24 février 2012

Jason et les Argonautes (1963) de Don Chaffey

Titre original : « Jason and the Argonauts »

Jason et les ArgonautesJason, fils du roi de Thessalie assassiné vingt années auparavant, part chercher la Toison d’or pour redonner espoir à son peuple et chasser l’usurpateur qui a pris sa place. Il est protégé par la déesse Héra dans son expédition qui va l’emmener dans des contrées inexplorées…
Jason et les Argonautes est librement inspiré de la mythologie grecque (1). Réalisé par l’anglais Don Chaffey, ce peplum est devenu l’archétype du film d’aventures et reste marquant par ses extraordinaires effets spéciaux signés Ray Harryhausen (2) qui anime de façon spectaculaire ses monstres et autres créatures malfaisantes. Bien évidemment, ces effets spéciaux peuvent faire sourire aujourd’hui mais on ne peut qu’être frappé par leur pouvoir de marquer nos esprits. Jason et les Argonautes Et comme le fait remarquer l’historien Jacques Lourcelles, leur maladresse relative donne aux créatures une certaine fragilité et par la même une certaine humanité. L’inventivité est remarquable, la mise en scène est parfaite. De l’ensemble, se dégage une indéniable poésie qui donne à ces aventures une dimension supplémentaire et unique.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Todd Armstrong, Nancy Kovack, Niall MacGinnis, Honor Blackman, Nigel Green
Voir la fiche du film et la filmographie de Don Chaffey sur le site IMDB.

Remarques :
La musique est signée Bernard Herrmann qui réutilise ou réarrange certains thèmes de ses films précédents.

(1) Plus précisément, la source d’inspiration principale de Jason et les Argonautes semblent avoir été les Argonautiques du poète grec Apollonios de Rhodes (IIIe siècle avant J.C.), une épopée en quatre chants qui relate le voyage des Argonautes, menés par Jason, dans leur quête de la Toison d’or.
(2) Ray Harryhausen est également producteur-associé aux côtés de Charles H. Schneer.

Remake (TV) :
Jason et les Argonautes 2000 de Nick Willing (2000) avec Jason London

18 février 2012

Les premiers hommes dans la lune (1964) de Nathan Juran

Titre original : « First men in the moon »

Les premiers hommes dans la luneUne expédition internationale parvient à atterrir sur la lune en 1964. Elle découvre avec stupéfaction un petit drapeau anglais planté là en 1899. Un document permet de retrouver l’un des survivants de cette lointaine expédition. Il raconte l’aventure… Adaptation du roman homonyme de H.G. Wells écrit en 1901, Les premiers hommes dans la lune est l’un des films issus de la collaboration du producteur Charles H. Schneer avec le génial créateur d’effets spéciaux Ray Harryhausen. Le film a été tourné en Angleterre. Hormis le prologue et l’épilogue qui se situent à l’époque moderne, le film reste assez fidèle au livre, la plus grande différence étant l’ajout (inévitable) d’un personnage féminin. Les préparatifs peuvent paraître un peu longs avec un humour souvent trop appuyé (à noter que cette légèreté de ton au début de l’histoire est présente dans le livre de Wells), mais le déroulement réserve des surprises. Les effets spéciaux sont bien réalisés et surtout bien intégrés à l’histoire, jamais superflus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward Judd, Martha Hyer, Lionel Jeffries
Voir la fiche du film et la filmographie de Nathan Juran sur le site IMDB.
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Précédentes adaptations du roman d’H.G. Wells :
Le voyage dans la lune de Georges Méliès (1902) qui s’est inspiré à la fois du roman de Jules Verne (pour le voyage) et du roman de Wells (rencontres sur la lune)
The First Men in the Moon (1919) des anglais Bruce Gordon et J.L.V. Leigh (film perdu ?)

Lire une présentation plus complète du film sur le site Devildead…

17 février 2012

Bye bye, Barbara (1969) de Michel Deville

Bye bye, BarbaraUne jeune femme, pieds nus en manteau de vison blanc, fait irruption dans un bar de Biarritz. Elle semble en fuite. Le séducteur Jérôme, journaliste sportif frivole, la prend sous son aile et l’héberge pour la nuit. Le lendemain, elle rentre avec lui à Paris mais le soir même, elle est morte… Bye bye Barbara est l’un des films issus de la collaboration de Michel Deville avec Nina Companéez. Ils réussissent à faire une fusion entre la comédie et le film policier mondain tout en jouant les contrastes : face à la froideur et au machiavélisme du monde de Hugo Michelli (Bruno Cremer), ils opposent la légèreté, la désinvolture du journaliste. Le premier est un monde où l’amour enferme, rend esclave, le second est un monde où l’amour libère avec charme et douceur. Philippe Avron manque sans doute un peu de charisme mais il est finalement assez convaincant avec un jeu qui évoque Belmondo. La mise en scène et en images de Michel Deville est superbe, élégante avec une belle harmonie des couleurs. Le rythme est enlevé avec des accélérations appuyées de beaux mouvements de caméra, les dialogues sont assez vifs. Finalement, Bye bye Barbara est loin d’être un film mineur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ewa Swann, Philippe Avron, Bruno Cremer, Alexandra Stewart, Michel Duchaussoy
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Deville sur le site IMDB.

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29 janvier 2012

Barberousse (1965) de Akira Kurosawa

Titre original : « Akahige »

BarberousseAux alentours de 1820 à Edo (aujourd’hui Tokyo), un tout jeune médecin est affecté à un dispensaire de quartier pauvre alors qu’il attendait un poste bien plus prestigieux du fait de ses relations. Il se révolte d’abord contre son patron, un docteur entièrement dévoué à sa tâche surnommé Barberousse, avant de s’intéresser peu à peu à certains cas… Barberousse fait partie des grands films humanistes d’Akira Kurosawa. Il s’agit d’une œuvre de grande ampleur à laquelle le cinéaste a consacré deux années. Cette transformation d’un jeune arriviste est admirablement construite puisque plusieurs histoires dans l’histoire nous sont contées. L’idée développée par Kurosawa est de montrer que les maux physiques cachent souvent une tragédie humaine dont la cause profonde est soit la pauvreté, soit la rigidité des codes sociaux. Le docteur Barberousse prouve peu à peu au jeune homme que soigner les maux des autres lui permet aussi de soigner les siens et trouver une paix en lui-même. Kurosawa sait éviter tout misérabilisme et tout sermon, il raconte des histoires qui nous captivent par leur force et qui nous touchent profondément. Barberousse fait partie de ces films qui nous font réfléchir sur notre vision de la vie et nous donnent une sensation d’enrichissement. La mise en scène est parfaite, un grand soin a été porté sur les décors et le format large de l’image est merveilleusement exploité. Barberousse fait partie des plus grands films de Kurosawa.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Yûzô Kayama, Tsutomu Yamazaki, Reiko Dan, Miyuki Kuwano
Voir la fiche du film et la filmographie de Akira Kurosawa sur le site IMDB.

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Remarque :
Barberousse marque la fin de la collaboration entre Akira Kurosawa et son acteur fétiche Toshirô Mifune. Ce dernier se lançait alors dans la production, il était aussi courtisé par Hollywood. Immobilisé par le long tournage de Barberousse, il a commencé à entrer en conflit avec Kurosawa sur l’orientation à donner à son personnage : alors que le réalisateur voulait mettre en avant son altruisme, l’acteur voulait accentuer son côté héros prêt à tout, lointain. Kurosawa déclarera par la suite : « Son interprétation héroïque, granitique, austère, a faussé le personnage. Mifune n’a pas voulu m’écouter. Alors j’ai décidé de ne plus travailler avec lui. Quand un acteur commence à jouer son propre personnage, c’est fini. » Nous pouvons voir la conséquence de ces dissensions dans  la scène du combat, une scène qui paraît assez décalée et inutile.

23 janvier 2012

Embrasse-moi, idiot! (1964) de Billy Wilder

Titre original : « Kiss me, stupid »

Embrasse-moi, idiot!Un crooner, réputé pour être un homme à femmes, s’arrête dans le petit village de Climax pour prendre de l’essence. Pour le pompiste et son voisin qui écrivent des chansons et aspirent au succès, c’est une occasion inespérée. Ils sont prêts à tout pour placer une de leurs chansons et inventent tout un stratagème… Embrasse-moi, idiot! est une comédie très amusante qui porte un certain regard sur l’arrivisme et la société américaine. Le film fut trainé dans la boue par les ligues de vertu américaines ; la Critique emboîta le pas en le présentant comme étant assez abject et de mauvais goût. Il faut dire que personne n’est épargné. Billy Wilder s’attaque aux fondements du modèle américain, la réussite, la famille, l’épouse, et le fait que ses personnages soient des gens ordinaires en décuple la portée : cela pourrait être tout à chacun ce qui entraîne le spectateur sur la question « jusqu’où est-on prêt à aller pour réussir ? » Pour ne rien arranger, le seul personnage vertueux et intègre est une prostituée… Oui, le phénomène de rejet qui se manifesta à la sortie de Embrasse-moi, idiot! s’explique aisément. Les questions soulevées sont d’ailleurs toujours aussi actuelles : si aujourd’hui, nous sommes moins chatouilleux sur la famille, l’attrait du succès et de la réussite est toujours aussi fort, voire plus. Il est dommage que ce film ait été si maltraité, car Embrasse-moi, idiot! est une comédie assez subtile, bien rythmée et remarquablement interprétée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le professeur de piano devait être interprété par Peter Sellers. L’acteur eut une crise cardiaque après quelques semaines de tournage et Billy Wilder du tout reprendre avec Ray Walston qui s’en tire très bien, avec un jeu plus proche de Jack Lemmon que de Peter Sellers d’ailleurs (il faut dire que sa femme dans le film est la femme de Jack Lemmon dans la vraie vie!!)
* Le personnage de la prostituée avait été écrit pour Marilyn Monroe, ce subtil mélange de naïveté et de sensualité était effectivement un rôle sur mesure pour elle. Kim Novak est merveilleuse dans ce rôle, sans vraiment chercher à copier Marilyn.
* Dean Martin, de son côté, joue avec sa propre image, à la fois sur plan du coureur de jupons et du chanteur un peu sur le déclin qui résiste à la déferlante d’une nouvelle vague musicale.
* Certes, il n’y a pas de village nommé Climax au Nevada mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe une localité nommée « Climax » dans dix autres états américains (rappelons que « Climax » en anglais, comme en français d’ailleurs mais le mot est moins usité, peut désigner un orgasme).

Homonyme :
Embrasse-moi, idiot! (A fool there was) de Frank Powell (1915) avec Theda Bara.

17 janvier 2012

Le journal d’une femme de chambre (1964) de Luis Buñuel

Le journal d'une femme de chambreDans les années vingt en Normandie, Célestine arrive de Paris pour être femme de chambre dans une grande demeure bourgeoise. Elle découvre les travers de chacun… Le journal d’une femme de chambre est le premier film de la dernière période française de Luis Buñuel, l’adaptation d’un roman d’Octave Mirbeau. Le journal d'une femme de chambre Il s’agit d’une peinture acerbe d’une bourgeoisie inutile et vieillissante doublée d’une petite diatribe contre l’extrême-droite avec quelques piques savoureuses contre la religion. Dans sa forme, le film est étonnamment plus sage et plus classique que ses films précédents. Une certaine description du quotidien forme l’ossature du film. Le journal d’une femme de chambre doit beaucoup à Jeanne Moreau, absolument parfaite dans ce personnage assez impénétrable, finalement très énigmatique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Georges Géret, Michel Piccoli, Françoise Lugagne, Jean Ozenne, Muni
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

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Remarques :
* A la fin du film, Luis Buñuel fait scander « Vive Chiappe ! » à la manifestation d’extrême-droite « contre les métèques ». Jean Chiappe fut un préfet de police ultraconservateur de la fin des années vingt. En 1930, il fit interdire l’Âge d’Or de Buñuel, interdiction de projection qui ne sera levée qu’en… 1981 !
* Ce film marque la première apparition de Muni (la servante un peu simplette) dans un film de Buñuel. Elle tournera également dans presque tous ses films ultérieurs. Comme le réalisateur le dit lui-meême, ce sera un peu sa mascotte.
* Le curé est interprété par Jean-Claude Carrière qui cosigne l’adaptation avec Buñuel. Là aussi, c’est une première collaboration mais pas la dernière.

16 janvier 2012

Frontière chinoise (1966) de John Ford

Titre original : « 7 Women »

Frontière chinoiseDans le nord de la Chine de 1935, une mission isolée et menée par des femmes attend l’arrivée d’un nouveau docteur. Elles voient arriver une femme à l’esprit libre qui va rapidement s’opposer à la directrice rigide. Pendant ce temps, une troupe de bandits pille et saccage la région… Pour son dernier film, John Ford signe un film assez atypique. Frontière chinoise est atypique dans sa filmographie car on a l’habitude de le voir mettre en scène des histoires d’hommes et on le dit même incapable de diriger des femmes. A 72 ans, il lui prend l’envie de faire un pied de nez à ses détracteurs et filme une histoire ne comportant pratiquement que des femmes. Il les place dans une situation de crise aigue qui va révéler leur nature profonde, ce qui est certes plus habituel pour le réalisateur. Atypique, le film l’est aussi par rapport au cinéma des années soixante : il s’agit d’un huis clos, tourné en studio, à l’ancienne. John Ford réussit là un beau film, assez passionnant. Anne Bancroft fait une très belle prestation. A noter que le réalisateur semble régler ses comptes avec la religion, qu’il montre incapable d’apporter une aide quelconque et sclérosant les comportements. Frontière chinoise est sorti au début de la Révolution Culturelle en Chine et le film fut, un peu hâtivement, jugé comme étant réactionnaire, raciste et antichinois. En réalité, c’est un beau film qui clôt joliment sa carrière de 145 films.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anne Bancroft, Sue Lyon, Margaret Leighton, Flora Robson, Mildred Dunnock, Betty Field
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Remarques :
* Anne Bancroft a remplacé Patricia Neal qui dut être hospitalisée après une série d’attaques qui faillirent lui coûter la vie. Patricia Neal ne décédera heureusement que beaucoup plus tard, en 2010.
* Après Frontière chinoise, John Ford réalisera encore un documentaire pour la télévision sur un soldat américain : Chesty: A Tribute to a Legend.

9 janvier 2012

Docteur Folamour (1964) de Stanley Kubrick

Titre original : « Dr. Strangelove or: How I learned to stop worrying and love the bomb »

Docteur FolamourAtteint de paranoïa aigue, un général américain lance une flotte de bombardiers porteurs de bombes nucléaires sur l’U.R.S.S. Il coupe toute communication pour empêcher de les rappeler. Son but est de forcer son pays à entrer en guerre générale… Avec Docteur Folamour, Stanley Kubrick choisit l’humour pour souligner les dangers de l’escalade de l’armement nucléaire (1). La force de cette histoire est de reposer sur des bases assez réalistes, presque documentaires par certains aspects, et d’avoir des personnages particulièrement haut en couleur. Dépeindre les dirigeants politico-militaires comme des fous qui ne contrôlent rien est hautement subversif. Côté acteurs, le plus remarquable est bien entendu Peter Sellers qui interprète trois rôles différents (2), dont le fameux Docteur Folamour, transfuge allemand qui ne peut s’empêcher de faire le salut nazi quand il s’enthousiasme un peu trop… Tout aussi savoureuse est la performance de George C. Scott qui réussit à ne jamais trop surjouer son personnage caricatural de général belliciste (3). Slim Pickens est également assez mémorable en pilote texan à l’accent à couper au couteau. Il est difficile de ne pas noter les nombreuses allusions sexuelles, à commencer par le générique (le ravitaillement en vol d’un bombardier sur une chanson d’amour), le nom des personnages (4), la petite amie du général (scène mémorable du coup de téléphone pendant qu’il est aux toilettes), etc. Comme l’ont fait remarquer certains historiens, cette façon de faire la collusion entre sexe et politique rapproche Kubrick de Buñuel. Le film eut beaucoup de succès et reste toujours aussi drôle aujourd’hui. Docteur Folamour est un petit chef d’œuvre d’humour noir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Slim Pickens, Peter Bull, James Earl Jones, Tracy Reed
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Remarques :
(1) L’humour n’était pas l’intention première de Kubrick. Le roman dont l’histoire est tirée est un livre très sérieux : « Red Alert » (ou « Two hours to doom ») de l’anglais Peter George (alias Peter Bryant, un ex-militaire). Mais après le choix de Peter Sellers comme acteur principal et une première approche du scénario, Kubrick engagea Terry Southern, le roi de la comédie satirique, pour réécrire le tout dans une optique plus loufoque.
(2) C’est la Columbia qui a insisté pour que Peter Sellers joue plusieurs rôles. Il l’avait déjà fait avec grand succès dans La souris qui rugissait de Jack Arnold (1959). Il était même prévu qu’il joue aussi le pilote de l’avion mais l’acteur refusa.
(3) George C. Scott et Kubrick n’étaient pas pleinement d’accord sur l’orientation à donner au personnage. Pour avoir ce qu’il voulait, Kubrick aurait demandé à Scott d’exagérer son personnage dans les premières prises comme entrainement, en promettant de ne pas utiliser ces prises. Bien entendu, il les utilisa. Quand le film fut terminé, George C. Scott aurait juré de ne plus jamais travailler pour Kubrick. Il faut noter également que George C. Scott n’est pas exactement un antimilitariste…
(4) Le général s’appelle Buck Turgidson (Buck = mâle, Turgid = enflé) alors que sa partie de jambes en l’air est toujours remise. Le président se nomme Merkin Muffley (Merkin = faux poils pubiens, Muff= grosse bourde mais aussi, toujours en argot, le sexe féminin) et il est chauve ! (Merkin est aussi un terme péjoratif utilisé par les anglais pour désigner un américain.) On peut aussi noter que Mandrake = mandragore qui est un aphrodisiaque, que le nom de l’ambassadeur russe, De Sadeski, est évidemment une référence à Sade, etc.

A voir aussi, sorti la même année,  le même sujet traité de façon très différente :
Point Limite le très beau film de Sidney Lumet (1964) avec Henri Fonda

6 janvier 2012

Casanova, un adolescent à Venise (1969) de Luigi Comencini

Titre original : « Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano »

Casanova, un adolescent à VeniseA Venise, le jeune Casanova est élevé par sa grand-mère puis reçoit une bonne éducation grâce à un protecteur abbé. Il se prépare à entrer dans les ordres… Luigi Comencini désirait tourner un film en costumes sur la vie et la société du XVIIIe siècle. Il choisit comme support un personnage bien connu du public et utilise les cinq premiers chapitres des « Mémoires de Casanova ». Mais, comme il le dit lui-même, le vrai thème du film, ce sont les conditions de vie, les coutumes, les rapports sociaux. Sur ce plan, le film est effectivement très riche, il fourmille de détails, offre un portrait très réaliste de la société (parfois même presque trop réaliste, comme dans cette scène assez effroyable de l’opération). C’est un portrait non édulcoré, Comencini nous montre une société proche de la décadence, sclérosée per ses contraintes sociales, où seuls les prêtres peuvent sortir de leur classe. Le film n’est pas dénué d’humour pour autant. Côté acteurs, seul Leonard Whiting, acteur beau mais terne, ne paraît pas à sa place. Les costumes sont à la fois beaux et réalistes. Casanova, un adolescent à Venise est aussi un spectacle, un spectacle instructif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonard Whiting, Maria Grazia Buccella, Lionel Stander, Raoul Grassilli, Wilfrid Brambell, Tina Aumont
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.
Voir les autres films de Luigi Comencini chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Pour Casanova, un adolescent à Venise, Comencini s’est également inspiré d’autres écrits de l’époque et de peintures. Par exemple, la scène du rhinocéros est tirée d’une peinture de Pietro Longhi, peintre vénitien qui a peint de nombreuses de la vie quotidienne.

8 décembre 2011

Tire-au-flanc 62 (1961) de Claude de Givray et François Truffaut

Tire-au-flanc 62Jean Lerat de la Grignotière, aristocrate de bonne famille, arrive à la caserne pour faire son service militaire. A son grand dam, il est mis au même rang que les autres appelés et va goûter aux joies de la vie militaire… Tire-au-flanc est un classique du comique troupier, une pièce écrite en 1904 par André Mouézy-Éon et André Sylvane qui a déjà été adaptée plusieurs fois au cinéma notamment par Renoir. François Truffaut a coécrit l’adaptation et a supervisé la réalisation du jeune Claude de Givray. C’est un film sans prétention, issue d’une équipe en pleine entente. C’est en réalité un enchainement de gags sans continuité narrative. Le film est très bien rythmé. Les gags sont assez classiques mais il y a de belles trouvailles dans le traitement ; le ton léger, sans méchanceté et respirant la bonne humeur, rend l’ensemble amusant. Il y aussi quelques envolées poétiques charmantes. Les réalisateurs ont parsemé le film de petits clins d’œil cinématographiques, depuis Jean Renoir et Jean Vigo jusqu’à leurs amis de la Nouvelle Vague. Tire-au-flanc 62 bénéficie d’une belle et joyeuse troupe d’acteurs dans laquelle on remarquera Bernadette Laffont, Pierre Fabre, Jacques Balutin, Cabu avec des apparitions de Jean-Claude Brialy, Pierre Etaix et même Truffaut lui-même. La photographie est de Raoul Coutard.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christian de Tillière, Ricet Barrier, Jacques Balutin, Pierre Fabre
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude de Givray sur le site IMDB.
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Remarques :
C’est le seul film tourné par le chanteur Ricet Barrier. Il a en outre tourné un peu pour la télévision et prêté sa voix à Saturnin (oui, *le* Saturnin de notre enfance…)

Autres adaptations :
Tire au flanc (1912) de ?? avec Jeanne Bérangère et Coquet
Tire au flanc (1928) de Jean Renoir avec Michel Simon et Félix Oudart
Tire au flanc (1933) de Henry Wulschleger avec Félix Oudart et Simone Simon
Tire au flanc (1950) de Fernand Rivers avec Francis Blanche