31 mars 2015

Sommaire de mars 2015

Peau d'âneÀ chaque aube je meursIndiscretStromboliHistoires extraordinairesBronco ApacheLa Flèche briséeL'impitoyable

Peau d’âne

(1970) de Jacques Demy

À chaque aube je meurs

(1939) de William Keighley

Indiscret

(1958) de Stanley Donen

Stromboli

(1950) de Roberto Rossellini

Histoires extraordinaires

(1968) de Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim

Bronco Apache

(1954) de Robert Aldrich

La Flèche brisée

(1950) de Delmer Daves

L’impitoyable

(1948) de Edgar G. Ulmer

LooperFélicie NanteuilOn a volé un tramAllemagne année zéroL'Adieu aux armesMoby DickRue sans issueBlue Velvet

Looper

(2012) de Rian Johnson

Félicie Nanteuil

(1942) de Marc Allégret

On a volé un tram

(1954) de Luis Buñuel

Allemagne année zéro

(1948) de Roberto Rossellini

L’Adieu aux armes

(1932) de Frank Borzage

Moby Dick

(1956) de John Huston

Rue sans issue

(1937) de William Wyler

Blue Velvet

(1986) de David Lynch

Le Retour de l'abominable Dr. PhibesL'abominable Dr. PhibesLes EnchaînésLe labyrinthe de PanThelma et LouiseLivre : Helmut Berger autoportraitLe Choc des mondesPaïsa

Le Retour de l’abominable Dr. Phibes

(1972) de Robert Fuest

L’abominable Dr. Phibes

(1971) de Robert Fuest

Les Enchaînés

(1946) de Alfred Hitchcock

Le labyrinthe de Pan

(2006) de Guillermo del Toro

Thelma et Louise

(1991) de Ridley Scott

Livre : Helmut Berger autoportrait

(2015) Editions Séguier

Le Choc des mondes

(1951) de Rudolph Maté

Païsa

(1946) de Roberto Rossellini

Un crime dans la têteThe Unsuspected

Un crime dans la tête

(1962) de John Frankenheimer

The Unsuspected

(1947) de Michael Curtiz

Nombre de billets : 26

30 mars 2015

Peau d’âne (1970) de Jacques Demy

Peau d'âneMourante, une reine se fait promettre par le roi de ne prendre pour nouvelle épouse qu’une femme plus belle qu’elle. Mais la seule personne capable de rivaliser avec sa beauté n’est autre que sa propre fille, et le roi la demande en mariage. Pour échapper à cette union incestueuse et sur les conseils de sa marraine la Fée des Lilas, la princesse demande à son père des robes irréalisables, mais il parvient toujours à les lui offrir. Elle lui demande alors de sacrifier son âne qui produit des écus d’or et le roi s’exécute. La princesse s’enfuit alors dans la forêt, revêtue de la peau de l’âne et se fait passer pour une fille de ferme, une souillon… Dans sa version de Charles Perrault, le conte populaire Peau d’âne serait le premier conte de fées français jamais écrit. L’adaptation au cinéma qu’en a fait Jacques Demy est une féérie visuelle : les décors sont splendides, les costumes somptueux. Demy place quelques anachronismes savoureux dans cette histoire où tout est possible. Même pour une personne (comme moi) qui n’est pas un grand amateur des musiques de Michel Legrand, les chansons ne sont pas envahissantes et apportent de belles respirations. Peau d’âne forme un ensemble très réussi qui est loin de n’être qu’un film pour enfants. Le film a été restauré ce que permet de profiter pleinement de sa belle palette de couleurs.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Micheline Presle, Delphine Seyrig, Fernand Ledoux
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Demy sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Demy chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jacques Demy… et le (très récent) livre sur Peau d’âne

Voir le mini-site dédiée à Peau d’âne sur le site de la Cinémathèque
(nombreux documents)

Peau d'âne
Catherine Deneuve dans Peau d’âne de Jacques Demy

Remarques :
* Peau d’âne a été tourné au château de Chambord (le château rouge) et au château du Plessis-Bourré au nord d’Angers (le château bleu). Les scènes de ferme et de forêt ont été tournées au château de Neuville dans les Yvelines et la scène finale au château de Pierrefonds dans l’Oise.

29 mars 2015

À chaque aube je meurs (1939) de William Keighley

Titre original : « Each Dawn I Die »

À chaque aube je meursPour avoir accusé de corruption le procureur général, un journaliste (James Cagney) est condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis et envoyé en prison pour une longue peine. Là, il fait la connaissance d’un gangster (George Raft)… Tourné à la fin des années trente, Each Dawn I Die est un film quelque peu surprenant : plus qu’un « film de gangster », genre qui a marqué la décennie, il s’agit plutôt d’un film dénonçant l’univers carcéral et la façon dont il endurcit et radicalise les comportements. L’histoire n’est guère crédible sans que cela n’entame sa force, grâce notamment à la formidable présence à l’écran de James Cagney, et aussi de George Raft, la mise en scène de William Keighley n’ayant en revanche rien de remarquable. Grâce à ces deux acteurs, Each Dawn I Die est particulièrement convaincant.
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Cagney, George Raft, Jane Bryan, George Bancroft
Voir la fiche du film et la filmographie de William Keighley sur le site IMDB.

Voir les autres films de William Keighley chroniqués sur ce blog…

James Cagney et George Raft dans Each Dawn I Die
James Cagney et George Raft dans Each Dawn I Die de William Keighley

27 mars 2015

Indiscret (1958) de Stanley Donen

Titre original : « Indiscreet »

IndiscretAnna est une actrice célèbre à Londres mais elle n’a pas réussi à trouver l’homme de sa vie. Grâce à sa soeur, elle fait la connaissance d’un américain spécialiste de questions financières et se sent immédiatement attirée par lui. Hélas, il lui annonce qu’il est déjà marié… Retrouver le couple formé par Ingrid Bergman et Cary Grant douze ans après le très beau Notorious d’Alfred Hitchcock était assez alléchant. Hélas, cette comédie qui se déroule dans la bonne société londonienne se révèle sans grand intérêt et même plutôt ennuyeuse. Adapté d’une pièce de Norman Krasna qui n’avait pas eu grand succès à Broadway, Indiscret est une comédie sans surprise qui tente sans y parvenir de retrouver le ton léger et enlevé des comédies screwball. Le film fut un grand succès. Le charme de ses deux acteurs principaux n’y est certainement pas étranger.
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ingrid Bergman, Cecil Parker, Phyllis Calvert
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Donen sur le site IMDB.

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Indiscret (1958) de Stanley Donen
Ingrid Bergman et Cary Grant dans Indiscret de Stanley Donen

 

Indiscret (1958) de Stanley Donen
La censure ayant manifesté son opposition à toute scène montrant Ingrid Bergman et Cary Grant dans le même lit (alors que leurs personnages ne sont pas mariés), Stanley Donen eut recours à l’astuce du split-screen : l’écran est partagé en deux montrant chacun en train de téléphoner à l’autre depuis son lit. Cette astuce sera reprise largement par Michael Gordon pour son film Pillow Talk l’année suivante.

26 mars 2015

Stromboli (1950) de Roberto Rossellini

StromboliA la fin de la guerre, une jeune femme originaire des Pays baltes épouse un ex-soldat pour échapper au camp de réfugiés où elle croupissait sans ressources. Il l’emmène dans son île natale, une île inhospitalière sous la menace permanente d’un volcan en activité. La jeune femme a tout de suite un sentiment de rejet envers cet endroit totalement isolé dont elle se sent prisonnière… Stromboli est le premier des films de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman. C’est aussi et surtout le premier de ses films intimistes où il cherche à sonder l’âme humaine, des films plus métaphysiques que les trois films sur la guerre qui le précèdent. A l’aspect presque documentaire du film se mêle le parcours initiatique d’une jeune femme qui sera finalement touchée par la grâce, par le charme de l’île. Stromboli a ainsi une connotation spirituelle et religieuse qui est manifeste dans la célèbre scène de la pêche au thon, scène absolument extraordinaire qui évoque l’Epiphanie, et bien entendu toute la scène finale, véritable aboutissement du parcours de la jeune femme. La sortie du film a été marquée par le scandale des deux côtés de l’Atlantique causé par la liaison entre Ingrid Bergman et Rossellini.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, Mario Vitale
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Voir les livres sur Roberto Rossellini

Stromboli de Roberto Rossellini
Ingrid Bergman et Mario Vitale dans Stromboli de Roberto Rossellini

Remarques :
* L’île-volcan de Stromboli est l’une des îles Éoliennes au nord de la Sicile. Le film a bien entendu été tourné sur place. Les habitants des villages, situés au pied du volcan, ont participé au tournage du film. Une éruption eut lieu pendant le tournage, celle que l’on peut voir dans le film.

* Le rôle principal était initialement prévu pour Anna Magnani qui avait une aventure avec Rossellini quand Ingrid Bergman a fait irruption.

* La lettre que Ingrid Bergman a écrite à Rossellini est restée célèbre :
« Cher Monsieur Rossellini,
J’ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsan et les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d’une actrice suédoise qui sait très bien parler anglais, qui n’a pas oublié son allemand, qui n’est pas très compréhensible en français, et qui en italien ne sait dire que « ti amo », alors je suis prête à venir faire un film avec vous.
Ingrid Bergman »

* Dans son autobiographie, Ingrid Bergman raconte comment elle a eu beaucoup de mal à se faire aux méthodes « peu professionnelles » de Rossellini et à tourner avec les habitants locaux dont elle ne comprenait pas le moindre mot…

* Mario Vitale avait été engagé comme porteur de matériel.

* Pendant le tournage, Ingrid Bergman et Roberto Rossellini tombèrent amoureux l’un de l’autre. Le scandale fut très important quand on apprit que l’actrice était enceinte. Ils étaient, chacun de leur côté, marié avec enfants. Howard Hughes (alors à la tête de la RKO) fera faire des coupes sans en parler à Rossellini. Des voix réactionnaires se feront entendre jusqu’au sein du Sénat américain et des autorités religieuses feront campagne contre le film. Finalement, le scandale sera bénéfique au film qui fera d’énormes entrées dès le premier jour aux Etats-Unis. Il sera toutefois méprisé par la critique. Ingrid Bergman épousera Rossellini peu après la sortie du film.

* Le film a donné un attrait touristique à l’île qui abrite aujourd’hui 750 habitants dans deux petites enclaves aux deux extrémités. Un port a été aménagé et l’électricité installée. Le volcan s’élève jusqu’à 926 mètres au dessus de la mer, il est en activité quasi permanente. La profondeur des eaux à l’entour étant d’environ 1000 mètres, le volcan se dresse donc sur 2000 mètres.

Stromboli
Le Stromboli aujourd’hui (photo sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

25 mars 2015

Histoires extraordinaires (1968) de Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim

Histoires extraordinairesTrois adaptations d’une histoire d’Edgar Poe par trois réalisateurs différents :
1. Metzengerstein de Roger Vadim avec Jane Fonda, Peter Fonda : Au Moyen-âge, une jeune et riche comtesse dilapide son temps en orgies et en jeux cruels.
2. William Wilson de Louis Malle avec Alain Delon et Brigitte Bardot : Un jeune officier, cruel et sadique, de l’armée hongroise confesse à un abbé qu’il a tué son double.
3. Toby Dammit de Federico Fellini avec Terence Stamp : Un acteur anglais alcoolique et décadent arrive à Rome pour tourner un « western catholique »…

Histoires extraordinaires est hélas plutôt décevant. Pour Roger Vadim, le film est surtout l’occasion de mettre en valeur sa femme Jane Fonda en jeune comtesse cruelle aux moeurs dépravées, dans de superbes tenues affriolantes. Elle est effectivement très agréable à regarder mais l’histoire, peu développée, est moins intéressante. On pourra tout de même remarquer l’habileté de Vadim pour faire jouer les animaux, notamment les chevaux. Le sketch de Louis Malle n’est guère plus remarquable : Brigitte Bardot, attifée d’une perruque brune mal ajustée, joue épouvantablement et le thème du Bien et du Mal y est bien mal traité. Heureusement, Fellini joue dans une toute autre cour, on s’en rend compte dès les premières minutes. On retrouve ici certains de ses thèmes favoris, notamment celui d’un monde du spectacle très superficiel et artificiel. Mais le véritable thème de son sketch est plus sur la représentation de la mort. Il est difficile de ne pas penser au propre vécu du cinéaste : victime d’une embolie, Fellini a frôlé la mort et ce sketch est le premier film qu’il tourne après une longue convalescence. Face à la fausseté du monde qui l’entoure, son personnage ne trouve d’issue que dans une course hallucinée vers la mort.
Elle:
Lui : 2 étoiles (Sketch de Fellini : 3 étoiles)

Acteurs: Jane Fonda, Peter Fonda, Brigitte Bardot, Alain Delon, Terence Stamp
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

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Histoires extraordinaires (1968) de Roger Vadim
Jane Fonda dans Metzengerstein de Roger Vadim, l’un des trois sketches de Histoires extraordinaires (1968).

Histoires extraordinaires (1968) de Louis Malle
Brigitte Bardot et Alain Delon dans William Wilson de Louis Malle, l’un des trois sketches de Histoires extraordinaires (1968).

Histoires extraordinaires (1968) de Federico Fellini
Terence Stamp dans Toby Dammit de Federico Fellini, l’un des trois sketches de Histoires extraordinaires (1968).

Remarques :
* Les trois réalisateurs initialement prévues étaient Orson Welles, Luis Bunuel et Federico Fellini.
* Le sketch de Roger Vadim est le seul film où les deux enfants d’Henry Fonda, Jane et Peter, apparaissent ensemble.

24 mars 2015

Bronco Apache (1954) de Robert Aldrich

Titre original : « Apache »

Bronco ApacheA la reddition de Géronimo, de nombreux guerriers Apache sont envoyés de force dans une réserve en Floride. L’un d’entre eux, Massaï, réussit à s’échapper du train et retraverse la moitié des Etats-Unis à pied pour rejoindre les siens. Là, il entreprend de continuer à se battre, seul, contre les Blancs. Il se considère comme étant le dernier Apache vivant… Bronco Apache est le premier western de Robert Aldrich, un western original puisque son histoire nous est racontée selon le point de vue indien. L’histoire montre bien l’impasse dans laquelle les indiens se sont alors retrouvés après avoir perdu tout contrôle sur leur devenir. Le film n’est pas manichéiste pour autant, son héros n’est pas irréprochable : il est d’un individualisme ultime, obstiné et inflexible, mais c’est un personnage doté d’une très grande force de caractère. Il a l’ambition de créer à lui tout seul un nouveau mode de vie pour les Apaches. Burt Lancaster, tous muscles luisant, fait un Apache finalement assez crédible. En plus de l’être par son propos et la réflexion qu’il comporte, Bronco Apache est également remarquable par son rythme, les scènes d’action sont joliment enlevées, réglées au cordeau. La fin en happy end n’est bien entendu pas celle qui avait été écrite. Elle est si irréaliste que l’on a l’impression de basculer dans une autre dimension… mais cela n’enlève rien aux qualités du film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner
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Bronco Apache
Burt Lancaster (l’Apache Massaï) et Jean Peters (Nalinle, sa squaw) dans Bronco Apache de Robert Aldrich.

Remarques :
* Bronco Apache est adapté d’un roman de Paul Wellman. Le scénario a été écrit par James R. Webb qui signera également celui de Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) de John Ford dix ans plus tard.
* Bronco Apache s’inscrit dans la ligne des films montrant le point le vue indien, une ligne ouverte par La flèche brisée (Broken Arrow) de Delmer Daves et La Porte du diable (Devil’s Doorway) d’Anthony Mann, tous deux de 1950.
* Bronco Apache voit l’un des premiers rôles de Charles Bronson (qui s’appelait encore Charles Buchinsky), un tout petit rôle.
* La fin initialement prévue voyait Massaï tué d’une balle dans le dos par Hondo (Charles Bronson), son rival auprès de Nalinle. United Artists a finalement réussi à imposer une fin plus heureuse.

23 mars 2015

La Flèche brisée (1950) de Delmer Daves

Titre original : « Broken Arrow »

La flèche briséeArizona, 1870. Ecoeuré par la guerre permanente contre les indiens, l’ex-soldat et ex-chercheur d’or Tom Jeffords désire jouer les émissaires et aller parler au grand chef Cochise. Il apprend leur langue et leurs coutumes et se rend seul à leur village… La Flèche brisée marque une date dans l’histoire du western au cinéma : c’est, avec le moins connu La Porte du diable (Devil’s Doorway) d’Anthony Mann tourné presque simultanément (1), le premier western à montrer les indiens sous un jour favorable, avec respect. Il nous les dépeint comme un peuple d’une indéniable dignité et Cochise est ici un chef respectueux de la parole donnée et aspirant à la paix. Cela tranche nettement avec l’image de l’indien sanguinaire qui était uniformément répandue auparavant. Il paraît logique que ce soit l’humaniste Delmer Daves qui, le premier, ait franchi le pas car le réalisateur avait longuement étudié la culture indienne. L’histoire est basée sur des faits historiques, Tom Jeffords a bien existé et joué le rôle décrit, mais bien entendu l’ensemble est romancé notamment par l’ajout d’une histoire d’amour. Le message est ici de prôner la tolérance et le respect des différences de culture, un peu idyllique certes mais louable. La réalisation est plutôt moins remarquable que son propos mais l’interprétation est excellente : James Stewart est ici à l’orée de ses rôles de westerns dans lesquels il excellera et Jeff Chandler fait un Cochise très crédible, physiquement très ressemblant avec le vrai. Debra Paget est, quant à elle, lumineuse. La photographie Technicolor d’Ernest Palmer est très belle. Au cours des années cinquante et même soixante, de nombreux réalisateurs de westerns emprunteront la voie ouverte par Delmer Daves avec La Flèche brisée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, Jeff Chandler, Debra Paget
Voir la fiche du film et la filmographie de Delmer Daves sur le site IMDB.

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La Flèche brisée (1950) de Delmer Daves
James Stewart dans La Flèche brisée de Delmer Daves

La Flèche brisée (1950) de Delmer Daves
Jeff Chandler est Cochise dans La Flèche brisée de Delmer Daves

La Flèche brisée (1950) de Delmer Daves
Debra Paget est la jeune squaw Sonseeahray (L’étoile du matin) dans La Flèche brisée de Delmer Daves

Remarque :
* Broken Arrow a été dérivé en une série télévisée de même nom, entre 1956 et 1960.

(1) En réalité, Devil’s Doorway a été tourné et monté bien avant Broken Arrow mais la MGM était réticente à le sortir. Ce n’est qu’en voyant le succès de ce dernier que les studios décidèrent le distribuer.

Homonymes (sans aucun autre rapport que le nom) :
Broken Arrow de John Woo (1996) avec John Travolta
Broken Arrow de Reid Gershbein (2007)

22 mars 2015

L’impitoyable (1948) de Edgar G. Ulmer

Titre original : « Ruthless »

L'impitoyableVic Lambdin se rend avec sa femme Mallory à la résidence de son ami d’enfance, Horace Vendig, devenu l’un des plus riches financiers de New York. Celui-ci annonce qu’il se retire des affaires, laissant la plus grande partie de sa fortune à une fondation. Les deux amis qui ont fini par se détester se remémorent le passé… La construction de Ruthless en flashbacks successifs a parfois conduit le surnommer le « Citizen Kane de série B ». C’est à la fois flatteur et sévère car, s’il n’a pas toutes les qualités du film de Welles, ce n’est pas non plus un film mineur. Certes, Edgar G. Ulmer a été souvent cantonné à la série B mais il a parfois bénéficié de budgets un peu plus importants et de meilleurs castings, montrant alors ses qualités. C’est ici le cas. Ruthless est une fable morale sur l’ambition au service d’un individualisme forcené. Le portrait psychologique est assez profond car, en réalité, il nous montre que ce n’est ni l’ambition seule, ni même le désir de s’enrichir qui meut le financier mais l’angoisse d’être privé de que les autres ont. Il a ainsi bâti sa fortune en prenant quelque chose aux personnes qu’il côtoie, aussi bien amis qu’ennemis, à commencer par les femmes. Cet arrivisme déshumanisé n’a pas vraiment de ligne directrice ni de dessein, le propos passe même par une certaine démonstration de l’absence de libre arbitre (1). Zachary Scott est très crédible dans son rôle (avec, de façon amusante pour nous, spectateur français, une certaine ressemblance physique avec Bernard Arnault). Malgré quelques lourdeurs occasionnelles, la réalisation d’Edgar G. Ulmer sait donner une certaine ampleur à ce portrait psychologique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Zachary Scott, Louis Hayward, Diana Lynn, Sydney Greenstreet, Lucille Bremer, Martha Vickers
Voir la fiche du film et la filmographie de Edgar G. Ulmer sur le site IMDB.

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Ruthless
Louis Hayward, Diana Lynn et Zachary Scott dans L’impitoyable (Ruthless) de Edgar G. Ulmer

Remarque :
* Ruthless est adapté d’un roman de Dayton Stoddart : Prelude to Night.

(1) Le propos se place donc à l’opposé du libertarisme prôné par Ayn Rand dans Le Rebelle de King Vidor qui sortira l’année suivante et qui place l’individualisme en tant que qualité motrice et le lie à la liberté individuelle et au libre arbitre.

21 mars 2015

Looper (2012) de Rian Johnson

LooperKansas 2044. Un homme se tient au bord d’un champ de maïs. Il regarde sa montre et pointe son arme devant lui dans le vide… Quand on n’est pas prévenu, la première scène de Looper est une très grosse surprise. Ecrit et réalisé par le presque quarantenaire Rian Johnson, ce film de science-fiction est une variation originale et inattendue sur le thème du voyage dans le temps. Il en exploite assez élégamment les paradoxes, prend des libertés avec la logique (mais la logique est bien entendu assez malléable en matière de paradoxes temporels) et laisse la fin ouverte à interprétation(s). L’ensemble n’est pas sans humour, notamment grâce à certains personnages secondaires.  La réalisation est plutôt élégante, elle aussi, utilisant les effets spéciaux à bon escient et sans excès. L’acteur Joseph Gordon-Levitt a accepté de modifier son apparence et son jeu pour ressembler à un jeune Bruce Willis.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano, Noah Segan, Jeff Daniels
Voir la fiche du film et la filmographie de Rian Johnson sur le site IMDB.

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Looper
Joseph Gordon-Levitt méconnaisable en Bruce Willis jeune dans Looper de Rian Johnson

Looper
Face à face… Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt dans Looper de Rian Johnson