20 mars 2013

Les Gaîtés de l’escadron (1932) de Maurice Tourneur

Les gaîtés de l'escadronNous sommes en 1885, dans la caserne de l’escadron du 51e régiment de chasseurs à cheval. L’adjudant Flick tente de faire régner la discipline tandis que le capitaine Hurluret est bien plus bienveillant envers ses soldats… Maurice Tourneur reprend la pièce de Georges Courteline et Édouard Norès qu’il avait adaptée vingt ans plus tôt au début de sa carrière de cinéaste. Il s’agit d’une satire de la vie militaire, de ses aberrations et de ses illogismes. Comme la pièce, tout le film se déroule dans la caserne (à l’exception d’une scène dans un cabaret) et aucune histoire sentimentale ne vient se greffer sur cette caricature. Bien entendu, ce style d’humour amuse beaucoup moins aujourd’hui, l’armée n’ayant plus la même place dans notre société qu’il y a un siècle, mais le film reste remarquable pour sa distribution : si Raimu était déjà un acteur fort célèbre, Fernandel et Gabin n’étaient alors qu’au début de leur carrière et tous deux campent avec une certaine assurance des personnages hauts en couleur. Les Gaîtés de l’escadron est donc un film à voir avec un certain recul, son humour était dans les années trente bien plus corrosif et subversif qu’il ne paraît aujourd’hui. Le film a été fort bien restauré, certaines scènes sont en couleurs elles proviennent de fragments d’une copie coloriée au pochoir.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raimu, Jean Gabin, Fernandel, René Donnio, Charles Camus
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Précédente version :
Les Gaîtés de l’escadron de Joseph Faivre et Maurice Tourneur (1913) avec Edmond Duquesne, Henry Roussel et Henri Gouget (film perdu).

19 mars 2013

Les Joies de la famille (1935) de Clyde Bruckman

Titre original : « Man on the Flying Trapeze »
Autre Titre (U.K.) : « The Memory Expert »

Les joies de la familleLa vie d’Ambrose Wolfinger n’est pas rose : mal considéré par sa femme, il doit aussi supporter une belle-mère désagréable et un beau-frère oisif. Seule sa fille (issue d’un premier mariage) lui témoigne de l’affection. Il va devoir, en outre, affronter des cambrioleurs qui se sont introduits dans sa cave. Il est plutôt apprécié dans son travail mais une fausse excuse pour aller assister à un match de catch va avoir de fâcheuses conséquences…… En 1934, W.C. Fields est au sommet de sa carrière et Man on the Flying Trapeze est un bel exemple de son grand talent de comique. Après un démarrage un peu lent, il y a un bel enchainement de situations saugrenues et de gags. Certains sont des petites merveilles d’humour comme toute la scène de la contravention, les cambrioleurs chantants, … … Le film est souvent classé parmi les meilleurs de W.C. Fields.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Mary Brian, Kathleen Howard, Walter Brennan
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Remarques :
Les joies de la familleClyde Bruckman (dont c’est ici le dernier film) étant toujours sous l’emprise de l’alcool, Man on the Flying Trapeze a été en grande partie dirigé par W.C. Fields lui-même.

On pourra remarquer que W.C. Fields a donné les deux rôles féminins les plus favorables à son personnage à deux actrices qui lui sont proches : sa fille est interprétée par Mary Brian, amie et voisine de Fields, qui avait déjà joué sa fille dans Running Wild (1927), une histoire assez proche de celle-ci. Sa secrétaire est interprétée par Carlotta Monti qui a été et sera la maitresse de W.C. Fields pendant quatorze années. Carlotta Monti a d’ailleurs  écrit un livre, W.C. Fields and Me, qui sera porté à l’écran sous ce nom en 1976 par Arthur Hiller.

22 février 2013

Safe in Hell (1931) de William A. Wellman

Titre français parfois utilisé : « La Fille de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « The Lost Lady »

Safe in HellUne ex-secrétaire tue accidentellement l’homme qui l’a fait tomber dans la prostitution. Son fiancé, un marin de la marine marchande qui s’était longuement absenté, l’emmène sur une petite île des Caraïbes qui ne pratique pas l’extradition. Elle doit y séjourner seule dans un hôtel en compagnie d’hommes qui, eux aussi, fuient la justice… Le scénario de Safe in Hell est assez étrange, la fin est même très surprenante (même en gardant à l’esprit qu’à cette époque de montée des codes de moralité, il y avait de fortes pressions pour que les gens qui ont fauté paient pour leurs actes). Le film se situe nettement en dehors des sentiers battus. Très inhabituel pour l’époque : deux personnages parmi les plus sympathiques sont noirs et parlent non pas un dialecte local mais un anglais courant. Tous les rôles sont très bien tenus, les personnages des autres clients de l’hôtel sont franchement réussis. Dorothy Mackaill a une belle présence. Safe in Hell n’est sans doute pas un très grand film mais il ne manque pas d’intérêt.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dorothy Mackaill, Donald Cook, Ralf Harolde
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Safe in HellRemarques :
* Dorothy Mackaill est une actrice d’origine anglaise qui a beaucoup tourné de films muets. C’est son dernier film avec First National qui ne renouvellera pas son contrat. Sa carrière s’arrêtera peu après, en 1934.

* Les deux acteurs noirs sont  Nina Mae McKinney et Clarence Muse. Nina Mae Mc Kinney est plus connue pour avoir interprété l’un des rôles principaux du film 100% noir de King Vidor Halleluyah (1929).

14 février 2013

Dollars et whisky (1934) de Erle C. Kenton

Titre original : « You’re Telling Me! »

Dollars et whiskyUn inventeur porté sur la boisson (W.C. Fields) n’a guère plus de succès avec ses inventions qu’avec sa femme lui fait beaucoup de reproches. Sa fille en revanche l’aime beaucoup. Elle est demandée en mariage par un garçon de la bonne société malgré l’opposition de sa famille. Des évènements assez surprenants vont changer les choses…… W.C. Fields avait déjà tourné précédemment cette histoire en 1926, en muet donc. En 1934, l’acteur comique est au meilleur de son talent et au sommet de sa gloire. You’re Telling Me! est une belle succession de gags avec quelques rares scènes sérieuses. Le héros est à nouveau un personnage mal jugé et incompris par son entourage mais qui finira par prouver à tous sa valeur de façon éclatante. W.C. Fields reprend ici son sketch de la partie de golf, l’un des plus célèbres du comédien.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Joan Marsh, Buster Crabbe, Adrienne Ames
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Remarques :
You’re Telling Me! est un remake de So’s Your Old Man de Gregory La Cava (1926) avec W.C. Fields et Alice Joyce. L’histoire est au départ une nouvelle de Julian Street intitulée Mr. Bisbee’s Princess.

La célèbre scène de la partie de golf reprend beaucoup du court métrage de 20 minutes The Golf Specialist tourné par W.C. Fields en 1930.

9 février 2013

La Chaleur du sein (1938) de Jean Boyer

La chaleur du seinUn jeune homme se retrouve à l’hôpital après avoir tenté de se suicider. Trois mères aimantes se présentent successivement à son chevet mais aucune n’est sa vraie mère. Celle-ci est morte à sa naissance et son père s’est remarié ensuite trois fois. Le père, égyptologue, étant en déplacement, les trois « mères » vont devoir unir leurs efforts pour que le fils puisse retrouver une certaine joie de vivre… La Chaleur du sein est l’adaptation d’une pièce de théâtre à succès écrite par André Birabeau. Sa pièce était une satire sociale, raillant les mœurs modernes et le divorce qui mettent à mal la famille. En portant la pièce à l’écran, Jean Boyer a gardé le même acteur pour interpréter le jeune homme, Jean d’Orgeix, alias Jean Pâqui (1), et l’a entouré de plusieurs excellents acteurs. Comme toutes les comédies qui reposent sur une satire sociale de leur époque, La Chaleur du sein peine un peu à traverser le temps et peut paraître très daté. Néanmoins, les bons dialogues, vifs et intelligents, et l’interprétation parfaite permettent de garder l’intérêt intact. L’humour repose beaucoup sur la juxtaposition des mentalités différentes des trois mères, Arletty, la plus jeune des trois, étant bien entendu la plus moderne et la plus libérée. Il manque toutefois un petit quelque chose pour faire de La Chaleur du sein un très bon film. Il reste néanmoins plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Arletty, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jean Pâqui, Jeanne Lion, Marguerite Moreno, François Périer
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Remarques :
* Dans la scène où le jeune Gilbert et son ami se font des confidences sur leur enfance, l’ami est interprété par François Périer ; il s’agit de sa première apparition au cinéma.
* Le film était perdu mais fut heureusement retrouvé dans les années 80.

(1) Jean d‘Orgeix avait alors 17 ans. Il sera ensuite également champion du monde de voltige aérienne, pilote de stock-car, champion olympique d’équitation, guide de chasse en Afrique… Il est décédé en 2006 à l’âge de 85 ans.

27 janvier 2013

The star witness (1931) de William A. Wellman

The Star WitnessUne famille assiste à l’assassinat d’un policier par un gangster. Tous l’ont vu de près et permettent ainsi à la police de l’identifier. Le caïd est arrêté mais il doit passer en jugement. C’est alors que le gang du malfrat s’en prend à la famille… En 1931, des voix commençaient à s’élever pour reprocher à Hollywood, et plus principalement à la Warner, de faire l’apologie du gangstérisme. Wellman avait d’ailleurs réalisé quelques mois plus tôt Public Enemy qui avait eu beaucoup de succès. Avec The Star Witness (= le témoin clé), la Warner désirait montrer sa bonne volonté pour participer à la lutte contre la criminalité organisée. Il s’agit donc ici d’encourager les citoyens à aider la police (1) et le moins que l’on puisse dire est que le propos est très appuyé : gangsters vraiment abjects, scène d’intimidation vraiment brutale, discours moralisateurs et patriotiques tirant même sur la xénophobie. C’est le personnage du grand-père, un vétéran de la Guerre de Sécession interprété de façon exubérante par Charles « Chic » Sales (très grimmé puisqu’il était alors âgé de 45 ans), qui est principalement utilisé pour déclencher un sursaut patriotique. Malgré la rapidité de tournage, la réalisation de William Wellman est comme toujours très bonne. On remarquera une belle scène de fusillade vers la fin du film, vue au travers des barreaux d’un escalier, avec de beaux jeux d’ombres.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Walter Huston, Charles ‘Chic’ Sale, Grant Mitchell, Dickie Moore, Nat Pendleton
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Remarques :
* Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Lucien Hubbard.
* Le plus jeune des deux garçons est interprété par Dickie Moore qui, à 6 ans, en était déjà à son 16e film! Il tournera jusqu’en 1957 dans plus de 100 films. Il est d’ailleurs toujours en vie (en ce début 2013, il a 87 ans).

(1) The Star Witness fut d’ailleurs sorti un peu précipitamment alors que dans l’affaire d’une fusillade à Harlem,  où plusieurs enfants avait été tués, la police éprouvait des difficultés à obtenir des témoignages.

4 janvier 2013

Lilly Turner (1933) de William A. Wellman

Lilly TurnerAu grand désespoir de sa mère, la jeune Lilly épouse un beau parleur qui se révèle rapidement n’être qu’un prestidigitateur de foire, cavaleur et recherché pour bigamie. Lilly se met alors sous la protection d’un rabatteur forain, prévenant mais alcoolique… Lilly Turner est adapté d’une pièce de Phillip Dunning et George Abbott. C’est un mélodrame social désenchanté comme il s’en tournait beaucoup en cette période de crise du début des années trente. Le film est au assez sombre, y compris au premier sens du terme : pratiquement toutes les scènes sont nocturnes et semblent assez peu éclairées (1). Le film ne manque pas d’intérêt mais souffre certainement d’une certaine rapidité de tournage. Ruth Chatterton fait une belle prestation (à noter que l’actrice était alors âgée de 40 ans, son personnage est donc bien plus jeune qu’elle) mais elle est certainement plus à l’aise dans des rôles un peu plus sophistiqués. Elle est une fois de plus en tandem avec le séduisant George Brent, ils étaient d’ailleurs mari et femme au moment du tournage.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ruth Chatterton, George Brent, Frank McHugh, Guy Kibbee
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Remarque :
La Warner n’a pu ressortir Lilly Turner en 1936 comme elle le souhaitait car le bureau du Production Code (Code Hayes) a refusé de l’approuver.

(1) Il est vraisemblable que la copie diffusée au Cinéma de Minuit de Patrick Brion était un peu sombre. Il faut être indulgent car il s’agit d’un film plutôt rare.

21 décembre 2012

La fin du monde (1931) d’Abel Gance

La fin du mondeJean, acteur, écrivain et poète, et son frère Martial, astronome nobélisé, sont amoureux de la même femme. Jean veut se retirer pour son frère qui refuse ce sacrifice. Martial découvre qu’une comète va heurter la terre dans 114 jours. La panique s’empare de la population. Martial parvient à faire proclamer la République Universelle… La fin du monde est le premier film parlant d’Abel Gance. Après La Roue et Napoléon, le réalisateur se lance à nouveau dans une très grande fresque prévue pour durer trois heures. Il y tient lui-même le rôle principal. Hélas, malgré tout le génie qu’il a pu montrer dans ses productions en cinéma muet, Abel Gance ne parvient pas à maitriser le parlant dès cette première production : le jeu des acteurs est épouvantablement théâtral. La fin du mondeDe plus, le scénario fait montre d’une naïveté presque puérile et s’empêtre dans le romanesque et dans un essai de créer un Christ moderne. Le film sera amputé de moitié avant même sa sortie et c’est donc une version de 105 minutes qui sera commercialisée. La fin du monde reste toutefois intéressant à visualiser car il témoigne des ambitions d’Abel Gance, véritable auteur de cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Abel Gance, Colette Darfeuil, Victor Francen
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Remarque :
La fin du monde Après une projection en 1964, Abel Gance déclarera : « C’est un désastre. Je trouve tout le film exécrable, le jeu des acteurs, moi compris, ridicule, le sujet invraisemblable. Quelques séquences peuvent servir d’extraits de cinémathèque, et encore ! » (cité dans Abel Gance par Roger Icart, Ed. L’âge d’homme).

16 décembre 2012

Danse du lion (1936) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Kagamijishi »

Danse du lion(Court métrage, 24 minutes) Danse du lion est un documentaire, le seul réalisé par Ozu durant sa carrière. C’est une commande de l’Association Culturelle du Japon pour faire connaitre le théâtre japonais Kabuki et promouvoir l’art de la danse japonaise à l’étranger. L’idée fut donc de filmer une représentation du plus grand acteur de Kabuki, Kikugoro Onoe VI, dans la danse réputée comme étant le summum de la difficulté : la Danse du lion. Une voix-off sur fond de plans fixes d’un théâtre vide nous introduit Kikugoro et l’histoire qu’il va interpréter : une jeune fille paysanne effectue une danse et quand elle touche la tête du lion, l’esprit du lion s’empare d’elle. Elle disparaît et réapparait en lion qui danse alors avec un papillon… Qu’un acteur de 51 ans parvienne à interpréter une jeune paysanne avec tant de grâce est assez étonnant en soi, on oublie d’ailleurs totalement qu’il s’agit d’un homme tant il parvient à recréer la gestuelle féminine avec une infinie délicatesse. Dans la seconde partie de la danse, son jeu est totalement différent, exprimant la force et une certaine fureur. C’est un peu difficile à apprécier pleinement pour un spectateur occidental non familiarisé avec le Kabuki, je dois avouer avoir eu besoin de deux visions pour l’apprécier. C’est très beau. Danse du lion Ozu filme la représentation très simplement avec trois caméras fixes, sans chercher à faire d’effets si ce n’est quelques gros plans. Finalement, le film ne fut pas utilisé et mis de côté par les autorités culturelles après que des critiques aient été émises sur les expressions peu naturelles du visage du danseur. S’il n’est pas essentiel dans la filmographie d’Ozu, Danse du lion est intéressant à regarder car il donne envie de s’intéresser au Kabuki et, en ce sens, il a atteint son but.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kikugoro Onoe VI
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15 décembre 2012

Une auberge à Tokyo (1935) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Tôkyô no yado »

Une auberge à Tokyo(Film muet) Dans la banlieue industrielle de Tokyo, Kihachi erre avec ses deux jeunes enfants à la recherche d’un travail. Chaque jour, le problème de trouver un endroit pour manger et dormir se pose. Il rencontre une jeune femme et sa fille, elles aussi sans domicile… Une auberge à Tokyo est un film assez étonnant : dans le sillage des grands films réalistes du muet, notamment des films soviétiques, Ozu arrive un résultat assez similaire à ce que sera le courant du néoréalisme italien quelque dix années plus tard. Une auberge à Tokyo évoque ainsi singulièrement Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica (1948). Ozu pousse le réalisme jusque dans les détails et nous fait percevoir avec netteté et sans concession le désarroi de ce père condamné à errer avec ses deux enfants. Il parvient à nous faire sentir comment cette extrême pauvreté affecte l’homme dans l’estime qu’il s’accorde. La gravité du thème n’empêche pas Ozu de glisser un peu d’humour et de faire de très belles scènes dans les terrains vagues qui entourent les usines : celle où le père mime avec ses enfants un repas arrosé de saké, ou encore celles où l’homme et la femme regardent leurs enfants jouer. Même si la copie existante est assez abimée, l’image est assez belle et Ozu fait ici de très beaux travelings. Une auberge à Tokyo a été tourné en muet mais il a été ensuite sonorisé avec de la musique par le réalisateur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Takeshi Sakamoto, Yoshiko Okada, Chôko Iida, Tomio Aoki
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Remarque :
Une auberge à Tokyo est l’avant-dernier film tourné par Ozu en format muet. Le dernier sera Daigaku yoitoko (Vive la fac ou Le collège est un endroit agréable) sorti en 1936.