquagesJoe (Gene Hackman) est un spécialiste du braquage, un vieux briscard qui échafaude des plans assez brillants pour mettre la main sur un butin avec une petite équipe très efficace. Il désire prendre sa retraite mais son commanditaire (Danny DeVito) lui impose de faire un coup supplémentaire… David Mamet écrit et mis en scène Braquages. Le cambriolage d’une bijouterie au début du film évoque les grands films de braquage des années cinquante. La suite déroule un scénario minutieusement écrit avec de très nombreux twists et autres faux-semblants et des dialogues assez relevés. A 70 ans, Gene Hackman est toujours assez séduisant, il peut ainsi convoler avec une femme qui a exactement la moitié de son âge sans que cela paraisse trop improbable. Braquages est un bon divertissement qui nous tient en haleine. Par rapport aux autres films hollywoodiens du même genre, il a l’avantage de paraître moins formaté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gene Hackman, Danny DeVito, Delroy Lindo, Sam Rockwell, Rebecca Pidgeon
Voir la fiche du film et la filmographie de David Mamet sur le site IMDB.

Voir les autres films de David Mamet chroniqués sur ce blog…

braquages-large
Gene Hackman suivi par Danny DeVito et Sam Rockwell dans Braquages de David Mamet.

27 février 2016

Pauvres mais beaux (1957) de Dino Risi

Titre original : Poveri ma belli

Pauvres mais beauxRomolo et Salvatore sont voisins et amis depuis toujours. Ils font tout ensemble, y compris draguer les filles après le travail. Mais après avoir fait la connaissance de Giovanna, leur amitié est mise durement à l’épreuve car ils sont tous deux amoureux d’elle… Parmi les premiers films de Dino Risi (il s’agit de son 6e long métrage), Pauvres mais beaux est l’un des plus personnels. Ecrit par une nouvelle génération de scénaristes (le tandem Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa), il montre un ton nouveau. Avec le recul, on mesure mieux à quel point cette comédie est le reflet d’un profond changement dans la société italienne et annonce la révolution sociale des années soixante. Même s’ils sont pauvres, et le décor pourrait être celui d’un film néoréaliste, ses personnages ne sont pas des victimes des mutations économiques mais bénéficient d’une modernité où l’insouciance retrouve une place prépondérante (1). L’autre élément marquant est le personnage de jeune fille très émancipée et sûre d’elle-même qui, dans un environnement pourtant très machiste, entend choisir son prétendant et n’hésite pas à les mettre en compétition. C’est un personnage de femme très moderne. Mais Pauvres mais beaux est avant tout une comédie avec une bonne dose d’humour. Les dialogues et situations sont savoureux. L’ensemble est très positif. Le film connut un grand succès, à tel point que Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres (Belle ma povere, 1957) et Poveri milionari (1959).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Dino Risi chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Dino Risi

Remarques :
* Le film a été tourné directement dans les rues de Rome.
* Marisa Allasio, qui montre à la fois beaucoup de charme et beaucoup de présence à l’écran, n’a pas eu une grande carrière au cinéma. Elle n’a que peu tourné après s’être mariée en 1958 à un comte.

(1) On peut ainsi situer ce film dans la lignée de Dimanche d’Août de Luciano Emmer (1950).

Pauvres mais beaux
Renato Salvatori, Marisa Allasio et Maurizio Arena dans Pauvres mais beaux de Dino Risi (photo publicitaire).

26 février 2016

L’autre (1972) de Robert Mulligan

Titre original : The Other

L'autreDans une ferme du Connecticut, en plein été 1935, un jeune garçon joue avec son frère jumeau. Quoi de plus naturel ? Pourtant, sous ce tableau un peu idyllique, se cachent des drames qui ne vont pas tarder à refaire surface… Tiré d’un roman de Tom Tryon qui en a écrit l’adaptation, L’autre démarre lentement, très lentement même, dans une atmosphère bucolique. Un certain malaise s’installe toutefois peu à peu, assez sournoisement, un malaise tout en contraste avec la douceur et la beauté des images (le chef-opérateur est l’excellent Robert Surtees). Le malaise se mue ensuite en terreur car l’histoire est en effet assez épouvantable. Nous sommes loin d’Un été 42 que Mulligan a tourné l’année précédente. Ici, il est plus question de bien et de mal, voire du Mal, des secrets du monde de l’enfance et des troubles de l’identité. N’en disons pas plus : je conseillerais plutôt de lire le moins possible de commentaires sur ce film avant de le voir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Uta Hagen, Diana Muldaur, Chris Udvarnoky, Martin Udvarnoky
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Mulligan sur le site IMDB.

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Remarque :
* Les acteurs qui interprètent les deux frères jumeaux sont bien évidemment jumeaux dans la vraie vie. Ni l’un ni L’autre n’ont tourné dans d’autres films par la suite.

The Other
Chris Udvarnoky et Uta Hagen dans L’autre de Robert Mulligan.

Homonymes :
L’autre (In Name Only) de John Cromwell (1939) avec Cary Grant et Carole Lombard
L’autre (El Akhar) de Youssef Chahine (1999)
L’autre de Benoît Mariage (2003)
L’autre de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic (2008)

24 février 2016

Pickpocket (1959) de Robert Bresson

PickpocketUn jeune étudiant désargenté qui se dit écrivain décide de se mettre à voler. Il justifie sa position en affirmant que certains êtres supérieurs ont le droit de s’affranchir des lois. Il travaille sa technique pour avoir le geste parfait et affronte quelques proches qui tentent de le raisonner… Inspiré de Crimes et Châtiments de Dostoïevski, Pickpocket est le premier film entièrement écrit par Bresson lui-même. Il choisit des moyens non conventionnels pour exprimer les tensions internes de ce jeune garçon : « Ce film n’est pas du style policier » nous prévient-il en exergue. Effectivement, il ne cherche pas à créer de suspense (il est toutefois bien présent dans la scène d’ouverture) et nous dévoile le dénouement du film au tout début. Il ne cherche pas non plus à développer un argumentaire : les dialogues sont assez pauvres, les arguments des uns et des autres sont d’une naïveté confondante. En revanche, Bresson cherche (et parvient) à épurer au maximum sa façon de mettre en scène : « Rien de trop, rien qui manque » a-t-il écrit. Cet épurement est manifeste au montage mais aussi sur les mouvements de caméra, le cadrage. Le jeu des acteurs surprend toujours. Bresson ne travaille qu’avec des acteurs non-professionnels auxquels il demande d’être les plus inexpressifs possibles. En écartant tout ce qui est voulu expressif, son but est de faire ainsi émerger l’essence de l’être humain. Y parvient-il ? C’est peut-être à chacun d’y répondre. A mon (humble) avis, pas totalement, mais je comprends aisément que la démarche soit passionnante pour un créateur de cinéma. Pickpocket est ainsi un très beau film sur un plan que l’on peut trivialement qualifier de théorique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Martin LaSalle, Marika Green, Jean Pélégri
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site IMDB.

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Remarque :
La scène d’ouverture de Pickpocket évoque celle de Pick Up on South Street (Le Port de la drogue) de Samuel Fuller (1953). Les deux scènes présentent de grandes similitudes, y compris dans la technique (du cinéaste pas du pickpocket) employée.

Pickpocket
Martin LaSalle et Marika Green dans Pickpocket de Robert Bresson.

23 février 2016

La Grande Attaque du train d’or (1979) de Michael Crichton

Titre original : « The First Great Train Robbery » (UK)
Autre titre : « The Great Train Robbery » (USA)

La Grande attaque du train d'orEn 1855, un chargement d’or part chaque mois en train de Londres à Folkestone sur la côte pour assurer la paye de l’armée pendant la Guerre de Crimée. Toutes les précautions sont prises pour s’assurer qu’il arrive à bon port et aucun hold-up n’a jamais été tenté dans un train en mouvement, mais cela n’empêche pas Edward Pierce de projeter de s’en emparer. Il conçoit pour cela un plan assez sophistiqué… Pour écrire son roman La grande attaque du train d’or, Michael Crichton s’était inspiré librement d’un fait divers réel. Il édulcore encore l’histoire pour l’adaptation cinématographique qu’il réalise lui-même, ajoutant un soupçon de comédie et en typant les personnages pour les singulariser davantage. Le résultat est effectivement un beau divertissement avec son lot de bons mots et de bonnes scènes d’action. La Grande attaque du train d'or Sean Connery incarne parfaitement le cerveau de ce hold-up, avec son mélange de distinction, d’audace et de cynisme. Il s’inscrit dans la lignée des grands bandits sympathiques. L’acteur a accompli lui-même les scènes sur le toit du train roulant à pleine vitesse. Mais le plus remarquable dans ce film est certainement la qualité de la reconstitution, avec notamment de vastes scènes de rue vraiment convaincantes d’authenticité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Donald Sutherland, Lesley-Anne Down
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Remarque :
Le titre international est The Great Train Robbery.
L’adjectif first fut ajouté en Angleterre car la presse anglaise avait l’habitude d’appeler The Great Train Robbery un hold-up survenu en 1963.

La grande attaque du train d'or
Donald Sutherland et Sean Connery dans La Grande attaque du train d’or de Michael Crichton.

Homonyme :
The Great Train Robbery d’Ewin S. Porter (1903), grand classique des premières années du cinéma.

22 février 2016

Frantic (1988) de Roman Polanski

FranticUn médecin californien arrive avec sa femme à Paris pour un congrès. Après s’être rendu compte qu’elle s’était trompée de valise à l’aéroport, sa femme disparaît soudainement. Il est rapidement persuadé qu’elle a été enlevée mais peine à se faire prendre au sérieux par la police ou par son ambassade… La base du scénario et sa mise en place sont assez remarquables : un homme en situation périlleuse dans une ville où il ne connaît personne, dans un environnement plutôt hostile. Dès le départ, nous ressentons l’influence d’Hitchcock et, comme pour appuyer cette impression, Polanski place une scène-clé dans une douche. Comme dans les films du maître du suspense, le développement est marqué par une tension croissante que la musique lancinante d’Ennio Morricone vient souligner. Le Paris que Polanski nous montre rappelle celui du Locataire, en plus hostile ; nous somme loin de l’image touristique de la Ville des lumières. Harrison Ford est parfait, le film repose en grande partie sur ses épaules. Polanski a choisi de lui associer une jeune actrice de 19 ans, Emmanuelle Seigner, qui deviendra sa femme l’année suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Betty Buckley, Emmanuelle Seigner
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

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Cameo :
Roman Polanski apparaît très brièvement en chauffeur de taxi (celui qui tend à Harrison Ford ses allumettes en arrivant au Blue Parrot)

Frantic
Harrison Ford et Emmanuelle Seigner dans Frantic de Roman Polanski.