28 juin 2024

Prête-moi ta main (2006) de Eric Lartigau

Prête-moi ta mainLuis est quadragénaire, célibataire endurci et « nez » chez un parfumeur. Sa mère et ses cinq sœurs forment un véritable clan qui prend toutes les décisions pour l’ensemble de la famille. Luis est comme son défunt père, il n’a jamais son mot à dire. Ses sœurs le couvent tellement qu’il y trouve son compte. Mais quand elles décident qu’il doit prendre une épouse, il doit trouver une parade pour que l’on ne lui parle plus de mariage…
Prête-moi ta main est une comédie réalisée par Éric Lartigau, imaginée, coécrite et interprétée par Alain Chabat. Elle est admirablement écrite et Alain Chabat a vraiment un talent à produire un type d’humour qui ne montre jamais de lourdeurs, ni ne sombre dans la facilité. En outre, cet humour n’est jamais aux dépens d’autrui. Charlotte Gainsbourg est étonnante et drôle. Tous les seconds rôles sont bien tenus à commencer par Bernadette Lafont dans le rôle de cheffe de tribu. Le film connu un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Chabat, Charlotte Gainsbourg, Bernadette Lafont, Wladimir Yordanoff
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Lartigau sur le site IMDB.
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Bernadette Lafont dans Prête-moi ta main de Éric Lartigau.
Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg dans Prête-moi ta main de Éric Lartigau.

30 août 2023

Tempura (2020) de Akiko Ôku

Titre original : « Watashi wo kuitomete »

Tempura (Watashi wo kuitomete)Depuis toujours, Mitsuko vit dans sa bulle. Au cœur d’un Tokyo trop grand pour elle, elle se consacre avec passion à des recettes de cuisine qu’elle peaufine de son petit appartement. En célibataire épanouie, elle se fixe chaque jour de nouveaux défis jusqu’à celui, inédit, d’inviter un garçon à dîner…
Tempura est un film écrit et réalisé par la japonaise Akiko Ôku d’après le roman homonyme de Risa Wataya. La réalisatrice a déjà plusieurs films à son actif dont les héroïnes sont souvent des jeunes femmes. Ici, elle dresse le portrait d’une trentenaire qui ne cherche pas à se mettre en couple, sans que l’on sache vraiment s’il s’agit d’un choix ou d’une facilité. Le personnage de Mitsuko a une voix intérieure, qu’elle appelle « A », qui lui permet d’affronter ses peurs et de prendre, ou garder, confiance en elle. Elle a besoin de mieux se connaitre elle-même avant de pouvoir partager sa vie avec un autre. La réalisatrice filme son personnage avec beaucoup de délicatesse et l’actrice Rena Nōnen (créditée sous le nom de Non) montre une belle présence à l’écran. Tout cela serait parfait si le film n’était pas si long (2h10). Certaines scènes paraissent inutiles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Non, Kento Hayashi, Asami Usuda, Takuya Wakabayashi
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Remarque :
Le (ou la) tempura est un plat de friture japonais, originaire du Portugal. Ces beignets consistent en une pâte à frire, à base de farine, d’œuf et d’eau, dans laquelle on trempe du poisson ou des legumes.

Tempura (Watashi wo kuitomete)Non (Rena Nōnen) confectionne un tempura lors d’un cours de cuisine
dans Tempura (Watashi wo kuitomete) de Akiko Ôku.

30 mars 2022

Le Célibataire (1955) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Lo scapolo »

Le Célibataire (Lo scapolo)Paolo Anselmi est célibataire et il entend bien le rester. Il court les femmes et voudrait multiplier les aventures. Mais la vie de Paolo est solitaire et toutes ses tentatives de séduction ne sont pas couronnées de succès…
Le Célibataire est un film italien réalisé par Antonio Pietrangeli. Il en a coécrit le scénario avec Ruggero Maccari et Ettore Scola. Alberto Sordi était déjà assez connu et commençait à enchaîner les tournages. Ici, son personnage est celui qu’il interprétera si souvent, un « italien moyen » un peu lâche et plutôt pitoyable. Le propos fustige le machisme ambiant, le refus du mariage reposant sur la crainte de perdre une liberté fantasmée, nourrie par les affabulations et récits d’aventures. Si le thème général paraît bien classique, il faut garder à l’esprit que nous sommes en 1955, donc au tout début de la grande époque de la comédie italienne. Le scénario est assez libre dans les enchainements de scènes, l’ensemble manque parfois un peu de liant ; ce sont des tranches de vie. Le film peine à s’envoler et reste assez mineur, mais sa date de sortie pousse à une certaine indulgence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Sandra Milo, Nino Manfredi, Madeleine Fischer
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Remarque :
* Alberto Sordi est resté célibataire toute sa vie.

Le Célibataire (Lo scapolo)Alberto Sordi dans Le Célibataire (Lo scapolo) de Antonio Pietrangeli.

5 avril 2020

The Lobster (2015) de Yorgos Lanthimos

The LobsterDans un futur proche, toute personne célibataire est obligatoirement internée dans un hôtel reconverti et a 45 jours pour se mettre en couple. Passé ce délai, elle est transformée en l’animal de son choix. Après 11 ans de relation, David se retrouve célibataire lorsqu’il apprend que sa femme l’a quitté pour un autre homme. Il est emmené à l’Hôtel…
The Lobster est le premier film en anglais du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. L’idée de départ est originale mais le cinéaste ne prend pas la peine de la rendre un tant soit peu crédible. Il se complaît ensuite à cultiver un malaise chez le spectateur, enchainant les scènes cruelles et morbides. On est d’ailleurs plus proche du film d’horreur que du film de science-fiction. Le prétexte à tout cela serait de se pencher sur la nature des relations humaines et plus précisément « comment les gens se sentent quand ils éprouvent le besoin d’être dans une relation et comment ils voient ceux qui n’arrivent pas à être en couple. »  Ce film très dérangeant fut plutôt bien accueilli par la critique.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Colin Farrell, Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman, Léa Seydoux
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Remarques :
* Prix du jury au festival de Cannes 2015.
* The Lobster est filmé presque entièrement en lumière naturelle.

The LobsterColin Farrell et Rachel Weisz dans The Lobster de Yorgos Lanthimos.

11 septembre 2017

Mademoiselle et son bébé (1939) de Garson Kanin

Titre original : « Bachelor Mother »

Mademoiselle et son bébéPolly Parish, vendeuse en fin de contrat dans un grand magasin de jouets, est prise par erreur pour la mère d’un bébé que l’on vient d’abandonner à la porte d’un orphelinat. Le fils de son patron accepte de la garder pour qu’elle puisse élever son enfant… Garson Kanin est plus réputé pour ses talents de scénaristes que de réalisateur mais ce n’est pas lui qui a écrit le scénario de Bachelor Mother. Il s’agit du remake d’un film austro-hongrois de 1935 et le scénario se révèle être une petite merveille car il nous emmène jamais là où on croit aller. Démarrant presque comme un drame social, il devient rapidement une comédie savoureuse qui nous surprend constamment. Il y a des trouvailles vraiment remarquables. Ginger Rogers, qui bizarrement n’aimait guère le scénario et a tout fait pour se retirer, est parfaite dans ce rôle de femme intelligente et moderne, « attirante sans être traitée comme un objet sexuel, romantique sans jamais symboliser la pureté fragile » (1). L’humour est bien dosé, l’ensemble est parfaitement équilibré même si la réalisation n’est pas franchement remarquable. L’important succès du film à sa sortie eut un impact non négligeable sur la carrière Garson Kanin et de Ginger Rogers. Bachelor Mother est à classer parmi les meilleures comédies screwball.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, David Niven, Charles Coburn, Frank Albertson
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Voir les autres films de Garson Kanin chroniqués sur ce blog…
Voir les livres écrits par Garson Kanin… (son livre sur Hollywood, où il nous raconte sa collaboration avec Sam Goldwyn, est des plus intéressants)

(1) Cette très juste description du personnage est de Richard Corliss (rapportée par Tavernier et Corsodon dans 50 ans de cinéma américain)

Remake de :
Kleine Mutti (Petite Maman) de Henry Koster (1935) avec Franciska Gaal sur un scénario écrit par l’allemand Felix Jackson.
Remake :
Bundle of Joy (Le Bébé de Mademoiselle) de Norman Taurog (1956) avec Debbie Reynolds et Eddie Fisher.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Mademoiselle et son bébé
Charles Coburn, Ginger Rogers et David Niven dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

6 septembre 2017

Quand la chair succombe (1962) de Mauro Bolognini

Titre original : « Senilità »

Quand la chair succombeA Trieste dans les années vingt, Emilio, un modeste employé de bureau âgé d’une quarantaine d’années, fait la rencontre de la jeune Angiolina dont la beauté le bouleverse. Emilio ne veut s’engager, préférant ne pas bousculer la vie qu’il mène avec sa sœur, solitaire comme lui… Senilità est l’adaptation du roman homonyme d’Italo Svevo. Qu’il s’agisse d’un roman autobiographique (Svevo avait alors 37 ans) témoigne d’une extraordinaire lucidité de son auteur dans le regard qu’il porte sur lui-même. La sénilité dont il est question dans le titre est celle de ce quarantenaire, éternel irrésolu, vieux avant d’avoir vécu. Le récit est assez fort, d’une belle profondeur (contrairement à ce que le titre français pourrait laisser croire). Des quatre acteurs principaux, seule Claudia Cardinale est italienne. Le film pâtit certainement de cette distribution cosmopolite et des doublages induits. La prestation de l’américain Anthony Franciosa n’exprime qu’imparfaitement la complexité de son personnage. La photographie est très belle, assez picturale. Bolignini nous livre un beau portrait de la ville de Trieste, brumeuse et pluvieuse. Senilità est un film sombre et assez remarquable, injustement méconnu.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Anthony Franciosa, Betsy Blair, Philippe Leroy
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Remarque :
* Le film transpose le roman de Svevo dans les années 1920. Le réalisateur explique : « Le livre a été publié en 1898, cependant son édition définitive, très différente de la première, date de 1927. Le succès ne vint pas tout de suite, Svevo ne fut reconnu que dans les années vingt. […] Par ailleurs, il était plus facile de reconstituer la ville pour le tournage : retrouver la Trieste du XIXe siècle aurait été très dur. Le choix des années vingt fut à la fois technique et littéraire. » (Entretien avec Jean A. Gili, Rome décembre 1976 in : Le cinéma italien, UGE 10/18, Paris, 1978)
A noter que la ville de Trieste était encore autrichienne lorsque Svevo y a écrit son roman.
* Doublages :
Romolo Valli double Anthony Franciosa
Adriana Asti double Claudia Cardinale (!)
Lilla Brignone double Betsy Blair
Giuseppe Rinaldi double Philippe Leroy.

Senilità
Anthony Franciosa et Claudia Cardinale dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
Nadia Marlowa, Claudia Cardinale et Philippe Leroy dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
La ville de Trieste dans Senilità de Mauro Bolognini.

8 juin 2016

La Course au mari (1948) de Don Hartman

Titre original : « Every Girl Should Be Married »

La Course au mariAnabel (Betsy Drake) rêve de rencontrer le mari idéal et de fonder un foyer. Lorsqu’elle rencontre fortuitement le docteur Brown, un célibataire endurci, elle sait instantanément que c’est le bon. Elle commence par enquêter pour connaitre tout de lui et va mettre sur pied des stratagèmes très élaborés pour l’attirer à elle… Sur une histoire imaginée par Eleanor Harris, le scénariste et producteur Don Hartman a écrit et réalisé cette comédie assez farfelue (1). Mettant au premier plan la guerre des sexes, La Course au mari se situe un peu dans la veine des comédies screwball de la décennie précédente. L’histoire est abracadabrante, totalement improbable et c’est cette démesure qui fait le charme du film. Il y a de bonnes trouvailles de scénario et beaucoup de rebondissements inattendus. Sur le fond, on peut voir aussi bien l’expression d’une profonde misogynie (les femmes mentent pour mettre le grappin sur un homme) que celle d’une émancipation des femmes (la femme veut pouvoir choisir son mari au lieu de subir l’inverse). Cette ambiguïté (misogynie ou féminisme?) se retrouve dans nombre de comédies screwball et fait partie de leur richesse. Ce qui est moins ambigu, c’est une certaine glorification béate de la famille, que nos yeux modernes trouveront immanquablement caricaturale. C’est également un thème récurrent dans ce type de comédies. Si Cary Grant, très retenu dans son jeu, était alors une grande vedette, tel n’était pas le cas de Betsy Drake dont c’est le premier rôle à l’écran. En pratique, tout le film repose sur elle, elle est de presque toutes les scènes ; le pari était donc assez risqué. Il fut toutefois payant puisque le film rencontra un grand succès à sa sortie. Il est aujourd’hui plutôt mal considéré. À tort…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Betsy Drake, Franchot Tone, Diana Lynn
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Remarques :
* Betsy Drake épousera Cary Grant l’année suivante dans la vraie vie. Ils resteront mariés jusqu’en 1962. Pour Cary Grant, il s’agissait de son troisième mariage (et pas le dernier…) Ils s’étaient rencontrés à Londres, un an avant le début du tournage.
* Le film utilise à plusieurs reprises le thème de la chanson La Mer que Charles Trénet venait de composer deux ans auparavant.
* Autre orthographe du titre français : La Course aux maris.

(1) En pratique, il semble qu’Howard Hughes, qui venait de racheter la RKO, ait eu une influence importante sur le tournage (allant jusqu’à donner des instructions précise à Hartman) et qu’il ait autorisé son ami Cary Grant à réécrire certaines scènes.

La course au mari
Betsy Drake et Cary Grant dans La Course au mari de Don Hartman. La femme au centre pourrait être Bess Flower (à vérifier), la figurante la plus célèbre d’Hollywood : 879 films au compteur. En 41 ans de carrière (1923-1964), cela fait une moyenne de plus de 20 films par an!

11 novembre 2015

Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e fantasia »

Pain, amour et fantaisieLe maréchal des logis Antonio Carotenuto, natif de Sorrente, est nommé dans un petit village isolé dans les montagnes des Abruzzes. Cinquantenaire mais toujours célibataire, il n’est pas insensible à la beauté simple de Maria, surnommée la Bersagliera, une jeune fille très pauvre qui vit avec sa mère et ses jeunes frères et dont toute la richesse est un âne… Pain, amour et fantaisie peut se décrire comme étant à mi-chemin entre le néo-réalisme et la comédie italienne. Il est le meilleur représentant du « néoréalisme rose », un terme utilisé souvent un peu péjorativement pour désigner un cinéma décrit comme consensuel. Quoiqu’il en soit, le film est une réussite d’équilibre et de finesse dans la caricature. Vittorio De Sica, dont c’est ici le grand retour en tant qu’acteur (1), a t-il pris part à la réalisation aux côtés de Comencini ? On ne le sait avec certitude. Son interprétation est en tous cas toujours juste, il ne charge jamais ses effets comiques. Gina Lollobrigida est absolument époustouflante : elle (qui, rappelons-le n’était pas encore très connue à cette époque) montre une palette étonnante, capable de tout faire avec une spontanéité confondante et un charme érotique naturel. « Le meilleur rôle de toute sa carrière » d’après l’historien Jacques Lourcelles. Les seconds rôles sont soignés avec des personnages typés, mais jamais trop. L’humour est assez constant, léger, particulièrement bien dosé. Pain, amour et fantaisie est un petit régal, une comédie dont l’humour ne cache pas la misère des ces petits villages isolés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Virgilio Riento, Tina Pica, Roberto Risso
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Pain, amour et fantaisie
Memmo Carotenuto, Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Pain, amour et fantaisie
Gina Lollobrigida dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Remarques :
L’explication du titre est dans une réplique : lorsque le maréchal des logis demande à un habitant qui mange un gros sandwich « Qu’est ce que tu as mis dans ton pain ? », celui-ci répond « De la fantaisie… » Il ouvre son sandwich et l’on voit qu’il n’y rien dedans.

(1) A la suite de l’échec commercial d’Umberto D. (1952) qui a même engendré des réactions hostiles qui le gêneront pour monter ses nouveaux films, Vittorio De Sica apparaitra par la suite plus souvent devant la caméra que derrière.

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

3 août 2015

Conversation secrète (1974) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The Conversation »

Conversation secrèteHarry Caul est un spécialiste de l’écoute. Il travaille en indépendant pour le compte de riches clients dont il ne connaît généralement pas les motivations. Espionnant un jeune couple dans la rue, il craint ainsi que son travail ait des conséquences néfastes pour eux…
Grâce au succès commercial de son film de commande Le Parrain, Coppola peut imposer l’un de ses plus anciens projets à ses producteurs : il en a en effet écrit le scénario de Conversation secrète avant de tourner Finian’s Rainbow, soit sept ans auparavant. Conversation secrète est à mi-chemin entre le thriller et le film d’auteur : c’est la crise de conscience d’un homme, incapable d’avoir une vie sociale, qui s’interroge sur sa responsabilité morale, hanté par le souvenir d’une mission précédente. Le film questionne également sur l’importance donnée aux phrases entendues, la difficulté d’interprétation le risque de méprise. Conversation secrète a souvent été rapproché de Blow Up d’Antonioni, film pour lequel Coppola n’a pas caché son admiration. Ce que Blow Up est à la photographie, Conversation secrète l’est à l’enregistrement magnétique. En revanche, son héros n’est pas un jeune dandy de la mode mais un homme tourmenté et peu séduisant ; il fallait pour l’interpréter un acteur de la trempe de Gene Hackman qui a ici un jeu assez intériorisé. Malgré la proximité temporelle avec le scandale du Watergate, Coppola n’a pas voulu cultiver ce rapprochement (1) mais les questions de responsabilité morale qu’il soulève ne peuvent que replacer le film dans cette perspective éminemment politique mais aussi sociale.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Hackman, John Cazale, Frederic Forrest, Harrison Ford
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Conversation secrète
Gene Hackman dans Conversation secrète de Francis Ford Coppola

(1) Le mot Watergate est entendu dans le poste de télévision de la chambre d’hôtel. C’est le seul lien. Coppola a expliqué qu’il était accidentel : la production avait acheté les droits d’une émission télévisée et ce sont les journaux télévisés qui sont le moins cher. Or, à cette époque, tous les journaux télévisés parlaient du Watergate…

27 mars 2015

Indiscret (1958) de Stanley Donen

Titre original : « Indiscreet »

IndiscretAnna est une actrice célèbre à Londres mais elle n’a pas réussi à trouver l’homme de sa vie. Grâce à sa soeur, elle fait la connaissance d’un américain spécialiste de questions financières et se sent immédiatement attirée par lui. Hélas, il lui annonce qu’il est déjà marié… Retrouver le couple formé par Ingrid Bergman et Cary Grant douze ans après le très beau Notorious d’Alfred Hitchcock était assez alléchant. Hélas, cette comédie qui se déroule dans la bonne société londonienne se révèle sans grand intérêt et même plutôt ennuyeuse. Adapté d’une pièce de Norman Krasna qui n’avait pas eu grand succès à Broadway, Indiscret est une comédie sans surprise qui tente sans y parvenir de retrouver le ton léger et enlevé des comédies screwball. Le film fut un grand succès. Le charme de ses deux acteurs principaux n’y est certainement pas étranger.
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ingrid Bergman, Cecil Parker, Phyllis Calvert
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Indiscret (1958) de Stanley Donen
Ingrid Bergman et Cary Grant dans Indiscret de Stanley Donen

 

Indiscret (1958) de Stanley Donen
La censure ayant manifesté son opposition à toute scène montrant Ingrid Bergman et Cary Grant dans le même lit (alors que leurs personnages ne sont pas mariés), Stanley Donen eut recours à l’astuce du split-screen : l’écran est partagé en deux montrant chacun en train de téléphoner à l’autre depuis son lit. Cette astuce sera reprise largement par Michael Gordon pour son film Pillow Talk l’année suivante.