4 septembre 2021

Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko

Salyut-7En février 1985, la station spatiale soviétique Saliout 7, inoccupée depuis six mois, cesse brutalement de répondre aux signaux. Elle est hors de contrôle. Les autorités redoutent la chute de l’installation sur la Terre qui pourrait causer de nombreuses victimes et jeter un discrédit sur l’URSS. Il est décidé de lancer deux cosmonautes à bord de Soyouz T-13 pour une mission périlleuse : s’arrimer à la station, identifier le problème et réparer…
Salyut-7 est un téléfilm coécrit et réalisé par Klim Chipenko pour la chaîne de télévision russe Rossiya 1. Le scénario s’inspire de l’accident réel de la station Saliout 7 en 1985 et les auteurs se sont basés sur les journaux personnels de Viktor Savinykh, le second cosmonaute de la mission Soyouz T-13. Le réalisateur s’est adjoint les conseils techniques de cosmonautes et de responsables de Roscosmos (la NASA russe). De fait, la simulation est parfaite et les scènes en apesanteur sont très crédibles. Les sorties dans l’espace n’ont que peu à envier à celles de surproductions américaines (Gravity par exemple), la réalisation est de grande qualité. Le suspense est intense et l’on se surprend plusieurs fois à se cramponner à son siège. Seule la partie propagande (qui insinue que l’intention des américains était de s’emparer de la station) fait sourire et le rendez-vous final avec la navette américaine est assez ridicule. Cela n’empêche pas ce téléfilm d’être particulièrement remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs : Vladimir Vdovichenkov, Pavel Derevyanko, Aleksandr Samoylenko, Mariya Mironova
Voir la fiche du film et la filmographie de Klim Shipenko sur le site imdb.com.
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 Salyut-7Salyut-7 de Klim Shipenko.

 Salyut-7Vladimir Vdovichenkov et Pavel Derevyanko dans Salyut-7 de Klim Shipenko.

Remarques :
* En réalité, les deux cosmonautes ont mis douze jours pour remettre la station en état et ils y sont ensuite restés trois mois. La station Saliout 7 est, quant à elle, restée active jusqu’en 1991.

* En réalité, il n’y a pas eu de feu à bord de Soyouz 13 et, bien entendu, toute la partie concernant la navette spatiale américaine relève de l’invention scénaristique (ou de la désinformation). Une navette a bien été lancée onze jours après Soyouz T-13 mais elle était pleine et sur une trajectoire qui n’aurait pas permis un rendez-vous. Le cosmonaute français à son bord n’était pas Jean-Loup Chrétien (qui avait précédemment séjourné dans Saliout 7) mais Patrick Baudry.

* L’idée du projet de kidnapping de la station par les américains avait été longuement développée par un documentaire russe de style conspirationniste produit par Roscosmos en 2011. On peut lire un exposé des théories développées et leur réfutation sur le site Space Review : Kidnapping a Soviet space station (en anglais).

* A plusieurs reprises, les personnages parlent de la mise en place d’un système de prohibition. En effet, l’une des premières mesures prises par Makhaïl Gorbatchev qui, en 1985, venait d’arriver au pouvoir, a été de limiter la consommation d’alcool : interdiction dans les lieux publics et augmentation des prix de l’alcool de 30%. Toutefois, la consommation d’alcool n’a jamais été interdite.

2 septembre 2021

Le Prestige (2006) de Christopher Nolan

Titre original : « The Prestige »

Le Prestige (The Prestige)Londres, à la fin du XIXe siècle. Robert Angier et Alfred Borden sont deux magiciens surdoués, promis à un brillant avenir. Une compétition d’abord amicale les oppose l’un à l’autre, mais l’émulation tourne vite à la jalousie puis à la haine…
Le Prestige est un film américano-britannique réalisé par Christopher Nolan, adapté du roman éponyme de l’anglais Christopher Priest publié en 1995. Le roman avait déjà une construction originale, se présentant comme une suite de journaux intimes écrits à la première personne et dupant le lecteur. Le film adopte une structure non-linéaire, assez déroutante dans sa mise en place et parvenant tout aussi bien à créer l’illusion pour mieux nous tromper. A l’instar d’un magicien, Christopher Nolan a un talent certain pour capter toute notre attention et la diriger là il veut qu’elle soit. Le récit est particulièrement prenant et, hormis l’élément fantastique que je trouve personnellement décevant car trop facile, l’explication finale est une surprise. Une fois connue, on se demande comment on a pu ne pas y penser plus tôt car il y avait beaucoup d’indices. La reconstitution est soignée. L’ensemble est séduisant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hugh Jackman, Christian Bale, Michael Caine, Rebecca Hall, Scarlett Johansson, David Bowie, Andy Serkis
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Nolan sur le site IMDB.
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Remarque :
* Les trois étapes d’un tour de magie, telles qu’elles sont décrites et nommées au début du film (« la promesse », « le tour » et « Le Prestige »), sont l’invention de Christopher Priest.

Le Prestige (The Prestige)Micheal Caine, Scarlett Johansson et Hugh Jackman dans Le Prestige (The Prestige) de Christopher Nolan.

Le Prestige (The Prestige)Christian Bale dans Le Prestige (The Prestige) de Christopher Nolan.

1 septembre 2021

Adam (2019) de Maryam Touzani

AdamDans la Médina de Casablanca, Abla, veuve et mère d’une fillette de 8 ans, tient une échoppe de pâtisseries marocaines. Quand Samia, une jeune femme enceinte frappe à sa porte, Abla est loin d’imaginer que sa vie va changer…
Adam est un film franco-belgo-marocain réalisé par la marocaine Maryam Touzani, son premier long métrage. Elle en a coécrit le scénario avec le réalisateur Nabil Ayouch, son époux. Elle s’est inspirée de ses souvenirs : il y a une vingtaine d’années, ses parents avaient recueilli une jeune femme enceinte de huit mois qui avait dû fuir son village car elle n’était pas mariée, ce qui constitue un crime aux yeux de la loi marocaine. Son film dénonce cet archaïsme avec un récit délicat de la relation entre ces deux femmes qui évolue vers un enrichissement mutuel. La réalisatrice n’utilise aucun artifice, aucune démonstration appuyée, aucun effet percutant. Adam est juste un beau récit de solidarité féminine et de complicité. L’image est assez belle, l’ensemble montre de la grâce, la forme est séduisante.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lubna Azabal, Nisrin Erradi
Voir la fiche du film et la filmographie de Maryam Touzani sur le site IMDB.
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 AdamNisrin Erradi et Lubna Azabal dans Adam de Maryam Touzani.

31 août 2021

Sommaire d’août 2021

A bout de courseAbracadabraLe Petit Monde de Don CamilloCorps et âmeDes oiseaux, petits et grosLa Chambre verteAu petit MargueryUn jeu risqué

A bout de course

(1988) de Sidney Lumet

Abracadabra

(2017) de Pablo Berger

Le Petit Monde de Don Camillo

(1952) de Julien Duvivier

Corps et âme

(2017) de Ildikó Enyedi

Des oiseaux, petits et gros

(1966) de Pier Paolo Pasolini

La Chambre verte

(1978) de François Truffaut

Au petit Marguery

(1995) de Laurent Bénégui

Un jeu risqué

(1955) de Jacques Tourneur

AnomalisaLe mort en fuiteQuatre Mouches de velours grisHôtel SingapuraElmer Gantry, le charlatanTout simplement noirAccattoneLe Fantôme de Canterville

Anomalisa

(2015) de Duke Johnson & Charlie Kaufman

Le mort en fuite

(1936) de André Berthomieu

Quatre Mouches de velours gris

(1971) de Dario Argento

Hôtel Singapura

(2015) de Eric Khoo

Elmer Gantry, le charlatan

(1960) de Richard Brooks

Tout simplement noir

(2020) de John Wax & Jean-Pascal Zadi

Accattone

(1961) de Pier Paolo Pasolini

Le Fantôme de Canterville

(1944) de Jules Dassin & Norman Z. McLeod

Official SecretsEn avantNight CallLe Masque de la mort rougeParfum de femmeAu pays de la peurUne vie violenteLe destin est au tournant

Official Secrets

(2019) de Gavin Hood

En avant

(2020) de Dan Scanlon

Night Call

(2014) de Dan Gilroy

Le Masque de la mort rouge

(1964) de Roger Corman

Parfum de femme

(1974) de Dino Risi

Au pays de la peur

(1952) de Andrew Marton

Une vie violente

(2017) de Thierry de Peretti

Le destin est au tournant

(1954) de Richard Quine

Lux ÆternaYves

Lux Æterna

(2019) de Gaspar Noé

Yves

(2019) de Benoît Forgeard

Nombre de films présentés : 26

30 août 2021

À bout de course (1988) de Sidney Lumet

Titre original : « Running on Empty »

À bout de course (Running on Empty)En 1971, Arthur et Annie Pope ont fait exploser un laboratoire où l’on fabriquait du napalm pour protester contre la guerre du Viêt Nam. Le gardien du laboratoire, qui n’aurait pas dû être présent, a été paralysé à vie. Depuis 15 ans, le couple est en cavale avec leurs deux fils, ils déménagent sans cesse et changent d’identité. Le fils ainé a maintenant 17 ans…
Ecrit par Naomi Foner Gyllenhaal (la mère de Jake Gyllenhaal), À bout de course est un film plutôt inattendu dans la filmographie de Sidney Lumet. Certes, on retrouve bien son thème favori des rapports entre l’individu, la morale et la loi en toile de fond mais il s’agit surtout d’un drame mélancolique sur l’émancipation d’un adolescent. Cette émancipation est rendue délicate par la situation si particulière de la famille. Si l’entente est parfaite en son sein, leurs membres ne peuvent en effet avoir de relation suivie avec une personne extérieure. En contrepoint, c’est aussi un film sur l’engagement politique et le radicalisme, sur les convictions qui perdent de l’importance avec le temps. De plus, l’attitude du couple envers leurs enfants est devenue, par force, contraire à leurs principes. L’adolescent est superbement interprété par River Phoenix qui est assez époustouflant de présence, de charme et de naturel. On mesure à quel point il serait certainement devenu un très grand acteur (1). Sidney Lumet montre de la délicatesse dans de nombreuses scènes où Christine Lahti est vraiment émouvante. À bout de course est donc assez riche, c’est un beau film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Christine Lahti, River Phoenix, Judd Hirsch, Martha Plimpton, Ed Crowley
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Lumet sur le site IMDB.

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Remarque :
* Les personnages sont librement inspirés de Bill Ayers et Bernardine Dohrn du groupe radical The Weather Underground Organisation ou les Weathermen.

(1) River Phoenix (frère aîné de Joaquin Phoenix) est décédé d’un excès de drogues en 1993, à l’âge de 23 ans. Il n’a eu le temps de tourner que dans 13 films, dont My Own Private Idaho de Gus Van Sant (1991) dont il tient le premier rôle avec Keanu Reeves.

À bout de course (Running on Empty)River Phoenix dans À bout de course (Running on Empty) de Sidney Lumet.

À bout de course (Running on Empty)Christine Lahti, Jonas Abry et Judd Hirsch dans À bout de course (Running on Empty) de Sidney Lumet.

29 août 2021

Abracadabra (2017) de Pablo Berger

AbracadabraCarmen et son mari Carlos vivent à Madrid, dans le quartier de Carabanchel. Lors d’un mariage, Pepe, le cousin de Carmen, se livre en amateur à une séance d’hypnose qui va avoir des conséquences inattendues…
Abracadabra est écrit et réalisé par l’espagnol Pablo Berger, son troisième long métrage après le très remarqué Blancanieves (2012). Il pratique une nouvelle fois le mélange des genres, le film est assez inclassable sinon parmi les plus loufoques qui soient. Il manie l’humour avec intelligence et, surtout, il ne cesse de nous surprendre : à chaque fois que le récit semble partir dans une direction, c’est pour mieux partir dans une autre. Il y a un peu de paranormal (farfelu), de suspense, de portrait social (satire du macho espagnol, usure du couple) et même de gore (un peu) mais surtout beaucoup d’humour. Les personnages ont parfois/souvent des comportements (très) inattendus. Le film est porté par un superbe duo d’acteurs : Maribel Verdú montre une forte présence à l’écran avec une large palette d’expressions et Antonio de la Torre est capable de tout jouer avec la même aisance. Les quelques seconds rôles ne sont pas en reste. L’esthétique fleure les années soixante-dix et la belle utilisation des couleurs plutôt années cinquante ce qui donne un style fou à l’ensemble. Le film semble dérouter beaucoup de spectateurs et de critiques mais, personnellement, je raffole de cet humour inventif et surprenant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Maribel Verdú, Antonio de la Torre, José Mota, Josep Maria Pou
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AbracadabraMaribel Verdú et José Mota dans Abracadabra de Pablo Berger.

AbracadabraAntonio de la Torre et Maribel Verdú dans Abracadabra de Pablo Berger.

AbracadabraAntonio de la Torre et Maribel Verdú dans Abracadabra de Pablo Berger.

28 août 2021

Le Petit Monde de Don Camillo (1952) de Julien Duvivier

Le Petit monde de Don Camillo (Don Camillo)Dans une petite ville italienne de la plaine du Pô, la rivalité est permanente entre Peppone, le maire communiste qui vient de triompher aux élections et Don Camillo, le curé de choc qui parle quotidiennement au Christ au dessus de l’autel de son église…
Le Petit Monde de Don Camillo est un film franco-italien de Julien Duvivier, tiré d’un roman de Giovannino Guareschi paru en 1948. L’adaptation est signée Julien Duvivier et René Barjavel. C’est un film de commande et il faut bien reconnaitre qu’il détonne plutôt dans la filmographie du cinéaste car il s’agit d’une gentille comédie. Giovannino Guareschi était un auteur marqué à droite, militant anti-communiste, et il entendait tourner en dérision le poids du Parti Communiste italien en ce lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Duvivier a su atténuer le propos militant et amplifier le rôle de l’amitié (les deux rivaux sont amis d’enfance), l’idée générale étant que l’estime mutuelle parvient à triompher des querelles politiques. Le film prend ainsi un aspect de gentille utopie. L’humour est principalement concentré sur le personnage du curé, superbement interprété par Fernandel. Le succès fut immense, Le Petit Monde de Don Camillo devenant rapidement le plus gros succès du cinéma français (aujourd’hui, il est le sixième plus gros succès de tous les temps). Les suites ne se firent guère attendre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Gino Cervi, Franco Interlenghi, Sylvie, Charles Vissières
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Remarque :
* Le Don Camillo créé par Giovannino Guareschi est issu d’un personnage bien réel: Don Camillo Valota, prêtre italien ordonné en 1937 à Côme près de Milan. Il devint curé de Frontale, dans la Valteline (nord de l’Italie), où il eut des démêlés avec le maire, nommé Pepone. Il finit par être arrêté par les Allemands en 1942 pour avoir facilité le passage vers la Suisse voisine à de nombreux juifs et opposants au fascisme de Mussolini. C’est au camp de Dachau qu’il a rencontré Giovanni Guareschi, originaire de la même région que lui, et qu’il lui a raconté son histoire. (Source Wikipédia)

Le Petit monde de Don Camillo (Don Camillo)Fernandel et Gino Cervi dans Le Petit monde de Don Camillo (Don Camillo) de Julien Duvivier.

Le Petit monde de Don Camillo (Don Camillo)Fernandel dans Le Petit monde de Don Camillo (Don Camillo) de Julien Duvivier.

La série des 6 films Don Camillo (avec Fernandel pour les cinq premiers) :
1) Le Petit Monde de don Camillo (1952) de Julien Duvivier
2) Le Retour de don Camillo (1953) de Julien Duvivier
3) La Grande Bagarre de don Camillo (1955) de Carmine Gallone
4) Don Camillo Monseigneur (1961) de Carmine Gallone
5) Don Camillo en Russie (1965) de Luigi Comencini
6) Don Camillo et les contestataires (1970) de Mario Camerini avec Gastone Moschin et Lionel Stander

+ 1 remake (jugé très mauvais)
Don Camillo de Terence Hill (1983) avec Terence Hill et Colin Blakely

27 août 2021

Corps et âme (2017) de Ildikó Enyedi

Titre original : « Teströl és lélekröl »

Corps et âme (Teströl és lélekröl)Maria, une jeune femme très réservée, vient d’être embauchée dans un abattoir. Endre en est le directeur. A l’occasion de tests psychologiques, Maria et Endre se découvrent un point commun inattendu. Toutes les nuits, ils font le même rêve : ils rêvent d’un cerf et d’une biche dans une forêt enneigée…
Ecrit et réalisé par la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi, Corps et âme nous raconte le délicat rapprochement entre deux êtres qui ont chacun leur handicap : fuyant les rapports humains, elle est handicapée sociale tandis que lui est handicapé d’un bras. Ils ont chacun leurs maladresses mais c’est l’intérieur des êtres qui intéresse Ildikó Enyedi qui sait nous rapprocher, avec une infinie délicatesse, de cet intérieur, là où sont nos aspirations mais aussi nos craintes. Le corps n’est finalement qu’une enveloppe que l’on pourrait découper comme le sont les animaux dans cet abattoir. Corps et âme est une très belle fable qui nous fait plonger au plus profond de nous-mêmes. La photographie est très belle, notamment dans les images de nature.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alexandra Borbély, Géza Morcsányi
Voir la fiche du film et la filmographie de Ildikó Enyedi sur le site IMDB.
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Remarques :
* Géza Morcsányi a été à la tête de la plus importante maison d’édition de Hongrie pendant vingt ans, il a été très influent dans la vie littéraire du pays.
* Le film a partiellement été tourné dans un abattoir réel, un abattoir où l’animal est particulièrement respecté.

 Corps et âme (Teströl és lélekröl)Alexandra Borbély et Géza Morcsányi dans Corps et âme (Teströl és lélekröl) de Ildikó Enyedi.

 Corps et âme (Teströl és lélekröl) Corps et âme (Teströl és lélekröl) de Ildikó Enyedi.

26 août 2021

Des oiseaux, petits et gros (1966) de Pier Paolo Pasolini

Titre original : « Uccellacci e uccellini »

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et son fils Ninetto errent dans la périphérie et les campagnes qui entourent Rome. Chemin faisant, ils rencontrent un corbeau qui leur parle…
Des oiseaux, petits et gros est réalisé par Pier Paolo Pasolini en 1966. Montrant dès le générique un visage burlesque, le film rompt avec le ton sérieux donné par ses films précédents. Cela ne signifie pas pour autant que Pasolini ne délivre pas un message car il s’agit d’une fable qui tourne en dérision le rationalisme idéologique que le volatile représente. Pour ce faire, il utilise une star du cinéma comique, Totò, et lui adjoint Ninetto Davoli qui interprète ici son premier grand rôle, en innocent joyeux. Les cibles de Pasolini sont le communisme radical dont il se détache (les images d’archives incluses sont celles des funérailles de Palmiro Togliatti, fondateur du Parti Communiste italien décédé en 1964) et aussi l’intelligentsia parisienne de gauche qui avait descendu son Evangile selon saint Matthieu l’année précédente (la charge aurait été encore plus nette avec la séquence de Toto au cirque que Pasolini a finalement supprimé du montage final (1)). Le cinéaste attend que l’idéologie renaisse de ses cendres pour suivre la voie des « Temps modernes », belle référence à Chaplin dont il emprunte le plan final. Pasolini filme tout cela très simplement : à cette époque, il s’opposait à la sémiologie de Christian Metz qui défendait l’idée d’un langage de cinéma. Pour Pasolini, la seule langue de cinéma devait être une « langue écrite de la réalité ».
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Totò, Ninetto Davoli
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(1) Dans Toto au Cirque, finalement monté en court métrage de 8 min, M Cournot (Totò) tente de faire parler un aigle et de l’instruire mais, en fait, c’est lui qui devient sauvage. Or (Michel) Cournot est le nom d’un critique français qui a éreinté L’Evangile selon saint Matthieu, déclarant qu’il n’y voyait que de « l’art pédé ».

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Ninetto Davoli et Totò dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et Ninetto Davoli dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et Ninetto Davoli dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

24 août 2021

La Chambre verte (1978) de François Truffaut

La Chambre verteFin des années 1920 dans l’est de la France. Rescapé de la Grande Guerre, Julien Davenne est rédacteur de la rubrique nécrologique d’une revue moribonde. Il est veuf, vit avec une gouvernante et Georges, un enfant sourd et muet à qui il apprend à parler. Sa seule raison de vivre est de conserver vivante la mémoire de sa femme Julie, morte en 1919 à l’âge de 22 ans…
L’idée d’un film consacré aux défunts hantait François Truffaut depuis quelques années : « il arrive un moment où nous nous apercevons que nous connaissons plus de morts que de vivants. » Jean Gruault et François Truffaut ont écrit le scénario de La Chambre verte sur la base de trois nouvelles de Henry James (1). Il aborde le thème de la mort d’êtres proches sous trois angles principaux : « Faut-il oublier les morts ? », « A-t-on le droit de refaire sa vie ? » et « Que se passerait-il si nous restions attachés aux morts par les mêmes sentiments que ceux qui nous lient aux vivants ? » Truffaut a choisi d’interpréter lui-même le personnage principal « pour que le film soit plus intime », et de fait, il est délicat de cerner jusqu’à quel point il s’assimile à Julien Davenne. Lors de l’entretien avec le secrétaire de l’évêché, c’est indéniablement le cinéaste qui parle : ce n’est pas un film sur le culte des morts et il n’y a rien de religieux dans sa démarche. En réalité, Truffaut s’arc-boute sur son refus de l’oubli, sur son désir de continuer à vivre avec les morts. Le film est grave, un peu morbide, l’obsession du personnage principal a quelque chose d’inquiétant et l’insertion d’un alter-ego féminin plus souple dans ses positions (et auquel nous sommes censés nous identifier) n’enlève rien au malaise. Malgré un bon accueil critique, le film fut un fiasco et François Truffaut devra faire revenir Antoine Doinel (dans L’Amour en fuite, 1979) pour renflouer les caisses des Films du Carrosse.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: François Truffaut, Nathalie Baye, Jean Dasté
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(1) L’Autel des morts (The Altar of the Dead, 1895), La Bête dans la jungle (The Beast in the Jungle, 1903) et Les Amis des amis (The Friends of the Friends, 1896).

La Chambre verteNathalie Baye et François Truffaut dans La Chambre verte de François Truffaut.