23 janvier 2012

Embrasse-moi, idiot! (1964) de Billy Wilder

Titre original : « Kiss me, stupid »

Embrasse-moi, idiot!Un crooner, réputé pour être un homme à femmes, s’arrête dans le petit village de Climax pour prendre de l’essence. Pour le pompiste et son voisin qui écrivent des chansons et aspirent au succès, c’est une occasion inespérée. Ils sont prêts à tout pour placer une de leurs chansons et inventent tout un stratagème… Embrasse-moi, idiot! est une comédie très amusante qui porte un certain regard sur l’arrivisme et la société américaine. Le film fut trainé dans la boue par les ligues de vertu américaines ; la Critique emboîta le pas en le présentant comme étant assez abject et de mauvais goût. Il faut dire que personne n’est épargné. Billy Wilder s’attaque aux fondements du modèle américain, la réussite, la famille, l’épouse, et le fait que ses personnages soient des gens ordinaires en décuple la portée : cela pourrait être tout à chacun ce qui entraîne le spectateur sur la question « jusqu’où est-on prêt à aller pour réussir ? » Pour ne rien arranger, le seul personnage vertueux et intègre est une prostituée… Oui, le phénomène de rejet qui se manifesta à la sortie de Embrasse-moi, idiot! s’explique aisément. Les questions soulevées sont d’ailleurs toujours aussi actuelles : si aujourd’hui, nous sommes moins chatouilleux sur la famille, l’attrait du succès et de la réussite est toujours aussi fort, voire plus. Il est dommage que ce film ait été si maltraité, car Embrasse-moi, idiot! est une comédie assez subtile, bien rythmée et remarquablement interprétée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.
Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le professeur de piano devait être interprété par Peter Sellers. L’acteur eut une crise cardiaque après quelques semaines de tournage et Billy Wilder du tout reprendre avec Ray Walston qui s’en tire très bien, avec un jeu plus proche de Jack Lemmon que de Peter Sellers d’ailleurs (il faut dire que sa femme dans le film est la femme de Jack Lemmon dans la vraie vie!!)
* Le personnage de la prostituée avait été écrit pour Marilyn Monroe, ce subtil mélange de naïveté et de sensualité était effectivement un rôle sur mesure pour elle. Kim Novak est merveilleuse dans ce rôle, sans vraiment chercher à copier Marilyn.
* Dean Martin, de son côté, joue avec sa propre image, à la fois sur plan du coureur de jupons et du chanteur un peu sur le déclin qui résiste à la déferlante d’une nouvelle vague musicale.
* Certes, il n’y a pas de village nommé Climax au Nevada mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe une localité nommée « Climax » dans dix autres états américains (rappelons que « Climax » en anglais, comme en français d’ailleurs mais le mot est moins usité, peut désigner un orgasme).

Homonyme :
Embrasse-moi, idiot! (A fool there was) de Frank Powell (1915) avec Theda Bara.

2 réflexions sur « Embrasse-moi, idiot! (1964) de Billy Wilder »

  1. Ah, « Embrasse-moi, idiot ! ». Je le tiens en haute estime, ce film, bien classé dans mon Panthéon des Wilder. J’adore l’auto-dérision dont fait preuve Dean Martin et les deux larrons musiciens sont tout de même particulièrement cocasses. Et je ne dirais rien d’autre sur la fameuse Zelda…

    Récemment, je me suis étonné de l’usage du noir et blanc par Wilder. Je savais qu’il voulait tourner « Certains l’aiment chaud » sans couleurs, mais là, y a-t-il une raison particulière pour faire la même chose ? Je constate que, bien plus tôt dans sa carrière, il avait adopté la couleur. Une info là-dessus ?

    Je note aussi cette capacité renouvelée du réalisateur à conclure ses films par une réplique bien sentie. Ici, pas besoin de la chercher très loin 😉

  2. Non, je n’ai pas d’information précise sur le choix du noir et blanc. S’agit-il d’un choix volontaire ou pas, je ne sais. Il est possible qu’il s’agisse plus d’une contrainte financière que d’un choix artistique mais il faut garder à l’esprit que Billy Wilder était producteur de son film donc il avait une liberté de choix certaine. En 1964, beaucoup de films étaient tournés en noir et blanc (et je ne suis pas certain que la couleur aurait apporté quelque chose de plus…)
    Son film précédent, Irma la Douce, était en couleurs.

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