17 février 2015

Les Anges du péché (1943) de Robert Bresson

Les anges du péchéAnne-Marie quitte sa famille bourgeoise pour rejoindre le couvent des dominicaines de Béthanie qui recueille des jeunes femmes à leur sortie de prison. Anne-Marie se voue à cette nouvelle mission avec une ardeur qui va bouleverser la vie de la congrégation… Ce premier film de Robert Bresson, Les Anges du péché, a longtemps été difficile à voir avant d’être parfaitement restauré. Il a été réalisé pendant l’Occupation et tranche assez nettement avec la production de l’époque, ne serait-ce que par son sujet. Bresson en a écrit le scénario en s’inspirant d’un livre écrit par le père Lelong que lui a conseillé son ami le père Bruckberger, conseiller sur le tournage. Les dialogues sont signés Jean Giraudoux dont la notoriété a joué un grand rôle dans l’aboutissement du projet. Même s’il se déroule presque entièrement dans un couvent, Les Anges du péché n’est pas tant un film sur la religion mais plutôt sur la quête d’absolu. Le chemin que la jeune Anne-Marie emprunte est celui d’une dévotion totale, plus dans la recherche d’un accomplissement personnel que par altruisme. La jeune femme en quête de rédemption qu’elle veut sauver devient même un obstacle à ses yeux, au même titre que les règles pourtant très strictes de la communauté. Bresson ne porte pas de jugement mais a le talent de montrer l’enchainement des mécanismes, les chemins suivis. Il montre beaucoup mais de façon non ostentatoire, dans une mise en scène très limpide.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Renée Faure, Jany Holt, Sylvie, Mila Parély, Marie-Hélène Dasté, Yolande Laffon, Louis Seigner
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Les Anges du péché (1943) de Robert Bresson
(de g. à d.) Renée Faure, Marie-Hélène Dasté & Sylvie dans Les Anges du péché de Robert Bresson.

14 février 2015

Les Combattants (2014) de Thomas Cailley

Les combattantsDans le sud-ouest de la France, Arnaud rencontre Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé? … Les Combattants est le premier long métrage de Thomas Cailley. C’est une histoire assez simple mais originale et même surprenante, grâce à deux personnages principaux assez forts. Le personnage de Madeleine est plutôt inattendu et Arnaud se retrouve autant déconcerté qu’attiré par elle. Adèle Haenel et Kévin Azaïs font tous deux une remarquable composition, parvenant à exprimer une vaste palette de sentiments sur un fond de touchante naïveté. Adèle Haenel est particulièrement étonnante. L’ensemble est bien équilibré par humour habilement distillé par petites touches. Les Combattants est un premier film vraiment réussi pour Thomas Cailley.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Adèle Haenel, Kévin Azaïs, Antoine Laurent, Brigitte Roüan
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Les Combattants
Adèle Haenel et Kévin Azaïs, étonnants interprètes du film Les Combattants de Thomas Cailley.

12 février 2015

César (1936) de Marcel Pagnol

CésarVingt ans ont passé. Panisse est sur le point de mourir. César est parti chercher le curé pour le confesser. Fanny et son fils Césariot, qui suit de brillantes études, arrivent de la gare. Panisse refuse de dire la vérité à son fils, c’est Fanny qui devra le faire… Troisième volet de la trilogie débutée avec Marius et Fanny, César est le seul à avoir été écrit directement pour le cinéma. Et, cette fois, Marcel Pagnol le dirige lui-même mais, hélas, sans montrer toutes les qualités que l’on pouvait attendre de lui. Certaines scènes, qui devraient être fortes (comme par exemple celle ou Fanny révèle à son fils la vérité), se révèlent finalement bien plates et la grande explication finale de la famille reconstituée apparaît bien maladroite. Le jeu des acteurs est plus retenu et André Fouché a bien du mal à donner une dimension à Césariot qui constitue le point faible du film au lieu d’en être le pivot. Mais le film a l’avantage de clore toute l’histoire, de refermer les plaies laissées ouvertes, de satisfaire l’envie des spectateurs de voir une fin heureuse.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis, André Fouché
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César de Marcel Pagnol
André Fouché, Orane Demazis et Charpin dans César de Marcel Pagnol (1936).

Remarques :
* Il existe deux versions de César : une version de 165 minutes exploitée à sa sortie et une de 135 minutes exploitée à partir de 1946. C’est cette dernière que l’on connait aujourd’hui (une copie de la première existe à la Cinémathèque de Toulouse). La seconde version est non seulement écourtée mais contient en outre 20 minutes de séquences qui ne figuraient pas dans la première (essentiellement des scènes se situant avant la mort de Panisse). Les quelque 50 minutes non reprises concernent des scènes qui approfondissent le personnage de Césariot.

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
César de Daniel Auteuil (2016 ?), film annoncé.

10 février 2015

Fanny (1932) de Marc Allégret

FannyParti au loin sur un grand voilier marchand, Marius a laissé désemparés son père César et surtout Fanny, toujours amoureuse de lui. Tous deux attendent avec impatience une lettre qui donnerait de ses nouvelles… Pressé de tous bords de donner une suite à Marius, Marcel Pagnol écrit Fanny, le monte au théâtre et le porte rapidement à l’écran. Paramount refuse de produire, arguant que « les suites au cinéma, cela ne marche jamais ». Pagnol s’associe donc avec Roger Richebé. Outre d’avoir Raimu sous contrat, le producteur marseillais était ami de Marc Allégret, réalisateur qui a la qualité précieuse de bien supporter les colères de Raimu. L’histoire de Fanny commence à la seconde-même où s’est terminé Marius et se poursuit sur presque trois années. Le texte de Pagnol est assez remarquable, donnant à Raimu un vrai grand rôle qu’il interprète sans effets inutiles, émouvant, toujours très juste même quand il donne l’impression de se laisser emporter. Du grand Raimu. Orane Demazis, injustement critiquée pour son jeu ou son accent approximatif, est bouleversante par son mélange de tendresse et de désespoir. Dans les quinze dernières minutes, ces deux acteurs font passer une émotion extrêmement forte, ils nous retournent le coeur. Tout comme Marius, Fanny se présente essentiellement comme du théâtre filmé mais cela ne gêne en rien sa force. Ce deuxième volet est bizarrement jugé par certains critiques comme étant le plus faible de la trilogie. Personnellement, je pencherais plutôt pour le contraire.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Raimu, Orane Demazis, Fernand Charpin, Pierre Fresnay
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Fanny (1932) de Marc Allégret
(de g. à dr.) Charpin, Alida Rouffe, Orane Demazis et Raimu dans Fanny de Marcel Pagnol.

Remarques :
* Deux autres versions, italienne et allemande, furent tournées ultérieurement :
Fanny de l’italien Mario Almirante (1933)
Der schwarze Walfisch de l’allemand Fritz Wendhausen (1934)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan (inclut Marius et Fanny)
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Fanny de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Victoire Bélézy.

9 février 2015

Marius (1931) de Alexander Korda

MariusCésar tient le Bar de la Marine sur le Vieux-Port de Marseille. Il est aidé par son fils Marius qui rêve de partir sur l’un de ces grands voiliers qu’il voit partir pour des destinations lointaines aux noms exotiques. Son amie d’enfance Fanny, la fille de la poissonnière, est depuis toujours amoureuse de lui. Elle tente de provoquer sa jalousie en feignant d’accepter les avances du riche Panisse… Marius est le premier volet de la célèbre « trilogie de Pagnol » qui fait presque partie de notre patrimoine national. C’est à l’origine une pièce qui connut un très grand succès sur les planches dès 1929 et Marcel Pagnol, après avoir vu un film parlant à Londres, voulut le porter à l’écran voyant dans le parlant un vecteur idéal pour ses pièces. Tout le monde n’eut pas sa clairvoyance et il se heurta tout d’abord à l’hostilité générale. Le réalisateur hongrois (récemment émigré à Londres) Alexander Korda le tournera sous son contrôle total avec les mêmes acteurs que ceux de la pièce. Les envolées verbales avec force gestes de Raimu et Charpin sont inoubliables et c’est toujours un plaisir de revoir ce film même si, sur le plan cinématographique pur, c’est essentiellement du théâtre filmé.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis
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Marius de Marcel Pagnol
Raimu et Pierre Fresnay dans Marius de Marcel Pagnol.

Remarques :
* La célébrissime partie de cartes avait été enlevée de la pièce par Pagnol qui la jugeait finalement trop vulgaire. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui l’ont convaincu de la garder.
* Le choix de Pierre Fresnay pour interpréter un fils de la Canebière n’était pas évident : l’acteur est alsacien…
* Deux autres versions, allemande et suédoise, furent tournées en même temps que la française (avec d’autres acteurs et sans intervention de Pagnol) mais n’eurent aucun succès :
Zum goldenen Anker d’Alexander Korda (1931)
Längtan till havet d’Alexandre Korda et John W. Brunius (1931)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan.
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Marius de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Raphaël Personnaz

8 février 2015

Tirez la langue, mademoiselle (2013) de Axelle Ropert

Tirez la langue, mademoiselleBoris et Dimitri Pizarnik sont médecins dans le quartier chinois à Paris. Ils sont frères et c’est ensemble qu’ils pratiquent leur métier, consacrant tout leur temps à leurs patients. Une nuit, ils sont amenés à soigner une petite fille diabétique que sa mère, Judith, élève seule… Ecrit et réalisé par Axelle Ropert, Tirez la langue, mademoiselle est un film assez original. Ses personnages frappent d’emblée : ces deux frères quarantenaires font tout ensemble, habitent l’un en face de l’autre, donnent ensemble leurs consultations ; ils semblent presque interchangeables. Il était inévitable qu’ils tombent amoureux au même moment et de la même femme. Le thème du triangle amoureux prend de ce fait une tonalité nouvelle, d’autant plus que les dialogues ont une plaisante facture littéraire et qu’une place est laissée à la rêverie, au mystère. Les décors parisiens expriment un certain isolement. On peut reprocher des scènes d’ambiance un peu longues, un environnement sonore trop présent et peut-être regretter que les personnages (premiers et seconds rôles) ne soient pas plus approfondis. Même s’il n’est pas parfait, Tirez la langue, mademoiselle est à la fois original et séduisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cédric Kahn, Laurent Stocker, Louise Bourgoin
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Tirez la langue, Mademoiselle
Laurent Stocker et Cédric Kahn sont deux frères dans Tirez la langue, mademoiselle d’Axelle Ropert.

15 janvier 2015

François Premier (1937) de Christian-Jaque

François PremierAfin de mieux interpréter le rôle de François 1er au théâtre, Honorin (Fernandel) se fait hypnotiser par un mage qui le transporte plusieurs siècles en arrière à l’époque de la Renaissance, à Amboise… Taillé sur mesure pour Fernandel, François Premier est l’un des plus gros succès des années trente pour l’acteur. Il faut bien avouer que l’humour, souvent un peu trop appuyé, a quelque peu vieilli mais il y a de belles trouvailles de scénario : notre voyageur prédit l’avenir des hommes illustres grâce à son petit Larousse, il copine de façon inattendue avec un fantôme et, surtout, il se fait torturer par un inquisiteur qui lui fait lécher les pieds par une chèvre. Tout l’humour repose sur les anachronismes, le personnage ayant pris soin de partir voyager dans le temps avec des objets qui se révèleront être bien utiles. Le film est assez peu courant aujourd’hui. A condition de faire preuve d’un peu d’indulgence, on pourra le trouver plaisant…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Mona Goya, Alexandre Rignault, Henri Bosc, Aimé Simon-Girard, Alice Tissot
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Fernandel dans François Premier de Christian-Jaque
Fernandel dans François Premier (1937) de Christian-Jaque.

5 janvier 2015

La Vie d’un honnête homme (1953) de Sacha Guitry

La vie d'un honnête hommeUn riche industriel, menant une vie bourgeoise assez stricte et se targuant d’être un honnête homme, voit reparaître son frère jumeau avec lequel il ne s’est jamais entendu et qui est son exact opposé : il a beaucoup bourlingué et, se retrouvant sans un sou, vient le supplier de lui trouver un emploi. L’honnête homme refuse mais pris de remords va lui rendre visite… Ecrit et réalisé par Sacha Guitry, La Vie d’un honnête homme est une satire de la bourgeoisie, mettant en relief le caractère étriqué et sclérosant de ses valeurs. Sa grande originalité est de faire jouer deux rôles à Michel Simon qui montre ici une certaine retenue dans son jeu. Il manque certainement une petite touche d’humour qui aurait probablement porté le film un peu plus haut mais son handicap principal est plutôt du coté d’une certaine lourdeur de mise en scène, certaines scènes paraissant plus longues que nécessaire. La qualité des dialogues, la plume acerbe de Sacha Guitry et son éclairage sur la nature humaine finissent par l’emporter, d’autant plus qu’il sait nous surprendre comme en témoigne la fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Marguerite Pierry, Louis de Funès, Claude Gensac, Pauline Carton
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Remarques :
* Mouloudji apparaît à deux reprises pour un intermède musical.
* On remarquera (difficile de faire autrement) une courte scène de semi-nudité frontale de Claude Gensac assez étonnante pour l’époque.

Michel Simon dans La vie d'un honnête homme (1953) de Sacha Guitry
Michel Simon est face à Michel Simon dans La vie d’un honnête homme de Sacha Guitry.

La vie d'un honnête homme (1953) de Sacha Guitry
(de g. à d.) Laurence Badie (de dos), Claude Gensac, Michel Simon, Louis de Funès, François Guérin et Marguerite Pierry dans La vie d’un honnête homme de Sacha Guitry.

2 janvier 2015

Poulet au vinaigre (1985) de Claude Chabrol

Poulet au vinaigreDans une petite ville de province, trois notables (le médecin, le notaire et le boucher) ont un projet d’opération immobilière juteuse. Mais ils se heurtent à l’obstination d’une femme invalide et de son fils facteur qui refusent de vendre leur maison…
Adapté d’un roman de Dominique Roulet, Poulet au vinaigre est le film qui a permis à Claude Chabrol de rebondir après une série de réalisations plus mineures pour la télévision. L’inspecteur Lavardin en est le personnage le plus remarquable, un policier atypique qui utilise des procédés très personnels et qui aime les oeufs au paprika (on peut toutefois être un peu circonspect face à ses méthodes de tortionnaire, on peut y voir là une certaine banalisation de la torture). Jean Poiret y excelle mais, pour Claude Chabrol, cette histoire est surtout l’occasion de dresser un portrait au vitriol (ou plutôt au vinaigre) de la bourgeoisie de province. Parmi les seconds rôles, Pauline Laffont est assez remarquable dans un style qui rappelle beaucoup sa mère.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Stéphane Audran, Michel Bouquet, Jean Topart, Lucas Belvaux, Pauline Lafont, Caroline Cellier
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Remarques :
* Le personnage de l’inspecteur Lavardin a été réutilisé par Chabrol l’année suivante pour Inspecteur Lavardin (1986). On le retrouvera également à la télévision à partir de 1988 dans une série de téléfilms de 90 mn : Les dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin.

Poulet au vinaigre de Claude Chabrol

24 décembre 2014

Barbarella (1968) de Roger Vadim

BarbarellaEn l’an 4000, l’astronaute Barbarella reçoit pour mission d’aller retrouver un savant disparu sur une planète proche de Tau Ceti. Inventeur d’une arme absolue, il pourrait être tenté de l’utiliser ou de la vendre et ainsi de faire renaître les guerres qui ont depuis longtemps disparu… Prendre Barbarella trop au sérieux ne peut que nous entraîner à porter un jugement sévère et à décréter doctement que l’histoire est indigente et que tout ceci n’est qu’un prétexte pour Roger Vadim de dévoiler au monde entier les courbes gracieuses de sa femme Jane Fonda. Oui, c’est certainement le cas… Mais l’intérêt de Barbarella est avant tout dans l’adaptation fidèle d’un univers créé par le dessinateur Jean-Claude Forest avec des lieux, des costumes, des objets, des appareils aussi inventifs qu’inattendus. Barbarella Vadim pimente tout cela d’un érotisme qui anticipe la libération sexuelle mais aussi d’une bonne dose d’humour qui nous montre qu’il ne se prend guère au sérieux. Les effets psychédéliques (assez réussis), les costumes de Paco Rabanne (1) et la photographie de Claude Renoir donnent une certaine élégance au film. Le film fut un échec et reste peu apprécié encore aujourd’hui. Il peut certes apparaître kitsch mais Barbarella est néanmoins l’une des meilleures transpositions de bande dessinée à l’écran car Vadim n’a pas cherché le réalisme mais a su préserver tout l’onirisme, l’inventivité, l’humour… et l’érotisme bien entendu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Marcel Marceau, David Hemmings, Ugo Tognazzi
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Remarques :
Barbarella Jean-Claude Forest* Créé par Jean-Claude Forest, le personnage de Barbarella (physiquement inspiré de Brigitte Bardot) apparaît en 1962 et étonne tout de suite car il s’agit d’une femme qui revendique le droit au plaisir et à la sensualité. Il fait scandale et, en 1964, le ministre de l’intérieur proclame l’interdiction de la bande dessinée Les Aventures de Barbarella. L’affaire fait grand bruit et il faudra attendre 1968 (après la sortie du film) pour la voir réapparaitre (un peu plus habillée).

* Le striptease de Jane Fonda en apesanteur qui ouvre le film a été filmé d’en haut, l’actrice étant placée sur une grande plaque de plexiglas au dessus d’un décor de vaisseau (c’est assez évident lorsque l’on passe la scène en accéléré).

* Le nom du savant Durand Durand a été source d’inspiration pour le groupe Duran Duran.

* Anita Pallenberg (la Reine Noire) est surtout connue pour avoir été l’égérie des Rolling Stones (elle a eu une relation avec successivement Brian Jones, Keith Richards et Mick Jagger).

* Le mot de passe farfelu, Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (le correcteur d’orthographe va faire une surchauffe), est en réalité le nom d’un petit village du Pays de Galles (en gallois « l’église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d’un tourbillon rapide et l’église de saint Tysilio près de la grotte rouge »).

* Dans la vie de Jane Fonda, Barbarella est antérieur à sa prise de conscience politique qui l’amènera notamment à militer pour la cause féminine.

* Le choix de Marcel Marceau (alias le Mime Marceau) pour le rôle du Docteur Ping est assez étonnant car c’est tout de même un personnage avec beaucoup de texte…!

* A propos de la musique (très moyenne hélas) de Bob Crewe : David Gilmour (futur Pink Floyd) est à la guitare.

(1) Il serait plus exact de dire « le » costume de Paco Rabanne car il semble qu’il n’y ait que la dernière tenue de Jane Fonda qui soit du créateur.

Barbarella de Roger Vadim
L’ange aveugle Pygar (John Phillip Law) et Barbarella (Jane Fonda).