11 octobre 2015

Chotard et Cie (1933) de Jean Renoir

Chotard et CieMonsieur Chotard (Fernand Charpin) est à la tête d’un commerce prospère d’alimentation et de nombreux employés. Sa fille a deux prétendants qui ne lui plaisent guère : un adjudant de gendarmerie et un poète sans le sou. Ce dernier ayant été vu seul avec sa fille lors d’un bal costumé, il est contraint de l’accepter comme gendre… Film assez rare de Jean Renoir, Chotard et Cie est tiré d’une pièce de Roger Ferdinand, qui en a écrit lui-même l’adaptation. Il s’agit d’une satire d’une certaine bourgeoisie étriquée qui rejette les artistes mais change totalement d’attitude s’ils parviennent à la célébrité. C’est assez maladroit et platement écrit. Sans surprise, Charpin fait un beau numéro dans son personnage de bourgeois ignare et tyrannique, engoncé dans ses principes, il nous gratifie de répliques savoureuses. Hélas, face à lui, Georges Pomiès est bien terne en poète lunaire, il ne fait que mettre en évidence l’aspect caricatural du propos, et Jeanne Boitel n’a aucune consistance. Chotard et Cie est semble t-il un film de commande, ce qui expliquerait que Renoir se soit finalement peu investi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeanne Boitel, Fernand Charpin, Georges Pomiès
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Chotard et Cie
Fernand Charpin et Jeanne Boitel dans Chotard et Cie de Jean Renoir

 

8 juillet 2015

La Fille à la valise (1961) de Valerio Zurlini

Titre original : « La ragazza con la valigia »

La Fille à la valiseFils de bonne famille, le jeune Lorenzo, âgé de 16ans, s’efforce de d’atténuer les effets de la mauvaise conduite de son frère aîné envers une jeune femme, Aida. De simple gentillesse à son égard, ses sentiments vont évoluer peu à peu vers une attirance plus profonde… La Fille à la valise est le récit de la rencontre de deux jeunes êtres issu de mondes différents : il est timide, éduqué de façon stricte, ne connait rien de la vie et découvre l’amour ; elle a déjà trop vécu à 22 ans, victime des hommes, mais garde une grande part de pureté et ne sait que faire de cet amour naissant. Le film de Valerio Zurlini peut paraître quelque peu laborieux dans sa mise en place mais il évolue avec une certaine grâce à l’image des sentiments de ses deux personnages principaux. Claudia Cardinale et Jacques Perrin sont tous deux d’une beauté juvénile absolument hors du commun et Zurlini a pris le parti de les filmer en très gros plans, souvent sans prendre la peine de faire de contre-champs. Ils irradient littéralement l’image. Il a également pris le parti d’une certaine lenteur qui peut soit envouter soit finir par lasser. Mais La Fille à la valise ne peut que nous toucher.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Gian Maria Volonté
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La Fille à la valise
Claudia Cardinale et Jacques Perrin dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini

Remarques :
* Dans un entretien, Valerio Zurlini a déclaré s’être inspiré du récit d’une jeune actrice assez étrange (qui, dit-il, est devenue assez célèbre par la suite) rencontrée sur le tournage d’un petit film publicitaire  et qui lui avait en partie racontée sa vie.

* Au moment du tournage, Jacques Perrin a 19 ans et Claudia Cardinale 22. C’est le premier grand rôle de Jacques Perrin et le film va vraiment lancer sa carrière. Claudia Cardinale est alors plus connue mais elle n’est pas encore vraiment reconnue pour ses talents d’actrice.
Dans un second rôle, Gian Maria Volonte est ici dans l’un de ses tous premiers longs métrages (le deuxième).

4 juillet 2015

Ames perdues (1977) de Dino Risi

Titre original : « Anima persa »

Âmes perduesLe jeune Tino arrive à Venise pour étudier la peinture. Il réside chez sa tante Elisa qui vit dans une grande demeure avec son mari Fabio, un homme rigide qui a une grande emprise sur elle. Rapidement, Tino se rend compte qu’il y a une autre personne dans la maison et il va peu à peu découvrir un étrange secret… A partir du milieu des années soixante dix, le « roi de la comédie italienne » Dino Risi semble chercher un statut plus respectable, notamment avec des adaptations littéraires comme c’est le cas pour cet Ames perdues basé pour le roman homonyme de Giovanni Arpino. Si le réalisateur ne semble pas parfaitement à son aise dans ce genre de drame psychologique (certains critiques parlent même « d’incertitude stylistique »), il sait créer une atmosphère très particulière et insolite. Ses personnages vivent dans un univers hors du temps d’où suinte une certaine angoisse : « Je commence à m’effacer » nous dit une Catherine Deneuve diaphane dans une maison où la plupart des pièces sont inutilisées. Ces grandes demeures de Venise forment un univers à l’abandon, dont les habitants ne se montrent jamais ; un lent processus de décomposition auquel répond la solitude noire et profonde d’un homme qui ne peut communiquer. Son acteur fétiche Vittorio Gassman est idéal pour ce type de rôle particulièrement schizophrénique et Catherine Deneuve (évidemment doublée en italien) est d’une grande beauté fragile. Ames perdues est un film assez noir que l’on peut considérer dans la lignée de Parfum de femme (1974).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Catherine Deneuve, Danilo Mattei
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Ames perdues
Danilo Mattei dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Catherine Deneuve dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Vittorio Gassman dans Âmes perdues de Dino Risi

 

5 janvier 2015

La Vie d’un honnête homme (1953) de Sacha Guitry

La vie d'un honnête hommeUn riche industriel, menant une vie bourgeoise assez stricte et se targuant d’être un honnête homme, voit reparaître son frère jumeau avec lequel il ne s’est jamais entendu et qui est son exact opposé : il a beaucoup bourlingué et, se retrouvant sans un sou, vient le supplier de lui trouver un emploi. L’honnête homme refuse mais pris de remords va lui rendre visite… Ecrit et réalisé par Sacha Guitry, La Vie d’un honnête homme est une satire de la bourgeoisie, mettant en relief le caractère étriqué et sclérosant de ses valeurs. Sa grande originalité est de faire jouer deux rôles à Michel Simon qui montre ici une certaine retenue dans son jeu. Il manque certainement une petite touche d’humour qui aurait probablement porté le film un peu plus haut mais son handicap principal est plutôt du coté d’une certaine lourdeur de mise en scène, certaines scènes paraissant plus longues que nécessaire. La qualité des dialogues, la plume acerbe de Sacha Guitry et son éclairage sur la nature humaine finissent par l’emporter, d’autant plus qu’il sait nous surprendre comme en témoigne la fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Marguerite Pierry, Louis de Funès, Claude Gensac, Pauline Carton
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Remarques :
* Mouloudji apparaît à deux reprises pour un intermède musical.
* On remarquera (difficile de faire autrement) une courte scène de semi-nudité frontale de Claude Gensac assez étonnante pour l’époque.

Michel Simon dans La vie d'un honnête homme (1953) de Sacha Guitry
Michel Simon est face à Michel Simon dans La vie d’un honnête homme de Sacha Guitry.

La vie d'un honnête homme (1953) de Sacha Guitry
(de g. à d.) Laurence Badie (de dos), Claude Gensac, Michel Simon, Louis de Funès, François Guérin et Marguerite Pierry dans La vie d’un honnête homme de Sacha Guitry.

2 janvier 2015

Poulet au vinaigre (1985) de Claude Chabrol

Poulet au vinaigreDans une petite ville de province, trois notables (le médecin, le notaire et le boucher) ont un projet d’opération immobilière juteuse. Mais ils se heurtent à l’obstination d’une femme invalide et de son fils facteur qui refusent de vendre leur maison…
Adapté d’un roman de Dominique Roulet, Poulet au vinaigre est le film qui a permis à Claude Chabrol de rebondir après une série de réalisations plus mineures pour la télévision. L’inspecteur Lavardin en est le personnage le plus remarquable, un policier atypique qui utilise des procédés très personnels et qui aime les oeufs au paprika (on peut toutefois être un peu circonspect face à ses méthodes de tortionnaire, on peut y voir là une certaine banalisation de la torture). Jean Poiret y excelle mais, pour Claude Chabrol, cette histoire est surtout l’occasion de dresser un portrait au vitriol (ou plutôt au vinaigre) de la bourgeoisie de province. Parmi les seconds rôles, Pauline Laffont est assez remarquable dans un style qui rappelle beaucoup sa mère.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Stéphane Audran, Michel Bouquet, Jean Topart, Lucas Belvaux, Pauline Lafont, Caroline Cellier
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Remarques :
* Le personnage de l’inspecteur Lavardin a été réutilisé par Chabrol l’année suivante pour Inspecteur Lavardin (1986). On le retrouvera également à la télévision à partir de 1988 dans une série de téléfilms de 90 mn : Les dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin.

Poulet au vinaigre de Claude Chabrol

19 octobre 2014

La Femme du dimanche (1975) de Luigi Comencini

Titre original : « La donna della domenica »

La femme du dimancheA Turin, le commissaire Santamaria (Marcello Mastroianni) enquête sur le meurtre d’un architecte poseur et obsédé sexuel. Ses recherches le mènent directement à interroger des membres de la haute bourgeoisie de la ville, notamment Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant) riche bourgeois homosexuel et son amie Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset) la jeune femme oisive d’un riche industriel… L’adaptation de ce best-seller de Carlo Fruttero et Franco Lucentini a été écrite par le fameux duo Age et Scarpelli. Certes, La Femme du dimanche n’est pas un des films majeurs de Luigi Comencini mais il constitue une intéressante tentative de mêler intrigue policière et analyse sociale. La femme du dimanche Alors que ses producteurs le pressaient d’en faire un film policier grand public, Comencini a su, en filigrane, mettre en évidence les rapports de classe dans une ville, Turin, où il y a environ 700 000 siciliens, les pauvres, et 300 000 turinois, les riches (1). Avec tant de talents réunis, on peut se demander pourquoi le film n’est au final pas plus convaincant. Peut-être est-ce du à la dose d’humour introduite qui nous pousse à ne pas prendre tout cela très au sérieux. De ce fait, La Femme du dimanche manque quelque peu de force mais son contenu assez subtil le rend intéressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Jacqueline Bisset, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani
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Remarque :
* La musique est d’Ennio Morricone.

(1) Ces chiffres sont donnés par Jean-Louis Trintignant dans une interview télévisée à propos du film. (Voir…)

La Femme du dimanche (La donna della domenica)Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset dans La Femme du dimanche (La donna della domenica) de Luigi Comencini.

15 octobre 2014

Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) de Luis Buñuel

Le charme discret de la bourgeoisieLes Thévenot arrivent pour dîner chez les Sénéchal mais il y a eu méprise : ils n’étaient attendus que le lendemain. Le maitre de maison est même absent. Avec sa femme, ils décident alors d’aller dîner dans un restaurant proche mais, alors qu’ils s’apprêtent à commander, ils réalisent que la pièce voisine est une chambre funéraire où repose le propriétaire décédé… Pour écrire Le Charme discret de la bourgeoisie, Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière sont partis du thème de la répétition (un repas impossible) pour broder une série de variations surréalistes. C’est un emboitement de mini-récits où l’inattendu est roi, où les positions sociales ne sont pas tenues, où la réalité et le rêve s’entremêlent. C’est un festival de créativité qui bouscule toutes les conventions et où la vraisemblance n’est pas considérée comme nécessaire. On peut, bien entendu, y voir une satire de la bourgeoisie mais ce ne semble pas être l’essentiel du propos (1). En revanche, on ne peut que remarquer que le film est profondément imprégné de son époque, c’est un reflet de cette période post-68. Empreint d’un humour constant, Le Charme discret de la bourgeoisie est un divertissement vraiment plaisant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Claude Piéplu
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(1) A ce sujet, Luis Buñuel raconte dans ses mémoires (Mon dernier soupir) comment Jean-Claude Carrière et lui-même ont écrit le scénario sans trop penser au thème de la bourgeoisie, le titre n’étant venu qu’à la toute fin du processus d’écriture qui fut assez long. Effectivement, on pourra noter que, si on retrouve bien bourgeois, membres du clergé et militaires dans ce film, ils ne sont pas franchement égratignés.

Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel
Fernando Rey, Delphine Seyrig, Bulle Ogier et Paul Frankeur dans Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel.

25 juillet 2014

Quelques jours avec moi (1988) de Claude Sautet

Quelques jours avec moiFils d’une famille propriétaire d’une grande chaine d’hypermarchés, Martial sort d’une dépression qui lui a valu un séjour en hôpital psychiatrique. Il est taciturne et ne montre aucune émotion. Il se rend à Limoges pour contrôler les livres de comptes d’une succursale et découvre que le directeur a trafiqué les comptes. Il accepte toutefois l’invitation à dîner à son domicile et, là, il remarque Francine, la jeune bonne… En adaptant un roman de Jean-François Josselin, Claude Sautet a trouvé un bel équilibre car Quelques jours avec moi est autant une satire sociale, qu’une étude psychologique ou encore un drame de l’amour passionné. L’humour est assez présent dans la première moitié du film qui prend alors l’aspect d’une comédie. Mais le film tire sa force de son personnage central, assez complexe, puissant et fragile, qui cherche sa place tout en restant étranger au monde qui l’entoure. Autour du couple formé par Daniel Auteuil et la jeune et resplendissante Sandrine Bonnaire, les seconds rôles sont parfaitement définis, parfois typés ou haut en couleur, mais toujours assez justes au final.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire, Jean-Pierre Marielle, Dominique Lavanant, Danielle Darrieux, Vincent Lindon
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19 juin 2014

Thérèse Desqueyroux (2012) de Claude Miller

Thérèse DesqueyrouxDans les Landes, dans les années vingt, la jeune Thérèse épouse son voisin Bernard Desqueyroux sous l’oeil bienveillant des deux familles : les deux propriétés réunies forment ainsi le plus grand domaine du département. Mais Thérèse a d’autres aspirations que rester la femme d’intérieur conformément à la norme sociale… Thérèse Desqueyroux est un roman que François Mauriac a écrit en 1927 en s’inspirant d’une affaire réelle datant du début du siècle. Il a déjà été porté à l’écran en 1962 par Georges Franju, une adaptation superbe qu’il est bien difficile de surpasser même quand on s’appelle Claude Miller. Audrey Tautou manque d’étoffe et peine à exprimer le tourment de cette jeune femme qui se débat en prenant conscience de la vie étriquée qui l’attend. Gilles Lellouche fait une meilleure prestation mais son personnage assez monolithique est, il est vrai, bien moins complexe. Il n’y a pas de tension, on ressent moins cet immobilisme de la bourgeoisie terrienne de province qui sous-tend toute cette histoire. L’approche de Claude Miller a été sans doute trop délicate, avec des images un peu trop belles. C’est hélas le dernier film du réalisateur qui était très malade lors du tournage. On aurait tant aimé pouvoir en dire du bien mais cette nouvelle version parait bien faible en comparaison de son aînée.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier
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Précédente version :
Thérèse Desqueyroux de Georges Franju (1962) avec Emmanuelle Riva et Philippe Noiret.

18 septembre 2013

Le Témoin (1978) de Jean-Pierre Mocky

Le témoinRobert Maurisson, un notable de Reims, fait venir son ami Antonio d’Italie pour restaurer les peintures d’une chapelle. Ce dernier va être, bien malgré lui, le témoin d’une affaire plutôt sordide… Adapté d’un roman d’Harrisson Jude, Le Témoin met en scène la grande bourgeoisie de province dans une histoire criminelle. L’esprit peut ainsi évoquer les films de Chabrol mais le style est ici plus brut. Mocky caricature légèrement, mais pour une fois sans excès, leurs moeurs dépravées et leur esprit de corps. La progression de l’histoire est bien contrôlée : si le ton est plutôt léger en début de film, la tension monte peu à peu et le malaise s’installe. Le film de Mocky est également un plaidoyer contre la peine de mort dont les conséquences brutales sont ici montrées assez sèchement. Noiret et Sordi sont tous deux remarquables, chacun étant, il est vrai, dans un rôle qui lui va comme un gant. En regardant Le Témoin aujourd’hui, on se demande bien pourquoi le film a été quelque peu éreinté par la critique à sa sortie. Il est maintenant considéré plus généralement (et à juste titre) comme faisant partie des meilleurs films de Jean-Pierre Mocky.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Philippe Noiret, Roland Dubillard, Paul Crauchet
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Remarque :
Initialement, c’est Jean Gabin qui devait jouer le rôle du témoin. Le décès de l’acteur a rendu ce projet impossible. Le film aurait certainement été très différent car, si Alberto Sordi sait donner l’impression d’être sous l’emprise de Noiret, on imagine difficilement ce type de relation avec Gabin.

Homonyme :
Le Témoin (Il testimone) de Pietro Germi (1946)