4 mars 2014

Artistes et modèles (1955) de Frank Tashlin

Titre original : « Artists and Models »

Artistes et modèlesRick Todd (Dean Martin) est un artiste sans le sou qui vit avec son ami Eugene Fullstack (Jerry Lewis) qui passe ses journées à lire des bandes dessinées. Ils ignorent que la dessinatrice du comix qui fait fureur habite le même immeuble… Artistes et modèles est réalisé par Frank Tashlin, ancien cartoonist de la Warner (Bugs Bunny) et ancien gagman. Le duo comique formé par Dean Martin et Jerry Lewis est alors au faîte de sa popularité et ce film sera un nouveau très grand succès pour la Paramount. Artistes et modèles mêle burlesque et chansons. Il y a de très bonnes trouvailles de gag mais on peut trouver que l’ensemble s’essouffle quelque peu à mi-parcours, la dernière partie qui parodie les films d’espionnage étant moins réussie. On remarquera la critique des comix books et des éditeurs arrivistes et sans scrupule mais Tashlin sait habilement rester très neutre et ne prend pas vraiment parti : la preuve en est que beaucoup voient dans ce film une critique du puritanisme, c’est-à-dire l’opposé. Artistes et modèles est souvent présenté comme étant le meilleur du tandem Martin / Lewis, ce qui paraît plutôt justifié.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Jerry Lewis, Shirley MacLaine, Dorothy Malone, Anita Ekberg
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site IMDB.

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Remarques :
* Ecrite spécialement pour ce film, la chanson Innamorata est devenue l’un des plus grands succès commerciaux de Dean Martin et a été reprise par d’autres chanteurs.
* On peut se demander pourquoi on ne voit pas le numéro Bat Lady si attendu… Le budget ayant été déjà dépassé, il fut décidé de ne pas le tourner.
* On pourra remarquer le petit clin d’oeil à Fenêtre sur cour d’Hitchcock. L’agent muni d’un appareil photo prend la voix de James Stewart pour dire : « Je ne vois pas très bien de cette fenêtre sur cour ». A noter que le film d’Hitchcock est sorti quelque mois auparavant et c’est aussi un film Paramount.
* Le jeune garçon insupportable (dans le bureau de l’éditeur) est interprété par George Winslow, acteur que l’on connaît pour avoir été le jeune Henry Spofford III dans Les hommes préfèrent les blondes (1953) et pour sa réplique célèbre sur le « magnétisme animal » de Marilyn Monroe. Né en 1946, l’acteur fut découvert par Cary Grant en 1952. Il n’a tourné que dix films jusqu’en 1958. Il avait alors perdu sa voix basse si particulière pour n’avoir, après sa mue, qu’une voix normale. Plus tard, il est devenu photographe professionnel.

Ne pas confondre avec :
Artistes et modèles de Raoul Walsh (1937) avec Ida Lupino et Jack Benny, film qui n’a aucun point commun (hormis d’être une comédie musicale) avec celui-ci. La Paramount avait la fâcheuse habitude à réutiliser ses titres de film…

2 mars 2014

Le Corsaire rouge (1952) de Robert Siodmak

Titre original : « The Crimson Pirate »

Le corsaire rougeA la fin du XVIIIe siècle, le pirate Vallo s’attaque à un navire officiel britannique lourdement armé. Il emporte un émissaire du roi pour aller mâter la révolution dans les Caraïbes…
Deux ans après La Flèche et le flambeau de Jacques Tourneur, la Warner reprend le principe d’un grand film d’aventures basé sur les qualités acrobatiques de Burt Lancaster et de Nick Cravat, son acolyte muet (1). La direction en est confiée à Robert Siodmak qui insiste pour donner un ton de comédie à cette histoire de pirates écrite par Roland Kibbee, Le Corsaire rouge. Ce mélange d’humour et d’aventures donne un caractère très particulier au film, certaines scènes (les poursuites notamment) étant  très proches de la farce. Le film peut être qualifié de satirique car il parodie certains clichés des film de pirates. L’autre point particulier est la présence des « inventions » : on y voit ainsi un petit sous-marin, une mitraillette de fortune. Avec l’utilisation d’une montgolfière, l’ensemble fait penser au Baron de Münchhausen. A l’instar des films de Douglas Fairbanks (2), Le corsaire rouge dégage une grande vitalité et une énergie qui maintiennent le spectateur en haleine. Il n’y a pas beaucoup de temps morts… C’est un film très plaisant, un excellent divertissement visible à tous les âges.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Nick Cravat, Eva Bartok, Leslie Bradley
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Remarques :
* Le film fut entièrement tourné en Europe : Espagne, Italie et Angleterre. Les scènes maritimes ont été tournées sur l’île d’Ischia, en face de Naples. Le budget initial fut largement dépassé.
* Dans Le Sens de la Vie des Mont Python, le nom de la compagnie d’assurances Crimson Permanent Assurance Compagnie (dont le building navigue entre les immeubles à la suite d’une mutinerie des employés) est une référence à ce film The Crimson Pirate.
* Le principe de marcher sous l’eau avec une barque retournée sur la tête (fournissant ainsi une réserve d’air) a été repris dans Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl (2003). La scène de l’équipage pirate suspendue dans un filet a été reprise dans Pirates des Caraïbes – Le secret du coffre maudit (2006).

The Crimson PirateNick Cravat et Burt Lancaster dans The Crimson Pirate de Robert Siodmak

(1) Si le personnage de Nick Cravat est muet, c’est parce que l’acteur avait un fort accent de Brooklyn ce qui aurait été quelque peu incongru pour cette époque…
(2) D’ailleurs, au moins une scène (celle de l’attaque finale sous l’eau) figurait dans Le Pirate noir d’Albert Parker (1926), film avec Douglas Fairbanks et Billie Dove.

27 février 2014

Guerre et paix (1956) de King Vidor

Titre original : « War and Peace »

Guerre et paixLe livre La Guerre et la Paix de Léon Tolstoï résume dix années de l’histoire de la Russie, de la Bataille d’Austerlitz à l’incendie de Moscou. Adapter au cinéma ce monument de la littérature russe est une véritable gageure, une entreprise évidemment vouée à l’échec dès le départ. Lorsque cette adaptation émane d’Hollywood, on a encore plus de raisons d’être inquiet. Pourtant, le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, studieuse et appliquée sans aucun doute mais jamais vraiment ridicule. King Vidor parvient à lui donner une belle ampleur. Dotées de très nombreux figurants, les scènes de bataille sont grandioses, époustouflantes même. Cet aspect spectaculaire est le plus réussi du film. En revanche, King Vidor ne parvient absolument pas à restituer la profondeur du roman de Tolstoï. D’une part, et cela paraît inévitable, de nombreux personnages sont simplifiés, même Bézoukhov (et pourtant King Vidor affirme dans ses mémoires qu’il s’agissait du personnage duquel il se sentait le plus proche), ou même supprimés, et d’autre part, la distribution n’est pas des plus heureuses. Audrey Hepburn est une Natacha parfaite au début de l’histoire quand il s’agit de courir partout et de papillonner mais lorsque son personnage se complexifie avec le temps, l’actrice montre très nettement ses limites. Henry Fonda n’a pas ce défaut mais il ne semble pas avoir été passionné(1) et il est tout de même assez âgé pour le rôle de Bézoukhov ; Mel Ferrer est, quant à lui, assez rigide et, malgré toute l’estime que l’on peut avoir pour l’acteur, on peut se demander ce que vient faire Vittorio Gassman en Kouragine (heureusement, son personnage est fortement réduit). En revanche, Herbert Lom campe un Napoléon qui semble plus vrai que nature. Les quelque 3h28 de la version intégrale passent néanmoins assez rapidement. A défaut d’y trouver cette fameuse « âme russe » ou un début de dimension philosophique, ce Guerre et paix de King Vidor est un beau spectacle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Henry Fonda, Mel Ferrer, Vittorio Gassman, Herbert Lom, Oskar Homolka, Anita Ekberg
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Remarques :
* King Vidor dit avoir pensé très tôt à Audrey Hepburn pour interpréter Natacha et à Peter Ustinov pour le rôle de Pierre Bézoukhov mais les studios refusèrent ce dernier car il leur paraissait trop âgé pour avoir une idylle avec Audrey Hepburn (à noter qu’Henri Fonda, qui fut finalement choisi, a tout de même 15 ans de plus qu’Ustinov… mais il est vrai qu’il est autrement plus séduisant).
* Le rôle de Pierre fut proposé à Marlon Brando mais l’acteur refusa car il ne voulait pas tourner avec Audrey Hepburn…
* Le film a été tourné en Italie, à Rome.
* Vers la fin du film, la file interminable de soldats napoléoniens dans la neige fait penser à la scène équivalente de La Grande Parade (1925), le premier grand film de King Vidor.

Autres adaptations :
Voyna i mir du russe Vladimir Gardine (1915), film perdu
Guerre et paix (Voyna i mir) de Sergei Bondartchouk (1966), film de 6h40 (7h25 à l’origine), une belle et fidèle adaptation qui a en outre l’avantage d’avoir été tournée par un russe.

Et sur un registre satirique :
Guerre et Amour (Love and Death) de Woody Allen (1975)

24 février 2014

La danseuse des Folies Ziegfeld (1941) de Robert Z. Leonard et Busby Berkeley

Titre original : « Ziegfeld Girl »

La danseuse des Folies ZiegfeldEtre découvert par le célèbre créateur de spectacles Florenz Ziegfeld est le rêve de nombreuses jeunes femmes. Trois d’entre elles entrent ainsi dans la troupe. L’irruption de cette gloire soudaine dans leur vie va avoir des conséquences bien différentes… Ziegfeld Girl est l’un des nombreux films mettant en scène les célèbres Follies de Ziegfeld (1) qui marquèrent le Broadway des années dix et vingt. Robert Z. Leonard avait déjà réalisé Le Grand Ziegfeld (1936) qui avait connu un énorme succès. Assez logiquement, la M.G.M. lui confie donc la direction de cette superproduction, en tandem avec Busby Berkeley qui dirige les numéros musicaux et ballets. Le scénario est assez lénifiant, énième variation sur le conte de fées du succès, avec ses avantages mais aussi ses dangers. Des trois girls, c’est Lana Turner qui a la plus belle présence ; Hedy Lamarr est peu mise en valeur tout comme Judy Garland, mais cette dernière fait montre comme toujours d’une belle énergie. Même les ballets musicaux ne sont pas à la hauteur des grandes créations de Busby Berkeley : il charge ici beaucoup, mais il est vrai qu’il est ainsi dans la droite ligne de Ziegfeld. Le morceau musical le plus notable est probablement Minnie from Trinidad chanté par Judy Garland.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Stewart, Judy Garland, Hedy Lamarr, Lana Turner, Jackie Cooper, Ian Hunter, Charles Winninger, Edward Everett Horton
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Remarques :
* Dans la scène finale, l’un des décors reproduit celui du numéro le plus célèbre de Le Grand Ziegfeld : A Pretty Gil is like a Melody avec son grand gâteau.
* Originellement, le film devait être tourné en 1938 avec Eleanor Powell, Joan Crawford, Virginia Bruce et Walter Pidgeon.

(1) Florenz Ziegfeld Jr. (1867-1932) est sans aucun doute la plus grande personnalité de l’univers de Broadway. A partir de 1909, ses Follies devinrent vite le spectacle le plus célèbre de l’époque. Ses ballets et numéros musicaux alliaient fantaisie et reconstitution et faisaient rêver les spectateurs. Il n’hésitait pas à mêler les influences les plus diverses, pour un résultat d’assez mauvais goût mais toujours grandiose et spectaculaire.

23 février 2014

L’Égyptien (1954) de Michael Curtiz

Titre original : « The Egyptian »

L'égyptienDans l’Egypte ancienne, au cours de la XVIIIe dynastie, un jeune orphelin devient médecin. Il entre au service du nouveau pharaon Akhnaton avec son ami d’école, le guerrier Horemheb… L’Égyptien a été conçu comme une couteuse superproduction par Darryl F. Zanuck. Initialement, le casting devait être prestigieux avec Marlon Brando, Burt Lancaster et Kirk Douglas en tête d’affiche. Hélas, cela ne fit pas, Brando se retirant peu avant le tournage, et le choix final fut moins heureux. Est-ce la seule raison pour laquelle le film se révèle être décevant ? Probablement pas. Le scénario manque sans aucun doute de force et l’on se surprend à sourire parfois devant certains clichés. Il a pourtant été écrit par deux bons scénaristes, Philip Dunne et Casey Robinson, à partir d’un roman de Mika Waltari, écrivain finlandais. Comme dans certains peplums, on retrouve une certaine glorification maladroite du monothéisme. Si aucun acteur ne manifeste une belle présence, c’est aussi en grande partie dû à l’écriture car, finalement, on a l’impression que c’est un film qu’avec des seconds rôles. Le meilleur est certainement dans les décors, assez somptueux, et dans la reconstitution de la vie courante. La photographie abuse sans doute un peu des couleurs vives mais l’image est flamboyante à souhaits.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Edmund Purdom, Jean Simmons, Victor Mature, Gene Tierney, Michael Wilding, Bella Darvi, Peter Ustinov
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Remarques :
* Marilyn Monroe fit tout pour obtenir le rôle de Nefer, la belle tentatrice, mais Darryl F. Zanuck avait déjà réservé le rôle à Bella Darvi qui était alors sa maitresse.
* La Fox a revendu une partie des décors à Paramount pour le tournage du film de Cecil B. DeMille Les Dix Commandements.

20 février 2014

Paperboy (2012) de Lee Daniels

Titre original : « The Paperboy »

PaperboyReporter au Miami Times, Ward Jansen revient dans sa ville natale en Floride avec un de ses collègues pour enquêter sur le cas d’un détenu promis à une prochaine exécution pour le meurtre d’un shérif. Avec son jeune frère et la petite amie du détenu, ils cherchent à montrer que l’enquête a été bâclée… Paperboy est adapté d’un roman de Peter Dexter qui s’est inspiré d’un fait divers. Lee Daniels en a fait un thriller poisseux assez racoleur qui joue sur la vulgarité et un côté sulfureux pour attirer l’attention. Le jeune beau gosse Zac Efron passe pratiquement tout le film en sous-vêtements, Nicole Kidman joue une jeune bimbo particulièrement vulgaire, le gentil John Cusack s’amuse à interpréter un véritable primate ; les acteurs se sont certainement beaucoup amusés avec ces rôles à contre-emploi mais le spectateur, lui, a bien du mal à trouver un quelconque intérêt à l’ensemble.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Zac Efron, Matthew McConaughey, Nicole Kidman, John Cusack, David Oyelowo, Scott Glenn
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19 février 2014

Le Royaume de Tulipatan (1920) de Hal Roach

Titre original : « His Royal Slyness »

Le royaume de Tulipatan(Muet, 2 bobines soit 22 mn) A New York, un vendeur d’encyclopédies se laisse persuader, par le prince d’un lointain royaume dont il est le parfait sosie, d’aller prendre sa place à la cour où il doit épouser une jeune princesse… His Royal Slyness est une variation du thème du Prisonnier de Zenda où un simple quidam doit aller prendre la place d’un noble dans une cour royale. C’est le propre frère d’Harold Lloyd, Gordon Llyod, qui jour le rôle du véritable prince. Il n’est pas crédité au générique, certainement pour alimenter le doute et, effectivement, certains critiques de l’époque louèrent une merveilleuse utilisation de la « double exposition ». Les gags sont nombreux et bien amenés. On notera le petit contenu politique puisque ce pays imaginaire voit éclater une révolution et que nous sommes alors au lendemain de la Révolution russe.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, ‘Snub’ Pollard, Gus Leonard, Noah Young
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Le royaume de TulipatanRemarques :
* Le titre est un beau jeu de mot avec la formule royale His Royal Highness (slyness signifiant « ruse »).
* His Royal Slyness est le quatrième film avec le « glass character » (personnage à lunettes).
* Harold Lloyd avait déjà fait jouer son frère dans Luke’s Double (1916), également une histoire de double.
* Détail amusant : Harold Lloyd fait jouer au même acteur (Gus Leonard) les rôles du roi et d’un agitateur révolutionnaire.
* Harold Lloyd réutilisera le thème de la révolution dans le long métrage Why Worry ? (1923)

Remake :
Vive le roi (Long fliv the King) de Leo McCarey (1926) avec Charley Chase (et Oliver Hardy dans un petit rôle).

15 février 2014

Allô… brigade spéciale (1962) de Blake Edwards

Titre original : « Experiment in Terror »
Autre titre (UK) : « The Grip of Fear »

Allô... brigade spécialeAlors qu’elle rentre chez elle, Kelly Sherwood est agressée dans son garage par un homme dont elle ne voit pas le visage qui la menace de représailles si elle n’accepte pas de voler pour lui une grosse somme d’argent dans la banque où elle travaille… Avant Allô… brigade spéciale, Blake Edwards n’avait réalisé que des comédies. Pour sa première production indépendante, il choisit toutefois un genre qui lui tient tout autant à coeur : le policier. Il s’attache à créer une atmosphère et ce dès le tout début du film, dans cette première scène du garage, assez oppressante où s’installent des rapports très particuliers entre le bourreau et sa victime. L’ensemble montre beaucoup de style, impression encore accentuée par la superbe photographie en noir et blanc assez contrasté. La musique de Henry Mancini est superbe (notamment celle du générique). Allô… brigade spéciale a paru trop sophistiqué aux yeux de certains. C’est pourtant l’un des plus beaux films du réalisateur : plus que dans tout autre, il fait montre d’un style assez remarquable tout en donnant une grande importance à l’histoire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Lee Remick, Stefanie Powers, Ross Martin
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Remarques :
* Il semble assez évident que le film Allô… brigade spéciale a influencé David Lynch. Il est d’ailleurs difficile de ne pas penser à ce réalisateur dès la fin du générique quand on voit ce superbe panneau indicateur « Twin Peaks » en gros plan (c’est le nom du quartier de San Francisco où habite la victime). Le style et l’atmosphère sont assez proches. On pourra remarquer aussi certaines similitudes entre la scène du garage et une scène de Sailor et Lula.
* Le scénario est l’adaptation du livre « Operation Terror » de Mildred et Gordon Gordon. Le couple a écrit lui-même l’adaptation.
* Le film est l’un des rares films avec Ross Martin, acteur qui a beaucoup tourné pour la télévision et qui est très célèbre pour être l’Artemus Gordon des Mystères de l’Ouest.

14 février 2014

If You Could Only Cook (1935) de William A. Seiter

Titre français parfois utilisé : « La Fiancée imprévue »

If You Could Only CookAlors qu’il est à quelques jours de conclure un mariage mondain qui ne l’enchante guère, un jeune magnat de l’automobile va sur un banc pour mieux réfléchir. Là, il rencontre une jeune femme qui cherche du travail et lui propose de passer pour son mari afin qu’ils puissent postuler à un poste de cuisinière et de majordome… Basée sur une histoire de F. Hugh Herbert, If You Could Only Cook est une comédie screwball assez peu connue mais néanmoins assez brillante. Elle est même à classer parmi les meilleures du genre. Les situations sont originales et bien amenées et les dialogues assez enlevés. Il faut également souligner la présence de deux excellents seconds rôles, deux personnages plutôt interlopes mais au grand coeur, assez finement écrits. Sur le fond, à l’instar de It happened one night, on retrouve le rapprochement d’un homme et une femme venant chacun d’une des extrémités de l’échelle sociale, donc la présence cette grande perméabilité entre les classes If You Could Only Cook (le grand rêve américain) qui caractérise tant de screwball comedies. La jeune femme (interprétée avec beaucoup de pétulance par Jean Arthur) symbolise toute la force vitale de l’Amérique alors que la femme de la haute société n’est qu’une intrigante. Et toujours, cette présence forte du mariage, véritable « ciment » de la reconstruction d’une société meurtrie par la Dépression. If You Could Only Cook est très amusant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Herbert Marshall, Jean Arthur, Leo Carrillo, Lionel Stander
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Remarques :
* Pour capitaliser sur le succès de It happened one night (1934), Harry Cohn le patron de Columbia décida de sortir le film en Angleterre en tant que film produit et réalisé par Frank Capra… Il n’en était rien, bien entendu. Furieux, Capra attaqua Harry Cohn en justice et ce n’est que lorsque ce dernier promit au réalisateur d’acheter les droits de You can’t take it with you, que Capra voulait tourner à tout prix, que les choses se calmèrent.
If You Could Only Cook
* Le film a bien, semble t-il, connu une petite distribution en France à l’époque sous le titre La Fiancée imprévue (distribué par la compagnie de production Osso si l’on en croit l’affiche ci-contre).

* Le film n’est pas très facile à voir mais il figure sur le peu couteux DVD Icons of Screwball Comedy vol.1. Précisons toutefois qu’il s’agit d’un DVD zone 1 et que les seuls sous-titres disponibles sont en anglais. Il n’est, à ce jour, pas disponible en DVD zone 2.

4 février 2014

Soupe au lait (1936) de Leo McCarey

Titre original : « The Milky Way »

Soupe au laitLivreur de lait de son état, Burleigh Sullivan (Harold Lloyd) met accidentellement KO un champion de boxe un peu éméché à la sortie d’un club ce qui fait la une des journaux du lendemain. Le manager du champion cherche à exploiter cette popularité en faisant combattre le jeune laitier… The Milky Way est adapté d’une pièce de Lynn Root et Harry Clork. L’histoire est bien entendu totalement improbable et farfelue mais l’important est de pouvoir placer un bon nombre de gags et il y a de bonnes trouvailles : ce sont des gags visuels mais aussi, et même surtout, dans les dialogues assez enlevés. Il est toujours étonnant de voir comment Harold Lloyd a bien passé le cap du parlant même si, en cette seconde moitié des années trente, sa popularité commence à pâlir quelque peu. Les seconds rôles sont très tenus avec notamment un excellent Adolphe Menjou, ici reconverti en manager de boxe mâcheur de chewing-gum ! L’ensemble est plaisant mais, par rapport à ses autres films parlants, plutôt inférieur à l’excellent Movie Crazy et même à Cat’s Paw.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Adolphe Menjou, Verree Teasdale, William Gargan, Lionel Stander
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Remarques :
* Norman Z. McLeod a dirigé quelques scènes de The Milky Way lorsque Leo McCarey fut hospitalisé pendant la production. Ray McCarey, frère de Leo McCarey, aurait également participé à quelques scènes.
* Quand le producteur Sam Goldwyn a racheté les droits du film dans les années quarante pour tourner son remake, il a également racheté le négatif et presque toutes les copies existantes afin de les détruire. Si nous pouvons voir le film aujourd’hui, c’est grâce à la copie qu’Harold Lloyd a gardé pour lui, la seule copie de bonne qualité qui ait survécu.

Remake :
Le Laitier de Brooklyn (The Kid from Brooklyn) de Norman Z. McLeod (1946) avec Danny Kaye et Virginia Mayo.