14 mai 2015

L’Étranger (1943) de Anthony Asquith

Titre original : « The Demi-Paradise »

L'étrangerA la veille de la Seconde Guerre mondiale, un ingénieur russe arrive en Angleterre pour commander à un constructeur un bateau brise-glace muni d’une hélice révolutionnaire de sa conception… Réalisé en 1943, The Demi-Paradise fait partie de l’effort de guerre de l’industrie cinématographique anglaise. Le but recherché est d’aplanir les différences entre les deux nouveaux alliés contre l’Allemagne nazie que sont l’Angleterre et l’Union Soviétique (1). Le scénario de cette comédie est très simple : un russe est plongé dans la civilisation anglaise pour mieux montrer les différences de mentalité et de coutumes entre les deux peuples mais, n’en doutons pas, ces différences seront finalement aplanies et ce sera pour le bien de tous. C’est Laurence Olivier, expert en accents de tous genres, qui est chargé d’interpréter l’étranger. Il le fait brillamment et les seconds rôles sont également très bien tenus. Le film est parsemé d’un humour très british avec une bonne dose d’autodérision, mentalité et coutumes anglaises étant quelque peu caricaturées, une façon élégante de dire au spectateur : « L’étranger vous paraît bizarre mais nous aussi pouvons apparaître bizarres à ses yeux ». La réalisation est d’excellente facture, on n’en attendait pas moins d’un réalisateur comme Anthony  Asquith, mais nos yeux modernes peuvent trouver que l’ensemble manque de subtilités.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Penelope Dudley-Ward, Margaret Rutherford, Felix Aylmer
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The Demi-Paradise par Anthony Asquith
Laurence Olivier et Penelope Dudley-Ward dans L’étranger de Anthony Asquith

(1) Staline ayant signé un pacte de non-agression (le Pacte germano-soviétique) avec Hitler en 1939, l’Union Soviétique n’était pas vue comme un allié au début de la guerre. Lorsqu’Hitler rompt ce pacte en envahissant la Russie à la mi-41, cette vision se doit de changer : les russes deviennent en effet des amis et des alliés dans la guerre contre le 3e Reich.

14 avril 2015

La Mort apprivoisée (1949) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The Small Back Room »
Titre USA : « Hour of Glory »

La mort apprivoiséePendant la Seconde Guerre mondial, en Angleterre, Sammy Rice est un expert en engins explosifs, un chercheur brillant qui préfère rester dans l’ombre (1). Il a perdu un pied dans une précédente mission et ne peut marcher qu’imparfaitement grâce à une prothèse. Il s’en sent très diminué, notamment dans ses rapports avec Susan : il craint que la jeune femme ne reste avec lui que par pitié… Tourné juste après les oeuvres de belle ampleur que sont Black Narcissus et The Red Shoes, The Small Back Room permet au tandem Michael Powell et Emeric Pressburger de revenir à un cinéma plus simple, voire plus naturaliste, proche de l’esprit de ceux que Powell tournait juste avant la guerre. Basé sur un livre de Nigel Balchin qui en a écrit lui-même l’adaptation, le film met en avant les chercheurs qui ont oeuvré en coulisses, parfois au péril de leur vie. Il y a plusieurs volets à cette histoire : le drame personnel de cet homme, antihéros par excellence qui s’enferme dans son mal-être et qui ne doit à son travail et surtout à sa relation amoureuse de ne pas sombrer dans l’alcool ; il y a aussi un regard plutôt acide sur les gens de ministères où règnent incompétence et luttes de pouvoir ; il y a enfin un aspect presque documentaire sur le travail (dans de bien mauvaises conditions) des chercheurs et autres experts qui culmine lors d’une longue scène de déminage, superbe par sa tension et ses très gros plans. Les scènes oniriques à tendance psychanalytique sont moins convaincantes. Côté acteurs, il faut noter la grande présence à l’écran de ses deux acteurs principaux : David Farrar a une belle prestance, avec un faux air de Gary Cooper et de Robert Montgomery, et la belle Kathleen Byron est délicieusement énigmatique. A sa sortie, The Small Back Room fut très bien reçu par la critique mais fut plutôt boudé par un public qui désirait plutôt oublier cette guerre qui venait de se terminer.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: David Farrar, Kathleen Byron, Jack Hawkins, Leslie Banks, Michael Gough, Cyril Cusack
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Kathleen Byron et David Farrar dans The Small Back Room de Michael Powell et Emeric Pressburger

The Small Back Room
Déminage d’une bombe trouvée sur une plage : David Farrar dans The Small Back Room de Michael Powell et Emeric Pressburger (1948)

(1) En anglais courant, backroom = confidentiel, secret. The backroom boys désignent (désignaient ?) les experts et techniciens qui travaillent dans l’ombre, en arrière plan. On entend aussi dans le film le terme boffin qui désignait, pendant la guerre, les chercheurs, mot plutôt argotique mais non péjoratif.

2 avril 2015

Un pilote revient (1942) de Roberto Rossellini

Titre original : « Un pilota ritorna »

Un pilote revientUn jeune pilote italien effectue avec son escadrille des bombardements sur le Grèce. Lorsque son avion est abattu, il est fait prisonnier par les anglais et doit faire face à des conditions difficiles tout en gardant un fort désire d’évasion… Avant Rome, Ville ouverte, Roberto Rossellini a tourné trois longs métrages pendant la guerre, films qui ont souvent été classés comme des films de propagande. Il en effet difficile de qualifier autrement des films produits par Vittorio Mussolini, fils du Duce, qui a en outre fourni ici la base de l’histoire (rappelons que le fils du dictateur avait alors la main sur tout le cinéma italien). Dans cette optique, il est toutefois assez étonnant de voir que Un pilote revient n’est pas tant un film qui exalte l’esprit guerrier mais plutôt un film qui montre les conséquences de la guerre sous des aspects assez réalistes, même rebutants. Il met en relief les doutes et les souffrances. Le qualifier de film antimilitariste comme l’ont fait certains critiques est certainement aller un peu loin dans l’autre sens, cependant. Il faut sans doute y voir là quelques signes annonciateurs du néoréalisme mais rien de plus. La réalisation est assez classique. Rossellini n’était pas encore au stade de créer un nouveau style, il se définissait alors plus par rapport à ses maîtres (Eisenstein, Renoir, etc.)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Massimo Girotti
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Un pilote revient de Roberto Rossellini
Massimo Girotti (à droite) dans Un pilote revient de Roberto Rossellini

Remarques :
* Vittorio Mussolini apparait au générique sous le nom de Tito Silvio Mursini
* Un pilote revient a été tourné très majoritairement avec des acteurs non professionnels, les soldats sont de vrais soldats, les pilotes sont des membres de l’aviation italienne, des prisonniers anglais ont été utilisés pour jouer des soldats anglais.

* Les trois premiers longs métrages de Rossellini réalisés sous le fascisme :
1. Le Navire blanc (La Nave bianca, 1941) consacré à la Marine
2. Un pilote revient (Un pilota ritorna, 1942) consacré à l’Aviation
3. L’Homme à la croix (L’Uomo dala croce, 1943) consacré à l’Armée de terre.

17 mars 2015

Allemagne année zéro (1948) de Roberto Rossellini

Titre original : « Germania, anno zero »

Allemagne année zéroEté 1947. Dans Berlin en ruines, une famille se débat pour survivre : le père est très malade, le fils aîné, ancien soldat de la Wehrmacht, ne sort jamais par crainte de se déclarer, sa soeur fréquente les bars le soir pour gagner un peu d’argent mais refuse de tomber dans la prostitution. C’est Edmund, le plus jeune fils, qui est le plus actif. Il tente de rendre divers services, va vendre des choses au marché noir… Après Rome, ville ouverte et Paisa, Allemagne année zéro clôture la trilogie néoréaliste de Rossellini sur la guerre après laquelle le réalisateur ira vers des films plus intimistes. Ce film est très différent des deux premiers car d’une part il nous montre les conséquences de la guerre non plus du côté italien mais du côté de l’agresseur et, d’autre part, tout est montré par les yeux d’un enfant, être innocent par essence (1). Ce choix est important car il permet d’évacuer toute accusation sur la conduite passée pour se concentrer sur les mécanismes moraux qui ont abouti à ce désastre. Le récit est à la fois intense et très authentique, presque documentaire, au plus haut point néo-réaliste dans son approche : à travers les yeux d’un enfant, c’est l’état de toute une société qui nous est montré. Cet enfant sera amené à accomplir des actes dont la portée le dépasse totalement et dont il sera la victime innocente.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Edmund Moeschke, Ernst Pittschau, Ingetraud Hinze, Franz-Otto Krüger, Erich Gühne
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Allemagne année zéro de Roberto Rossellini
Edmund Moeschke, l’enfant de Allemagne année zéro de Roberto Rossellini

Rossellini expose ses intentions sur Allemagne année zéro :
« Les Allemands étaient des êtres humains comme les autres ; qu’est-ce qui a pu les amener à ce désastre ? La fausse morale, essence même du nazisme, l’abandon de l’humilité pour le culte de l’héroïsme, l’exaltation de la force plutôt que celle de la faiblesse, l’orgueil contre la simplicité. C’est pourquoi j’ai choisi de raconter l’histoire d’un enfant, d’un être innocent que la distorsion d’une éducation utopique amène à perpétrer un crime en croyant accomplir un acte héroïque. Mais la petite flamme de la morale n’est pas éteinte en lui : il se suicide pour échapper à ce malaise à cette contradiction. »

Il poursuit avec cette intéressante vision/définition du néo-réalisme :
« Le néo-réalisme consiste à suive un être, avec amour, dans toutes ses découvertes, toutes ses impressions. Il est un être tout petit au-dessous de quelque chose qui le frappera effroyablement au moment précis où il se trouve librement dans le monde, sans s’attendre à quoi que ce soit. Ce qui importe avant tout pour moi, c’est cette attente ; c’est elle qu’il faut développer, la chute devant rester intacte. »
(Les Cahiers du Cinéma n°50 (août-sept. 1955) et 52 (nov. 1955) : Dix ans de cinéma par Roberto Rossellini)

Alleùagne année zéro

L’enfant Edmund et son père (Edmund Moeschke et Ernst Pittschau) dans Allemagne année zéro de Roberto Rossellini

(1) Il est impossible de ne pas rapprocher également ce choix à la tragédie qui frappait Rossellini à la même époque. Le réalisateur venait de perdre son fils aîné (d’une appendicite aigüe à l’âge de 9 ans). Il lui a dédié son film et a probablement choisi l’acteur Edmund Moeschke en partie pour sa légère ressemblance avec son fils.

3 mars 2015

Païsa (1946) de Roberto Rossellini

Titre original : « Paisà »

PaïsaSix sketches dans l’Italie en guerre entre l’été 1943 et le printemps 1945. 1) En Sicile, lors du débarquement de juillet 1943, une petite troupe de soldats américains se fait guider par une jeune fille qui sera accusée à tort. 2) A Naples, un gamin vole les chaussures d’un soldat américain. Lorsqu’il retrouve l’enfant, il entreprend de le ramener à ses parents mais découvre qu’il est orphelin et vit dans une misère la plus totale. 3) A Rome, une jeune fille devenue prostituée ramasse un soldat américain saoul et reconnait celui qu’elle avait accueilli six plus tôt et qui avait promis de venir la chercher. 4) A Florence, en pleine bataille pour la libération de la ville, une infirmière anglaise cherche à rejoindre le chef des partisans avec qui elle avait eu une aventure avant la guerre. 5) Dans l’Apennin du Nord, trois aumôniers militaires américains sont accueillis pour la nuit dans un couvent franciscain. Lorsque les moines réalisent que l’un est protestant et l’autre juif, ils décident de jeuner pour obtenir leur conversion. 6) Dans le delta du Pô, des partisans en petit nombre et quelques parachutistes alliés se battent désespérément contre les Allemands dans les marais… En suivant la progression des Alliés, du sud au nord, les six sketches de Païsa nous dressent un portrait de l’Italie se libérant du joug allemand, un portrait d’un réalisme presque documentaire et présentant la situation du peuple italien sous de nombreuses facettes. Tourné peu de temps après les évènements qu’il relate, au milieu du grouillement des rues encore emplies de soldats alliés et des décombres, Païsa est plus qu’un témoignage, c’est une réflexion sur l’avenir de son pays et des hommes qui le composent. Le plus étonnant, c’est le recul dont fait preuve Rossellini alors que ces évènements n’ont que quelques mois, que l’avenir est totalement incertain. La vision qu’il nous propose semble être à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Rome, ville ouverte était une vision à l’échelle d’une ville, Paisa est à l’échelle d’un pays.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maria Michi, Harriet Medin, William Tubbs
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Païsa (1946) de Roberto Rossellini

Remarques :
* Coscénariste et assistant sur le tournage de Païsa, Federico Fellini raconte : « Je crois avoir appris de Rossellini ­ un apprentissage jamais traduit en paroles, jamais exprimé, jamais transformé en programme ­ la possibilité de marcher en équilibre au milieu des conditions les plus hostiles, les plus opposées, et en même temps la capacité naturelle de tourner à son propre avantage ces adversités, de les transformer en un sentiment, en des valeurs émotionnelles, en un point de vue. »

* Rome, ville ouverte (1945), Paisa (1946) et Allemagne année zéro (1947) forment ce que l’on appelle « la trilogie néoréaliste de Rossellini ».

Païsa (1946) de Roberto Rossellini
Gar Moore et Maria Michi dans la troisième séquence de Païsa de Roberto Rossellini

24 février 2015

Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini

Titre original : « Roma città aperta »

Rome, ville ouverteDans Rome occupée par les Allemands pendant l’hiver 1943-1944, la veuve Pina va se remarier avec Francesco, un jeune typographe qui travaille dans la clandestinité pour la Résistance. Il est en contact avec un de leurs chefs, communiste, et avec le curé du quartier qui leur fournit des faux papiers… Rome, ville ouverte est un film charnière dans l’histoire du cinéma : s’il n’est pas, à proprement parler, le premier film italien à s’inscrire dans le courant néoréaliste (1), il est celui qui a eu le plus grand impact sur son essor. En totale opposition aux films surfaits créés sous Mussolini, période dite des «Téléphones blancs» (2), le néoréalisme est plus proche de la réalité des spectateurs et emploie des acteurs non-professionnels (des « non-acteurs » comme le dira Rossellini, c’est-à-dire faire jouer un boulanger par un boulanger). Tourné peu après les évènements qu’il décrit, Rome, ville ouverte en exprime toute la réalité et le ressenti mais sa force profonde est certainement plus sur le plan de l’humanisme, par ces questionnements qu’il suscite sur la (re)définition d’un être humain.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Aldo Fabrizi, Anna Magnani, Marcello Pagliero
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Rome, ville ouverte
Anna Magnani dans Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini

Remarques :
* Basé en grande partie sur des faits réels, le scénario a été écrit principalement par Sergio Amidei et Roberto Rossellini, avec l’aide additionnelle de Federico Fellini et Alberto Consiglio.
* Rome a été déclarée « ville ouverte » en août 1943 après la destitution et l’arrestation de Mussolini. D’alliés, les allemands se sont alors transformés en occupants.
* Rossellini a tourné avec des moyens de fortune ce qui explique le manque de contraste de l’image.
* Rome, ville ouverte (1945), Paisa (1946) et Allemagne année zéro (1947) forment ce que l’on appelle « la trilogie néoréaliste sur la guerre de Rossellini ».

(1) Chronologiquement parlant, le premier film néoréaliste serait plutôt Les Amants diaboliques (Ossessione) de Luchino Visconti (1943).
(2) La période dite des « Téléphones blancs » (Telefoni bianchi) correspond à la brève période d’euphorie ambiante en Italie qui précédé la Seconde Guerre mondiale. Les films de cette époque mettaient souvent en scène des femmes riches dont les intrigues romantiques se déroulaient en partie au téléphone… Il y avait toujours au moins une scène où l’héroïne était au téléphone, toujours blanc, cette nouvelle couleur pour les téléphones étant alors synonyme de grand luxe.

19 novembre 2014

Das Boot (1981) de Wolfgang Petersen

Titre français : « Le Bateau »

Le bateauEn 1941 à La Rochelle, les équipages de sous-marins allemands fêtent bruyamment leur dernière nuit à terre pour tromper leur appréhension du combat. Le lendemain, ils embarquent en effet pour aller marauder dans l’Atlantique à la recherche de convois américains et anglais à attaquer. Ils y resteront plusieurs semaines…
Le film allemand Das Boot est certainement le film le plus intense qui ait été tourné sur les sous-marins de la Seconde Guerre mondiale. Nous restons enfermés avec l’équipage dans un submersible pendant presque toute la durée du film. Nous ressentons l’exigüité, le confinement et aussi l’attente, l’angoisse. Comme eux, nous ne voyons jamais l’ennemi lorsque le sous-marin est presque sans défense, à sa merci. Das Boot est également différent de ses homologues américains car il ne comporte aucune exaltation patriotique. D’ailleurs, l’équipage pourrait tout aussi bien être anglais qu’allemand. Le propos de Wolfgang Petersen est plutôt de montrer l’absurdité de la guerre. Das Boot connut un succès mérité, c’est un film assez unique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jürgen Prochnow, Herbert Grönemeyer, Klaus Wennemann
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Remarques :
* Das Boot a bénéficié du plus gros budget jamais alloué à un film allemand : 15 millions de dollars (ce record a été dépassé depuis). L’essentiel du budget a été dépensé dans la construction de sous-marins, 2 grandeur nature et plusieurs modèles réduits pour les scènes en extérieur. L’un d’entre eux a été réutilisé pour le tournage des Aventuriers de l’Arche perdue de Spielberg.
* Das Boot est l’un des premiers films utilisant une sorte de Steadicam (une caméra portée stabilisée par des gyroscopes) notamment dans ces travelings au pas de course dans le long couloir du sous-marin.
* A cause du bruit des caméras résonnant dans le sous-marin, le film fut tourné en grande partie sans son.
* Le film fut parfois très critiqué en Allemagne car il montrait des soldats allemands de façon sympathique, ou du moins empathique. Il fut en revanche bien accueilli aux Etats-Unis.

Versions :
– Version cinéma de 1981 = 2 heures 29
– Série pour la télévision allemande en 1984 : 3 épisodes de 100 minutes (diffusés sur TF1 en 1985)
– Série pour la télévision en 1988 : 6 épisodes de 50 minutes
– Director’s cut en 1997 = 3 heures 29 (c’est cette version qui est ici commentée)
– Original Uncut version en 2004 : reprise de la série TV en un seul morceau de 4 heures 53 (= les 3 épisodes de 100 minutes sans les résumés des épisodes précédents).

Das Boot

6 septembre 2014

Le Temps de la colère (1956) de Richard Fleischer

Titre original : « Between Heaven and Hell »

Le temps de la colèreFils d’un riche planteur de coton du sud des Etats-Unis, le jeune Sam Gifford se retrouve en 1945 sur une île du Pacifique en proie à d’incessants combats contre les soldats japonais. Pour avoir frappé un officier lors d’une mission, il a été rétrogradé et envoyé dans un poste avancé dirigé par l’étrange capitaine Waco…
Between Heaven and Hell, titre bizarrement traduit Le Temps de la colère (1), est un film de guerre assez riche par les sujets qu’il aborde. Le thème principal est celui de l’inadaptabilité de l’homme à l’univers de la guerre ce qui en fait par essence un film antimilitariste. L’environnement de la guerre accentue les névroses. Le capitaine Waco (à noter que wacky ou wacko signifie en anglais argotique « cinglé ») est un véritable psychopathe qui peut donner libre cours à ses fantaisies. Toutefois, Richard Fleischer contrebalance cela avec un autre aspect, plus bénéfique celui-là, sur le comportement humain : la guerre abolit les différences de classe sociale, le jeune héritier qui traitait fort mal ses métayers mesure ici leur vraie valeur humaine et, pour la première fois de sa vie, il se fait des amis. Richard Fleischer étudie comment la guerre peut modifier ou révéler la nature humaine. La construction utilise habilement de grands flashbacks.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Wagner, Terry Moore, Broderick Crawford, Buddy Ebsen
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(1) Une fois de plus, il est manifeste que la personne qui a choisi Le Temps de la colère comme titre français n’avait pas vu le film auparavant ; il n’avait probablement lu que les deux premières lignes du synopsis…

Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell)Robert Wagner et Terry Moore dans Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) de Richard Fleischer.

Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell) de Richard Fleischer.

29 juillet 2014

Le pont (1959) de Bernhard Wicki

Titre original : « Die Brücke »

Le pontEn 1945, dans une Allemagne proche de la capitulation, des jeunes garçons de 15-16 ans fréquentent l’école d’une petite ville. Alors qu’une certaine résignation s’est répandue dans la population, les adolescents sont toujours exaltés et espèrent être mobilisés pour aller, eux aussi, défendre leur patrie. Leur voeu va hélas être exaucé lorsque l’état-major décide de lancer toutes ses forces valides dans un dernier sursaut… Le pont est basé sur un roman de Manfred Gregor, le seul survivant des évènements racontés ici (1). C’est un film qui démontre l’absurdité de la guerre et, surtout, qui dénonce l’endoctrinement de la jeunesse. Tout d’abord, nous voyons évoluer ces adolescents dans leurs jeux, leur éveil à l’amour ; nous pouvons constater à quel point les exhortations à montrer sa valeur, son courage trouvaient là un terrain propice, les jeunes garçons ne pouvant s’empêcher d’idéaliser la guerre. Le jeu des acteurs est très naturel et donne une grande authenticité au film de Bernhard Wicki. La démonstration est terriblement efficace. Couvert de récompenses outre-Rhin, Le pont a été montré à toute une génération d’écoliers allemands.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Folker Bohnet, Fritz Wepper, Michael Hinz, Frank Glaubrecht
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Remarques :
* Le pont est l’un des premiers films allemands de l’Après-guerre à aborder directement la question de la guerre.

* Remake :
Die Brücke de Wolfgang Panzer (TV, 2008) qui semble généralement mal jugé par ceux qui l’ont vu car plus centré sur l’action.

(1) Dans la réalité, il n’y a eu que trois adolescents placés pour défendre Le pont. L’un d’entre eux, jugeant ce combat inutile et absurde, a déserté le soir même. Le lendemain, il a constaté que ses camarades étaient morts et qu’ils n’avaient, bien entendu, pas réussi à empêcher les américains de passer. C’est pour dénoncer l’endoctrinement de la jeunesse qu’il a décidé d’écrire (sous un pseudonyme) un roman, en étoffant l’histoire.

28 mai 2014

Lettres d’Iwo Jima (2006) de Clint Eastwood

Titre original : « Letters from Iwo Jima »

Lettres d'Iwo JimaClint Eastwood a tourné Lettres d’Iwo Jima juste après La Mémoire des nos pères. Au lieu d’être vécue depuis le camp américain, la terrible bataille de l’île d’Iwo Jima de février 1945 est vue cette fois depuis le camp japonais. Les deux films sont très différents et Lettres d’Iwo Jima est sans aucun doute le plus remarquable des deux. Le cinéma montre rarement le camp des vaincus mais Eastwood va beaucoup loin en centrant son film sur l’humain. Le scénario est basé sur des lettres écrites par les soldats et principalement une copieuse correspondance (écrite mais non envoyée) du général Kuribayashi. La mise en scène de Clint Eastwood est plutôt sobre, d’une rare perfection, précise et génératrice d’émotion. Lettres d’Iwo Jima est un film bouleversant qui dénonce la folie guerrière. Rarement, l’absurdité de la guerre n’a été démontrée de façon si éclatante. Il n’est peut-être pas exagéré d’affirmer que c’est le plus beau film sur la Seconde Guerre mondiale et sur la guerre en général. Eastwood l’a tourné uniquement avec des acteurs japonais s’exprimant dans leur langue.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Tsuyoshi Ihara, Ryô Kase, Shidô Nakamura, Hiroshi Watanabe
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