23 mars 2018

Gussle’s Backward Way (1915) de Charles Avery et Syd Chaplin

Autre titre : Syd’s Backward Ways

Gussle's Backward WayUn voyageur sur sa mule s’arrête au bord d’une rivière de montagne où il se fait rançonner. Il parvient à s’échapper par ruse mais, dans sa précipitation, ne se rend pas compte qu’il chevauche sa monture à l’envers. Il arrive dans une auberge où il raconte ses mésaventures…
Frère de Charles Chaplin, Sydney Chaplin (couramment nommé Syd Chaplin pour éviter de le confondre avec Sydney Chaplin, le fils de Charles Chaplin) a rapidement rejoint son frère à Hollywood à la fin 1914 pour tenter d’entamer, lui aussi, une carrière au cinéma. Son personnage Gussle apparaît ainsi dans une dizaine de courts métrages pour la Keystone. Le plus remarquable dans celui-ci est l’utilisation habile d’un trucage (film passé à l’envers) pour simuler une mule sans tête. On ne peut que remarquer la propension de Syd Chaplin à imiter son frère pour son accoutrement (pantalon trop large, veste trop serrée, canne et chapeau ridicule). Le film a été tourné au printemps 1915 alors que Charlie Chaplin utilisait son costume du vagabond depuis presque un an (même si The Tramp n’a été tourné que quelques semaines avant celui-ci). Sydney n’a toutefois pas toute la gestuelle évocatrice de son frère, il ne parvient pas à en engendrer l’empathie et ses gags restent très classiques et habituels, tout à fait dans la pure tradition du slapstick de la Keystone. Ce film, dont l’intérêt historique est indéniable, a été récemment brillamment restauré.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Syd Chaplin, Phyllis Allen
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Avery sur le site IMDB.

Gussle's Backward Way

Gussle's Backward Way
Syd Chaplin et Dave Anderson dans Gussle’s Backward Way. A noter, en arrière-plan, l’écriteau de l’auberge qui annonce dans un français approximatif « Alpine du Nord – en pension ».

Gussle's Backward Way
Phyllis Allen et Syd Chaplin dans Gussle’s Backward Way.

22 mars 2018

Vedettes du pavé (1938) de Tim Whelan

Titre original : « St. Martin’s Lane »
Autre titre (USA) : « Sidewalks of London »

Vedettes du pavéCharles Staggers est un artiste des rues qui se produit devant les files d’attentes des théâtres et des music-halls londoniens. Il se prend d’affection pour Libby, une jeune danseuse de rue et pickpocket à ses heures. Il l’intègre dans son numéro…
Sur un scénario original, l’américain Tim Whelan signe cette production anglaise financée par l’allemand et émigré Erich Pommer. L’histoire est très classique et n’est pas des plus passionnantes : l’ascension d’une jeune fille très pauvre vers la célébrité. L’attrait principal réside sans aucun doute dans l’interprétation, surtout celle de Charles Laughton qui tient un rôle assez complexe. L’entente n’a pas été merveilleuse sur le plateau, Laughton et Vivien Leigh se s’entendaient pas et n’avaient aucune envie de jouer ensemble ; il n’y a donc aucune chimie particulière entre les deux acteurs. Rex Harrison, de son côté, a un rôle plus effacé. Certaines scènes ont été tournées sur les lieux réels à Londres (Cambridge Circus, Shaftesbury Avenue, Piccadilly Circus et, bien entendu, St. Martin’s Lane). Le film est assez rare. Il n’eut que peu de succès, même à sa sortie en 1940 aux Etats-Unis après Gone with the Wind sous le titre Sidewalks of London.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Laughton, Vivien Leigh, Rex Harrison
Voir la fiche du film et la filmographie de Tim Whelan sur le site IMDB.

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St. Martin's Lane
Vivien Leigh et Charles Laughton dans Vedettes du pavé de Tim Whelan.

20 mars 2018

Excalibur (1981) de John Boorman

ExcaliburGrâce à Merlin l’Enchanteur, le roi Uter Pendragon possède l’épée mythique Excalibur. Avant de mourir dans une bataille, il la plante dans un bloc de granit. Seul le jeune Arthur, son fils illégitime, parviendra plusieurs années plus tard à l’en extirper devenant par ce geste le nouveau roi d’Angleterre. Il parvient à rétablir la paix et crée la confrérie des Chevaliers de la Table ronde…
La Légende arthurienne a été porté plusieurs fois à l’écran mais la version de John Boorman est indéniablement la plus belle. Le scénario se base sur les écrits de Thomas Malory (milieu du XVe siècle) qui ont l’avantage de compiler légendes et écrits pour en faire un récit chronologique, comblant éventuellement les trous. John Boorman parvient à restituer tout le souffle épique de ces histoires où la magie se mêle aux luttes des humains. Il sait créer des images à la fois fortes et belles, sans démesure de moyens. Le film a été tourné en Irlande en évitant d’utiliser des acteurs connus pour concentrer l’attention sur le récit : bon nombre d’acteurs viennent de la scène shakespearienne anglaise ce qui donne une indéniable intensité à l’interprétation. Bien entendu, tout cela pourra paraître vieillot aux spectateurs nourris aux effets spéciaux et aux combats des productions plus récentes, mais rarement une telle ampleur a été donnée à la Légende arthurienne.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Nigel Terry, Helen Mirren, Nicholas Clay, Cherie Lunghi, Paul Geoffrey, Nicol Williamson, Gabriel Byrne
Voir la fiche du film et la filmographie de John Boorman sur le site IMDB.

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Excalibur
Superbe plan : l’apparition de l’épée Excalibur dans Excalibur de John Boorman.

Excalibur
Gabriel Byrne (Uther, à cheval) et Nicol Williamson (Merlin) dans Excalibur de John Boorman.

Excalibur
Les Chevaliers de la Table ronde (presque) au grand complet dans Excalibur de John Boorman.

Excalibur
Patrick Stewart tente d’extirper l’épée prisonnière du roc dans Excalibur de John Boorman.

Excalibur
Nigel Terry (Arthur) et Cherie Lunghi (Guenevere) dans Excalibur de John Boorman. A l’arrière-plan à gauche : Nicholas Clay (Lancelot).

19 mars 2018

L’Adorable Voisine (1958) de Richard Quine

Titre original : « Bell Book and Candle »

L'adorable voisineUn soir de Noël, à New York, une ravissante jeune femme se désole de ne pouvoir tomber amoureuse d’un homme et mener une vie ordinaire. Elle ne fréquente en effet que des personnes de « son espèce ». Elle aimerait tant pouvoir ainsi passer une soirée avec son nouveau voisin…
Bell Book and Candle est adapté d’une pièce de John Van Druten qui n’avait connu qu’un très petit succès à Broadway au début de la décennie. Cette comédie légère sur le thème des sorcières est mise en scène à l’écran par Richard Quine, artisan des comédies à la Columbia. Beaucoup la considère comme sa réalisation la plus réussie. L’humour repose sur le décalage entre le monde courant et le monde des mages et sorcières. On peut voir le film comme une tentative de retrouver l’humour de la série des Topper (1937) (Cary Grant a d’ailleurs cherché à avoir le rôle) ou encore de I Married a Witch de René Clair (1942). Sans être aussi réussi, l’ensemble est très amusant. Le choix de Kim Novak paraît judicieux pour ce rôle ambivalent (à noter que Vertigo venait tout juste de sortir sur les écrans). L’actrice joue ici avec son propre chat. James Stewart a déclaré n’avoir pas été très à l’aise dans son rôle de businessman mais, s’il montre une petite gêne, celle-ci colle très bien avec son personnage. La présence de Jack Lemmon est plus inattendue ; elle ajoute des notes d’humour supplémentaires. Bell Book and Candle nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Jack Lemmon, Ernie Kovacs, Elsa Lanchester, Janice Rule
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.

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Bell Book and Candle
Kim Novak et son chat Pyewacket dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Remarques :
* Richard Quine a été amoureux de Kim Novak pendant des années.
* La Columbia avait prêtée Kim Novak à la Paramount pour Vertigo. L’arrangement prévoyait une réciprocité. C’est ainsi que James Stewart s’est retrouvé dans cette production Columbia.
* Le français Philippe Clay est bien visible en chanteur dans deux scènes situées dans le Zodiac Club. Il y fait un beau numéro.
* L’expression Bell book and candle (= cloche, livre et bougie) fait référence aux trois accessoires nécessaires dans un rite latin d’excommunication par anathème (merci Wikipedia). A noter toutefois qu’il n’est jamais fait allusion à la religion dans cette histoire.

Bell Book and Candle
James Stewart et Kim Novak dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Bell Book and Candle
Elsa Lanchester, Kim Novak et Jack Lemmon dans L’adorable voisine de Richard Quine.

18 mars 2018

Goldfinger (1964) de Guy Hamilton

GoldfingerJames Bond est chargé d’enquêter sur un certain Goldfinger, un milliardaire obsédé par l’or. L’homme va se révéler être bien plus dangereux qu’escompté…
C’est avec ce troisième volet de ses aventures que le mythe James Bond  prend une ampleur inégalée. Les producteurs réalisent un sans-faute commercial par une habile campagne de préparation et en plaçant la majorité de l’intrigue aux Etats-Unis afin de gagner définitivement le public américain. Cet épisode ancre définitivement les ingrédients et le style de la série.  L’histoire est bien équilibrée et les innombrables invraisemblances n’ont aucune importance car elles nourrissent le « rêve ». Le détachement, très empreint de flegme britannique, est toujours de mise : le méchant a des rapports très courtois avec l’agent secret tout en ayant la ferme intention de le tuer. Le modernisme est encore plus poussé avec l’utilisation d’un laser (peu connu à cette époque) et l’introduction de l’Aston Martin aux multiples gadgets. Guy Hamilton a une approche sans doute moins esthétique que Terence Young mais se montre efficace dans sa réalisation : il sait indéniablement créer des scènes fortes qui restent dans les esprits. Goldfinger est sans doute le premier blockbuster du cinéma moderne : le succès fut en effet fulgurant et planétaire, James Bond devint un phénomène de société. Pour un film britannique (c’est à dire non américain), c’est vraiment assez unique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Gert Fröbe, Honor Blackman, Shirley Eaton, Tania Mallet, Harold Sakata, Bernard Lee
Voir la fiche du film et la filmographie de Guy Hamilton sur le site IMDB.

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Remarques :
* Quelques semaines avant la sortie du film, Ian Fleming décédera d’une crise cardiaque durant une partie de golf.
* Gert Fröbe est doublé (par Michael Collins) car l’acteur allemand ne parle pas anglais (contrairement à ce qu’on avait affirmé à Guy Hamilton).
* La majorité du tournage s’est déroulé en Angleterre. Sean Connery n’a même pas mis les pieds aux Etats-Unis pour le tournage.

GoldfingerDean Connery dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerGert Fröbe dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerHonor Blackman (ex-Avengers) dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerHarold Sakata dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerL’Aston Martin DB5  de James Bond dans Goldfinger de Guy Hamilton.
(Le modèle réduit Corgi Toys de cette Aston Martin allait faire la joie de toute une génération de jeunes bambins.)

 

17 mars 2018

Patton (1970) de Franklin J. Schaffner

PattonEn 1943, George S. Patton arrive en Tunisie pour prendre le commandement des troupes américaines alors très mal en point face à l’Afrikakorps de Rommel. Il renforce la discipline et restaure la confiance en remportant une victoire contre les chars allemands…
Sur un scénario co-écrit par Francis Ford Coppola, Patton retrace le parcours de ce général hors du commun, féru d’Histoire et, selon lui, né pour se battre. Le récit se concentre ainsi plus sur le personnage que sur ses faits d’armes. Le général Patton était incontestablement un brillant stratège mais il fut souvent tenu à l’écart par l’état-major car impossible à contrôler et enclin à faire des maladresses diplomatiques ou médiatiques. La vérité historique est assez bien respectée et le plus remarquable dans le film est dans la distance prise avec le sujet : ce n’est ni un éloge admiratif ni une condamnation, c’est avant tout le portrait d’un homme qui se sentait investi d’une mission et qui a joué un rôle important dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. L’interprétation de George C. Scott est en tous points parfaite, très puissante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Karl Malden, Stephen Young, Michael Strong
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Remarque :
* George C. Scott fut le premier acteur à refuser son Oscar, s’opposant ainsi à cette grande foire communicationnelle et réfutant le principe-même d’une compétition entre les acteurs.

Patton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Patton
George C. Scott et Karl Malden dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Partton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

15 mars 2018

Arizona Dream (1993) de Emir Kusturica

Arizona DreamAxel a perdu ses parents dans un accident. Son oncle Leo le fait venir en Arizona avec son cousin Paul pour qu’ils travaillent dans son commerce comme vendeurs de voitures. Axel y fait la connaissance de deux femmes, Grace et sa belle-mère Elaine, qu’ils suivent dans leur maison en plein désert. Elaine nourrit le rêve de voler dans les airs et Axel va l’aider en construisant des machines de fortune…
Ecrit et réalisé par le serbe Emir Kusturica, Arizona Dream est son unique (jusqu’à présent du moins) film américain. C’est une fable plutôt surréaliste où l’on sent poindre son incompréhension du rêve américain. Pour Kusturica, ce qui compte, c’est l’imaginaire, les rêves les plus fous qui sont enfouis en nous. Le cinéaste sait créer de belles allégories d’une indéniable force poétique. Tout cela serait parfait si le film n’était pas si long, toute la seconde moitié de ce film de 142 minutes n’apporte rien. La musique est remarquable avec quatre morceaux chantés par un Iggy Pop à la voix grave, dont le fameux « In the Death Car » (qui fut bloqué un certain temps par la justice car c’est un plagiat). Gros succès en Europe à sa sortie. Nous avions alors beaucoup plus apprécié ce film…
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Jerry Lewis, Faye Dunaway, Lili Taylor, Vincent Gallo
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Arizona Dream
Symbole d’un rêve américain que Kusturica comprend mal : les grosses voitures que plus personne ne veut acheter sont réduites à être exposées au bord des routes dans Arizona Dream de Emir Kusturica (entre lesquelles Jerry Lewis semble vouloir au golf avec un balai).

Arizona Dream
Faye Dunaway et Johnny Depp dans Arizona Dream de Emir Kusturica.

Arizona Dream
Lili Taylor et Johnny Depp dans Arizona Dream de Emir Kusturica.

Arizona Dream
Vincent Gallo dans Arizona Dream de Emir Kusturica.

13 mars 2018

Quarante tueurs (1957) de Samuel Fuller

Titre original : « Forty Guns »

Quarante tueursGriff Bonnel, accompagné de ses frères Wes et Chico, arrive à Tombstone où la puissante propriétaire terrienne Jessica Drummond fait la loi à la tête d’une petite troupe de quarante hommes. Elle a aussi un jeune frère qui estropie par jeu un adjoint du shérif. Griff le maitrise et le met sous les verrous…
A sa sortie, Forty Guns était un western unique en son genre et soixante ans plus tard il l’est tout autant. Tourné rapidement avec un budget très faible, c’est un film d’auteur qui privilégie le style sur le déroulement du récit. L’histoire est surtout celle d’un amour impossible : il ne faut pas attendre un film d’action. Samuel Fuller réussit de nombreux plans mémorables, à commencer par une scène d’introduction pleine de furie qui nous laisse abasourdi. Il traite les scènes classiques du western (duels, chevauchées, etc.) de façon franchement inédite : le duel final est ainsi dans toutes les mémoires (de ceux qui l’ont vu…) Le plus remarquable est dans la simplicité de ses solutions qui nécessitent toutefois une grande maitrise technique. Inévitablement, certains spectateurs seront certainement déroutés par Forty Guns mais son style et son atmosphère le rendent assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean Jagger, John Ericson, Gene Barry
Voir la fiche du film et la filmographie de Samuel Fuller sur le site IMDB.

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Forty Guns
Barry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

Remarques :
* Dans son encyclopédie sur le western, l’américain Phil Hardy qualifie Forty Guns d’ « exemple typique des différences entre les Etats-Unis et l’Europe dans le regard porté sur les productions hollywoodiennes : les américains considèrent le film comme étant franchement raté alors que les européens l’admirent pour son style et sa vigueur. »
(Ceci dit, il n’a pas fait l’unanimité en Europe : sur ce film, on retrouve globalement le clivage pro-/con- Nouvelle Vague).

* Barbara Stanwyck, 49 ans au moment du tournage, a toujours été une intrépide cavalière. Lorsque sa doublure a jugé trop dangereux de se laisser trainer au sol par un cheval au galop, l’actrice n’a pas hésité à le faire elle-même. Elle en est sortie indemne, avec tout de même ecchymoses et éraflures.

Forty GunsBarbara Stanwyck et John Ericson dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Le duel final est unique en son genre. Samuel Fuller a expliqué dans une interview qu’initialement il avait prévu que Barbara Stanwyck soit tuée par Griff. Les studios ayant refusé cette fin, il a alors trouvé un moyen très original de ne pas retourner la scène.

Forty GunsEve Brent dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Célèbre plan où le frère de Griff regarde la jeune et jolie armurière à travers le canon d’un fusil (démonté). Jean-Luc Godard fera un clin d’oeil à cette scène dans A bout de souffle lorsque Belmondo regarde Jean Seberg à travers un magazine roulé.
Parmi les autres scènes mémorables, il faut citer le long travelling sur Barry Sullivan marchant à travers la ville.

Quarante tueursBarry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

11 mars 2018

Les ripoux (1984) de Claude Zidi

Les ripouxDans le 18e arrondissement de Paris, l’inspecteur de police Boisrond est un adepte des petites combines. Il se fait payer pour fermer les yeux sur un certain nombre de choses ce qui lui permet de s’adonner à sa passion : les courses. Le train-train de ce flic ripou va être chamboulé par l’arrivée de l’inspecteur Lesbuche, un jeune et ambitieux provincial, avec qui il va devoir faire équipe…
Le film a vraiment surpris à sa sortie par son ton et son amoralité. Claude Zidi parvient à bien installer l’humour sur un sujet qui ne s’y prête guère. Pour ce faire, il est bien aidé par un duo d’acteurs qui fonctionne à merveille. Le film reste toujours aussi distrayant aujourd’hui. Gros succès populaire.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grâce de Capitani, Julien Guiomar
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Zidi sur le site IMDB.

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Les Ripoux
Philippe Noiret et Thierry Lhermitte dans Les ripoux de Claude Zidi.

Suites (de moindre intérêt) :
Ripoux contre ripoux (1989) de Claude Zidi
Ripoux 3 (2003) de Claude Zidi

9 mars 2018

Mesdames et messieurs bonsoir (1976) de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola

Titre original : « Signore e signori, buonanotte »

Mesdames et messieurs bonsoirDans le spartiate studio du journal télévisé 3TG, le journaliste Paolo Fiume (Marcello Mastroianni) lit les nouvelles du jour que son assistante lui apporte et introduit les différents reportages…
Signore e signori, buonanotte est une œuvre collective produite par la Cooperativa 15 Maggio qui rassemble un bon nombre d’acteurs et d’auteurs de la comédie italienne (1). Le plateau de cette satire de la télévision est donc prestigieux. Le propos est de dénoncer la corruption dans la politique et de pointer plusieurs travers de la société italienne : le travail des enfants, la mainmise de la Mafia, l’hypocrisie d’une politique nataliste, les luttes de pouvoirs au Vatican, etc. Un programme chargé ! L’humour ne donne pas dans la finesse, l’angle choisi est celui de l’exagération. Le manque d’homogénéité est un peu perturbant. Comme trop souvent dans les films à sketches, la réussite est inégale. Les séquences ne sont pas attribuées, donc on ne sait qui a écrit ou réalisé quoi. Le meilleur sketch est à mes yeux celui sur l’élection du pape qui est une petite merveille d’écriture. On peut saluer le caractère provocateur du film mais le bilan d’ensemble reste toutefois plutôt décevant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Senta Berger, Adolfo Celi, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Andréa Ferréol
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

(1) Cooperativa 15 Maggio (Coopérative du 15 mai) = Age & Scarpelli, Ugo Pirro, Ettore Scola, Luigi Magni, Leonardo Benvenuti, Luigi Comencini, Ruggero Maccari, Mario Monicelli, Nanni Loy, Piero De Bernardi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Nino Manfredi, Aldolfo Celi et Santa Berger.

Mesdames et messieurs, bonsoir
Marcello Mastroianni dans Mesdames et messieurs bonsoir de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola dans un débat avec quatres édiles napolitains (de toute évidence, quatre mafiosi qui se sont bien engraissés sur la bête).

Remarques :
* Les télévisions privées n’étant pas encore apparues à cette époque, c’est donc une critique de la télévision publique. Les journaux télévisés des deux chaines publiques s’appelaient alors TG1 et TG2. La troisième chaîne de télévision publique italienne Rai 3 n’a été créée qu’en 1979 et son journal télévisé a alors naturellement pris pour nom TG3 (TG = Telegiornale).

* Les reportages (sketches) :
– L’enlèvement d’un grand patron qui fait appel à ses travailleurs pour payer l’énorme rançon demandée.
– Interview d’un ministre corrompu qui assume son attitude en évoquant la loi du plus fort.
– Une publicité d’un père heureux sur son vélo avec son fils qui passe la frontière pour aller mettre ses économies en Suisse (il s’agit de la parodie d’une célèbre publicité télévisée italienne d’une compagnie d’assurance bien connue)
– Une classe d’anglais farfelue tenue en fait par deux agents secrets qui en profitent pour assassiner une personnalité.
– Une fiction « La bombe » qui voit un poste de police évacué pour un tic-tac non identifié.
– Un jeune garçon napolitain qui doit s’occuper de ses huit frères et sœurs miséreux, juste après que sa mère a été récompensée par un évêque du grand prix de la fertilité.
– L’entretien avec un sociologue qui dit le plus sérieusement du monde vouloir résoudre le problème de la surpopulation en mangeant les enfants pauvres.
– Débat avec quatre politiciens napolitains de la Mafia qui tiennent la ville.
– La tragédie d’un général qui se suicide après que ses médailles sont tombées dans les toilettes.
– Un reportage sur le travail des enfants.
– Une fiction où l’on voit un inspecteur de police qui part arrêter un « gros bonnet » et finit par devenir son valet de chambre. (Absent de la version raccourcie)
– La rubrique « Le personnage du jour », dédiée à un retraité pauvre qui démontre sa capacité à bien vivre avec la somme 32.000 lires par mois (16 euros).
– Un épisode du jeu le « Disgraciomètre » où le gagnant est celui qui a subi un malheur le plus absurde qui soit. (Absent de la version raccourcie)
– Une série télévisée historique, « Le Saint-Siège », sur les luttes d’influence lors de l’élection d’un nouveau pape (inspiré de de la lutte entre Sixte V et Pie V à la fin du XVIe siècle)(Ce sketch aurait été réalisé par Luigi Magni).
– La rentrée de la Cour d’Appel avec un président et des magistrats vraiment décrépits qui finissent par danser la tarentelle.

* Durée :
Film complet = 118 minutes,
Version raccourcie (moins 2 sketches) = 105 minutes

* Ne pas confondre avec :
Ces messieurs dames (Signore & signori, 1966) de Pietro Germi, autre film à sketches (plus réussi).