23 mai 2016

Ed Wood (1994) de Tim Burton

Ed WoodDans les années cinquante, Ed Wood cherche à percer dans l’industrie du cinéma à Hollywood. Il parvient à réaliser de façon expéditive un premier film sur un transsexuel. Il rencontre par hasard l’acteur vieillissant Bela Lugosi et décide de le faire tourner à nouveau… Tim Burton rend hommage à Ed Wood qui est passé à la postérité pour être sacré « le plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Il se concentre sur sa relation avec Bela Lugosi et nous dresse le portrait assez complaisant d’un doux dingue persuadé de faire un cinéma de haute qualité et prenant pour modèle Citizen Kane. Contrairement à toute attente, Tim Burton n’exploite pas le zeste de folie du personnage, ni même d’éventuelles souffrances internes. Il le fait toutefois pour l’autre personnage central, Bela Lugosi personnifié par un Martin Landau absolument remarquable dans son interprétation, rendant ainsi un témoignage émouvant des dernières années de la vie de cet acteur remarquable. Tous les éléments, aussi loufoques qu’ils puissent paraître, sont authentiques. Le récit est tout d’abord intéressant mais se révèle répétitif et un peu ennuyeux par la suite. Il reste alors à se délecter de la forme, un très beau noir et blanc et un montage assez vif à l’image de son personnage principal. Le film est tenu généralement en haute estime.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Martin Landau, Sarah Jessica Parker, Patricia Arquette, Jeffrey Jones, Bill Murray
Voir la fiche du film et la filmographie de Tim Burton sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le budget de Plan 9 from Outer Space fut effectivement de 60 000 dollars ( = 500 000 dollars d’aujourd’hui), ce qui était très faible : la plupart des séries B de l’époque avaient un budget compris entre 200 000 et 400 000 dollars. De ce fait, on parle plus de « série Z » pour qualifier les films d’Ed Wood.

* Plan 9 from Outer Space est le film le plus célèbre d’Ed Wood depuis qu’un critique américain l’a qualifié dans les années 80 de « plus mauvais film de tous les temps » ce qui lui a valu une notoriété immédiate et d’être vu par de très nombreux spectateurs (c’est effectivement très mauvais).

Ed Wood
Martin Landau et Johnny Depp dans Ed Wood de Tim Burton.

Glen of Glenda - Ed Wood
Dolores Fuller et Ed Wood dans Glen or Glenda d’Ed Wood (1953).

Ed Wood
La même scène reconstituée par Tim Burton : Sarah Jessica Parker et Johny Depp dans Ed Wood de Tim Burton (1994).

Plan 9 from outer space
Matériel publicitaire pour le film Plan 9 from Outer Space d’Ed Wood (tourné en 1956, sorti en 1959).

17 mars 2016

The King of New York (1990) de Abel Ferrara

Titre original : « King of New York »

The King of New YorkA peine sorti de prison, Frank White, gangster cynique aux allures de dandy, reprend ses activités criminelles. Il entreprend de liquider ses concurrents dans le trafic de drogue et s’attaque ainsi à la Mafia, aux colombiens et aux chinois… Sur un scénario de Nicholas St. John, Abel Ferrara a manifestement voulu faire de King of New York plus qu’un film classique sur le crime organisé. Il va ainsi explorer la frontière entre le bien et le mal : son gangster veut faire quelque chose de bien pour sa ville et considère qu’il n’a aucune éthique à avoir face à ses concurrents dans le trafic de drogue. De leur côté, les policiers qui le traquent, navrés de leur impuissance, n’hésitent pas à utiliser des moyens de mafieux pour tenter de l’éliminer. Cela permet-il à King of New York de dépasser le stade de la simple fascination pour la figure du gangster ? Sans doute pas. Surtout que le gangster en question est magnifiquement personnifié par Christopher Walken qui a une interprétation très riche, qui provoque de multiples sentiments chez le spectateur. Les personnages qui l’entourent sont tout en contraste avec lui, à commencer par un Laurence Fishburne halluciné à la démarche chaloupée. La photographie de Bojan Bazelli est assez travaillée et accentue la noirceur du propos.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo
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Remarque :
* La production est très majoritairement italienne.

King of New York
Laurence Fishburne et Christopher Walken dans King of New York de Abel Ferrara.

28 août 2015

Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis

Forrest GumpForrest Gump est un homme simple d’esprit qui a inopinément participé à plusieurs épisodes importants de l’histoire des Etats-Unis. Assis sur un banc, il raconte sa vie aux personnes assises à côté de lui… Forrest Gump est ce que l’on appelle aujourd’hui un « feel good movie », c’est-à-dire un de ces films qui remontent le moral à un dépressif en deux temps trois mouvements. Cette histoire d’un homme très simple accomplissant des choses extraordinaires est effectivement amusante, jubilatoire, touchante. Elle porte également en elle toute une collection de valeurs idéologiques américaines (héros ordinaire, seconde chance, succès accessible à tous, etc.) et réinterprète l’Histoire de l’Amérique au travers d’un filtre simplificateur : tout devient ainsi anecdotique. Le film fait également montre d’un certain anti-intellectualisme pour installer une philosophie simpliste : « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », ou encore « il faut laisser le passé derrière soi si on veut avancer ». Bien entendu, le prétexte à ces banalités est de dire que tout cela est vu par les yeux d’un simple d’esprit… (1) Du côté de la forme, la réalisation est parfaite, avec en prime de belles prouesses techniques d’intégrations informatiques : la plume de la scène d’ouverture, intégrations de Forrest Gump dans des images d’archives (il serre notamment la main à plusieurs présidents), la balle de ping-pong (2), les jambes de Gary Sinise (3). L’interprétation de Tom Hanks est assez fantastique, l’acteur donne une dimension à son personnage qui rend le film assez plaisant malgré l’idéologie simpliste, que l’on peut certainement qualifier assez réactionnaire, qu’il colporte…
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Sally Field, Gary Sinise, Robin Wright
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forrest-gump-large
Tom Hanks dans Forrest Gump de Robert Zemeckis

Forrest Gump
Tom Hanks / Forrest Gump avec le (véritable) président John F. Kennedy.

(1) On pourra aussi noter la présence d’une sorte de justice divine qui récompense les simples et qui punit ceux qui ont « fauté »  : l’ex-hippie Jenny aura ainsi une maladie mortelle… ou encore le « maoiste » John Lennon sera assassiné (le passage avec John Lennon est assez bizarre : le gag des paroles d’Imagine est-il une plaisanterie iconoclaste ou les auteurs ont-ils une dent contre lui ? )

(2) Les plans ont été filmés sans la balle qui a été ajoutée ensuite numériquement. A noter que l’opposant de Forrest Gump lors du match est un authentique champion chinois qui a eu toutes les peines du monde à mimer le jeu sans balle.

(3) Les réalisateurs aiment bien glisser des plans en apparence infaisables : si les mollets de Gary Sinise ont été effacés par ordinateur alors comment fait-il (dans la scène avec les prostituées) pour faire demi-tour assis par terre alors qu’il est juste à côté d’une table ? (Réponse : le plan a été tourné sans table qui a été ajoutée ensuite numériquement).

24 août 2015

Prête à tout (1995) de Gus Van Sant

Titre original : « To Die For »

Prête à toutSuzanne Stone est une jeune femme qui sait exactement ce qu’elle veut : être présentatrice de télévision. Elle montre une grande détermination pour atteindre son but, bien décidée à balayer tout ce qui se trouvera en travers de sa route… Adapté d’un roman de Joyce Maynard (lui-même basé sur une histoire vraie), Prête à tout a beau être une oeuvre de commande pour Gus Van Sant, elle ne manque pas d’attraits. Cette comédie noire sur l’arrivisme et le rêve américain est assez surprenante par sa construction : elle a le mérite d’être originale mais le défaut de nous indiquer d’emblée le dénouement. Presque tout le film est un flashback, raconté à la façon d’un reportage-enquête ; certains plans ne feront sens qu’à la fin toutefois. Prête à tout sera un révélateur pour Nicole Kidman qui est particulièrement mise en valeur : l’actrice, qui était auparavant surtout vue comme la femme de Tom Cruise, va à partir de ce film devenir une actrice de premier plan. Extrêmement photogénique, elle a ici une présence à l’écran rare et Gus Van Sant ne se prive pas de la filmer en très gros plan. On remarquera aussi le petit rôle tenu par le réalisateur David Cronenberg (l’homme avec lequel elle a rendez-vous au lac à la fin du film).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Matt Dillon, Joaquin Phoenix, Casey Affleck, Illeana Douglas, Alison Folland
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Prête à tout
Nicole Kidman dans Prête à tout de Gus Van Sant.

 

7 août 2015

L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998) de Robert Redford

Titre original : « The Horse Whisperer »

L'homme qui murmurait à l'oreille des chevauxUn grave accident de cheval laisse une jeune fille de 13 ans avec une jambe en moins et un cheval blessé devenu incontrôlable. La mère de la jeune fille, éditrice d’un journal de mode new-yorkais, va traverser tous les Etats-Unis avec le cheval et sa fille pour se rendre dans le Montana, là où se trouve un homme qui sait soigner les chevaux… Avec Et au milieu coule une rivière tourné six ans auparavant également dans le Montana à peu près au même endroit, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux est représentatif de l’attachement de Robert Redford à la nature et à un mode de vie simple qui nous replacerait en harmonie avec elle. Le film est adapté d’un roman de Nick Evans et Redford prend tout son temps pour dérouler ce mélodrame écologique, s’attardant longuement sur les vastes et merveilleux paysages. Cette fois, il a choisi d’interpréter lui-même le rôle principal et son grand charisme naturel fait merveille : c’est l’homme parfait. Kristin Scott Thomas montre, comme à l’habitude, beaucoup de justesse et de sensibilité pour interpréter la femme profondément urbaine qui découvre les vraies valeurs de la nature. Pour Scarlett Johansson, ici âgée de 13 ans dans un rôle assez difficile, le film a été un révélateur qui l’a propulsée sur le devant de la scène internationale. L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux est bien entendu un must absolu pour les amoureux des chevaux qui sont superbes. Sinon, on peut trouver le film un peu trop long mais il s’en dégage indéniablement un certain charme et beaucoup d’émotions.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Kristin Scott Thomas, Sam Neill, Dianne Wiest, Scarlett Johansson, Chris Cooper
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L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux
Robert Redford sait prendre son temps pour dresser un cheval dans L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux.

L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux
Scarlett Johansson et Robert Redford dans L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux.

Remarque :
* Le terme anglais « horse whispering » (= « murmurer à l’oreille des chevaux ») désigne de manière large toutes les techniques douces de dressage des chevaux. A la base, le terme vient d’une confusion : certains indiens mordaient l’oreille des chevaux rétifs pour les forcer à se calmer (la morsure leur faisait plus mal s’ils continuaient à ruer). Les observateurs ont cru qu’ils parlaient tout bas à leurs chevaux… L’expression est restée.

5 août 2015

Et au milieu coule une rivière (1992) de Robert Redford

Titre original : « A River Runs Through It »

Et au milieu coule une rivièreDans le Montana du début du XXe siècle, deux frères sont élevés par un père strict, ministre presbytérien et fervent pratiquant de la pêche à la mouche. Ces deux frères sont très différents : l’ainé est sage et réservé alors que le plus jeune est plus impulsif et même un peu rebelle… Adapté d’un roman semi-autobiographique de Norman Maclean, publié dans les années soixante-dix, Et au milieu coule une rivière est le troisième long métrage de Robert Redford. Ce récit nous replonge dans l’Amérique verte, celle des grandes forêts montagneuses, où la nature garde tous ses droits. La forme est très classique, assez académique, la reconstitution soignée, la photographie (du français Philippe Rousselot) très belle, le rythme est calme et posé. Tout est là pour que le charme opère. Alors pourquoi me suis-je ennuyé en visionnant à nouveau ce film que j’avais tant apprécié à sa sortie ? A cause de l’histoire, sans aucun doute, assez conventionnelle et qui n’est pas vraiment passionnante (à mes yeux du moins). Les très belles séquences de pêche sont de très loin les plus marquantes du film, mais elles sont finalement peu nombreuses…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Craig Sheffer, Brad Pitt, Tom Skerritt, Brenda Blethyn, Emily Lloyd
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Et au milieu coule une rivière
Craig Sheffer et Brad Pitt sont deux frères dans Et au milieu coule une rivière de Robert Redford
.

Et au milieu coule une rivière
Brad Pitt, Tom Skerritt et Craig Sheffer dans Et au milieu coule une rivière de Robert Redford.

Remarques :
* Beaucoup ont noté la ressemblance physique entre Brad Pitt et un jeune Robert Redford.
* Le film a bien été tourné dans le Montana et dans le Wyoming (parc de Yellowstone). La rivière est la Gallatin River. La séquence de descente d’une cascade en canot a été tournée aux Granite Falls dans le Wyoming.
* Aucune truite n’a été maltraitée pendant le tournage du film !

1 août 2015

Légendes d’automne (1994) de Edward Zwick

Titre original : « Legends of the Fall »

Légendes d'automneAu tout début du XXe siècle, un ex-colonel de l’armée élève ses trois fils dans un ranch isolé du Montana avec ses amis indiens. Le plus jeune des trois qui vient de finir ses études dans l’Est revient au ranch avec sa jeune fiancée… Adapté d’une nouvelle de Jim Harrison, Légendes d’automne est une des ces grandes sagas familiales dont les américains ont le secret. Amour impossible, drames familiaux, trahisons, bravoure, tous les éléments sont réunis pour un cocktail savamment dosé d’émotions intenses. Les yeux s’humectent effectivement à plusieurs reprises mais le déroulement du récit montre vite une certaine artificialité : tout semble trop bien réglé, terriblement prévisible. Le film commence alors à paraître bien long (2h15, c’est pourtant à peine supérieur au minimum syndical des sagas familiales). La photographie est superbe, utilisant parfaitement les belles étendues du Montana (ce fut filmé un peu plus au nord, au Canada). Brad Pitt chevauchant avec ses longs cheveux blonds au vent est terriblement photogénique. En revanche, son jeu ne se montre pas vraiment convainquant, c’est également le cas des autres acteurs qui ne se montrent guère concernés.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Anthony Hopkins, Aidan Quinn, Julia Ormond, Henry Thomas
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Legends of the Fall
Aidan Quinn, Henry Thomas et Brad Pitt sont les trois frères de Légendes d’automne de Edward Zwick.

29 juillet 2015

Seven (1995) de David Fincher

Titre original : « Se7en »

SevenA sept jours de prendre sa retraite, le détective William Somerset (Morgan Freeman) accueille son remplaçant le jeune David Mills (Brad Pitt). Les deux détectives vont se trouver confrontés à une série de crimes assez atroces… A partir d’une base ultra classique (le vieux détective qui agit avec sa tête en tandem forcé avec un jeune impulsif), David Fincher nous entraîne sur des terres plutôt inconnues avec un thriller de haute virtuosité, autant sur le scénario (signé Andrew Kevin Walker) que sur la mise en scène et le montage. L’enquête devient rapidement un jeu de piste morbide et le suspense culmine dans la séquence finale, assez incroyable (sans être totalement inoubliable puisque, personnellement, je ne m’en souvenais plus, ce qui fut toutefois un avantage…) On peut toutefois regretter que toute cette virtuosité, ces écarts par rapports aux lourdes normes hollywoodiennes soient au service du glauque et du sordide : je ne dirais pas que la vision de Seven est une partie de plaisir… La complaisance mêlée de fascination de Fincher pour son tueur peut également laisser un peu perplexe. Morgan Freeman est comme toujours solide dans son interprétation, ce qui est loin d’être le cas de celle de Brad Pitt ; Fincher aurait-il cultivé cette différence de qualité pour appuyer l’écart entre les deux détectives ? Seven fut un très grand succès et jouit toujours d’une très forte aura.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Morgan Freeman, Brad Pitt, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey
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Seven
Morgan Freeman et Brad Pitt dans Seven de David Fincher

Remarque :
* La fin que l’on peut voir dans le film Seven avait d’abord été refusée par les producteurs qui demandèrent à Andrew Kevin Walker d’en écrire une autre. Mais c’est le premier script qui fut, par erreur, donné à David Fincher. Quand New Line Cinema s’aperçut de la bourde et lui donnèrent le script révisé, David Fincher refusa tout net ces changements et reçut l’appui de Brad Pitt dans sa bataille pour imposer ses vues.
Pour lire la version révisée du script… (avec une fin différente. Pour se placer au début de la fin, rechercher dans la page le mot « helicopter » et vous serez dans la scène où l’on voit un hélicoptère pour la première fois, c’est à dire au départ de la voiture avec John Doe).

27 juillet 2015

Usual Suspects (1995) de Bryan Singer

Titre original : « The Usual Suspects »

Usual SuspectsUne fusillade sur un cargo à quai dans le port de Los Angeles laisse le bateau en flammes et plus de vingt morts. L’un des rares survivants est interrogé par la police. Il raconte que tout a commencé six jours auparavant lorsque cinq suspects ont été arrêtés pour une attaque à main armée qu’il n’avait pas commise… Ecrit par Christopher McQuarrie et réalisé par Bryan Singer (son deuxième long métrage et, sans aucun doute, son plus remarquable), Usual Suspects a fait bouger les codes bien établis du film policier, principalement par sa construction qui est assez admirable ; entremêlant présent et flashback, elle forme un puzzle dont les pièces ne sont dévoilées que progressivement. Le déroulement du scénario nous tient ainsi constamment en haleine. Les personnages sont bien définis et bénéficient d’une interprétation parfaite, dans l’ensemble assez retenue, avec une mention spéciale pour Kevin Spacey et Gabriel Byrne. La musique est parfaitement intégrée et utilisée. Le twist final a beaucoup marqué les esprits : on pourra toujours objecter que Usual Suspects n’est pas le premier film à se terminer ainsi avec un retournement qui surprend le spectateur mais c’est incontestablement après lui que le twist final est devenu une figure obligée du genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gabriel Byrne, Kevin Spacey, Benicio Del Toro, Stephen Baldwin, Kevin Pollak, Chazz Palminteri, Pete Postlethwaite
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Usual Sspects
Kevin Spacey dans The Usual Suspects de Bryan Singer

23 juillet 2015

Contact (1997) de Robert Zemeckis

ContactAprès des années de recherches, l’astrophysicienne Eleanor Arroway capte un signal venant de l’étoile Vega. Aucun doute n’est permis : il s’agit bien d’un message qui nous est adressé… Pour tout amateur de hard science-fiction (1) qui se respecte, l’adaptation de Contact de Carl Sagan était très attendue car le roman de ce scientifique est l’un des meilleurs du genre. L’histoire se situe tout naturellement dans le cadre du vaste et enthousiasmant programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, recherche d’une intelligence extraterrestre) dont Carl Sagan était l’un des promoteurs. L’adaptation par Robert Zemeckis s’est révélée être excellente, avec le même degré d’assise scientifique. Carl Sagan en a, il est vrai, suivi de près la préparation mais n’a pu hélas le voir terminé du fait de son décès en cours de tournage. Le niveau de réalisme est excellent, les problèmes soulevés sont effectivement ceux qui ne manqueraient pas de se poser dans une telle situation et les images créées (scène d’ouverture et voyage) sont superbes. Le film sera toutefois diversement apprécié selon sa sensibilité au sujet. A mes yeux, Contact est l’un des meilleurs films de science-fiction jamais réalisés.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Matthew McConaughey, Tom Skerritt, William Fichtner, John Hurt
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Contact
Jodie Foster est à l’écoute du ciel profond dans Contact de Robert Zemeckis

Remarques :
* Au départ, Contact a été un projet de film que Carl Sagan a écrit en 1980 avec sa femme Ann Druyan. Le projet n’a pas abouti et Carl Sagan en a fait un roman (paru en 1985).

* Peu après la sortie de Contact, Warner Bros a reçu un avertissement de la Maison Blanche pour avoir utilisé des images du président Bill Clinton sans autorisation. Il faut dire que ces insertions sont fort bien faites, on pourrait croire qu’il a joué dans le film. En la matière, Zemeckis a l’expérience de Forrest Gump.

* Le radiotélescope du début du film est celui d’Arecibo sur l’île de Porto-Rico. Il a été et est toujours utilisé dans le cadre de SETI. C’est le plus grand au monde en taille physique (mais pas en taille effective où il est largement dépassé par de plus petits mis en batterie). Les radiotélescopes vus ensuite sont ceux du Very Large Array (VLA) situé aux Etats-Unis dans l’état du Nouveau Mexique.

* La scène d’ouverture, un travelling arrière depuis la Terre jusqu’aux amas de galaxies, est absolument superbe. On peut la voir sur Youtube (mais, même en HD, les algorithmes de compression montrent nettement leurs limites : ils en font de la bouillie).

(1) La « hard science-fiction » (= science-fiction dure) est un genre de science-fiction qui s’appuie sur des bases scientifiques solides. Pour donner les auteurs les plus représentatifs, on peut citer Arthur C. Clark (2001, odyssée de l’espace), Poul Anderson, Stanislaw Lem (Solaris), Carl Sagan, Kim Stanley Robinson, … Et Jules Vernes est un peu le père spirituel de la « hard SF ».