23 avril 2017

L’Homme de Berlin (1953) de Carol Reed

Titre original : « The Man Between »

L'homme de BerlinLa jeune Susanne arrive à Berlin pour rendre visite à son frère, médecin militaire anglais. Dès son arrivée, elle remarque que la femme allemande de son frère a un comportement étrange, faisant tout pour paraître joyeuse alors qu’elle est en réalité très soucieuse… Basée sur une histoire de l’allemand Walter Ebert, l’histoire de The Man Between se situe dans le Berlin de l’après-guerre, à l’époque où la circulation entre les deux zones était toujours possible tout en étant contrôlée de très près (le mur sera construit en 1961). L’atmosphère et le traitement de l’histoire ne sont pas sans rappeler Le Troisième Homme que Reed a réalisé quatre ans plus tôt. La mise en place intrigue beaucoup (surtout lorsque l’on ne sait rien de l’histoire) et le développement assez complexe fait monter la tension jusqu’à une longue poursuite très réussie. Quelques notes d’humour viennent étrangement se mêler au récit, la palme en ce domaine revenant à la scène de l’enlèvement avec une voiture pleine de neige assez unique en son genre. James Mason fait une belle performance linguistique : il s’exprime à la fois en allemand (avec un très bon phrasé, paraît-il) et en anglais avec un accent germanique. Même s’il n’a pas la puissance du Troisième Homme, cet Homme de Berlin est prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Claire Bloom, Hildegard Knef, Geoffrey Toone
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Remarques :
* The Man Between est également le titre de l’autobiographie de Carol Reed (Chatto & Windus, 1990, pas d’édition française à ce jour).

The Man Between
Claire Bloom et James Mason dans L’homme de Berlin de Carol Reed.

The Man Between

22 avril 2017

Green Green Grass of Home (1982) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Zai na he pan qing cao qing »

L'herbe verte de chez nousTaïwan. Un jeune homme arrive de la grande ville dans un petit village isolé pour remplacer l’une des institutrices de l’école. Son arrivée apporte un souffle d’air frais et une relation discrète commence à se nouer entre lui et une jolie institutrice… Green Green Grass of Home, titre parfois traduit en français par L’herbe verte de chez nous, est le troisième film du réalisateur taiwanais Hou Hsiao-hsien. Comme pour les deux précédents, il s’agit d’un film destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwanaise Kenny Bee. Ce dernier a une nouvelle partenaire, Chiang Ling, qui est on peut plus charmante. L’histoire est très convenue, gentillette même, d’un intérêt assez faible. En faisant preuve d’un peu plus d’indulgence, on peut s’intéresser au portrait d’un petit village qui vit près de la nature mais ce portrait paraît passablement édulcoré. Ces trois premiers films ont certainement permis à Hou Hsiao-hsien de trouver son style puisqu’il a eu envie de faire ensuite des choses différentes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Chiang Ling
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Remarque :
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Green Green Grass of Home
Kenny Bee et Chiang Ling dans L’herbe verte de chez nous de Hsiao-Hsien Hou.

21 avril 2017

Cute Girl (1980) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Jiu shi liu liu de ta »

Cute GirlFille unique d’un riche industriel, la jeune Wenwen accepte avec résignation le mariage arrangé par ses parents. Mais, juste avant de rencontrer son futur fiancé, elle décide de s’octroyer un séjour à la campagne chez sa tante. Elle fait alors la connaissance de Daigang… Cute Girl est la première réalisation du réalisateur taïwanais Hou Hsiao-hsien. L’histoire est très conventionnelle, sur le thème de l’amour  plus fort que tous les mariages arrangés. Il s’agit d’un film de commande, destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwannaise Kenny Bee, ce qui explique la présence de plusieurs chansons (Fong Fei-Fei est aussi  chanteuse). L’ensemble est très léger et plutôt anodin mais une charmante fraicheur s’en dégage. Malgré une fin plutôt ridicule, Cute Girl est un film plaisant. Il ne faut toutefois pas trop y chercher les prémices du style du cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Anthony Chan, Feng Fei Fei
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Remarques :
* Le deuxième film de Hou Hsiao-hsien, Feng er ti ta cai (1981) (film qui n’est pas ressorti), réutilise le couple Kenny Bee et Feng Fei Fei.
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Cute Girl
Feng Fei Fei dans Cute Girl de Hou Hsiao-hsien. A noter que l’actrice/chanteuse a été surnommée « The Queen of Hats »…

20 avril 2017

Poussières dans le vent (1986) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Liàn liàn fengchén »

Poussières dans le ventDans un petit village de Taïwan, au milieu des années soixante, Ah-yuan et Ah-yun sont amis depuis l’enfance. Sans que ce soit dit, ils sont promis l’un à l’autre. Aussi quand Ah-yuan se rend en ville pour chercher du travail tout en finissant ses études avant le service militaire, Ah-yun le suit… Poussières dans le vent conclut le cycle autobiographique du réalisateur taiwanais, inauguré trois ans auparavant avec Les Garçons de Fengkuei (1983). On retrouve le thème du passage de la campagne à la ville, de la découverte d’un monde et de l’amour. Mais, cette fois, Hou Hsiao-hsien signe  un film d’une infinie délicatesse, il parvient à saisir l’impalpable, donnant presque un caractère de transparence à ses deux personnages principaux. L’image est très belle, avec de beaux plans fixes et des plans-séquences que le réalisateur multipliera par la suite. La musique ajoute encore de la délicatesse à l’ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chen Shu-Fang, Hsin Shu-fen
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Remarque :
* On ne peut que remarquer l’importance du cinéma : les séances en plein air dans le village et le cinéma de quartier à la ville (l’ami de Ah-yuan qui l’héberge travaille dans un petit cinéma où on les voit peindre des affiches pour les films qu’ils passent).

 

poussières dans le vent
Chen Shu-Fang et Hsin Shu-fen dans Poussières dans le vent de Hsiao-Hsien Hou.

19 avril 2017

Les garçons de Fengkuei (1983) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Feng gui lai de ren »

Les garçons de FengkueiDans un petit village de l’île de Penghu (Taïwan), quatre jeunes garçons ayant fini leurs études s’ennuient en attendant l’âge de partir au service militaire. Ils passent le plus clair de leur temps à boire et à se bagarrer ; ils frisent la délinquance. Trois d’entre eux décident d’aller dans la grande ville taïwanaise proche pour y chercher un travail… Si Les garçons de Fengkuei est le quatrième film de Hou Hsiao-hsien, il s’agit de son premier film personnel, son premier film d’auteur (lui-même considère qu’il s’agit de son premier film). Il s’est inspiré de sa vie personnelle pour témoigner de ce passage d’une vie insouciante à une prise de conscience à la fois sociale et sentimentale, le passage à la vie d’adulte pourrait-on dire pour simplifier. Il le fait sans édulcorer le tableau, sans idéalisme non plus ; son récit est plus une série de sensations à partir de micro-évènements significatifs et qui se révèle être assez émouvant au final. Il est aussi assez délicat comme en témoigne la relation qui se noue entre un jeune garçon et la jeune fille voisine à la ville, à mi-chemin entre l’amour de jeunesse et l’amitié. La forme ne montre pas encore ce qui sera le style du cinéaste, tout au plus peut-on remarquer déjà quelques plans fixes étonnants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Niu Doze, Tou Chung-Hua, Yang Li-Yin
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Remarque :
* De façon surprenante, Hou Hsiao-hsien a choisi une musique de Vivaldi pour de très nombreuses scènes, ce qui crée un décalage avec les images (j’avoue ne pas percevoir l’intention du réalisateur, probablement cette musique n’est pas perçue de la même façon en Chine qu’en Occident).

 

Les Garçons de Fengkuei
P’eng-chue Chao, Chang Shih, Niu Doze et Yang Li-Yin dans Les garçons de Fengkuei de Hsiao-Hsien Hou.

Les Garçons de Fengkuei
La scène la plus remarquée de Les garçons de Fengkuei de Hou Hsiao-Hsien.

17 avril 2017

Mishima – une vie en quatre chapitres (1985) de Paul Schrader

Titre original : « Mishima: A Life in Four Chapters »

Mishima - une vie en quatre chapitresYukio Mishima est un célèbre écrivain japonais qui, au nom d’un nationalisme radical et meurtri, s’est donné la mort par seppuku, après avoir pris en otage un général et donné un discours aux soldats d’une caserne pour les exhorter à se soulever, le 25 novembre 1970. Ce film de Paul Schrader, issu des studios Zoetrope de Coppola et de LucasFilm de George Lucas, nous retrace son parcours pour tenter d’expliquer son geste dont la signification reste assez obscure et ouverte à interprétations. Il est, en tous cas, plus complexe que l’œuvre d’un simple illuminé d’extrême-droite. S’agit-il d’un geste purement artistique ? Quelle est l’influence de son homosexualité et de son masochisme ? D’où lui viennent ce désir obsessionnel d’agir et cette aspiration à harmoniser action et beauté ? Il faut bien avouer que, en tant qu’occidentaux, certains aspects nous échappent quelque peu (1). Le film offre seulement des pistes. Si l’on peut être déçu de l’absence d’explication, le film est indéniablement enthousiasmant par sa forme. La construction, tout d’abord : quatre chapitres explorant un thème précis, et largement constitués par la mise en scène de trois de ses livres les plus marquants. La photographie ensuite, notamment dans les passages littéraires qui jouissent d’une mise en scène épurée avec de magnifiques décors stylisés créés par Eiko Ishioka. Toute l’équipe artistique est en effet japonaise. Et enfin la musique de Philip Glass, très belle, envoutante dès les premières notes du générique de début. Tous ces éléments contribuent à faire de Mishima – une vie en quatre chapitres un film assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ken Ogata
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Remarques :
* Palettes de couleurs :
– Les scènes de 1970 sont en couleurs faiblement saturées.
– Les flashbacks réels sont en noir et blanc.
– Les mises en scène des livres sont en couleurs vives :
– – dominante vert et or pour Temple of the Golden Pavilion
– – dominante rose et grise pour Koko’s House
– – dominante orange/rouge et noir pour Runaway Horses
* La musique :
– Scènes de 1970 : cordes et percussions
– Flashbacks réels : cordes
– Mise en scène des livres : orchestre
* Le film a ouvert le Festival de Cannes 1985 où il fut récompensé du Prix de la meilleure contribution artistique. Malgré ce prix, le film fut un échec commercial.

Mishima
Ken Ogata dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader.

Mishima
Le Temple du Pavillon d’or : l’un des décors créés Eiko Ishioka pour dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader.

Mishima
Chishû Ryû dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader. La courte scène avec l’acteur fétiche d’Ozu avait été coupée de la version distribuée en 1985. Elle a été rétablie dans la version « director’s cut » apparue en 2008.

* Quelques éléments historiques :
– L’empereur Hirohito a renoncé à sa « nature divine » en 1946, au lendemain de la défaite du Japon.
– Depuis 1945, le Japon n’a officiellement plus d’armée mais des « forces d’autodéfense » (il faudra attendre les années 2000 pour voir des militaires japonais engagés dans des actions offensives internationales).
– L’organisation paramilitaire créée par Mishima en 1968, le Takenokai (Société du Bouclier), aspirait au rétablissement de l’empereur et de l’armée. Sa milice a compté jusqu’à 300 hommes, essentiellement des étudiants nationalistes (aujourd’hui, on dit « souverainistes »…) De façon totalement inhabituelle, ils ont pu bénéficier des facilités des forces officielles pour s’entraîner.

* Autre film sur le même sujet :
25 novembre 1970: Le jour où Mishima choisit son destin (2012) de Kôji Wakamatsu. Le cinéaste (plutôt sympathisant des mouvements d’extrême-gauche) analyse le geste de Mishima essentiellement sur le plan de l’engagement politique.

(1) La rapport de Mishima à la beauté est notamment très étrange : le héros de son livre Le Temple du Pavillon d’or veut détruire la beauté car elle le rabaisse, il est incapable de s’élever. Pour Mishima, la beauté est en effet une élévation. Il la mêle avec l’action, pour former l’aspiration ultime. D’où cette étrange fascination pour les corps et pour le sang versé. Faut-il avoir des ancêtres samouraï pour appréhender pleinement cette harmonie entre beauté et action ?

15 avril 2017

Le Garçon et la Bête (2015) de Mamoru Hosoda

Titre original : « Bakemono no ko »

Le Garçon et la BêteAu décès de sa mère, Ren, âgé de neuf ans, refuse de suivre ses tuteurs légaux et s’enfuit dans les rues de Tokyo. Au même moment, dans le royaume parallèle des bêtes, deux prétendants vont s’opposer pour prendre la succession du seigneur qui se retire… Mamoru Hosoda soigne ses réalisations, Le Garçon et la Bête a ainsi nécessité trois années pour voir le jour. Il écrit toujours ses projets sur la base d’une expérience personnelle sur laquelle il greffe des légendes et autres contes japonais. Le Garçon et la Bête s’adresse en premier à un jeune public, afin que ceux-ci « se sentent compris et apprécient mieux de vivre dans le contexte actuel » précise Yuichiro Sato, le fidèle producteur d’Hosoda. L’histoire est celle d’un parcours initiatique, à double sens puisque l’on ne sait plus très bien qui est le maitre et qui est l’élève. Techniquement parlant, l’animation paraît un peu saccadée mais reste de qualité ; les scènes de foule sont impressionnantes. Les décors sont assez beaux avec de belles trouvailles visuelles. Malgré les aspects très conventionnels de l’histoire, Le Garçon et la Bête est assez remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Le Garçon et la Bête
Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda.

14 avril 2017

Crossing Guard (1995) de Sean Penn

Titre original : « The Crossing Guard »

Crossing GuardFreddy Gale a vu sa vie détruite à la mort de sa fille, renversée par un chauffard ivre. Six ans plus tard, ce dernier sort de prison et Freddy a la ferme intention de le tuer… Crossing Guard (1) est la deuxième réalisation de Sean Penn. Il en a écrit le scénario (2). Sur une base qui, tout en étant dramatique, peut paraître assez conventionnelle, il réussit à faire un film très original, étonnamment délicat alors qu’il manie des notions fortes. Les deux thèmes principaux en sont la culpabilité, David Morse se révélant être particulièrement subtil dans son jeu pour en exprimer les multiples facettes, et l’autodestruction que Jack Nicholson personnifie avec retenue tout en soulignant le caractère obsessionnel de son personnage. Il fait une superbe prestation, d’une grande subtilité. Le chemin vers le pardon est aussi difficile que celui vers la rédemption. Le film fut un grand échec commercial. Il est pourtant assez remarquable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, David Morse, Anjelica Huston, Robin Wright
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Crossing guard
Jack Nicholson dans Crossing Guard de Sean Penn.

Crossing guard
David Morse dans Crossing Guard de Sean Penn.

(1) Il est étonnant que ce titre ait été gardé pour sa distribution en France, le sens n’étant vraiment pas évident (j’ai dû faire un peu de recherche pour en comprendre le sens : crossing = passage clouté, donc un crossing guard est une personne qui fait traverser les enfants à la sortie des écoles). Faut-il y voir une preuve de manque d’intérêt des distributeurs français ?
(2) Eric Clapton a déclaré que Sean Penn s’était inspiré du drame de la perte de son fils pour écrire Crossing Guard.

12 avril 2017

Feux dans la plaine (1959) de Kon Ichikawa

Titre original : « Nobi »

Feux dans la plaineFin 1944, sur une île des Philippines, l’armée impériale japonaise défaite est coupée de ses bases. Désormais incapables de combattre, ses soldats éparpillés tentent de survivre. Atteint d’une maladie grave, le soldat Tamura est condamné à errer seul : son chef d’escouade ne veut plus de lui… Feux dans la plaine est basé sur un roman de Shōhei Ōoka, l’un des romans majeurs de la littérature japonaise sur la guerre. Natto Wada (qui n’est autre que la femme de Kon Ichikawa) en a écrit l’adaptation. C’est un film très noir qui explore les limites de la nature humaine. Il est très différent de La Harpe de Birmanie et de sa dimension spirituelle : ici, les hommes sont cloués au sol, implacablement prisonniers de leur sort qui les force à perdre leur humanité. Dès le début du film, l’acteur Eiji Funakoshi exprime parfaitement le caractère extrême des situations ; avec son air hagard, halluciné même, avec sa démarche mécanique, il transmet au spectateur beaucoup de sentiments : l’épuisement, la résignation, l’impression d’être au bord de la folie, d’être vidé de sa substance. Feux dans la plaine va beaucoup plus loin que tous les autres films dénonçant les horreurs de la guerre, son approche n’est comparable qu’avec celle de certains films des années 80 (Apocalypse Now, Platoon, …) Comme tous les films d’Ichikawa, il a été diversement apprécié. C’est pourtant un film d’une grande puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eiji Funakoshi, Osamu Takizawa, Mickey Curtis
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Feux dans la plaine
Eiji Funakoshi dans Feux dans la plaine de Kon Ichikawa.

Remake :
Nobi de Shin’ya Tsukamoto (2014)

11 avril 2017

Une belle fille comme moi (1972) de François Truffaut

Une belle fille comme moiPour écrire une thèse de sociologie sur les femmes criminelles, le jeune Stanislas Prévine se rend en prison pour interviewer Camille Bliss, accusée d’avoir tué l’un de ses amants. Camille commence à lui raconter son parcours qui fut quelque peu mouvementé… Une belle fille comme moi apparaît comme étant un film plutôt mineur dans la filmographie de François Truffaut. Il a réalisé cette comédie légère pour se changer les idées après le grave Les deux Anglaises et le continent. Par certains côtés, ce pourrait être le pendant féminin à L’homme qui aimait les femmes mais sans avoir la brillance de ce dernier. Il y a de belles trouvailles d’humour (les bruitages de Formule 1, le « dératiseur catholique », …) mais l’ensemble manque de rythme malgré la grande vitalité de Bernadette Lafond et paraît presque un peu bâclé. Comme le précise le générique de fin, c’est le premier vrai rôle au cinéma pour André Dussollier, très gauche comme son personnage l’exige, et aussi pour Anne Kreis que Truffaut fait jouer comme Claude Jade. Une belle fille comme moi est plaisant, sans plus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Claude Brasseur, Charles Denner, Guy Marchand, André Dussollier, Philippe Léotard
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Remarque :
* Une fois le film achevé, François Truffaut s’est aussitôt lancé dans la préparation de La Nuit américaine sans même assurer la promotion de son film.

Une belle fille comme moi
Bernadette Lafont et le jeune (25 ans) André Dussollier dans Une belle fille comme moi de François Truffaut.

Une belle fille comme moi
Bernadette Lafont et Philippe Léotard dans Une belle fille comme moi de François Truffaut.