17 décembre 2017

Petits meurtres entre amis (1994) de Danny Boyle

Titre original : « Shallow Grave »

Petits meurtres entre amisPour trouver un quatrième colocataire, trois amis font passer de véritables entretiens à une série de postulants et s’amusent à leurs dépens. Ils finissent par accepter un homme plus âgé qu’eux et assez mystérieux. Le lendemain de son emménagement, ils ont une très grosse surprise… Petits meurtres entre amis est le premier long métrage de Danny Boyle, tourné juste avant Trainspotting (1996). Le titre français laisse supposer qu’il s’agit d’une élégante fantaisie policière mais il n’en est rien. Il s’agit d’une histoire qui baigne dans le glauque et le cynisme, le tout enrobé d’un humour noir assez dérangeant (a noter que le titre original « Shallow Grave » signifie « enterré peu profond »). Le film débute pourtant sur un rythme assez enlevé, avec un montage rapide et une atmosphère plutôt légère ; les trois amis apparaissent instantanément très antipathiques, toutefois. Et les choses ne s’arrangent guère ensuite. L’humour passe surtout par les dialogues, une série assez soutenue de punch lines, le revers de la médaille étant que la cohérence globale en souffre un peu. Danny Boyle a tourné Petits meurtres entre amis en trente jours avec un budget assez réduit. Le succès fut immense en Grande Bretagne et aussi en France.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kerry Fox, Christopher Eccleston, Ewan McGregor
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Shallow Grave
Christopher Eccleston, Ewan McGregor et Kerry Fox dans Petits meurtres entre amis de Danny Boyle.

27 décembre 2015

Mais qui a tué Harry? (1955) de Alfred Hitchcock

Titre original : The Trouble with Harry.

Mais qui a tué Harry?Dans les belles collines du Vermont aux couleurs de l’automne, un petit garçon entend trois coups de feu et découvre peu après le cadavre d’un homme. Il court prévenir sa mère. Survient alors un capitaine à la retraite qui chassait le lapin avec son fusil. Voyant une blessure sur le front de l’homme mort, il croit l’avoir tué accidentellement et entreprend de cacher le corps. Mais c’est alors que survient un autre personnage… Dès le générique, fait de dessins naïfs à la Paul Klee (oeuvres du dessinateur Saul Steinberg), nous comprenons que Mais qui a tué Harry? ne va pas être un Hitchcock comme les autres et que rien n’est vraiment sérieux dans ce qui va suivre. En effet, le film joue sur l’humour, tirant franchement vers la comédie (1), un humour basé sur un nonsense très britannique ou, plus exactement, sur ce fameux understatement (2) qu’Hitchcock affectionne tout particulièrement. Les personnages réagissent de façon inattendue et l’enchaînement des évènements nous surprend sans cesse. Une petite merveille d’humour. C’est en fait un film assez personnel du réalisateur : il en a choisi le sujet et l’a tourné sans contraintes. Il raconte qu’une fois le film terminé, personne ne savait comment exploiter le film qui fut d’ailleurs un échec outre-Atlantique. En revanche, il connut un franc succès en Europe, notamment en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edmund Gwenn, John Forsythe, Mildred Natwick, Mildred Dunnock, Shirley MacLaine
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Remarques :
* L’histoire est adaptée d’un roman du britannique Jack Trevor, transposant l’histoire d’Angleterre aux Etats-Unis pour qu’il soit mieux accepté dans ce pays. C’est d’ailleurs un peu dommage que l’histoire ait été transposée, car la même chose en Angleterre avec l’accent d’Oxford et un flegme plus britannique aurait été surement superbe. A noter qu’Hitchcock connaissait Jack Trevor depuis sa période muette puisque ce dernier interprétait un petit rôle d’officier dans Champagne (1928).
* Premier rôle au cinéma de Shirley MacLaine.
* Hitchcock cameo : Lorsque l’amateur d’art fortuné regarde les peintures (vu depuis le magasin), Hitchcock passe à pied derrière la limousine.

(1) Le précédent essai d’Hitchcock de jouer le registre de la comédie pure remonte à 1941 avec le moyennement réussi M. et Mme Smith.
(2) L’understatement consiste à considérer une chose comme ayant moins d’importance qu’elle en a réellement : ici, le cadavre est traité comme s’il s’agissait d’un vulgaire objet que l’on aurait abimé. Ce n’est pas prendre les choses à la légère, c’est plutôt un déplacement dans l’échelle des valeurs.

The trouble with Harry
Mais qui a tué Harry ?John Forsythe, Shirley MacLaine, Mildred Natwick et Edmund Gwenn dans Mais qui a tué Harry? d’Alfred Hitchcock.

24 janvier 2013

La Harpe de Birmanie (1956) de Kon Ichikawa

Titre original : « Biruma no tategoto »

La harpe de BirmanieEn 1945, au moment de la reddition du Japon, une division de l’armée japonaise se bat en Birmanie. Son commandant, passionné de musique et de chant, a pris l’habitude de faire chanter ses soldats. L’un d’entre eux, Mizushima, les accompagne avec une petite harpe. Au moment de la reddition, il est envoyé en mission pour convaincre des irréductibles de se rendre… Au départ un conte à épisodes pour enfants transformé en roman par Michio Takeyama, La harpe de Birmanie s’inscrit dans le courant des films humanistes et antimilitaristes des années cinquante au Japon. Kon Ichikawa met en relief la souffrance et l’horreur de la guerre mais, contrairement à ce que fera Kobayashi (dans La condition de l’homme), il ne s’attaque pas à l’armée mais montre les conséquences de la guerre, c’est à dire les morts inutiles. La musique est ici un langage universel qui fait ressortir l’humanité qui est en chacun, c’est un moyen pour rapprocher les êtres et les peuples comme en témoigne une étonnante scène où un combat est évité grâce au chant. La rédemption passe aussi par une certaine spiritualité, la philosophie bouddhiste tient une grande place dans cette histoire. La harpe de Birmanie est un grand film humanisme, un peu naïf certes, mais néanmoins très beau dans ses intentions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rentarô Mikuni, Shôji Yasui, Taketoshi Naitô
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Remarque :
Kon Ichikawa a réalisé lui-même un remake de son propre film : Biruma no tategoto (1985), remake généralement jugé inférieur à l’original.

8 juin 2012

La corde (1948) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Rope »

La cordeDeux jeunes intellectuels étranglent avec une cordelette leur camarade de collège, un acte gratuit basé sur une théorie vaguement nietzschéenne, et reçoivent ensuite les parents de leur victime avec quelques amis pour un cocktail…
La corde est le premier film en couleurs d’Alfred Hitchcock mais il est surtout célèbre pour la gageure technique de filmer en un seul plan comme l’était la pièce en seul acte de Patrick Hamilton dont le film est adapté. En réalité, il y a onze plans en tout (1), à l’époque les bobines ne pouvaient dépasser dix minutes. Unité de lieu, un appartement new-yorkais, unité de temps, l’histoire commence à 19h30 et se termine à 21h15. Par des mouvements de camera, Hitchcock expérimente une autre façon de faire le découpage. La corde est donc en premier un exploit technique qui nécessita une grande préparation, des murs qui pouvaient être écartés pour laisser passer la caméra, un ballet de techniciens pour que personne ne soit dans le champ au mauvais moment. La vue panoramique sur New York que laissent voir les grandes baies vitrées évolue elle aussi : les nuages se déplacent, la nuit tombe lentement. La forme fait passer le contenu au second plan, l’histoire n’étant pas très forte en soi. Le plus remarquable est le climat malsain qui s’installe, c’est d’ailleurs l’un des rares films d’Hitchcock où l’on ne peut s’identifier à l’un des personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, John Dall, Farley Granger, Edith Evanson, Douglas Dick, Cedric Hardwicke
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Remarques :
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock (qui aime toujours surprendre par des formules-choc) appelle tout cela « un truc » et ajoute même « complètement idiot ». Il préfère ensuite parler longuement du travail sur l’éclairage que l’utilisation de la couleur obligeait à reconsidérer entièrement.
* La corde est le premier film produit par la propre compagnie d’Hitchcock : Transatlantic pictures (le second et ultime film sera Les Amants du Capricorne).

(1) Les plans durent respectivement 1’54" (ouverture), 9’36", 7’51", 7’18", 7’09", 9’57", 7’36", 7’47", 10′, 4’36" et 5’39" (Jacques Lourcelles – Dictionnaire du cinéma). Plusieurs fois, Hitchcock utilise le moment où un personnage passe devant la caméra pour changer de bobine mais on peut compter 5 changements normaux, dont un large champ-contrechamp.