24 mars 2012

One is business, the other crime (1912) de David W. Griffith

One Is Business, the Other Crime(Court métrage de 15 min) Deux mariages ont lieu le même jour. Nous retrouvons les deux couples un peu plus tard : l’un est pauvre, le mari qui ne trouve pas de travail est tenté de voler malgré les promesses faites à sa femme. L’autre couple est riche mais le mari est tenté d’accepter un pot de vin dans le cadre d’un vote pour l’attribution d’un marché… Avec One Is Business, the Other Crime, D.W. Griffith veut montrer comment la malhonnêteté peut exister à tous les niveaux, motivée soit par le besoin de survie, soit par l’appât du gain. Il crée ainsi un parallèle entre les deux extrémités de l’échelle sociale. Dans les deux cas, il suffira d’un déclencheur pour rester dans le droit chemin. Le film est solidement interprété avec un ton très juste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles West, Dorothy Bernard, Edwin August, Blanche Sweet
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Remarques :
Le film a visiblement été tourné un jour de grand vent ! Tous les plans extérieurs montrent les arbres secoués par un fort vent. Ce genre de détail nous rappelle à quel point les films étaient tournés très rapidement, sur une ou deux journées le plus souvent.

23 mars 2012

Non ma fille, tu n’iras pas danser (2009) de Christophe Honoré

Non ma fille, tu n'iras pas danserSéparée de son mari, Léna a bien du mal à trouver son équilibre malgré sa relation très fusionnelle avec ses deux enfants. Sa mère, sa sœur et même son ex-mari tentent de l’aider mais Léna refuse que l’on pense pour elle, que l’on choisisse à sa place ce qui est bon pour elle… Non ma fille, tu n’iras pas danser est donc un portrait de femme fragilisée en butte à son entourage proche. Si le début du film nous fait ressentir une inévitable empathie pour Léna face à cette famille qui tente de régimenter sa vie, son aptitude à choisir les mauvaises solutions et sa totale incohérence finissent par la rendre plutôt agaçante. On se détache alors de l’histoire. L’intermède de la légende bretonne au milieu du film parait assez inutile (une jeune fille qui avait placé la barre si haute pour se marier qu’elle dut convoler avec le Diable en personne) et certaines personnages, telle la sœur de Léna, semblent assez mal définis.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Chiara Mastroianni, Marina Foïs, Marie-Christine Barrault, Jean-Marc Barr, Louis Garrel
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22 mars 2012

Hammett (1982) de Wim Wenders

HammettEn 1928 à San Francisco, un ex-détective privé devenu écrivain d’histoires policières se trouve impliqué dans la recherche d’une jeune fille mystérieusement disparue. Son enquête le mène à Chinatown… Grand admirateur du film noir américain, Wim Wenders lui rend hommage par cette évocation du fondateur du roman noir, Dashiell Hammett (1). L’idée est de plonger l’écrivain dans l’univers de ses écrits ce qui constitue une approche originale. Hammett fait partie de la période américaine du réalisateur allemand Wim Wenders qui dut ici collaborer avec un producteur assez intrusif, Francis Ford Coppola. Les visions des deux cinéastes étaient trop différentes, la production fut donc « longue et difficile ». Une première version, plus centrée sur l’écrivain que sur le détective, fut tournée et refusée par Coppola (2). Le résultat final apparaît comme un compromis où la patte de Wenders se ressent de manière un peu plus diffuse que dans ses autres films : un certain détachement et une façon d’aller chercher l’essence de l’époque. L’atmosphère est particulièrement bien rendue, assez épaisse, intense. Hammett est un beau film noir qui se regarde avec plaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frederic Forrest, Peter Boyle, Marilu Henner, Roy Kinnear, Elisha Cook Jr.
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Remarque :
Le superbe plan de la machine à écrire vue par le dessous des touches aurait été soufflé à Wenders par Samuel Fuller. Le réalisateur fait d’ailleurs une petite apparition dans une scène, dans la salle de jeux.

(1) C’est Dashiell Hammett qui a donné un ton nouveau aux histoires policières à la fin des années 20 en durcissant ses personnages, créant ainsi le genre des hard-boiled detective stories (« hard-boiled » = dur à cuire). Son détective ne s’en laisse pas conter car il a à faire face à des adversaires pas toujours très tendres. Raymond Chandler est un peu le fils spirituel de Dashiell Hammett. Plusieurs romans de Dashiell Hammett ont été adaptés au cinéma : Le Faucon Maltais (adapté 3 fois), La Clé de Verre et L’introuvable pour ne citer que les plus célèbres.
(2) Dans la première version, l’amie de Hammett était interprétée par Ronee Blakley, alors épouse de Wenders. Ils divorcèrent entre les deux versions et elle fut donc remplacée ! Presque tous les acteurs furent remplacés d’ailleurs mais Frederic Forrest figure dans les deux (entre les deux versions, il a tourné Coup de Cœur de Coppola).

21 mars 2012

En marge de l’enquête (1947) de John Cromwell

Titre original : « Dead Reckoning »

En marge de l'enquêteDe retour de la guerre, deux militaires officiers et frères de combat sont en route pour Washington pour y être décorés de la plus haute distinction. C’est alors que l’un des deux s’enfuit et disparaît sans laisser de traces. Intrigué, son ami tente de le retrouver et découvre une bien sombre affaire… En marge de l’enquête est une tentative de Columbia de reproduire les succès d’Humphrey Bogart à la Warner (1), tel Le Grand Sommeil. Le scénario n’est pas signé Raymond Chandler mais il pourrait l’être tant il est dans le même esprit et la jeune Lizabeth Scott calque son jeu sur celui de Lauren Bacall et reprend même sa voix un peu rauque. Le film est d’un grand classicisme dans le sens où y figurent tous les composants typiques du film noir : femme fatale, histoire embrouillée qui réserve bien des surprises, des sbires cogneurs, du chantage, des meurtres, … En marge de l’enquête n’en est pas moins très bien fait avec un Bogart toujours aussi parfait. Alors il ne faut surtout pas bouder son plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Lizabeth Scott, Morris Carnovsky, Charles Cane, William Prince
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(1) Humphrey Bogart avait été prêté à Columbia par la Warner pour un film.

Remarques :
* Le plan le plus remarqué du film a été le plan final, cette très belle symbolisation de la mort avec le parachute. C’est très probablement la première représentation de la mort à la première personne.

Harry Truman et Lauren Bacall * En dehors de la voix de Lizabeth Scott, il y a une autre allusion à Lauren Bacall dans Dead Reckoning : dans le train, quand les deux amis réalisent qu’ils vont être décorés par le Président, l’un d’eux dit à l’autre « Peut-être qu’il te laissera t’asseoir sur son piano ». C’est une allusion à une photo qui avait fait grand scandale en 1945 où l’on voyait Harry Truman (alors vice-président) assis devant un piano au sommet duquel est assise Lauren Bacall. La photo a été prise au National Press Club lors d’un cocktail où Charles Enfield, du service de la publicité de Warner Bros, avait poussé l’actrice à s’asseoir sur le piano.

20 mars 2012

Bright Star (2009) de Jane Campion

Bright StarLe film de Jane Campion dépeint la rencontre et  la liaison amoureuse non consommée du poète romantique anglais John Keats avec sa voisine Fanny Brawne. Bright Star est le titre d’un des poèmes qu’il lui a dédié. Ils étaient tous deux très jeunes et bien entendu peu connus puisque le talent de Keats ne fut reconnu qu’après sa mort… Jane Campion sait éviter tout le maniérisme des films biographiques (« biopics ») ou même des films historiques. Elle traite cette histoire d’amour avec beaucoup de délicatesse et laisse s’exprimer toute l’innocence de leur relation. Elle parvient même à apporter une touche de modernité en dotant son héroïne d’un certain caractère. L’image, très belle, contribue à cette impression de délicate beauté qui se dégage du film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox
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19 mars 2012

La maison des Bories (1970) de Jacques Doniol-Valcroze

La maison des BoriesEminent géologue, Julien Durras vit avec sa femme Isabelle et ses deux enfants dans une petite bastide héritée de ses parents, « La maison des Bories ». Plus âgé que sa femme et très ancré sur ses principes, il paraît bien rigide dans la vie de tous les jours et plutôt sévère sur l’éducation des enfants. L’arrivée d’un jeune assistant allemand venu traduire ses écrits va apporter un surcroît de vie… On ne peut pas accuser Jacques Doniol-Valcroze d’avoir cherché la facilité en surfant sur les idées de son temps. Au lendemain de Mai 68, alors que fleurit une certaine liberté des mœurs, il adapte un roman de Simonne Ratel (écrit en 1932), une histoire où les personnages montrent beaucoup de retenue dans leurs comportements et leurs sentiments. Mieux encore, il harmonise certaines de ses scènes avec la musique de Mozart, tout en gardant de la place pour les dialogues comme dans cette scène de promenade au bord de la rivière. Grâce à cette beauté délicate et son côté très civilisé, La maison des Bories traverse très bien le temps et montre beaucoup de charme aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie Dubois, Maurice Garrel, Mathieu Carrière
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Remarques :
* A noter, une belle scène d’amour simulée par une habile juxtaposition de plans.
* Jacques Doniol-Valcroze est l’un des fondateurs de la revue Les Cahiers du Cinéma.

17 mars 2012

Meurtre à Yoshiwara (1960) de Tomu Uchida

Titre original : « Yoto monogatari: Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri »

Meurtre à YoshiwaraPatron d’un atelier de tissage prospère, Jirozaemon voudrait se marier mais une vilaine tâche de naissance sur le côté droit de son visage effraie toutes les femmes rencontrées. Pour lui changer les idées, son plus gros client l’emmène à Yoshiwara, quartier de Edo (aujourd’hui Tokyo), dans une maison de plaisirs. Toutes les geishas refusent sa compagnie sauf Tsuru, une ancienne taularde. Il va dépenser sans compter pour son apprentissage de courtisane… Tomu Uchida adapte ici une pièce du théâtre traditionnel japonais qui oppose la bonté à la cupidité et à l’égoïsme. C’est un mélodrame rendu puissant par le traitement du réalisateur et une interprétation très juste. L’image est étonnamment belle, un superbe cinémascope en couleurs, le format large étant particulièrement bien exploité par le réalisateur : beaucoup de plans sont de toute beauté. Le film a aussi un côté presque documentaire car il nous montre à la fois certains rites sociaux dans le commerce et surtout le fonctionnement du quartier des geishas, avec ses codes et ses tensions. Meurtre à Yoshiwara est un très beau film doté d’un final superbe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chiezo Kataoka, Yaeko Mizutani, Isao Kimura
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16 mars 2012

Le facteur sonne toujours deux fois (1981) de Bob Rafelson

Titre original : « The postman always rings twice »

Le facteur sonne toujours deux foisEn chemin vers l’Ouest, Frank Chambers s’arrête dans un café-station service. Il accepte de faire embaucher comme mécanicien après avoir vu Cora, la jolie femme du patron… Lorsque Tay Garnett a tourné Le facteur sonne toujours deux fois en 1946, il dut user de beaucoup de subtilité pour éviter le couperet de la censure. Ce n’est bien entendu plus le cas en 1981 et Bob Rafelson peut librement exprimer toute la sexualité animale du roman de James Cain, replacé ici dans son époque d’origine, la Grande Dépression. Rafelson fait appel à un auteur dramatique, David Mamet, dont c’est ici le premier scénario. Ils gomment la narration au maximum : rien n’est expliqué, on saute d’une scène à l’autre sans transition, à tel point que le film doit être délicat à comprendre pour le spectateur qui ne connait pas l’histoire à l’avance. En revanche, ils montrent beaucoup, souvent assez crûment. Le film est d’ailleurs surtout célèbre par sa scène de la cuisine, scène qui commence comme un viol et qui finit en étreinte torride. Comme on peut le pressentir en voyant l’affiche, nous sommes bien loin de la subtilité et de la suggestion de la version de Tay Garnett. Certains commentateurs ont souligné le réalisme social du film mais, sur ce point, la version de Rafelson paraît bien en deçà de la version de Visconti.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Jessica Lange, John Colicos
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Le roman de James Cain a été porté 4 fois à l’écran :
Le dernier tournant de Pierre Chenal (1939) avce Michel Simon et Fernand Gravey
Ossessione (Les amants diaboliques) de Visconti en 1943.
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) célèbre film noir de Tay Garnett (1946) avec le couple Lana Turner / John Garfield,
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Bob Rafelson en 1981 avec Jessica Lange et Jack Nicholson.
En outre, Chair de Poule de Julien Duvivier (1963) avec Robert Hossein et Catherine Rouvel présente de grandes analogies avec le roman de James Cain.

15 mars 2012

Le facteur sonne toujours deux fois (1946) de Tay Garnett

Titre original : « The postman always rings twice »

Le facteur sonne toujours deux foisVoyageant là où ses pas le portent, Frank Chambers se laisse engager dans un restaurant-station service au bord d’une route. Le propriétaire affable a une femme bien plus jeune que lui, Cora. Frank est immédiatement attiré par Cora… La M.G.M. a acheté dès 1935 les droits du livre de James Cain Le facteur sonne toujours deux fois mais le Code Hays interdisait de porter à l’écran cette histoire d’attirance sexuelle poussant au crime. Plutôt que de montrer, Tay Garnett dut utiliser la suggestion ; le film est ainsi assez représentatif de la forme de l’érotisme dans le cinéma américain des années quarante. Tay Garnett accentue l’un des éléments qui font toute l’originalité du roman : la femme du Facteur sonne toujours deux fois n’a rien d’une femme fatale à la sensualité perfide et qui fréquente des lieux interlopes. Le facteur sonne toujours deux fois Lana Turner ressemble à une américaine moyenne, sportive et gaie, avec des désirs simples en dehors de toute extravagance. Elle est aussi terriblement belle, toute habillée de blanc. Comme le font remarquer Borde et Chaumeton (1), le slogan du film aurait pu être : «Si l’aviez connue, vous auriez fait comme lui !» Cette histoire se déroule dans l’Amérique ordinaire et c’est bien cela qui avait de quoi affoler la censure. Le film fut un grand succès. Bien que situé à la lisière du genre, Le facteur sonne toujours deux fois est l’un des plus beaux films noirs des années quarante.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Lana Turner, John Garfield, Cecil Kellaway, Hume Cronyn, Leon Ames, Audrey Totter
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Remarques :
Le facteur sonne toujours deux foisLe sens du titre Le facteur sonne toujours deux fois n’est pas d’une grande évidence. Il n’y a bien entendu aucun facteur, réel ou symbolique, dans cette histoire. James Cain a donné plus tard l’explication : il a soumis son manuscrit à treize éditeurs avant d’être accepté par le quatorzième et il avait la hantise de son facteur qui lui apportait les manuscrits retournés. Même s’il allait au fond de son jardin pour ne pas l’entendre, il l’entendait toujours car il sonnait toujours deux fois !
Le facteur sonne toujours deux foisLe film de Tay Garnett en donne une autre explication, un peu vaseuse, il faut bien le reconnaître : le facteur est Dieu qui, s’il ne punit pas pour le premier crime, punira pour le second. Il reprend aussi l’image du second coup de sonnette que l’on entend jusqu’au fond de son jardin.

(1) Borde et Chaumeton « Panorama du film noir américain 1941-1953 », remarquable étude parue en 1955.

Le roman de James Cain a été porté 4 fois à l’écran :
Le dernier tournant de Pierre Chenal (1939) avec Michel Simon et Fernand Gravey
Ossessione (Les amants diaboliques) de Visconti en 1943.
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) célèbre film noir de Tay Garnett (1946) avec le couple Lana Turner / John Garfield,
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Bob Rafelson en 1981, version plus racoleuse avec Jessica Lange et Jack Nicholson.
En outre, Chair de Poule de Julien Duvivier (1963) avec Robert Hossein et Catherine Rouvel présente de grandes analogies avec le roman de James Cain.

14 mars 2012

Le train sifflera 3 fois (1952) de Fred Zinnemann

Titre original : « High Noon »

Le train sifflera 3 foisAlors qu’il vient de se marier le matin même et qu’il s’apprête à rendre son étoile de shérif, Will Kane apprend qu’un truand qu’il a fait enfermer quelques années auparavant sera de retour par le train de midi. Tout le monde sait qu’il revient pour régler ses comptes. Ses sbires l’attendent déjà sur le quai. Le shérif Kane tente de convaincre la population de l’aider à affronter le hors-la-loi… Le train sifflera 3 fois est l’un des westerns les plus connus et appréciés du grand public. Sa construction est remarquable puisque le film se déroule en temps réel sur 85 minutes, le temps étant ponctué par des plans d’horloge régulièrement espacés et appuyés par une musique évoquant un tic-tac (1). Les scènes d’action sont donc ainsi regroupées à la fin, après midi. Le train sifflera 3 fois Le film est aussi une fable politique déguisée puisque cette histoire de shérif abandonné lâchement par sa population permettait de décrire la chasse aux sorcières et le maccarthysme (2). L’image est en noir et blanc, lumineux et sans ombre, ce qui est original. Le train sifflera 3 fois divise les cinéphiles, certains fustigent sa simplicité. Si le film n’est pas parfait, si l’on peut regretter le statisme de certaines scènes, l’ensemble fonctionne parfaitement et se révèle être particulièrement intense. Gary Cooper est admirable en shérif fatigué et déçu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Thomas Mitchell, Lloyd Bridges, Katy Jurado, Grace Kelly, Otto Kruger, Lon Chaney Jr., Harry Morgan, Lee Van Cleef
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(1) Le producteur Stanley Kramer a affirmé par la suite que cette construction avait en réalité été faite au montage, affirmation qui avait probablement pour unique but de discréditer le scénariste et producteur associé Carl Foreman. Cette version des faits a toujours été formellement contestée par Zinnemann, montrant le scénario original et le plan de travail comme preuves.
(2) Pendant la production de High Noon, le scénariste (et producteur) Carl Foreman fut convoqué devant la commission HUAC (House Un-American Activities Committee) pour avoir brièvement été membre du parti communiste dix ans plus tôt. Il fut ensuite placé sur liste noire après avoir refusé de donner des noms. Ne pouvant plus travailler, il émigra en Angleterre pour continuer d’écrire sous un pseudonyme.

Remarques :
* La chanson Do Not Forsake Me, Oh, My Darlin’ est chantée par Tex Ritter. Elle a été reprise en français par John Williams sous le titre Si toi aussi tu m’abandonnes.
* Le train sifflera 3 fois marque les débuts de Lee Van Cleef au cinéma. C’est aussi le premier grand rôle pour Grace Kelly.
* Le (superbe) film Rio Bravo (1959) est souvent présenté comme la réponse d’Howard Hawks et de John Wayne à High Noon. John Wayne a d’ailleurs décrit le film High Noon comme étant « un-american » (littéralement « qui ne porte pas les valeurs de l’Amérique » mais le terme a été souvent employé, notamment lors du maccarthysme, pour désigner les communistes… c’est tout à fait du John Wayne de faire une telle déclaration!)