7 août 2013

Impardonnables (2011) de André Téchiné

ImpardonnablesEcrivain renommé, Francis arrive à Venise pour y écrire son nouveau livre. Il demande à un agent immobilier, Judith, de lui trouver une maison à louer. Quand elle lui en fait visiter une sur l’île de Sant’Erasmo, il lui fait une proposition : il signe tout de suite si elle accepte d’y vivre avec lui… Impardonnables est l’adaptation du roman homonyme de Philippe Djian. Il s’agit d’un mélodrame dans lequel André Téchiné a choisi de réduire l’importance des deux personnages principaux et de développer plusieurs histoires impliquant des personnages secondaires, le plus souvent trop typés. Le résultat paraît plutôt confus et l’on finit, hélas, par se désintéresser ; tout est survolé, rien n’est vraiment approfondi. André Dussollier et Carole Bouquet (avec ses cheveux courts) font une prestation honorable sans toutefois parvenir à faire ressortir leur personnage de l’ensemble. Les décors naturels de Venise et de ses îles forment un bel écrin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Carole Bouquet, Mélanie Thierry, Adriana Asti, Mauro Conte
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6 août 2013

Adieu Berthe – L’enterrement de mémé (2012) de Bruno Podalydès

Adieu Berthe - L'enterrement de méméArmand apprend la mort de sa grand-mère Berthe qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Il doit organiser les funérailles alors qu’il n’a guère la tête à cela car il envisage de se séparer de sa femme Hélène pour vivre avec son amante Alix… Avec Adieu Berthe, les frères Podalydès ont créé une comédie qui mêle l’humour avec une certaine mélancolie. Ils réussissent bien dans les dialogues et dans la création de situations totalement saugrenues, mais ils ont tendance à grossir souvent le trait. Ils amplifient et poussent la caricature un peu trop loin et l’humour tombe alors à plat.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Denis Podalydès, Valérie Lemercier, Isabelle Candelier, Bruno Podalydès, Samir Guesmi
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Remarque :
Adieu Berthe des frères Podalydès n’a, hormis le titre, aucun point commun avec la pièce Adieu Berthe diffusée à la télévision française en 1970 dans le cadre de l’émission Au théâtre ce soir. Cette pièce est restée célèbre pour les improvisations de Francis Blanche.

4 août 2013

Conte des chrysanthèmes tardifs (1939) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Zangiku monogatari »

Les contes des chrysanthèmes tardifsA la fin du XIXe siècle, le jeune Kikunosuke fait partie d’une famille illustre d’acteurs du théâtre kabuki. Son jeu est jugé très mauvais par tous. Personne n’ose le lui dire, même son père, le grand Kikugorô Onoe. Seule Otoku, la jeune nounou de la famille, ose lui parler pour lui ouvrir les yeux. Il se développe alors entre eux une amitié qui se transforme rapidement en amour… Sous prétexte de mettre en scène les débuts du renommé Kikunosuke Onoe VI (1), Kenji Mizoguchi centre son film sur le destin de cette jeune femme Otoku qui se sacrifie pour que puisse se développer l’art de l’acteur (2). Conte des chrysanthèmes tardifs est ainsi un drame très émouvant, puissant par les émotions qu’il provoque chez le spectateur. Cette force ne vient pas seulement de l’histoire mais aussi de la forme que Mizoguchi développe avec maestria de film en film : les plans-séquences, la position de la caméra souvent assez haute, le cadrage, l’utilisation de plans moyens qui permet des mouvements circulaires de caméra, … c’est un film que l’on peut aussi ne regarder que pour analyser la forme, très inventive et déjà très aboutie, toujours au service de l’histoire dont elle décuple la force.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Shôtarô Hanayagi, Kakuko Mori, Kôkichi Takada, Yôko Umemura
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Remarque :
La scène la plus célèbre de Conte des chrysanthèmes tardifs : Mizoguchi met en scène le premier grand dialogue entre Otoku et Kikunosuke par un long plan-séquence, un lent traveling latéral en contre-plongée (comme si nous observions les personnages depuis une barque sur le fleuve alors qu’ils marchent sur un ponton de bois sur la rive par exemple) où nous suivons les personnages en train de marcher l’un derrière l’autre tout en se parlant. Lorsqu’ils s’arrêtent, la caméra s’arrête… avant de reprendre son mouvement lorsqu’ils reprennent leur marche. L’éclairage nocturne est superbe, détachant les visages des silhouettes. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma.

(1) Kikunosuke Onoe VI est ce grand acteur de kabuki que l’on peut voir dans le court métrage La Danse du lion de Yasujirô Ozu (1936).

(2) On notera aussi qu’un second personnage féminin est implicitement Kikunosuke lui-même : écrasé par la personnalité de son père, il ne parviendra à s’en libérer dans son jeu d’acteur qu’en se spécialisant dans l’interprétation de rôles féminins.

3 août 2013

L’école des facteurs (1947) de Jacques Tati

L'école des facteurs(Court métrage de 15 minutes) Pour pouvoir remettre le courrier à un avion de l’aéropostale, François le facteur doit impérativement réduire le temps de sa tournée. Après une rapide formation, il entame sa tournée, ne prenant plus guère le temps de s’arrêter (ou presque)… Tourné et diffusé en 1947, L’école des facteurs est le dernier des courts-métrages de Jacques Tati (1) et c’est celui qui servira de base à Jour de Fête. Il est intéressant d’ailleurs de les comparer car si pratiquement tous les gags de L’école des facteurs se retrouvent dans Jour de Fête, le résultat est fort différent. Entre les deux, Jacques Tati a perfectionné son art du mouvement et les gags dans le long métrage sont mieux enchaînés et plus rythmés. Même s’il ne marmonne pas encore (on comprend ici tout ce qu’il dit), le personnage du facteur est déjà bien en place avec sa silhouette inoubliable sur sa bicyclette. Les trouvailles de gags sont vraiment très nombreuses, il y a une remarquable inventivité dans l’humour de Jacques Tati.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jacques Tati, Paul Demange
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(1) C’est le dernier des courts-métrages avant qu’il ne passe aux longs métrages car, pour être exact, il faut préciser Tati réalisera encore un autre court-métrage en 1967, Cours du soir, pendant le tournage de Playtime.

2 août 2013

The Dictator (2012) de Larry Charles

The DictatorLa république du Wadiya, en Afrique du Nord, est dirigée par l’Amiral Général Aladeen, dictateur mégalomane qui fait exécuter tous ceux qui lui déplaisent. Sa haine farouche de l’Occident le pousse à développer l’arme atomique « à des fins pacifiques ». Il doit venir s’en expliquer à l’ONU et arrive ainsi à New York avec son oncle et chef de la police secrète qui complote contre lui… The Dictator est le troisième film de l’humoriste Sacha Baron Cohen. Sur le plan de la forme, on peut regretter qu’il ait abandonné le style de Borat, ce style si particulier de faux documentaire. Il est ici sur une formule plus classique, donc plus scénarisée. Son humour, en revanche, est toujours aussi débridé, outrancier et sans limite : il peut se moquer de tout, souvent assez habilement d’ailleurs car il ne tombe jamais dans le total mauvais goût même quand il s’aventure en dessous de la ceinture. La plupart des gags sont vraiment excellents. Son dictateur est un mélange de plusieurs personnages réels : beaucoup de Kadhafi, un peu de Saddam Hussein et une pointe de plusieurs autres despotes. En commun avec Borat, il y a ce regard assez caustique sur l’Amérique telle qu’elle est perçue par un outsider, une vision qui fait ressortir tous les travers et contradictions de cette civilisation modèle. Son discours final est en ce sens amusant et édifiant. Ce contenu sous-jacent donne à l’humour de Sacha Baron Cohen du corps et une certaine dimension.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sacha Baron Cohen, Anna Faris, Jason Mantzoukas, Ben Kingsley
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Remarque :
Le titre The Dictator fait bien entendu référence au grand classique de Charles Chaplin The Great Dictator (Le dictateur, 1940). De plus, on remarquera l’analogie entre le discours final susmentionné et le grand et vibrant discours humaniste de Chaplin à la fin de son film. Pour le reste, la comparaison est, on s’en doute, difficile.

1 août 2013

La Pêche au trésor (1949) de David Miller

Titre original : « Love Happy »

La pêche au trésorPour aider une jeune troupe sans le sou qui répète un spectacle à Broadway, Harpo vole de la nourriture dans la réserve d’un grand magasin. Sans le savoir, il s’empare d’une boîte de sardines dans laquelle est caché le fameux collier de diamants des Romanoff. Il va avoir à ses trousses l’intrigante Madame Egelichi et ses sbires… Love Happy est le dernier film des Marx Brothers. En réalité, il est plus souvent évoqué pour la (très) courte apparition de la jeune Marilyn Monroe, l’une de ses toutes premières à l’écran (1). Les Marx Brothers étaient alors sur le point de séparer. L’idée de base du scénario vient de Harpo et fut ensuite développée par Ben Hecht. Harpo avait souvent été comparé à Chaplin pour sa faculté à générer un humour teinté de sentimentalité et il souhaitait poursuivre sa carrière dans cette voie de comique au grand coeur. Love Happy était donc prévu initialement pour mettre en valeur Harpo seul mais la production fut plus facile à mettre en place en écrivant Marx Brothers sur l’affiche. Chico a ainsi un rôle mineur (mais nous gratifie tout de même d’un superbe numéro de piano) et Groucho fait office de narrateur, un détective privé qui raconte l’affaire. Si certains gags sont très bons, l’ensemble est très nettement en deçà des films précédents des trois frères. La partie la plus inventive est probablement celle se déroulant sur les toits avec un jeu amusant avec de gigantesques publicités lumineuses (2).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harpo Marx, Chico Marx, Ilona Massey, Vera-Ellen, Groucho Marx, Marilyn Monroe, Raymond Burr
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Remarques :
* Groucho Marx a écrit dans ses mémoires qu’il considérait Une nuit à Casablanca (1946) comme étant son dernier film avec les Marx Brothers, montrant ainsi son mépris pour Love Happy.
* Détail révélateur : les trois frères n’apparaissent ensemble dans aucune des scènes du film (deux à la fois, oui, mais les trois réunis, non).
* C’est le seul film des Marx Brothers où Groucho porte une vraie moustache et non une moustache peinte.

(1) Marilyn, vêtue d’une affriolante robe de soirée, vient demander de l’aide au détective privé (Groucho) :
« Il y a des hommes qui me suivent. »
Groucho la regarde marcher et dit :
« Vraiment ? On se demande bien pourquoi ! »

(2) Cette scène est aussi étonnante pour ses « placements de produits », source de financement devenue hélas assez courante par la suite mais qui, à cette époque, était rarissime. Ces publicités témoignent sans doute des difficultés financières de la production.

31 juillet 2013

Sommaire de juillet 2013

Big NightPrometheusFear and DesireJour de fêteLes criminelsThe Farmer's WifeThe RingCul-de-sac

Big Night

(1996) de C. Scott et Stanley Tucci

Prometheus

(2012) de Ridley Scott

Fear and Desire

(1953) de Stanley Kubrick

Jour de fête

(1949) de Jacques Tati

Les criminels

(1960) de Joseph Losey

The Farmer’s Wife

(1928) de Alfred Hitchcock

The Ring

(1927) de Alfred Hitchcock

Cul-de-sac

(1966) de Roman Polanski

Les Voleurs de trainsLa Rose du crimeL'homme à la caméraLes Moissons du cielUn tramway nommé désirMargin CallLa femme du VèmeJe suis curieuse

Les Voleurs de trains

(1973) de Burt Kennedy

La Rose du crime

(1947) de Gregory Ratoff

L’homme à la caméra

(1929) de Dziga Vertov

Les Moissons du ciel

(1978) de Terrence Malick

Un tramway nommé désir

(1951) de Elia Kazan

Margin Call

(2011) de J.C. Chandor

La femme du Vème

(2011) de Pawel Pawlikowski

Je suis curieuse

(1967) de Vilgot Sjöman

Les Tribulations d'un chinois en ChineL'homme de RioLe Sang à la têteLa Dixième VictimeBruegel, le moulin et la croixLa ServanteLa CiociaraTo Rome with Love

Les Tribulations d’un chinois en Chine

(1965) de Philippe de Broca

L’homme de Rio

(1964) de Philippe de Broca

Le Sang à la tête

(1956) de Gilles Grangier

La Dixième Victime

(1965) de Elio Petri

Bruegel, le moulin et la croix

(2011) de Lech Majewski

La Servante

(1960) de Kim Ki-young

La Ciociara

(1960) de Vittorio De Sica

To Rome with Love

(2012) de Woody Allen

Comment savoir

Comment savoir

(2010) de James L. Brooks

Nombre de billets : 25

 

29 juillet 2013

Big Night (1996) de Campbell Scott et Stanley Tucci

Titre français (DVD) : « Big night – La Grande Nuit »

Big NightDans le New Jersey des années 50, deux frères italiens, immigrés de fraîche date, ont ouvert un restaurant. Malgré l’immense talent de cuisinier de l’ainé, la clientèle ne vient pas. Un ami restaurateur leur propose de faire venir Louis Prima et qu’ils lui préparent un repas grandiose… Big Night est un peu une histoire de famille : Stanley Tucci l’a écrit avec son cousin, Joseph Tropiano, et ils ont tous deux grandi dans une famille d’origine italienne où la cuisine tenait une grande place. La mère de Stanley Tucci a été food consultant sur le film, la recette du Timpano vient de la grand-mère (1). La seconde partie du film laisse une grande place à cette cuisine, sorte de Festin de Babette italiano-américain. Pour le reste, Big Night est un film plaisant, assez léger dans son regard sur l’esprit des immigrés italiens : l’ainé des deux frères garde un esprit très européen, vieille Europe même car très rigide sur ses principes, alors que le cadet a une approche plus pragmatique et commerciale, déjà conquis par le rêve américain. Cette vision reste donc assez conventionnelle. Les personnages secondaires sont peu approfondis. Mais Big Night est un film positif et chaleureux, il fut très bien reçu aux Etats-Unis.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tony Shalhoub, Stanley Tucci, Minnie Driver, Isabella Rossellini, Liev Schreiber, Ian Holm
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(1) Le Timpano est un plat typique de la petite ville de Calabre (extrême sud de l’Italie) d’où la famille de Stanley Tucci est originaire. Il s’agit d’un très grand plat en croûte avec de multiples couches de pâtes, de viande, d’oeufs et de fromage (voir photos).

28 juillet 2013

Prometheus (2012) de Ridley Scott

Prometheus2085. Une étrange peinture murale très ancienne est découverte dans une grotte, une invitation à se rendre sur une certaine planète lointaine. Dans l’espoir d’obtenir des éléments sur l’origine de l’humanité, une expédition parvient à destination et s’y pose… Prometheus marque le retour de Ridley Scott vers la science-fiction. Partant de l’idée de faire un prologue à son Alien (dont la qualité des suites a sombré de film en film), il a ensuite évolué vers un thème beaucoup plus large et noble : la quête du créateur. Hélas, on ne retrouve pas la grandeur du sujet dans ce premier Prometheus : après un beau premier tiers qui laisse augurer le meilleur, le film s’enlise et ne s’envole guère. Tous les efforts ont été concentrés sur la création de tension et d’angoisse sans que les personnages soient développés ; le meilleur exemple est ce robot androïde qui aurait vraiment mérité d’être mieux exploité car c’est un personnage très intéressant. Les décors créés sont assez gigantesques, utilisant largement les images de synthèse qui sont très bien intégrées, et le film a été conçu pour très bien fonctionner en 3D. Prometheus comporte de belles scènes, des moments assez brillants même mais l’ensemble apparaît plombé par un scénario trop simple.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce
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Remarques :
* Les plans d’extérieurs, désertiques et lunaires, ont été tournés en Islande, dans la région de l’Hekla. Les impressionnantes chutes d’eau au tout début du film sont celles de Dettifoss au nord est de l’Islande.
* Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan. Après avoir créé les hommes à partir de restes de boue transformés en roches, il a volé le savoir divin symbolisé par le feu sacré de l’Olympe,  pour le donner aux hommes. Pour cet acte, il fut enchainé à un rocher pour l’éternité, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle. Il sera finalement libéré par Héraclès au cours de ses douze travaux.

26 juillet 2013

Fear and Desire (1953) de Stanley Kubrick

Fear and DesireDans une guerre que l’on nous dit imaginaire, quatre soldats se retrouvent derrière les lignes ennemies après le crash de leur avion. Ils errent dans une forêt inconnue, cherchant à rejoindre leur unité… Fear and Desire est le premier long métrage de Stanley Kubrick, celui que si peu de personnes avait vu puisque Kubrick avait pris soin de le retirer de la circulation. C’est certainement sa recherche constante du perfectionnisme qui explique cette décision mais le film est loin d’être sans intérêt. Dans un environnement hostile, c’est une quête de la vérité que poursuivent ces quatre hommes, la vérité sur la nature de l’homme. Le film n’est pas sans maladresse (l’abondance trop importante de gros plans par exemple, traduction la plus visible d’une certaine influence du cinéma soviétique) mais si l’on replace Fear and Desire dans le contexte de son époque, le film nous apparaît étonnamment différent sur le fond et inventif sur la forme. Kubrick assimile ses influences et expérimente. On peut s’amuser à y rechercher les éléments qui préfigurent ses films futurs (1). Fear and Desire nous permet d’assister à la naissance d’un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Silvera, Kenneth Harp, Paul Mazursky, Stephen Coit, Virginia Leith
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Remarques :
* Fear and Desire a été tourné avec un très petit budget, dans les montagnes de San Gabriel en Californie, sans bande son, les voix ayant été rajoutées en studio. Cela se sent nettement mais, tout compte fait, cette étrangeté de la bande sonore ajoute au caractère allégorique du film.
* En 1953, le film a été distribué dans quelques salles Art et Essai new-yorkaises où il était projeté en double programme avec L’Enjôleuse de Buñuel.
* Le scénario a été écrit par Howard Sackler, poète et ami de Kubrick.

(1) Le plus étonnant à mes yeux étant cette rencontre de deux des personnages avec leurs alter-ego plus âgés qui préfigure celle de Bowman à la fin de 2001.