22 mai 2016

C’était demain (1979) de Nicholas Meyer

Titre original : « Time After Time »

C'était demainLondres 1893. Lorsque H.G. Wells réunit ses amis pour leur exposer sa machine à voyager dans le temps, il est loin de s’imaginer que l’un de ses hôtes n’est autre que Jack l’Éventreur. Il ne l’apprend que lorsque la police vient sonner à sa porte pour fouiller la maison. Trop tard ! Le criminel s’est échappé en utilisant la machine… Mettre H.G. Wells et Jack l’Éventreur dans la même histoire et les envoyer tous les deux dans le futur, il fallait oser ! Nicholas Meyer n’en était pas à son coup d’essai puisque son roman précédent réunissait Sherlock Holmes et Sigmund Freud, une histoire portée à l’écran par Herbert Ross en 1976 sans vraiment convaincre (1). Nicholas Meyer décide donc de passer cette fois derrière la caméra pour les faire les choses lui-même. Et il a eu raison car, aussi saugrenu que puisse paraître le synopsis, l’histoire fonctionne à merveille, en grande partie grâce à un savant dosage des différents éléments. Science-fiction, intrigue policière et humour se mêlent harmonieusement dans cette fantaisie servie par une belle interprétation. L’humour issu du décalage temporel, celui du gentleman anglais de l’ère victorienne parachuté dans le San Francisco des années soixante-dix, fonctionne par petites touches. C’était demain est une belle variation du roman de H.G. Wells sur le voyage dans le temps.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, David Warner, Mary Steenburgen
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Meyer sur le site IMDB.

Remarques :
* Malcolm McDowell et Mary Steenburgen sont tombés amoureux l’un de l’autre pendant le tournage et se mariés l’année suivante.
* La jeune femme Shirley est interprétée par Patti d’Arbanville (oui, la Lady d’Arbanville de Cat Stevens).
* Cindy Lauper a eu l’idée de son Time after Time  en voyant le titre de ce film sur un programme TV.

(1) Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (The Seven-Per-Cent Solution) de Herbert Ross (1976) avec Alan Arkin et Vanessa Redgrave.

Time after Time
Mary Steenburgen et Malcolm McDowell dans C’était demain de Nicholas Meyer.

28 octobre 2015

La Guerre des mondes (1953) de Byron Haskin

Titre original : « The War of the Worlds »

La Guerre des mondesLeur planète devenant inhospitalière, les martiens ont décidé d’envahir la Terre. Intrigués par la chute d’un météore, les habitants d’un petit village de Californie le voient s’ouvrir pour livrer passage à des machines qui détruisent tout sur leur passage… Même s’il faut mentionner la très remarquée adaptation radiophonique d’Orson Welles en 1938 qui sema la panique tant elle était réaliste, La Guerre des mondes de Byron Haskin (produite par George Pal) est la première grande adaptation du célèbre roman de H.G. Wells. Elle diffère du livre sur de nombreux points mais en reste fidèle à l’esprit ; la différence la plus discutable est l’inclusion d’une dimension religieuse, en montrant la fin comme une intervention divine. Le scénario est finalement très simple mais le film tire toute son intensité de l’utilisation intelligente d’effets spéciaux très spectaculaires pour l’époque, effets qui dévorèrent les trois-quarts de l’important budget du film, et du choix judicieux de ne montrer qu’à peine les martiens. La tension n’en est que plus forte. Vu aujourd’hui, le film conserve son impact même si les effets spéciaux ne peuvent nous subjuguer autant. La Guerre des mondes reste l’un des grands films de science-fiction des années cinquante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne
Voir la fiche du film et la filmographie de Byron Haskin sur le site IMDB.

Voir les autres films de Byron Haskin chroniqués sur ce blog…

La Guerre des mondes
La Guerre des mondesAnn Robinson et Gene Barry dans La Guerre des mondes de Byron Haskin

Remarques :
* Les machines martiennes étaient prévues au départ pour être des tripodes comme dans le livre de Wells mais il fut impossible d’imaginer leur marche. Il fut donc décidé d’opter pour des machines volantes. Elles sont remarquablement dessinées.

* Les machines martiennes ont été réalisées en cuivre et à l’échelle réelle, ce qui accroit leur effet à l’image (les esprits chagrins feront toutefois remarquer que certains des nombreux câbles utilisés pour les soutenir restent visibles à l’écran).

* En ce début des années cinquante où la paranoïa anticommuniste était à son maximum, le thème d’une invasion extraterrestre se voyait doté d’un impact accru. Le caractère de métaphore est obligatoirement présent mais il paraît tout de même moins net que dans d’autres films.

* Remake :
La Guerre des mondes (The War of the Worlds) de Steven Spielberg (2005) avec Tom Cruise.

13 octobre 2014

La machine à explorer le temps (1960) de George Pal

Titre original : « The Time Machine »

La machine à explorer le tempsLe 31 décembre 1899, un inventeur anglais fait la démonstration d’une machine qui permet de voyager dans le temps à trois de ses amis. Devant l’incrédulité de ces derniers, il décide d’expérimenter lui-même cette même machine et de partir vers le futur…
La machine à explorer le temps est l’un des plus beaux romans de H.G. Wells. C’est à la fois une belle fable de science-fiction et une réflexion sur la nature profonde de l’homme et sur l’ère industrielle. Le film de George Pal simplifie l’ensemble pour mettre en avant une histoire d’amour et gommer tous les aspects pessimistes du roman. Mais il y a tout de même de beaux restes : la mise en scène est soignée, les effets spéciaux utilisés lors des voyages dans le temps frappent l’imagination, le design de la machine est ravissant, des notes d’humour sont distillées ça et là. En revanche, on ne trouvera pas le pessimiste saut final dans l’ultra-futur et encore moins les parallèles que fait Wells avec la société de son temps. En fait, c’est tout le contenu ayant une certaine portée qui a été écarté, le pessimisme a laissé place à l’optimisme, une indéfectible foi en la nature humaine. Le film de George Pal est avant tout un divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux
Voir la fiche du film et la filmographie de George Pal sur le site IMDB.

Remake :
La machine à explorer le temps (The Time Machine) de Simon Wells (2002), nouvelle adaptation qui a simplifié encore davantage le propos pour en faire un film d’action.

La machine à explorer le temps (The Time Machine)Rod Taylor dans La machine à explorer le temps (The Time Machine) de George Pal.

7 avril 2012

Au coeur de la nuit (1945) de Basil Dearden, Alberto Cavalcanti, Charles Crichton et Robert Hamer

Titre original : « Dead of Night »

Au coeur de la nuitL’architecte Walter Craig arrive dans une maison à la campagne, appelé pour faire des modifications. A son arrivée, il dit reconnaitre les cinq personnes présentes car toutes faisaient partie d’un cauchemar fait récemment. Chacune de ces personnes fait alors le récit d’une histoire qui leur est arrivée où le surnaturel tenait également une grande place… Produit des studios anglais Ealing, Au coeur de la nuit est un film assez surprenant : c’est l’un des rares films fantastiques anglais de cette époque. Il fait intervenir une bonne dose de surnaturel avec un soupçon de psychologie, mais reste tout de même dans un cadre réaliste. La construction est habile puisque ce sont cinq histoires différentes qui sont enchâssées dans une sixième qui sert de narration principale. Ce n’est donc pas à proprement parler un film à sketches. La progression est bien dosée, les deux premières histoires, plus simples, nous mettant en appétit avant deux histoires très puissantes, le miroir hanté et le ventriloque avec pour intermède l’histoire des deux golfeurs qui vient relâcher la tension ; Au coeur de la nuit cette histoire est en effet nettement dans le registre de l’humour avec les acteurs Naunton Wayne et Basil Radford, duo inséparable depuis leurs prestations dans Une Femme disparaît d’Hitchcock. Le dernier récit, le ventriloque, est certainement le plus abouti, tant sur la forme, avec des cadrages assez travaillés, que sur le fond avec un contenu psychanalytique assez riche. Au coeur de la nuit est un film plein de charme, qui suggère plus qu’il ne montre, qui s’adresse à notre imagination.
C’est l’un des petits bijoux des Studios Ealing.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michael Redgrave, Mervyn Johns, Googie Withers, Basil Radford, Naunton Wayne, Roland Culver
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Voir les autres films de Basil Dearden chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Charles Crichton chroniqués sur ce blog…

Les 5 histoires :
Narration principale réalisée par Basil Dearden sur une histoire de E.F. Benson
1. Le conducteur du corbillard (Hearse Driver)
… réalisé par Basil Dearden sur une histoire de E.F. Benson
2. La fête de Noël (Christmas Party)
… réalisé par Alberto Cavalcanti sur une histoire d’Angus MacPhail
3. Le miroir hanté (The Haunted Mirror)
… réalisé par Robert Hamer sur une histoire de John Baines
4. Une histoire de golf (Golfing Story)
… réalisé par Robert Hamer sur une histoire d’H.G.Wells
5. La poupée du ventriloque (The Ventriloquist’s Dummy)
… réalisé par Alberto Cavalcanti sur une histoire de John Baines

18 février 2012

Les premiers hommes dans la lune (1964) de Nathan Juran

Titre original : « First men in the moon »

Les premiers hommes dans la luneUne expédition internationale parvient à atterrir sur la lune en 1964. Elle découvre avec stupéfaction un petit drapeau anglais planté là en 1899. Un document permet de retrouver l’un des survivants de cette lointaine expédition. Il raconte l’aventure… Adaptation du roman homonyme de H.G. Wells écrit en 1901, Les premiers hommes dans la lune est l’un des films issus de la collaboration du producteur Charles H. Schneer avec le génial créateur d’effets spéciaux Ray Harryhausen. Le film a été tourné en Angleterre. Hormis le prologue et l’épilogue qui se situent à l’époque moderne, le film reste assez fidèle au livre, la plus grande différence étant l’ajout (inévitable) d’un personnage féminin. Les préparatifs peuvent paraître un peu longs avec un humour souvent trop appuyé (à noter que cette légèreté de ton au début de l’histoire est présente dans le livre de Wells), mais le déroulement réserve des surprises. Les effets spéciaux sont bien réalisés et surtout bien intégrés à l’histoire, jamais superflus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward Judd, Martha Hyer, Lionel Jeffries
Voir la fiche du film et la filmographie de Nathan Juran sur le site IMDB.
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Précédentes adaptations du roman d’H.G. Wells :
Le voyage dans la lune de Georges Méliès (1902) qui s’est inspiré à la fois du roman de Jules Verne (pour le voyage) et du roman de Wells (rencontres sur la lune)
The First Men in the Moon (1919) des anglais Bruce Gordon et J.L.V. Leigh (film perdu ?)

Lire une présentation plus complète du film sur le site Devildead…