29 novembre 2019

Katie Says Goodbye (2016) de Wayne Roberts

Katie Says GoodbyeKatie est une jeune fille de 17 ans qui rêve de quitter son job de serveuse et débuter une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit avec sa mère et doit donc gagner de l’argent pour deux. Pour mettre de l’argent de côté, elle se prostitue et couche avec des clients. Jusqu’au jour où elle rencontre le taciturne Bruno dont elle tombe amoureux…
Pour son premier long métrage, Wayne Roberts montre beaucoup de talent. Il réussit à produire un film à la fois puissant et touchant. Le scénario est sans doute déjà vu mais c’est l’approche subtile du réalisateur qui donne au film tout son attrait. L’actrice anglaise Olivia Cooke, plutôt coutumière des films d’horreur ou de science-fiction, est ici lumineuse. L’actrice sait mettre une belle intensité dans son jeu. Avec beaucoup d’innocence, son personnage est doté d’un grand appétit de vivre et d’une foi inébranlable en un avenir meilleur. Il n’y a aucun misérabilisme, seulement un beau portrait ancré dans un environnement social archaïque. La caméra de Wayne Roberts est très mobile, elle suit et tourne autour des personnages. La photographie utilise joliment les vastes étendues vides et arides du Nouveau Mexique. Katie Says Goodbye est un beau film issu du cinéma indépendant américain.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Olivia Cooke, Mary Steenburgen, Christopher Abbott, Jim Belushi
Voir la fiche du film et la filmographie de Wayne Roberts sur le site IMDB.
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Katie Says GoodbyeOlivia Cooke et Christopher Abbott dans Katie Says Goodbye de Wayne Roberts.

Katie Says GoodbyeChristopher Abbott et Olivia Cooke dans Katie Says Goodbye de Wayne Roberts.

21 novembre 2019

L’enquête (1965) de Gordon Douglas

Titre original : « Sylvia »

L'enquête (Sylvia)Un millionnaire engage un détective privé pour enquêter sur le passé de la femme qu’il va épouser…
Adaptation d’un roman d’E.V. Cunningham (pseudonyme de l’écrivain black-listé Howard Fast), L’enquête est un film américain peu connu. Si cette histoire était certainement inconvenante dans les années soixante, ce n’est plus le cas aujourd’hui, elle paraît même très classique dans son déroulement. Le chemin de piste suivi par le détective nous fait rencontrer des personnalités diverses et le meilleur du film est dans ces nombreux seconds rôles fort bien interprétés. On ne retrouve pas hélas ces qualités dans les deux rôles principaux, Carroll Baker est vraiment très belle mais ne donne pas de profondeur à son personnage et George Maharis est bien fade et étonnamment raide. La photographie en noir et blanc, signée par le quadruple-oscarisé Joseph Ruttenberg, est plutôt belle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carroll Baker, George Maharis, Joanne Dru, Viveca Lindfors, Edmond O’Brien, Ann Sothern
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L'enquête (Sylvia)Carroll Baker, Paul Gilbert (en travesti) et ? dans L’enquête (Sylvia) de Gordon Douglas.

SylviaAnn Sothern et George Maharis dans L’enquête (Sylvia) de Gordon Douglas.

Homonyme (sans relation) :
Sylvia de l’anglaise Christine Jeffs (2003) avec Gwyneth Paltrow et Daniel Craig.

22 juillet 2019

J’embrasse pas (1991) de André Téchiné

J'embrasse pasPierre quitte son Sud-ouest natal pour aller à Paris avec pour tout bagage un diplôme de brancardier, et le désir de devenir acteur. Rapidement, sa grande soif de liberté se heurte à la réalité qui se révèle être tout autre que celle qu’il avait imaginée…
Le scénario de J’embrasse pas est en partie inspiré de la vie du comédien Jacques Nolot qui a participé à l’écriture avec Michel Grisolia et André Téchiné. Il est un peu difficile d’éprouver de l’empathie envers le jeune homme tant il fait constamment des mauvais choix, avec une obstination presque irréelle. Pour mieux se protéger, il refuse toute sentimentalité ce qui l’éloigne encore un peu de nous. Manuel Blanc est très entier et assez brut dans son jeu. Philippe Noiret paraît bien sous-employé mais Emmanuelle Béart, coiffée à la Louise Brooks, fait une belle prestation en fragile prostituée.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Emmanuelle Béart, Manuel Blanc, Hélène Vincent, Roschdy Zem
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J'embrasse pasManuel Blanc et Emmanuelle Béart dans J’embrasse pas d’André Téchiné.

Remarques :
* Manuel Blanc fut récompensé par le César 1992 du Meilleur jeune espoir masculin mais la suite de sa carrière ne fut pas à la hauteur des promesses.

J'embrasse pasPhilippe Noiret et Manuel Blanc dans J’embrasse pas d’André Téchiné.

18 mai 2019

Eva (2018) de Benoît Jacquot

EvaUn gigolo vole le manuscrit d’un écrivain mort dans ses bras et devient dramaturge en vogue. A Annecy où il tente de trouver l’inspiration pour écrire une nouvelle pièce, il fait la rencontre fortuite d’une femme mystérieuse…
Eva est adapté d’un roman de James Hadley Chase que Joseph Losey avait brillamment porté à l’écran en 1962 avec Jeanne Moreau. Benoît Jacquot ne parvient pas à la même réussite. Il tente vainement de créer une atmosphère ambigüe mais rien ne se passe, à aucun moment il ne parvient à nous emmener dans son histoire qui paraît juste invraisemblable. Isabelle Huppert paraît bien fade et froide dans ce rôle de prostituée et, contrairement à Jeanne Moreau, n’est à aucun moment troublante. Le film donne l’impression d’avoir été tourné rapidement.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Julia Roy, Richard Berry
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Remarque :
* Après Journal d’une femme de chambre, tout aussi décevant, c’est la seconde fois que Benoit Jacquot tente de revisiter une adaptation où jouait Jeanne Moreau.

Précédente adaptation :
Eva de Joseph Losey (1962) avec Jeanne Moreau et Stanley Baker.

Eva
Gaspard Ulliel et Isabelle Huppert dans Eva de Benoît Jacquot.

14 mai 2019

Nazarin (1959) de Luis Buñuel

Titre original : « Nazarín »

NazarinDans le Mexique du début du XXe siècle, le Père Nazario exerce son ministère pastoral dans un esprit très proche des valeurs évangéliques : il aide ses paroissiens très pauvres et leur donne tout ce qu’il possède. Après avoir protégé une prostituée ayant commis un meurtre, il doit fuir…
Adaptation d’un roman de l’espagnol Benito Pérez Galdós, Nazarin de Luis Buñuel a suscité beaucoup de malentendus à sa sortie. Comment un cinéaste reconnu par tous comme anticlérical pouvait-il produire un tel film sur la Foi, film qui fut à deux doigts de recevoir le Prix de l’Office catholique du cinéma ? (1) Ce fut l’incompréhension qui domina parmi ses amis et soutiens. En réalité, son film est une réflexion sur la mise en pratique de grands principes évangéliques : son prêtre est ce que l’on appellerait volontiers « un saint homme », il ne cherche qu’à faire le bien autour de lui et vit dans le dénuement le plus total. Mais son action n’est pas toujours profitable aux autres, elle est même parfois préjudiciable comme dans la scène du chantier de construction. Le cinéaste s’en prend aussi aux institutions : le « saint homme » est en effet rejeté par l’Eglise qui le défroque. Et, au final, le doute finit par le gagner. Il y a certainement d’autres lectures possibles de ce film : Alain Bergala y voit une tentative de « comprendre la circulation du mal dans le monde à travers les expériences et la conscience de son personnage » (2). Dans sa forme, le film est à l’image du propos, épuré, sans artifice avec une photographie sobre mais assez belle.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Francisco Rabal, Marga López, Rita Macedo
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Remarques :
* « Dieu merci, je suis encore athée ». Cette citation de Luis Buñuel figure dans tous les dictionnaires de citations mais, comme bien souvent, vouloir réduire une pensée à six mots est réducteur. En fait, ce n’est ni une pirouette ni juste un trait d’humour. Pour comprendre sa pensée, il faut mieux lire le chapitre « Athée grâce à Dieu » de ses mémoires où il aborde les questions du hasard, de l’existence de Dieu et de l’imaginaire.
En réalité, Buñuel croit fermement dans le hasard et pense que si Dieu existe vraiment, cela ne change rien pour nous : « Dieu ne s’occupe pas de nous. S’il existe, c’est comme s’il n’existait pas. Raisonnement que j’ai résumé jadis dans cette formule : Je suis athée, grâce à Dieu. Une formule qui n’est contradictoire qu’en apparence. » (Luis Buñuel, Mon dernier soupir, éditions Robert Lafon 1982, p 214)

* Le cinéaste poursuivra sa réflexion, notamment en s’attaquant aux dogmes, dans Viridiana (1961), Simon du désert (1965) et dans La Voie lactée (1969).

(1) Buñuel aurait été bien embarrassé de recevoir ce Prix de l’Office catholique. Il refusa plus tard de recevoir d’un prélat américain un diplôme d’honneur pour le film.
(2) Alain Bergala, Luis Buñuel, éditions Le Monde/Les Cahiers du cinéma 2007, p 54.

Nazarin
Marga López et Francisco Rabal dans Nazarin de Luis Buñuel.

20 janvier 2019

La Valse dans l’ombre (1940) de Mervyn LeRoy

Titre original : « Waterloo Bridge »

La Valse dans l'ombre
Un officier britannique se remémore sa rencontre avec une jeune ballerine lors de la Première Guerre mondiale, sur le pont de Waterloo. Ce fut un véritable coup de foudre…
Waterloo Bridge est l’adaptation de la pièce du même nom de Robert E. Sherwood, écrite en 1930. Elle avait déjà été adaptée dix ans plus tôt et le sera de nouveau en 1956. Cette version est la seule en couleurs. Archétype du mélodrame parfait, le film de Mervyn LeRoy est équilibré et soutenu par une très belle interprétation, retenue et délicate. L’histoire reste simple ce qui ne la rend que plus forte. La plus belle scène est incontestablement celle de la danse sur l’air de Auld Lang Syne (Ce n’est qu’un au revoir) éclairée seulement par des bougies qui sont éteintes une à une. Le titre français vient de cette scène. Le film fut un énorme succès pour la MGM.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vivien Leigh, Robert Taylor, Lucile Watson, Virginia Field, C. Aubrey Smith
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Waterloo Bridge
Vivien Leigh et Robert Taylor dans La Valse dans l’ombre de Mervyn LeRoy.

Remarques :
* C’est le premier film de Vivien Leigh après l’énorme succès de Autant en emporte le vent.
* Le fait de placer tout le film en flashback a été ajouté au dernier moment du fait de l’imminence de la guerre.
* Bizarrement, les costumes et coiffures sont celles de 1935 et non de 1915, ce qui perturbe un peu les idées pour situer l’histoire dans le temps. On peut supposer que cet anachronisme est volontaire, pour mieux toucher les spectateurs. Autre bizarrerie (moins gênante), Robert Taylor a un accent bien américain pour un fils de la bonne société anglaise victorienne !
* Waterloo Bridge est le film préféré à la fois de Vivien Leigh et de Robert Taylor.

Waterloo Bridge
Vivien Leigh, Robert Taylor et C. Aubrey Smith dans La Valse dans l’ombre de Mervyn LeRoy.

Autres versions :
1) Waterloo Bridge de James Whale (1931) avec Mae Clarke et Douglass Montgomery (et Bette Davis dans l’un de ses tout premiers rôles, celui de la jeune sœur du héros)
2) Gaby de Curtis Bernhardt (1956) avec Leslie Caron et John Kerr.

20 juillet 2018

Adua et ses compagnes (1960) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Adua e le compagne »

Adua et ses compagnesAprès la fermeture de la maison close qui les employait (1), quatre femmes s’associent pour monter un petit restaurant de campagne où elles continueront à vendre leurs charmes à l’étage…
Ex-critique influent qui a contribué à jeter les bases du néoréalisme avant-guerre, Antonio Pietrangelli est un cinéaste italien peu connu en France, sans doute parce que ses films ne se sont pas toujours montré très convaincants. Adua et ses compagnes est considéré comme l’un des plus aboutis ; en outre, c’est celui avec lequel il a connu un certain succès. Il s’agit de portraits de femmes sur lesquelles il porte un regard à la fois délicat, bienveillant et réaliste. Dans la mise en ouvre de leur projet, ces quatre femmes vont apprendre à se découvrir d’autres qualités que celles où elles étaient cantonnées. Les personnages sont complexes et les scénaristes (parmi lesquels figure Ettore Scola) leur ont donné une belle profondeur. Le machisme de la société italienne des années cinquante est mis en relief. Le casting est franco-italien, le film mettant particulièrement en valeur Simone Signoret. La musique jazzy de Piero Piccioni donne une note de modernité à l’ensemble. Le film a été récemment restauré.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Simone Signoret, Sandra Milo, Emmanuelle Riva, Gina Rovere, Marcello Mastroianni
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(1) En 1958, la loi Merlin a interdit la réglementation de la prostitution en Italie et  entrainé la fermeture des maisons closes. Cette loi est aujourd’hui (juillet 2018) remise en cause par le projet de loi Spilabotte.

Adua et ses compagnes
Marcello Mastroianni et Simone Signoret dans Adua et ses compagnes de Antonio Pietrangeli.

Adua et ses compagnes
Emmanuelle Riva, Sandra Milo et Gina Rovere dans Adua et ses compagnes de Antonio Pietrangeli.

24 février 2018

La Maison du Maltais (1938) de Pierre Chenal

La Maison du MaltaisA Sfax en Tunisie, Safia est une prostituée au grand cœur qui mène une vie difficile. Matteo, dit « le Maltais », un vagabond un peu poète, s’éprend d’elle. Safia consent à aller vivre dans sa maison paternelle…
La Maison du Maltais de Pierre Chenal est la seconde adaptation du roman homonyme de Jean Vignaud. Ce mélodrame colonial qui se déroule pour moitié en Tunisie et pour moitié à Paris permet à Pierre Chenal de créer une atmosphère trouble comme il les aime. Comme toujours, il s’entoure de comédiens de premier ordre et d’une excellente équipe technique. La photographie de Curt Courant est remarquable, notamment dans le souk, même si la qualité de la copie ne nous permet pas toujours d’en profiter pleinement. La partie tunisienne évoque tout naturellement Pépé le Moko sorti l’année précédente. Tout comme ce dernier, La Maison du Maltais mérite sa place parmi les classiques du cinéma français.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Viviane Romance, Marcel Dalio, Pierre Renoir, Louis Jouvet, Jany Holt
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Chenal sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pierre Chenal chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Pierre Chenal

Voir aussi la chronique du film sur le blog Mon cinéma à moi qui rapporte des informations intéressantes sur la genèse du film, tirées du livre de souvenirs de Pierre Chenal et de l’autobiographie de Marcel Dalio.

Précédente adaptation :
La Maison du Maltais (1928) de Henri Fescourt avec Tina Meller et Sylvio de Pedrelli (film perdu).

La Maison du Maltais
Marcel Dalio dans La Maison du Maltais de Pierre Chenal. Cette scène de la première rencontre entre Safia et Matteo est un petit bijou…

la Maison du Maltais
Viviane Romance, Pierre Renoir et Louis Jouvet dans La Maison du Maltais de Pierre Chenal.

24 octobre 2017

Le soleil brille pour tout le monde (1953) de John Ford

Titre original : « The Sun Shines Bright »

Le Soleil brille pour tout le mondeDébut du XXe siècle. Dans une petite bourgade du Kentucky, le juge Priest prépare sa candidature à sa réélection qui s’annonce délicate : il est accusé d’être alcoolique et s’oppose à la justice expéditive envers les noirs… Plutôt qu’un remake de Judge Priest (1934), Le soleil brille pour tout le monde est plutôt une suite car il en reprend le personnage central (et quelques personnages secondaires) pour les placer dans des situations différentes. John Ford a déclaré dans une interview que c’était son film préféré, ce que l’on peut comprendre car, plus que tout autre, il exprime l’idéologie et les aspirations du réalisateur. Il y a beaucoup d’humanisme dans cette histoire, le juge Priest/John Ford prend la défense de ceux qui vivent dans l’opprobre (les noirs, les prostituées). Cet humanisme peut paraître idéaliste et même naïf : il suffit d’entonner Dixie pour réconcilier tout le monde (!) On peut en tous cas regretter qu’il repose sur une nostalgie des temps anciens, d’un ordre social quasi militaire (cf. le final), et si le juge prend la défense des noirs, ceux-ci restent « à leur place » : des serviteurs, à l’intelligence nettement limitée. Certes, mais cet humanisme doublé d’un espoir de réconciliation est toutefois bienvenu dans une époque où les accusations tombent (nous sommes alors en plein maccarthysme). Le film est remarquable dans sa construction car il n’y a pas moins de quatre histoires enchevêtrées. L’utilisation du son est tout autant remarquable. Contrairement à Judge Priest, Le soleil brille pour tout le monde sera un échec commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Winninger, Arleen Whelan, John Russell, Stepin Fetchit, Russell Simpson, Francis Ford, Slim Pickens
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur John Ford

Remarques :
* Le titre reprend les premières paroles de la chanson anti-esclavagiste My Old Kentucky Home composée par Stephen Forster en 1852.
* Herbert J. Yates, patron de Republic Pictures, a coupé environ dix minutes de la version commerciale américaine sans l’assentiment de John Ford, qui avait pourtant par contrat la décision finale sur le montage. Ces dix minutes sont réapparues depuis.
* John Ford enfreint la fameuse règle des 180° à deux reprises : lorsque Lucy Lee remarque le portrait et lors de la procession funèbre.

Le soleil brille pour tout le monde
Stepin Fetchit et Charles Winninger dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

le soleil brille pour tout le monde
Charles Winninger et Russell Simpson dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

Le soleil brille pour tout le monde
Slim Pickens et Francis Ford dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford. C’est le dernier film du frère ainé de John Ford, il décèdera quelques mois plus tard.

13 juillet 2017

La Fiancée du pirate (1969) de Nelly Kaplan

Titre original : « La fiancée du pirate »

La Fiancée du pirateEmployée de ferme, la jeune Marie vit misérablement dans une cabane à l’écart du village avec sa mère. Lorsque celle-ci meurt renversée par un chauffard, les notables du village préfèrent enterrer l’affaire pour éviter toute intrusion extérieure. Face aux harcèlements des hommes, Marie décide se venger… Le scénario de La fiancée du pirate a été écrit par Nelly Kaplan et Claude Makovski (qui est également producteur du film et interprète du représentant de commerce à la R16). Le film semble débuter comme un drame social et naturaliste mais tourne rapidement à la farce. Bien entendu, on peut le replacer dans l’esprit Mai 68 et le désir de bousculer l’ordre social, mais il ne développe aucune grande théorie. Il fustige surtout la bêtise, l’hypocrisie et la sexualité primitive de l’hominidé mâle… Marie retourne à son avantage le « droit de cuissage collectif » dont elle est la victime et, malgré l’arme qu’elle emploie dans ce but, le film a indéniablement une portée féministe. L’art de Nelly Kaplan est d’avoir fait de cette régénération une fable surréaliste à la Buñuel où l’humour est omniprésent ; le récit en devient jubilatoire. Et tout cela sur l’air de Barbara qui chante « Moi, je me balance… »
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Georges Géret, Claire Maurier, Jacques Marin, Michel Constantin
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Remarques :
* L’ouvrier agricole étranger est interprété par Louis Malle.
* Nelly Kaplan n’a pas réussi à vraiment trouver de financement autre que l’avance sur recettes pour tourner son film (budget total de 450 000 francs, soit l’équivalent de 400 000 euros d’aujourd’hui). Refusé par les distributeurs, il n’est sorti que dans deux salles. Il a été heureusement très bien reçu par la critique.
* La fiancée du pirate a échappé de peu à l’interdiction totale pour « apologie du vice » et est finalement sorti avec l’interdiction au moins de 18 ans. Cette restriction est restée jusqu’en 1989 où le film a été classé « tous publics ».
* Quand elle a écrit sa (première) autobiographie, Bernadette Lafont l’a titrée La Fiancée du Cinéma.

La fiancée du pirate
Georges Géret, Michel Constantin et Bernadette Lafont dans La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan.