17 août 2023

The Suicide Squad (2021) de James Gunn

The Suicide SquadLes super-vilains Harley Quinn, Bloodsport, Peacemaker, King Shark, Ratcatcher 2 et Polka-Dot Man, enfermés à la prison de Belle Reve, rejoignent la Task Force X, dite la « Suicide Squad », d’Amanda Waller, qui les envoie sur l’île de Corto Maltese pour effacer toute trace d’un projet top-secret : le projet Starfish. Mais une fois sur place, ils vont découvrir une réalité bien plus sinistre que tout ce qu’ils ont eu à affronter jusque-là…
The Suicide Squad est un film de super-héros américain écrit et réalisé par James Gunn. Dixième film de l’univers cinématographique DC de la Warner, il s’agit d’une suite indépendante du film Suicide Squad de David Ayer, sorti en 2016 (que, personnellement, je n’ai pas vu mais qui est plutôt mal considéré malgré son succès). Le tout s’inspire de la bande dessinée DC Comics du même nom dont l’idée de base est de donner à des super-vilains des missions-suicides pour sauver le monde (ou les Etats-Unis, les américains diront que c’est la même chose…) Cette variation ici présente est assez plaisante. Elle repose sur des scènes d’action spectaculaires et inédites, et aussi sur un humour alimenté par les relations saugrenues entre les personnages qui sont vraiment très… particuliers. A mes yeux, le personnage le plus réussi est Harley Quinn (Margot Robbie), anti-héroïne issue de l’univers Batman : toutes ses scènes sont pleines d’humour et assez jouissives. Bien que plus appréciée, cette suite n’est pas parvenue à égaler le nombre d’entrées de son prédécesseur homonyme, la pandémie expliquant en partie cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margot Robbie, Idris Elba, John Cena, Daniela Melchior, Joel Kinnaman, Michael Rooker, Viola Davis
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The Suicide SquadMargot Robbie dans The Suicide Squad de James Gunn.

16 août 2023

La Dérive des continents (au sud) (2022) de Lionel Baier

La Dérive des continentsEn Sicile début 2020, Nathalie, une officielle de l’Union européenne est chargée d’organiser une visite « impromptue » du Président français et de la chancelière allemande. Elle collabore pour cela avec deux délégués gouvernementaux français et allemand. Nathalie a la stupeur de retrouver là Albert, son fils, avec qui elle a perdu contact à la suite de son divorce ; il travaille dans le camp comme bénévole d’une ONG…
La Dérive des continents (au sud) est co-écrit et réalisé par le suisse Lionel Baier. Il semble s’inscrire dans une tétralogie sur l’Europe, venant après Comme des voleurs (à l’est) en 2006 et Les Grandes Ondes (à l’ouest) en 2013, films qui n’ont eu qu’une distribution très limitée en dehors de Suisse. Celui-ci a été plus remarqué grâce à une sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2022. Le début est prometteur mais hélas le film s’embourbe rapidement dans une relation mère-fils compliquée et peu intéressante. Le volet politique est classique, utilisant la crise des migrants pour fustiger les institutions européennes et les institutions en général. Il y a également d’autres thématiques abordées, les relations homosexuelles, la religion et même l’humour (à moins que la scène grotesque du météorite ait un sens allégorique caché). L’ensemble paraît très mou, légèrement démagogique et manque de direction.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Ursina Lardi
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La Dérive des continentsThéodore Pellerin et Isabelle Carré dans La Dérive des continents (au sud) de Lionel Baier.

Remarque :
• J’ai été très étonné de lire après coup que Laurent Baier n’est pas anti-européen. Le réalisateur précise dans son dossier de presse : « S’il y a bien une chose à laquelle je crois, c’est la construction européenne. A mes yeux, c’est le seul rempart contre la barbarie et le nationalisme, que j’exècre. Comme l’Union européenne est un espace démocratique, il est de notre devoir de la questionner, de nous en amuser, de la critiquer. Mais je crois sincèrement et profondément en l’Europe, et même en ses bureaucrates ! Ils sont un moindre mal face à la guerre et aux anéantissements du passé. »

14 août 2023

Le Grand Mouvement (2021) de Kiro Russo

Titre original : « El gran movimiento »

Le Grand mouvement (El gran movimiento)Elder arrive à pied à La Paz après sept jours de marche pour protester avec ses amis mineurs contre leur renvoi des mines d’étain de Huanuni. Peu après, il tombe malade et la métropole l’asphyxie peu à peu. De son côté, Max, sorcier des rues, sillonne sans relâche les confins de la ville quand il n’est pas dans la forêt proche pour se ressourcer…
Le Grand Mouvement est un film écrit, réalisé et monté par le bolivien Kiro Russo, son second long métrage après Viejo calavera (2016, non distribué en France). Le cinéaste précise : « Le cinéma est pour moi une recherche constante, esthétique et politique. Le Grand mouvement, c’est quelque chose d’organique, mais qui implique le cinéma en tant que langage. » En plus de ses deux personnages principaux, il met en scène la ville de La Paz (capitale la plus haute du monde, à 3600 mètres) pour nous en dresser un portrait inhabituel. Il en montre la frénésie, mais surtout la pauvreté, sans effet dramatique. Kino Russo multiplie aussi les recherches esthétiques, avec une grande utilisation du zoom, des plans surprenants et des transitions audacieuses en surimpression. Le montage est aussi utilisé pour appuyer certains caractères de sa ville. Les acteurs sont des non-professionnels, le sorcier est dans la réalité assez proche de son personnage. Tout n’est pas réussi mais le réalisateur montre un indéniable talent pour créer un film à nul autre pareil. Le film a bénéficié de bonnes critiques mais n’a été que peu distribué en France.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Max Bautista Uchasara, Julio César Ticona
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Le Grand mouvement (El gran movimiento)Les marchés de La Paz dans Le Grand Mouvement (El gran movimiento) de Kiro Russo.

13 août 2023

Un endroit comme un autre (2020) de Uberto Pasolini

Titre original : « Nowhere Special »

Un endroit comme un autre (Nowhere Special)A Belfast, John, un laveur de vitres trentenaire, élève seul son fils Michael de 4 ans depuis que sa mère est rentrée en Russie sans laisser d’adresse. Souffrant d’une maladie mortelle et incurable, il souhaite choisir la famille adoptive idéale pour son petit garçon…
Un endroit comme un autre est un film écrit et réalisé par Uberto Pasolini (1). Le film est inspiré d’une histoire qu’il a lue dans le Daily Mail. Il en fait un récit doté de sensibilité décrivant les relations (certes un peu idéalisées) entre un père aimant et son jeune bambin, assez taciturne mais qui semble comprendre instinctivement beaucoup. Avec une employée des services sociaux, ils visitent plusieurs familles reconnues aptes à l’adoption. Le réalisateur a su éviter tout excès de mélodrame parvenant à exprimer par petites touches toute la détresse de ce père qui ne verra pas grandir son fils. Le duo est touchant et l’interprétation parfaite.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Norton, Daniel Lamont, Eileen O’Higgins
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(1) Uberto Pasolini n’a aucun lien de parenté avec Pier Paulo Pasolini. En revanche, il est le neveu de Luchino Visconti et le petit fils du comte Giuseppe Pasolini (1815-1876), un homme politique qui a joué un grand rôle dans l’Italie du XIXe siècle. Il est établi à Londres. Il a connu le succès en tant que producteur de The Full Monty (1997). Un endroit comme un autre est son troisième long métrage en tant que réalisateur.

Un endroit comme un autre (Nowhere Special)Daniel Lamont et James Norton dans Un endroit comme un autre (Nowhere Special) de Uberto Pasolini.

11 août 2023

Le Fils de Jean (2016) de Philippe Lioret

Le Fils de JeanÀ trente-trois ans, Mathieu Capelier ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique du Canada lui apprend que celui-ci, Jean Edel, qui vivait là-bas, vient de mourir accidentellement. Mathieu décide de faire un aller-retour de trois jours à Montréal afin d’en apprendre davantage sur ce géniteur qu’il n’a jamais connu et rencontrer ses frères…
Le Fils de Jean est un film franco-canadien réalisé par Philippe Lioret, inspiré du roman Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de l’écrivain français Jean-Paul Dubois paru en 1999. Sur le thème de la filiation, c’est un récit très délicat doté d’un équilibre rare : le cinéaste donne la juste place aux sentiments, à l’émotion. Tous les éléments du récit semblent parfaitement à leur place. Il n’y aucun coup d’éclat et pourtant l’ensemble est intense. Les interprétations Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand sont tout en retenue et en subtilité. Il est rare qu’un film montre une telle harmonie.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine De Léan, Marie-Thérèse Fortin, Pierre-Yves Cardinal, Patrick Hivon
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Le Fils de JeanGabriel Arcand et Pierre Deladonchamps dans Le Fils de Jean de Philippe Lioret.

10 août 2023

Kung Fu Panda (2008) de Mark Osborne et John Stevenson

Kung Fu PandaPo est un jeune panda, serveur dans le petit restaurant de son père adoptif et grand fan d’arts martiaux. A la suite d’un concours de circonstances, il est choisi pour devenir le Guerrier Dragon qui ira affronter le terrible Tai Lung et sauver ainsi la vallée de la destruction…
Kung Fu Panda est un film d’animation américain produit par DreamWorks Animation, réalisé par Mark Osborne et John Stevenson. L’histoire est pour le moins inattendue, originale et farfelue. L’humour est constant, sans facilité ni lourdeur. Les scènes d’action sont amusantes et spectaculaires. Les dialogues sont plutôt intelligents. A l’époque, lassé des films anthropomorphiques de Dreamworks, je n’avais pas cherché à voir ce film. J’ai manifestement eu tort car c’est l’un des meilleurs du genre. Gros succès, le film eut deux suites.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Black, Dustin Hoffman, Angelina Jolie, Ian McShane, Jackie Chan, Seth Rogen, Lucy Liu
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Kung Fu PandaKung Fu Panda de Mark Osborne & John Stevenson.

9 août 2023

A plein temps (2021) de Eric Gravel

À plein tempsJulie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale des transports éclate et c’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer…
À plein temps est un film français écrit et réalisé par Éric Gravel, son second long métrage après Crash Test Aglaé en 2017. Il dresse le portrait d’une femme en mauvaise posture qui se bat avec obstination et une énergie folle pour améliorer sa condition. Certes, on peut trouver que l’accumulation d’obstacles est un peu exagérée mais c’est le format condensé d’un film d’1h30 qui nécessite cela. Laure Calamy fait une superbe prestation, exprimant bien l’énergie et la force de caractère de son personnage. Eric Gravel a su parfaitement filmer cette course effrénée, avec une caméra toujours à la bonne distance et un montage vif. Seule la musique est de trop, une musique électro omniprésente et stressante qui est rapidement désagréable. L’histoire est déjà suffisamment angoissante, elle n’avait pas besoin de ce surcroît de stress. Le film a été très bien accueilli, à la fois par la presse et le public.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich, Cyril Gueï
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À plein tempsLaure Calamy dans À plein temps de Eric Gravel.

7 août 2023

Les Chiffres (1966) de Wojciech Has

Titre original : « Szyfry »
Autre titre français Parfois utilisé : « Les Codes »

Les chiffres (Szyfry)Après avoir reçu une lettre de son fils, Tadeusz, qui vit en France depuis vingt ans, décide de rendre visite à sa famille en Pologne. Le père et le fils sont maintenant très distants, la femme de Tadeusz est en clinique. Lui, il veut comprendre ce qui est arrivé à son second fils. Est-il vraiment mort pendant la guerre ?
Les chiffres (titre à comprendre dans le sens « langage chiffré ») est un film écrit et réalisé par Wojciech J. Has. Il traite de la question de la mémoire collective polonaise sur la Seconde Guerre mondiale. Le personnage principal, qui a coupé tous liens avec son pays pendant la guerre, cherche à obtenir des informations sur les circonstances de la mort de son fils cadet mais n’obtient pas de réponses franches, y compris de sa propre famille. Les explications données lui paraissent cacher quelque chose, comme s’il s’agissait d’un langage codé. La question soulevée par ce récit est  donc l’attitude de la population durant l’Occupation, une question qui a été évitée en Pologne pendant les vingt ans qui ont suivi, escamotée au profit des faits de combat. A cette histoire, Wojciech Has ajoute un deuxième niveau, qui mériterait tout autant d’être qualifié de « langage codé » : le cinéaste insère des plans oniriques dont le sens profond ne saute pas immédiatement aux yeux (j’avoue avoir eu besoin d’aide pour comprendre, voir le lien ci-dessous). En fait, il aborde par ces séquences le thème de l’occultation faite par les régimes socialistes de la Shoah, le discours officiel étant axé sur la lutte et la souffrance du peuple en tant qu’ensemble unique. Les autorités polonaises de l’époque ont bien perçu le caractère subversif du film puisqu’il fut écarté des circuits de distributions. Les chiffres est un film très riche, son principal défaut est certainement un manque d’accessibilité. Sur le plan cinématographique, c’est une fois de plus remarquable et la façon dont Wojciech Has exprime les rapports empreints de distance entre le père et son fils est admirable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jan Kreczmar, Zbigniew Cybulski, Ignacy Gogolewski, Irena Horecka, Janusz Klosinski
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Remarques :
* Film vu sur le site de la Cinémathèque polonaise (sous-titres polonais ou anglais seulement).
* Pour appréhender toute la richesse de Szyfry (… et tout comprendre), voir la remarquable analyse du film par Anne Guérin-Castell qui a consacré un site à Wojciech Has.

Les chiffres (Szyfry)Jan Kreczmar et Zbigniew Cybulski dans Les chiffres (Szyfry) de Wojciech Has.

6 août 2023

Adieu jeunesse (1961) de Wojciech Has

Titre original : « Rozstanie »

Adieu jeunesse (Rozstanie)Magdalena, actrice et femme libre, revient dans sa ville natale après de nombreuses années pour les funérailles de son grand-père. Dans le train, elle rencontre un homme bien plus jeune qu’elle. Sur place, elle découvre que la maison de son grand-père va être préemptée par la ville…
Adieu jeunesse (Rozstanie) est un film polonais réalisé par Wojciech J. Has. Le scénario est l’œuvre de Jadwiga Zylinska, une écrivaine polonaise qui avait écrit une nouvelle du même nom. Wojciech Has aurait conçu le film comme une comédie sentimentale ; il y règne surtout un fort sentiment de mélancolie. En revenant dans sa ville natale, cette femme s’y sent étrangère. Elle a acquis une maturité et un modernisme que toutes ses anciennes connaissances n’ont pas ; elle a tourné la page du passé, les autres non. Seul un jeune homme, audacieux et curieux, lui paraît différent ; elle apprécie sa compagnie tout en sachant que cette relation restera sans lendemain. Adieu jeunesse est un film assez étrange car l’histoire ne comporte pas de temps fort et semble n’aboutir sur rien. L’image est belle mais l’ensemble nous laisse sur un sentiment de légère vacuité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lidia Wysocka, Wladyslaw Kowalski, Gustaw Holoubek, Irena Netto, Adam Pawlikowski
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Adieu jeunesse (Rozstanie)Wladyslaw Kowalski et Lidia Wysocka dans Adieu jeunesse (Rozstanie) de Wojciech Has.

4 août 2023

La Rue chaude (1962) de Edward Dmytryk

Titre original : « Walk on the Wild Side »

La Rue chaude (Walk on the Wild Side)En 1930, Dove quitte son Texas natal pour se rendre à La Nouvelle-Orléans, dans l’espoir de retrouver Hallie, son amour perdu. En chemin, il rencontre Kitty, une jeune fille en errance…
Walk on the Wild Side (on peut oublier le titre français, inutilement racoleur) est un film de Edward Dmytryk, adaptation d’un roman de Nelson Algren, paru en 1956 (à noter que ce même roman a aussi inspiré à Lou Reed sa célèbre chanson). Le propos du roman est d’observer que les personnes qui ont souffert, ou qui s’engagent sur un mauvais chemin, peuvent développer un humanisme plus important que ceux qui n’ont jamais souffert. C’est un roman assez âpre qui a été ici édulcoré par John Fante et Edmund Morris avec l’aide de Ben Hecht. L’histoire débute comme un road-movie pour se focaliser ensuite sur des scènes d’intérieur, proches d’un film noir. Le film fut très critiqué pour l’introduction d’un sentimentalisme qui était absent du roman. L’histoire possède néanmoins une force qui n’est hélas pas entièrement retranscrite à l’écran, elle repose sur quatre personnages féminins très différents. Le producteur Charles K. Feldman a réuni un beau plateau d’acteurs : Anne Baxter, Barbara Stanwyck, la jeune Jane Fonda (sa deuxième apparition à l’écran) et sa petite amie du moment, la française Capucine. L’interprétation de Barbara Stanwyck est probablement la plus remarquable car elle parvient à exprimer avec grande subtilité la nature des liens qui la lient à son employée Hollie. Face à elle, Capucine semble avoir un jeu inapproprié mais cela correspond à son personnage, suggérant qu’elle n’est pas à sa place. Seul le choix de Laurence Harvey paraît discutable car il est bien terne. Le film fut méprisé à sa sortie et après, alors qu’il ne manque pas d’intérêt, loin de là.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Laurence Harvey, Capucine, Jane Fonda, Anne Baxter, Barbara Stanwyck, Joanna Moore, Richard Rust
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La Rue chaude (Walk on the Wild Side)Jane Fonda et Laurence Harvey dans La Rue chaude (Walk on the Wild Side) de Edward Dmytryk.

La Rue chaude (Walk on the Wild Side)Capucine et Barbara Stanwyck dans La Rue chaude (Walk on the Wild Side) de Edward Dmytryk.

Remarque :
• Nelson Algren est également l’auteur de L’Homme au bras d’or adapté au cinéma par Otto Preminger en 1955.
• Détail amusant : Bien que le film soit censé se dérouler en 1930, le producteur Charles K. Feldman a imposé que sa petite amie Capucine (qui fut mannequin avant d’être actrice) porte des tenues modernes créées par Pierre Cardin.
• Blake Edwards aurait été recruté par le producteur pour retourner certaines scènes.

• Le générique de début (et de fin) est l’un des plus remarquables qui soit. Il est à la fois simple mais fascinant : un chat noir, filmé au raz du sol, déambule de sa démarche féline dans un environnement que l’on devine urbain et pauvre avant de s’en prendre à un autre chat. Il est l’œuvre de Saul Bass, ce créateur de génie de génériques. Le parcours de ce chat symbolise celui des personnages du film. Le chat fut repris pour figurer sur l’affiche alors qu’il n’est qu’à peine présent dans l’histoire. (Et, accessoirement, je viens enfin de comprendre le logo de la société française Wild Side qui, fort logiquement, a édité un coffret de ce film).

La Rue chaude (Walk on the Wild Side)Le générique de La Rue chaude (Walk on the Wild Side) de Edward Dmytryk est l’oeuvre de Saul Bass