Pierre, ingénieur en robotique, se rend à Chamonix pour présenter le produit de son entreprise à un client potentiel. Attiré par les montagnes alpines environnantes et leurs glaciers, il décide de rester sur place plutôt que de rentrer à Paris. Il finit par s’installer sur le glacier, dans son propre bivouac, et décide de ne plus redescendre… La Montagne est un film français coécrit et réalisé par Thomas Salvador, son deuxième long métrage après Vincent n’a pas d’écailles en 2014. Le réalisateur est passionné par l’escalade depuis l’adolescence. Le film démarre plutôt bien et nous séduit par sa mise en scène de l’appel des hauteurs et ses images de vastes étendues enneigées. Hélas, à mi-parcours, Thomas Salvador tente de nous entraîner dans un délire mystico-fantastique et le film paraît soudainement bien long (j’avoue avoir sauté des passages). La critique a été séduite par son originalité mais le public beaucoup moins. Elle: Lui :
Le brillant mais indiscipliné pilote Pete Mitchell, dit « Maverick », est sélectionné dans l’école réservée à l’élite de l’aéronavale, école surnommée Topgun. Là, il se retrouve face à un autre pilote brillant, d’un caractère tout à fait opposé au sien… Top Gun est un film d’action américain réalisé par Tony Scott. Même si elle agrémentée d’une petite romance, l’histoire dopée à la testostérone n’est pas le point fort du film et les dialogues sont bien pauvres. Ce qui frappe le spectateur, ce sont les scènes de vol, dotées d’un dynamisme et d’un réalisme encore jamais vu au cinéma (le seul prédécesseur un tant soit peu comparable est le Firefox de Clint Eastwood en 1982). L’immersion est totale. Le film connut un énorme succès, propulsant la carrière de Tom Cruise qui devint à 33 ans une star internationale et dans une moindre mesure celle de Kelly McGillis. A noter également la présence de stars en devenir : Meg Ryan, Tim Robbins, Val Kilmer. Après la sortie du film, l’US Navy indiqua que le nombre de candidatures pour devenir pilote avait augmenté de 500%! Elle: – Lui :
Remarque : • La suite n’est venue que 35 ans plus tard : Top Gun: Maverick (2022) de Joseph Kosinski avec Tom Cruise et Val Kilmer.
Anthony Edwards et Tom Cruise dans Top Gun de Tony Scott.Top Gun de Tony Scott.
Voir une vidéo expliquant les effets spéciaux de Top Gun sur Youtube… Rappelons qu’en 1986, le CGI n’était que balbutiant : ainsi, le film ne contient pas d’images calculées.
Ancien journaliste de guerre, Roger Ferris a été recruté par la CIA pour traquer l’un des leaders d’Al-Qaïda. Il reçoit ses ordres d’Ed Hoffman, chef de la division Moyen-Orient de la CIA, qui lui dicte ses ordres depuis sa villa de banlieue américaine, poursuivant en parallèle sa vie familiale tranquille d’Américain moyen. Il s’associe également avec le chef des services secrets jordaniens, dont il est difficile de gagner la confiance… Mensonges d’État est un film d’espionnage américain réalisé par Ridley Scott. Le scénario a été écrit par William Monahan en s’inspirant d’un roman du journaliste David Ignatius. Il convient de replacer ce film dans son époque, post-11 septembre, alors que le chef du mouvement terroriste était toujours recherché. Le récit, dans le style de John Le Carré, mêle assez brillamment réalité et fiction mais on peut lui reprocher de trop respecter les conventions du genre. La réalisation est parfaitement maitrisée. Ridley Scott est expert pour filmer avec plusieurs caméras ce qui facilite l’immersion et la vitalité. Leonardo DiCaprio fait une bonne prestation. Le film n’a pas eu le succès attendu. Elle: – Lui :
Après la faillite du cirque où il se représentait avec une très jeune dresseuse, un âne gris nommé Eo trouve le chemin de l’exode et traverse des moments de joie et de tristesse au gré des rencontres… EO est un film polonais réalisé par Jerzy Skolimowski. Le réalisateur affirme que le seul film qui l’a ému aux larmes est Au hasard Balthazar (de Robert Bresson, 1966) qu’il a vu à sa sortie. Reprenant ce modèle, son personnage central est donc un âne auquel il donne une personnalité et des émotions. Il n’y a que très peu de paroles. Contrairement à Bresson, Skolimowski ne cherche pas à dresser le portrait des humains qu’il cotoie, même s’ils sont présents et variés. Il tente juste, en fin de film, de donner un récit à deux de ces humains (interprétés par Isabelle Huppert et Lorenzo Zurzolo) sans vraiment y parvenir. Le film est bien entendu très surprenant dans le fond mais il l’est aussi dans la forme : le cinéaste expérimente parfois par des effets de lentilles ou de lumières stroboscopiques (heureusement dans des passages assez courts). Le film a reçu un très bon accueil critique. Elle: – Lui :
Sa femme ayant découvert un bracelet en diamant compromettant, Martin Cortland (Robert Benchley), célèbre producteur de Broadway, essaye de lui prouver qu’il ne court pas après la danseuse Sheila Winthrop (Rita Hayworth). Il demande alors à son chorégraphe Robert Curtis (Fred Astaire) de déclarer que le bracelet était en réalité un cadeau de sa part pour Sheila. Mais les choses vont se compliquer et il s’engage dans l’armée… You’ll Never Get Rich(1) est un film musical américain réalisé par Sidney Lanfield. Si Rita Hayworth est surtout connue aujourd’hui pour ses rôles de femme fatale, elle fut également une danseuse hors-pair au début de sa carrière. Elle le prouve ici dans ses duos avec Fred Astaire. Elle a une énergie que ses partenaires précédentes n’avaient pas. L’histoire est simplette mais on remarque que la représentation de la vie militaire dans ce film est encore prétexte à humour et comédie (nous sommes quelques mois avant Pearl Harbour). La musique est excellente avec plusieurs morceaux signés Cole Porter. Le film connut un grand succès ; il propulsa Rita Hayworth au statut de star (2) et permit à Fred Astaire de rebondir après sa séparation d’avec Ginger Rogers. Il tournera l’année suivante un second film avec Rita Hayworth,Your Were Never Lovelier de William A. Seiter (3). Elle: – Lui :
Fred Astaire, Rita Hayworth, Frieda Inescort et Robert Benchley dans L’amour vient en dansant (You’ll Never Get Rich) de Sidney Lanfield.
(1) Le titre original est extrait de la chanson « You’re in the Army Now » composée en 1917 : We’re in the Army now. We’re not behind a plow. We’ll never get rich diggin’ a ditch. We’re in the Army now. (= Nous sommes dans l’armée maintenant / Nous ne sommes pas derrière une charrue / Nous ne deviendrons jamais riches en creusant un fossé / Nous sommes dans l’armée maintenant.) Les cinéphiles connaissent bien cette chanson qui apparaît dans plusieurs films, notamment en version muette dans The Big Parade de King Vidor (1925) ou encore dans Rio Grande de John Ford (1950). A noter que, comme une réponse à Columbia, Warner sortira une comédie deux mois après celle-ci titrée You’re in the Army Now (1941) (film qui n’eut aucun succès).
Rita Hayworth
(2) La célèbre photo de Rita Hayworth posant en négligé sur son lit fut publiée par Life à la sortie de ce film. La photo a été prise par Bob Landry. Elle deviendra l’une de deux photos de pin-up les plus diffusées de la seconde Guerre Mondiale (l’autre étant une photo de Betty Grable de 1943).
(3) Rita Hayworth déclarera plus tard : « I guess the only jewels in my life are the pictures I made with Fred Astaire » (Je peux dire que les seuls joyaux de ma vie sont les films que j’ai fait avec Fred Astaire).
Abandonnés par leur mère en 1948, deux petits garçons de 5 et 7 ans s’enfuient dans la forêt. Ils vont y survivre pendant sept années et tisser un lien qui les unira à jamais. Des décennies plus tard, les deux frères quittent tout pour se retrouver. Mais le passé et les secrets sont toujours là, même à l’autre bout du monde… Frères est un film français écrit et réalisé par Olivier Casas, inspiré d’une histoire vraie. C’est une histoire assez incroyable, où deux jeunes enfants, se cachant pour une fausse raison, se retrouvent livrés à eux-mêmes pendant plusieurs années, ce qui va créer un lien très fort et indéfectible entre eux. La mise en scène n’est pas très habile, jouant excessivement avec les flashbacks et la double temporalité du récit. Le début, un peu confus du fait de cette construction, n’est pas très réussi. Mais ensuite, le récit nous happe entièrement par sa puissance et sa singularité. Cette histoire est si incroyable à nos yeux actuels que certains journalistes ont mis en doute sa véracité (1). Accueil plutôt frileux de la critique. Elle: Lui :
(1) Si c’est aussi votre cas, écoutez le récit de Michel de Robert qui a aujourd’hui 78 ans : « Les enfants de la forêt », France Culture, podcast Les pieds sur terre, 25 avril 2024. Son récit, plus détaillé que le film, permet de comprendre un peu mieux comment ils ont pu survivre. Lire aussi sa réponse aux journalistes sceptiques de Sud-Ouest… D’autre part, comme nous le rappelle une mention en fin de film, beaucoup d’enfants se sont retrouvés livrés à eux-mêmes dans les années de l’après-guerre.
Enzo Bonnet et Victor Escoudé-Oury dans Frères de Olivier Casas.Mathieu Kassovitz et Yvan Attal dans Frères de Olivier Casas.
Professeur de philosophie, Gary Johnson vit seul et mène une existence très ordinaire si ce n’est qu’il arrondit ses fins de mois en effectuant des planques pour la police de la Nouvelle-Orléans. Un jour, il se trouve embarqué dans une vraie mission d’infiltration. Le voilà tueur à gages ! Hit Man est un film américain réalisé par Richard Linklater. Il en a coécrit le scénario avec l’acteur Glen Powell. Si la base de l’histoire (inspirée d’une histoire vraie) est plutôt originale, le développement (inventé par les scénaristes) l’est un peu moins car nous nous retrouvons rapidement dans un genre romantique plus banal. Les scènes où le héros se déguise pour jouer un rôle de tueur à gages sont remarquables et amusantes mais le reste peine à nous intéresser vraiment. La fin amorale a juste le mérite de nous surprendre. Le film n’est pas sorti en salles en France. Il est sorti brièvement aux Etats-Unis mais l’essentiel de sa distribution se fait en streaming. Plaisant. Elle: – Lui :
Rejeté par la communauté des autres égyptologues en raison de ses théories sur les pyramides d’Égypte qui seraient selon lui des lieux d’atterrissage de vaisseaux spatiaux, le docteur Daniel Jackson est recruté pour travailler sur un projet secret de l’armée américaine… Stargate, la porte des étoiles est un film américain de science-fiction réalisé par Roland Emmerich. Le scénario résulte de la mise en commun de deux histoires, l’une de Romand Emmerich et l’autre du scénariste Dean Devlin. Basé sur l’idée de donner une explication ufologique à la présence des pyramides, le récit se révèle finalement plutôt décevant dans son développement car il est peu riche en évènements. En revanche, les clichés abondent. Les dialogues sont bien pauvres. Il y a cependant quelques bonnes trouvailles et l’ensemble forme un spectacle divertissant. Le film fut un succès et l’idée de base fut exploitée plus profondément (et plutôt mieux semble-t-il) dans une série Stargate SG-1. Plusieurs autres séries suivirent mais les suites au long métrage ne virent jamais le jour. Elle: – Lui :
En l’an 1159 au Japon, les luttes entre clans font rage. Celui du Minamoto tente de renverser le Taira au pouvoir. Afin de protéger la fuite de la princesse, une de ses dames de compagnie, Kesa,se porte volontaire pour être envoyée comme leurre sous la protection du valeureux guerrier Morito. Celui-ci tombe sous le charme de Kesa mais ignore qu’elle est déjà mariée… La Porte de l’enfer est un film japonais de Teinosuke Kinugasa. Il en a cosigné le scénario avec son producteur, Masaichi Nagata (producteur habituel de Mizoguchi). Il s’agit de la libre adaptation d’une pièce de Kan Kikuchi, elle-même très librement inspirée du récit historique Gempei Seisuki. Le film est le premier film en couleurs japonais à avoir atteint l’occident et ces couleurs sont flamboyantes, tout en restant fondues. Le directeur de la photographie Kohei Sugiyama a utilisé un Eastmancolor modifié qui fait ressortir les couleurs vives. Certaines scènes ont des dominantes de couleurs (rouge et orange lors de la révolte, bleue durant la course de chevaux, des touches de rose dans les scènes de nuit). Les cadrages sont très travaillés avec souvent un ou plusieurs cadres dans le cadre. L’histoire reste très simple (et inexacte sur le plan historique) mais ce qui frappe nos yeux d’occidentaux est la violence des passions associé à la grande retenue des comportements et à une esthétique enchanteresse. La force du film est là. Palme d’or à Cannes 1954, sous la présidence de Jean Cocteau pour qui le film possédait « les plus belles couleurs du monde ». Le film fut moins bien reçu au Japon (1). Elle: – Lui :
(1) Lire à ce sujet un article intéressant qui souligne les différences de perception et avance que le film est fait (consciemment ou inconsciemment) pour un public occidental : Koichi Nakamura, June H. Nakamura et John Allyn, « Love and Death in the Japanese Cinema (3): Re-evaluation of Gate of Hell (Jigokumon) », Bulletin, Faculty of Arts, Tokyo Institute of Polytechnics, vol. 3, 1997, p. 23-27. >> De plus, il semble que les couleurs exubérantes de l’Eastmancolor soient moins attirantes aux yeux d’un japonais qui préférera souvent les couleurs pastels et fondues. >> Enfin, certains critiques occidentaux s’étaient moqués à l’époque de leurs homologues japonais (qui avaient tous ignoré le film), sous-entendant que les critiques japonais étaient incapables de déceler les grands films de leur cinéma. Ce qui fut très mal perçu au Japon.
Kazuo Hasegawa et Machiko Kyô dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa.Koreya Senda, ?, Kazuo Hasegawa, et Isao Yamataga dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa. Isao Yamataga et Machiko Kyô dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa.