22 février 2010

Un, deux, trois (1961) de Billy Wilder

Titre original : « One, Two, Three »

Un, deux, troisLui :
Le directeur de la branche berlinoise de Coca-Cola voit sa carrière mise en péril par les frasques de la fille de son patron. Il va tout mettre en œuvre pour réparer les dégâts et sauver la face…
La malchance a voulu que Un, Deux, Trois sorte en salles peu après l’édification du mur de Berlin. Le film connut un bide retentissant car plus personne n’avait envie de rire de la coexistence Est-Ouest. Le film fut ensuite boudé pendant de longues années, accusé d’anti-communisme primaire. Il fallu attendre sa ressortie dans les années quatre-vingts pour qu’il soit considéré à sa juste valeur, c’est à dire comme une comédie totalement débridée, dotée d’un comique dévastateur enlevé à un rythme d’enfer. La satire est très appuyée, tout est caricaturé à l’extrême, les communistes sont dans le dénuement le plus total et bavent devant l’Occident, les allemands sont disciplinés, se mettent tout le temps au garde à vous et claquent des talons (et il n’en faut pas beaucoup pour que le salut hitlérien ressorte) et les américains sont arrivistes ou parfaitement idiots. Les gags se succèdent sans aucun temps mort, c’est très rapide (1) et le rythme accélère encore vers la fin du film, franchement trépidante. James Cagney, ici dans son dernier grand rôle (2) est d’une vitalité étonnante. Même s’il est habitué aux débits rapides, sa performance force l’admiration. Les nombreux seconds rôles apportent une bonne dose d’humour, la palme revenant à mes yeux à Schlemmer (Hanns Lothar) l’homme à tout faire allemand, incorrigible claqueur de talons… Sachant ne jamais tomber l’excès, Un Deux Trois est une petite merveille d’humour et de caricature.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Cagney, Horst Buchholz, Pamela Tiffin, Hanns Lothar, Leon Askin, Karl Lieffen
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.
Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…

Un deux troisJames Cagney et Pamela Tiffin dans Un, deux, trois (One Two Three) de Billy Wilder

(1) James Cagney raconte dans son autobiographie que lorsqu’il a reçu le scénario il était précédé d’une note de Billy Wilder qui disait : « Ce projet va nous demander d’être à 100 à l’heure dans les virages et à 160 dans les lignes droites ».
(2) James Cagney dit n’avoir jamais vu le film fini. Après Un Deux Trois, il ne fera qu’une apparition dans un seul film, bien plus tard, Ragtime de Milos Forman (1981).
A noter, les clins d’œil à sa longue carrière :
a) il menace le jeune Otto avec un pamplemousse, allusion à la scène la plus célèbre de  Public Enemy, son premier grand film, trente ans plus tôt…
b) quand le chef des MP lui répond, il le fait en imitant ses tics et sa voix dans ses films de gangster des années trente…
c) Après la visite du médecin, il dit la phrase « Is this the end of Rico? », c’est la célèbre dernière phrase d’Edward G. Robinson dans Little Caesar, film concurrent de Public Enemy, tous deux de 1931…
d) plus difficile à repérer : l’horloge est un coucou qui chante Yankee Doodle Dandy, titre d’un film très connu de Michael Curtiz (1942) dans lequel joue James Cagney.

Anecdote :
L’équipe de production du film se laissa surprendre par la construction (soudaine) du mur :  les scènes se déroulant à la Porte de Brandebourg n’avaient pas toutes été tournées. Il fallut donc en construire une réplique en studio.

Un deux troisPamela Tiffin, Horst Buchholz et James Cagney dans Un, deux, trois (One Two Three) de Billy Wilder

2 réflexions sur « Un, deux, trois (1961) de Billy Wilder »

  1. Je viens de voir le film. Un des rares films de Wilder que je n’avais pas encore vu. Pourtant, j’admire le travail de ce réalisateur. Tout est fin, drôle et jouissif. Chaque geste, objet, mot est source de caricature autant pour les yankees que les communistes.
    Franchement, à ne rater sous aucun prétexte.

  2. Il fallutttt attendre.
    Ca arrive aux meilleurs.
    Pour le reste, merci pour les commentaires relatifs à Cagney. Ils confirment qu’il était loin d’être un ben^t. 🙂
    La preuve par Ragtime que j’aimerais bien revoir.

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