28 décembre 2018

Magnum Force (1973) de Ted Post

Magnum ForceSan Francisco est secoué par une série d’exécutions punitives de truands notoires. Le supérieur de l’inspecteur Callahan l’écarte de l’enquête car il lui reproche ses méthodes trop violentes lors des arrestations…
Après la polémique engendrée par le précédent film, l’inspecteur Harry revient sur les écrans pour prendre à contre-pied ses opposants : puisque ceux-ci lui reprochaient sa pratique d’une justice expéditive, le scénario de Magnum Force le fait combattre des policiers pratiquant une justice expéditive ! Et, lorsque ces derniers cherchent à l’enrôler, il leur répond « je crois que vous vous êtes trompés sur mon compte », une réponse qui s’adresse également à tous ses détracteurs. De plus, pour écarter toute accusation de racisme, le nouvel équipier de l’inspecteur est noir (le précédent était déjà mexicain mais cela n’avait pas suffi…) Bien qu’il soit signé par John Milius et Michael Cimino, le scénario en lui-même n’est pas passionnant, on comprend rapidement ce qui se trame et il n’y a que peu de tension. En revanche, le nombre de morts augmente nettement et le film distille une certaine fascination pour la violence que l’on est en droit de trouver malsaine. Le succès populaire fut, une fois encore, énorme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Hal Holbrook, Mitchell Ryan, David Soul, Tim Matheson, Felton Perry
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Magnum Force
Clint Eastwood dans Magnum Force de Ted Post.

7 janvier 2018

La Cité sans voiles (1948) de Jules Dassin

Titre original : « The Naked City »

La Cité sans voilesAlors que la ville de New York est assoupie, une jeune femme est assassinée par deux hommes dans son appartement. L’enquête est confiée à un lieutenant aguerri et à son adjoint, une jeune recrue prometteuse… The Naked City est au départ une volonté du producteur Mark Hellinger (connu pour avoir produit The Killers de Robert Siodmak) de faire un film sur sa ville, New York. Ce film policier a ainsi un parfum de documentaire qu’il présente lui-même en voix off comme tourné in situ, dans les rues de New York, avec de vrais newyorkais. Il fait partie de ces films qui cherchent à nous montrer sans fard le fonctionnement de la police. Nous suivons ainsi l’enquête avec ses tâtonnements, ses longues recherches sur le terrain avec une belle poursuite en bouquet final. Pour ne pas écorner son authenticité, il n’y a pas d’acteurs connus. Le contrôle de la version finale a échappé à Jules Dassin, le montage ayant été totalement refait : selon ses propres mots, « on a arraché le cœur du film ». Ce n’est donc pas un film aussi personnel que Brute Force ou Night and the City mais l’ensemble est plutôt prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barry Fitzgerald, Howard Duff, Dorothy Hart, Don Taylor, Frank Conroy, Ted de Corsia
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Remarques :
* Mark Hellinger décèdera quelques semaines avant la sortie du film ; il était âgé de 44 ans.

* The Naked City a reçu deux Oscars : l’un à Paul Weatherwax pour le montage (!) et l’autre pour le grand directeur de la photographie William H. Daniels (oui, celui qui a si bien photographié Greta Garbo… The Naked City n’est certainement pas son meilleur travail mais l’homme méritait bien un Oscar).

* The Naked City était le titre d’un livre sur New York du photographe Arthur ‘Weegee’ Fellig. Le producteur Mark Hellinger l’a engagé pour faire des photos sur le tournage en échange du droit d’utiliser le titre. C’est pour cette raison qu’elles sont si nombreuses. Voir sur Google Images


Barry Fitzgerald et Howard Duff dans La Cité sans voiles de Jules Dassin.

The Naked City
Images réelles de la sortie des bureaux dans La Cité sans voiles de Jules Dassin.

The Naked City
Tom Pedi, Don Taylor, Dorothy Hart et Barry Fitzgerald dans La Cité sans voiles de Jules Dassin (photo publicitaire).

2 juin 2016

Serpico (1973) de Sidney Lumet

SerpicoUn homme est conduit à l’hôpital en urgence après avoir pris une balle dans la tête. C’est un policier mais, curieusement, lorsque ses supérieurs apprennent la nouvelle, ils demandent si la balle qu’il a reçue venait d’un policier ou pas. Nous revenons onze ans plus tôt, au moment où Frank Serpico entrait dans la police… Basé sur une histoire vraie et adapté d’un livre de Peter Maas, le film de Sidney Lumet retrace le parcours solitaire et semé d’embûches d’un policier qui a dénoncé la corruption de la police de New-York. Très justement, le cinéaste adopte une mise en scène sobre, classique, quasi documentaire qui sert le sujet. La réussite du film doit aussi beaucoup à la performance d’Al Pacino qui s’est investi entièrement dans la composition de son personnage avec un look aussi changeant qu’inhabituel pour un policier (l’inspecteur avait obtenu de ses supérieurs qu’il adopte une tenue qui lui permette de passer inaperçu dans la rue). Pacino est étonnamment crédible dans son interprétation pleine d’énergie, c’est l’un des ses plus grands rôles au cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, John Randolph, Tony Roberts
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Remarques :
* Le véritable Frank Serpico a démissionné de la police en 1972 et a préféré quitter son pays. Il est allé vivre en Suisse (comme annoncé à la fin du film). Il a ensuite vécu aux Pays-Bas avant de rentrer aux Etats-Unis.
* Sydney Lumet a de nouveau décrit le parcours d’un policier dénonçant la corruption de la police dans Le Prince de New York (Prince of the City, 1981).

Serpico
Al Pacino dans Serpico de Sidney Lumet.

Serpico
Al Pacino dans Serpico de Sidney Lumet. Serpico n’a pas que des amis parmi ses collègues…

Serpico
Al Pacino et Tony Roberts dans Serpico de Sidney Lumet.

Serpico
Le vrai Frank Serpico lors de sa déposition face à une commission d’enquête en 1971.

27 avril 2016

Ugly (2013) de Anurag Kashyap

UglyA Bombay, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. Sa mère s’est remariée avec un commissaire de police qui la maintient cloitrée. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père, elle disparaît. Tout porte à croire qu’elle a été enlevée. Bien qu’ils se détestent au plus haut point, le père et le beau-père se mettent à sa recherche… Ugly est le dixième long métrage d’Anurag Kashyap, chef de file du nouveau cinéma indépendant indien. Nous sommes loin de l’univers féérique de Bollywood : l’univers d’Ugly est assez glauque et souligne les travers de la société indienne contemporaine. Ses personnages sont souvent aveuglés par leur individualisme et leurs querelles, chacun cherchant à profiter de la situation, si tragique soit-elle. Le portrait de la police n’est pas très flatteur : un commissaire aux méthodes particulièrement violentes et des subalternes pas très futés. Le déroulement du scénario tient parfois du puzzle, avec des flash-back qui surviennent sans crier gare ; le montage est rapide. La cohérence d’ensemble est assez remarquable quand on sait que les dialogues furent en grande partie improvisés. Ugly est un beau film très nerveux, assez sombre et sans concession, remarquablement réalisé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure
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Remarque :
* La sortie du film en Inde a été retardée de presque 1 an parce qu’Anurag Kashyap refusait que son film affiche les messages anti-tabac. En effet, la législation indienne est très stricte à ce sujet : les messages d’avertissement sur les dangers du tabac sont obligatoires dès qu’un personnage fume à l’écran (le pays compte 250 millions de fumeurs… ouille). Il n’est pas le seul à s’être insurgé contre cette règle : par exemple, Woody Allen a refusé de sortir Blue Jasmine en Inde pour cette raison.

Ugly
Rahul Bhat, le père de la fillette, dans Ugly de Anurag Kashyap.

Ugly
Ronit Roy (au centre), l’inquiétant commissaire de Ugly de Anurag Kashyap.

21 avril 2016

Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet

Titre original : « Prince of the City »

Le Prince de New YorkUn policier new-yorkais de la brigade des stups accepte de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption à l’intérieur de la police… Huit ans après Serpico, Sidney Lumet replonge à nouveau dans le monde complexe de la police new-yorkaise. Il s’est une fois encore basé sur une histoire vraie, racontée dans un livre de Robert Daley. Le policier de Prince of the City est écartelé entre le remords, la fidélité envers ses partenaires et le sens moral dans un monde où les rapports entre la police et la pègre sont complexes, faits de manoeuvres et de sordides tractations. Il est pris dans un engrenage qui peut lui être fatal. Lumet a tenu à tourner cette histoire sans acteurs connus (c’est le premier grand rôle de Treat Williams) ce qui augmente l’impression d’authenticité. Tous les rôles sont remarquablement bien tenus. Le déroulement du scénario peut paraître un peu chaotique, une succession de scènes qui forment finalement un ensemble très cohérent. Malgré les quelque 2h45, il n’y a aucune longueur. La photographie, volontairement un peu sale et peu éclairée, évoque les films de la nouvelle génération, plus particulièrement Taxi Driver de Scorsese. Finalement, Prince of the City est un film bien plus intense et complexe que ne l’était Serpico.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Treat Williams, Jerry Orbach, Bob Balaban
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Le Prince de New York
Treat Williams dans Le Prince de New York de Sidney Lumet.

Ne pas confondre avec :
Un prince à New York (Coming to America) qui est une comédie de John Landis (1988) avec Eddie Murphy.

18 janvier 2015

Histoire de détective (1951) de William Wyler

Titre original : « Detective Story »

Histoire de détectiveUne journée ordinaire dans un commissariat de New York. Des habitants viennent porter plainte, d’autres sont ramenés par les policiers pour des délits très divers. Le détective MacLeod est l’un des piliers de la brigade, c’est un homme d’une grande intransigeance morale… Histoire de détective (Detective Story) est adapté d’une pièce à succès écrite par Sidney Kingsley dont William Wyler avait déjà adapté Dead End quatorze ans plus tôt. C’est un film très original par son sujet et par sa forme. Prendre comme sujet le travail quotidien des policiers était alors plutôt novateur. Le film prend même tout d’abord des allures de documentaire (on peut trouver que le film est plus proche du néoréalisme que du film noir) mais évolue peu à peu, sans que l’on n’y prenne garde, en un drame personnel assez puissant qui introduit un certain questionnement sur la rigueur morale, sous tendue d’une légère trame psychanalytique. Kirk Douglas a beaucoup de présence dans ce rôle d’anti-héros. La forme est elle aussi originale puisque tout le film (hormis quelques plans) se déroule dans un même lieu et se déroule en temps réel, sans ellipse : unité de temps et unité de lieu donc. William Wyler fait preuve de virtuosité de cadrage et de découpage, d’autant plus qu’il n’y a aucun temps mort, aucun relâchement dans la tension et aucun effet spectaculaire. Seule la fin est un peu trop appuyée mais cela n’empêche Detective Story d’être assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Eleanor Parker, William Bendix, Cathy O’Donnell, George Macready, Horace McMahon, Lee Grant
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Histoire de détective (1951) de William Wyler
Horace McMahon et Kirk Douglas dans Histoire de détective de William Wyler

Remarques :
* Detective Story a été nominé pour les Oscars dans quatre catégories (mais n’en a gagné aucun). A Cannes, c’est Lee Grant (la voleuse d’un sac à main) qui a reçu le prix de la meilleure actrice en 1952. Son rôle est certes assez mineur mais il est plus complexe qu’il ne paraît car c’est celui qui apporte une touche d’humour ; Lee Grant le tient parfaitement, souvent par des expressions de visage ou des petits gestes. Il s’agit de sa première apparition au cinéma. L’actrice ayant refusé de témoigner contre son mari Alan Manoff lors des auditions HUAC (House Un-American Activities Committee), Lee Grant sera sur liste noire et ne pourra pas tourner d’autres films avant quelques années.

* Le film eut beaucoup de problème avec la censure car le code Hays interdisait le sujet de l’avortement. Le terme « abortion » n’est ainsi jamais utilisé, le docteur inculpé est présenté comme faisant du « baby farming » (trafic de nouveau-nés) mais cela ne colle guère avec les dialogues (il est qualifié par exemple de boucher) et tout le monde a bien compris qu’il s’agissait d’avortement.

* Lee Grant (la voleuse d’un sac à main), Joseph Wiseman (l’un des deux cambrioleurs, celui qui coopère), Michael Strong (le coéquipier de Douglas) and Horace McMahon (le lieutenant) ont repris le rôle qu’ils tenaient sur les planches (où Ralph Bellamy tenait le rôle principal).

Lee Grant dans Histoire de détective (1951) de William Wyler
Lee Grant dans Histoire de détective de William Wyler

Kirk Douglas et Eleanor Parker dans Histoire de détective (1951) de William Wyler
Kirk Douglas et Eleanor Parker dans Histoire de détective de William Wyler (dans une des très rares scènes extérieures au commissariat)

25 novembre 2014

Les Hors-la-loi (1935) de William Keighley

Titre original : « G-Men »

G'Men - Les hors la loiUn jeune avocat sans clientèle décide de s’engager dans le FBI après avoir vu l’un de ses amis se faire tuer alors qu’il tentait d’arrêter un hors-la-loi… G-Men est un film assez important car il marque un tournant : à la suite de la mise en place du code Hays (code de censure) en 1934, il n’était en effet plus possible de glorifier les gangsters. La Warner trouve la parade en mettant comme personnage principal un agent fédéral traquant les gangsters, ce qui leur permet d’avoir toujours autant de violence et d’action à l’écran. James Cagney, que l’on avait si souvent l’habitude de voir en petit malfrat, passe ainsi de l’autre côté de la barrière pour incarner un agent du FBI. Son personnage fait montre de la même vitalité et du même esprit d’indépendance qu’auparavant. Tout cela nous donne un film au tempo assez rapide et doté de beaucoup d’action, un des meilleurs gangster films des années trente.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Cagney, Margaret Lindsay, Ann Dvorak, Robert Armstrong, Barton MacLane, Lloyd Nolan
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G'Men - Les hors la loi Remarques :
* Initialement hostile au projet de film, le directeur du FBI J. Edgar Hoover a finalement approuvé le script et a détaché des agents auprès de la production pour s’assurer que tout serait conforme à la réalité dans les moindres détails. Certaines scènes (fusillade à la gare, fusillade à l’hôtel) sont basées sur des évènements réels.

* Dans la première moitié du XXe siècle aux Etats-Unis, les unités spéciales traquant les hors-la-loi étaient de deux types : les G-Men qui étaient agents du FBI et les T-Men qui étaient des agents spéciaux du fisc.

* Une scène d’introduction a été ajoutée en 1948, montrant un groupe de nouvelles recrues du FBI auxquelles on va projeter le film. Parmi les acteurs jouant ces nouvelles recrues, on peut noter la présence de Douglas Kennedy.

G'Men
(g. à d.) Russell Hopton, James Cagney, Edward Pawley et Barton MacLane dans G-Men.

G'Men (1935)
James Cagney et Margaret Lindsay – Photo publicitaire pour G-Men (1935).

17 novembre 2014

Le Tombeur (1933) de Roy Del Ruth

Titre original : « Lady Killer »

Le tombeurA cause de sa passion pour le jeu, Dan est devenu un gangster recherché par la police. Il fuit en Californie où il se fait engager comme figurant à Hollywood et commence à gravir les échelons vers la célébrité… Au début des années trente, la Warner a décliné le personnage futé et débrouillard de James Cagney en gangster repenti sous de nombreuses formes. Dans Lady Killer (le titre est bien entendu à double sens : « tueur de femme » et « tombeur »), il devient acteur à Hollywood, ce qui nous permet d’assister au tournage d’un film dans quelques scènes. Lady Killer est nettement un pre-Code movie (= film qui précède de peu la généralisation du Code Hays de censure) : l’histoire est franchement amorale et plusieurs scènes n’auraient pu figurer dans un film un ou deux ans plus tard. L’histoire est un peu tirée par les cheveux (si je puis me permettre ce jeu de mots) mais ses accents satiriques la Le tombeur rendent plaisante. Le film offre un beau mélange d’action et de comédie. Et il y a toujours cette combinaison d’éléments presque contradictoires en James Cagney qui le rend si attrayant : dureté et arrogance certes, mais aussi astuce, témérité et droiture qui font toujours pencher la balance du bon côté et emporte l’adhésion des spectateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Cagney, Mae Clarke, Margaret Lindsay, Douglass Dumbrille, Henry O’Neill
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Remarques :
* Deux ans après Public Enemy, Mae Clarke se retrouve face à James Cagney. Décidément malmenée par les scénaristes, elle ne va pas se faire écraser un pamplemousse sur le visage cette fois, elle va se faire éjecter de façon brutale : Cagney la traîne par les cheveux avant de la jeter littéralement hors de chez lui. Cette scène était certainement incluse dans le but de choquer et de faire parler comme la scène du pamplemousse avait pu le faire.

* Clin d’oeil à Public Enemy : lorsqu’elle consulte le dépliant touristique sur la Californie dans la gare, Mae Clarke est soudainement inquiète lorsqu’elle lit qu’on y cultive des pamplemousses.

* Les premières scènes (discussions avec la marchande de cigares suivie d’une partie clandestine de poker avec des escrocs) rappellent étrangement Smart Money sorti deux ans plus tôt. Un clin d’oeil sans aucun doute.

Mae Clarke et James Cagney dans Lady Killer (1933)
Mae Clarke sévèrement malmenée par James Cagney. A noter le truc d’acteur : Mae Clarke agrippe à deux mains le poignet de James Cagney afin de pouvoir être trainée sans que ses cheveux ne subissent toute la force de traction.

29 octobre 2014

Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel

Le fantôme de la libertéDes condamnés à mort qui crient « Vive les chaînes » au moment d’être fusillés (1)… dès la scène du générique, le ton est donné : la logique et les conventions vont être bien malmenées dans Le Fantôme de la liberté et Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière sont ici allés encore plus loin que dans Le Charme discret de la bourgeoisie. La structure est inhabituelle : selon le principe des « cadavres exquis » des surréalistes, chacune des petites histoires qui composent le film est reliée à la suivante par un personnage ou une situation qui nous emmènent sur un thème totalement différent. Buñuel nous surprend sans arrêt, il retourne les usages, prend des directions inattendues. Il chamboule nos certitudes, nous faisant prendre parfois un énorme recul sur ce que nous voyons. On peut ainsi dire que le film a une dimension philosophique dans le sens où il nous fait voir de façon nouvelle des évènements ou des comportements les plus anodins, il bouscule ce que nous tenons pour acquis. L’humour, quant à lui, est toujours présent. Aujourd’hui comme il y a quarante ans, Le Fantôme de la liberté est un petit bijou.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Monica Vitti, Jean-Claude Brialy, Paul Frankeur, Michael Lonsdale, François Maistre, Michel Piccoli, Claude Piéplu, Jean Rochefort, Julien Bertheau, Marie-France Pisier, Adolfo Celi
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Remarques :
* La Voie lactée, Le Charme discret de la bourgeoisie et  Le fantôme de la liberté forment une trilogie surréaliste. Buñuel préfère le terme de triptyque, « comme au Moyen Âge » ajoute t-il. « Les même thèmes, quelquefois même les mêmes phrases se retrouvent dans les trois films. Ils parlent de la recherche de la vérité, qu’il faut fuir dès que l’on croit l’avoir trouvée, du rituel social implacable. Ils parlent de la recherche indispensable, du hasard, de la morale personnelle, du mystère qu’il faut respecter. » (Extrait de l’autobiographie de Luis Buñuel « Mon dernier soupir »)

* Cameo : Au tout début du film, Luis Buñuel est l’un des quatre fusillés : le moine portant une barbe. A sa gauche, l’homme avec un bandeau sur le front est son producteur Serge Silberman.

(1) Luis Buñuel précise dans son autobiographie que cette scène est authentique : par haine des idées libérales introduites par Napoléon, le peuple espagnol criait « Vive les chaînes » au retour des Bourbons.
A noter que ces exécutions sont le sujet du tableau de Goya Tres de Mayo dont une reproduction ouvre le film.

Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel
La maitresse de maison (Alix Mahieux) place les invités à table…
Les rituels de notre société sont malmenés : ici, on défèque tout en discutant et on s’absente discrètement quelques minutes pour aller manger dans la cuisine.
(avec Marie-France Pisier, Jean Rougerie, …)

10 octobre 2014

The Offence (1972) de Sidney Lumet

The OffenceUn inspecteur de police britannique, profondément marqué par son métier qu’il exerce depuis plus de vingt ans, perd le contrôle de soi lors de l’interrogatoire d’un suspect dans une affaire de viols en série de fillettes. L’homme interrogé est envoyé à l’hôpital dans un état critique…
C’est l’acteur Sean Connery qui est à l’origine du projet The Offence. Enfermé dans son personnage James Bond, l’acteur cherchait de tels projets pour retrouver de vrais rôles. Sean Connery est le pivot central de ce film qui instille le doute et qui nous questionne : comment un policier qui a vu tant d’horreurs commises dans sa carrière peut-il ne pas être contaminé lui-même, ou du moins hanté par les visions de ces atrocités ? Peut-on y résister ? Comment dresser une séparation avec sa propre vie lorsque celle-ci est un échec ? L’atmosphère est épaisse, poisseuse même, le film nous faisant pénétrer au plus profond de l’âme humaine. Sean Connery est assez magistral dans son interprétation et insuffle une indéniable force au film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Trevor Howard, Vivien Merchant, Ian Bannen
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Voir la critique du film sur DVDClassik.

Remarque :
Le film n’est sorti en France qu’en… 2007.