2 février 2015

Moana (1926) de Robert Flaherty

MoanaLe succès mondial de Nanook of the North permit à Robert Flaherty et à sa femme Frances d’aller passer deux années entières dans l’archipel des Samoa en plein Pacifique. Grâce à la petite fille du chef Seumanutafa, qui fut ami intime de Robert Louis Stevenson, ils vont pouvoir partager l’existence des Polynésiens qui vivent là en pleine harmonie avec la nature, à l’écart de toute civilisation moderne. Après le grand nord de Nanouk, ces îles prennent l’apparence d’un véritable paradis terrestre avec ses scènes de cueillette, de pêche et de chasse. Moana nous en montre tous les aspects, ce qui est très intéressant. Toute la fin du film est consacrée au rite de passage d’un jeune samoan au statut d’Homme, partie qui il faut bien l’avouer paraît un peu longue, même si le caractère ethnologique de la démarche des époux Flaherty y est très nette (1). Roman Moana Le montage est travaillé, assez remarquable, et le cinéaste utilise parfaitement les gros plans pour nous placer près des corps. Contrairement à son prédécesseur, Moana n’eut pas les faveurs du public. L’une des explications que l’on peut avancer pour expliquer cet insuccès est l’absence de danger apparent ou de tension. Moana de Robert Flaherty est néanmoins un très beau film que nous pouvons voir aujourd’hui dans une version restaurée et (fort bien) sonorisée en 1980 par Monica Flaherty, sa fille, qui a accompagné le tournage… âgée de trois ans. C’est l’un des films fondateurs du genre documentaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Flaherty sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Flaherty chroniqués sur ce blog…

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(1) Il semblerait que ce rite était tombé en désuétude et qu’il n’ait été ravivé que pour le film.

Moana de Robert Flaherty

1 février 2015

Nanouk l’Esquimau (1922) de Robert Flaherty

Titre original : « Nanook of the North »

Nanouk l'Esquimau(Film muet) Nanouk l’Esquimau fait partie des films fondateurs de l’art cinématographique : si Robert Flaherty n’a pas « inventé » le documentaire, il lui a certainement donné ses titres de noblesse. Plusieurs tentatives précédentes ratées lui ont permis d’affiner sa démarche : avec ce film, il désire éviter tout folklore ou exotisme pour nous montrer cette famille d’Inuits comme des êtres humains, avec leurs aspirations et leur culture. Une approche très ethnologique donc. Pour atteindre son but, Flaherty n’hésite pas à recréer les situations où Nanouk et sa famille jouent leur propre rôle avec beaucoup de naturel (seule une scène, celle du gramophone, laisse transpirer une certaine artificialité). Il filme des kilomètres de pellicule, qu’il développe sur place et montre à ses « acteurs ». Au montage, il n’en gardera qu’un dixième environ. Même un siècle plus tard, le résultat est assez passionnant, nous laissant souvent ébahis face à l’ingéniosité déployée par l’homme pour survivre dans un environnement si hostile. Nous sommes également assez émerveillé par la vision de cette nature inviolée avec laquelle l’homme paraît être en communion. La construction de l’igloo d’un soir, la chasse au morse, la chasse au phoque et son dépeçage immédiat et même le réveil de toute la famille sont des scènes étonnantes. Flaherty prend le temps de bien expliquer la raison de chaque comportement. Le succès de Nanouk l’Esquimau fut très important et son influence sur l’émergence d’un certain style documentaire fut considérable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* La méthode de Flaherty peut être opposée à celle de Dziga Vertov (le cinéma-oeil) pour qui la personne filmée devait ignorer la présence de la caméra.

* Pour les scènes à l’intérieur de l’igloo et avoir suffisamment de recul pour placer sa caméra, Flaherty proposa à Nanouk de construire « le plus grand igloo jamais construit ». Ils mirent plusieurs jours à y parvenir après de nombreux écroulements.

* Le succès du film fut tel que les chocolats glacés, récemment apparus (l’inventeur américain avait déposé son brevet sous le nom d’eskimo-pie quelques mois avant la sortie du film), furent appelés des nanouks en Allemagne, URSS et Europe centrale. En France, Gervais avait déposé la marque Esquimau. Le film accompagna leur rapide popularité.

* Le film a été financé par le fourreur français Revillon (ce qui explique certainement la présence de cette longue scène au début du film où Nanouk apporte ses peaux à vendre à la ville).

* Nanouk n’a rien su de sa popularité mondiale car il est mort de faim peu après le tournage, lors d’une de ses longues expéditions de chasse en forêt, avant même la sortie du film.

* Un documentaire de 65 minutes Saumialuk, le grand gaucher (c’est le surnom de Flaherty donné par les Esquimaux qui le voyaient toujours tourner la manivelle de la main gauche) a été réalisé en 1987 par Sébastien Régnier et Claude Massot qui sont partis sur les traces de Flaherty plus de soixante ans après.

Nanouk l'Esquimau (1922) de Robert J. Flaherty
Nanouk l’Esquimau

Nanouk l'Esquimau (1922) de Robert J. Flaherty
Nyla, la femme de Nanouk, et leur plus jeune fils.

31 janvier 2015

Sommaire de janvier 2015

Soleil vertLes Chiens de pailleLe Chevalier de MaupinMinuit dans le jardin du bien et du malSeptemberLe Couple invisibleHannah et ses soeursHellzapoppin'

Soleil vert

(1973) de Richard Fleischer

Les Chiens de paille

(1971) de Sam Peckinpah

Le Chevalier de Maupin

(1967) de Mauro Bolognini

Minuit dans le jardin du bien et du mal

(1997) de Clint Eastwood

September

(1987) de Woody Allen

Le Couple invisible

(1937) de Norman McLeod

Hannah et ses soeurs

(1986) de Woody Allen

Hellzapoppin’

(1941) de H.C. Potter

Histoire de détectiveLa Dernière VagueTempête à WashingtonFrançois PremierCinéma ParadisoQuatre au paradisTabouLa Lumière

Histoire de détective

(1951) de William Wyler

La Dernière Vague

(1977) de Peter Weir

Tempête à Washington

(1962) de Otto Preminger

François Premier

(1937) de Christian-Jaque

Cinéma Paradiso

(1988) de Giuseppe Tornatore

Quatre au paradis

(1938) de Michael Curtiz

Tabou

(2012) de Miguel Gomes

La Lumière

(1987) de Souleymane Cissé

Le ventLoveLa Vie d'un honnête hommeVille conquisePoulet au vinaigre

Le Vent

(1982) de Souleymane Cissé

Love

(1969) de Ken Russell

La Vie d’un honnête homme

(1953) de Sacha Guitry

Ville conquise

(1940) de Anatole Litvak

Poulet au vinaigre

(1985) de Claude Chabrol

Nombre de billets : 21

30 janvier 2015

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer

Titre original : « Soylent Green »

Soleil vertNew York en 2022 compte quarante millions d’habitants, la plupart sans domicile, se nourrissant des nourritures synthétiques en plaque fabriquées par la compagnie Soylent. Le policier Thorn a la chance d’avoir un minuscule appartement qu’il partage avec Sol, un vieillard qui l’aide dans ses enquêtes. La mort suspecte d’un « homme riche » va les amener à découvrir un terrible secret… Soleil vert, l’un des films majeurs de la science-fiction au cinéma, est l’adaptation d’un roman d’Harry Harrison. Si le film est remarquable, ce n’est pas tant par le déroulement de l’enquête, ni même par la découverte du terrible secret (que le spectateur devinera certainement très tôt dans le film, s’il ne l’a pas appris à l’avance à la lecture d’un résumé), mais plutôt par la vision qu’il nous permet d’avoir d’un futur proche, celle d’un monde asphyxié par une surpopulation extrême, une pollution omniprésente, une pénurie généralisée, une perte totale des liens avec la nature. Certaines scènes sont vraiment marquantes (comme celle des camions-bennes anti-émeute) mais la puissance du film vient certainement de la proximité du monde décrit avec notre monde actuel, autant celui de 1973 que celui du troisième millénaire. Bien entendu, notre monde n’a (heureusement) pas atteint ce niveau de surpopulation mais le point important dans cette vision est de nous montrer un monde en pleine « dé-socialisation », en proie à un délitement total des rapports entre les hommes, à la perte progressive de la valeur humaine. Cette préoccupation reste très actuelle : l’accroissement de la valeur humaine, que l’on pourrait sans doute nommer progrès de l’humanité, pourrait-elle à un moment donné culminer pour nous faire basculer dans une régression ? La question se situe bien au-delà de la simple préoccupation de savoir si cette vision est pessimiste ou pas (elle l’est, mais c’est secondaire). Soleil vert se situe donc bien dans la lignée des grands romans ou films de science-fiction qui, 1984 en tête, jouent le rôle de lanceurs d’alerte en extrapolant. Ils nous questionnent sur notre monde, celui d’aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons. Ils ont ainsi une indéniable dimension philosophique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Edward G. Robinson, Chuck Connors, Joseph Cotten
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Soleil Vert
Charlton Heston découvre le secret du Soleil vert dans le film homonyme de Richard Fleisher.

Remarques :
* Le mot « Soylent » est formé avec la première syllabe des deux mots « soybeans & lentils » (soja et lentilles).
* Le roman de Harry Harrison s’intitule Make room ! Make room ! (1966). En dehors de ce roman, ses histoires étaient souvent marquées par un certain humour. Il a notamment créé les personnages Ratinox (The Stainless Steel Rat) et Bill, le héros galactique (Bill, the Galactic Hero) (récemment porté à l’écran) qu’il a fait vivre dans plusieurs romans. Harry Harrison a eu sans doute plus d’influence en étant éditeur de plusieurs magazines publiant des nouvelles.
* La composition si particulière du Soleil vert n’était pas dans le roman. Cette facette a été introduite par le scénariste Stanley R. Greenberg.
* Soleil vert est le dernier film d’Edward G. Robinson. L’acteur était très malade pendant le tournage et en outre était devenu presque totalement sourd. Il est décédé en janvier 1973, avant même la sortie du film.
* Le jeu vidéo auquel joue la jeune femme dans l’appartement de Joseph Cotten est Computer Space. Ce jeu créé en 1971 par Nolan Bushnell (futur créateur d’Atari) est le premier jeu vidéo en machine d’arcades (à pièces). A l’époque du tournage, c’était le seul. Pong apparaitra quelques mois plus tard.

 

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Charlton Heston et Edward G. Robinson dans Soleil vert de Richard Fleischer

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Les camions-bennes anti-émeute à l’oeuvre dans un monde en proie à la surpopulation dans Soleil vert de Richard Fleischer.

28 janvier 2015

Les Chiens de paille (1971) de Sam Peckinpah

Titre original : « Straw Dogs »

Les chiens de paillePour fuir la violence qu’il jugeait trop omniprésente dans son pays, un jeune américain est venu s’installer dans le village natal de sa femme en Cornouailles afin de poursuivre au calme ses recherches en mathématiques. Pour retaper le garage, il a engagé des habitants du village qui semblent surtout motivés à lorgner sa femme… Adaptation d’un roman en faveur de l’auto-défense, Les Chiens de paille est le premier film de Sam Peckinpah qui n’est pas un western. La mise en place est très longue, Sam Peckinpah prenant tout son temps pour installer un climat angoissant qui nous met très mal à l’aise. Outre la galerie de véritables primates que sont les autochtones, il utilise pour ce faire un style de montage très particulier, très haché, qui génère une impression de déséquilibre. Dans une seconde moitié, il donne libre cours à son thème favori, la violence : à la violence bestiale des primates précités, il oppose la violence plus froide et calculée de l’intellectuel, qui se révèle finalement être aussi épidermique et primitive que la première. Sans offrir vraiment de réflexion sur cette violence (contrairement à d’autres films de la même époque, on peut penser à Délivrance ou à Orange mécanique par exemple), Peckinpah semble plus vouloir jouer sur la fascination / répulsion face à cette ultra-violence, la scène du double viol étant la meilleure illustration.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, David Warner
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Remarques :
* On peut s’interroger sur le sens du titre. La production a déclaré que l’origine en était une citation de Lao Tseu : « Rudes sont le ciel et la terre qui traitent en chiens de paille la multitude des êtres. Rude est le sage qui traite le peuple en chien de paille. »
Hum… c’est effectivement nettement plus clair ! En cherchant un peu plus, on trouve que les chiens de paille étaient utilisés comme figure sacrificielle dans la Chine ancienne. Avec cette précision, on peut commencer à comprendre la citation (mais on ne voit pas bien pourquoi elle s’appliquerait au film…)
* D’habitude fort peu attiré par la violence, Dusty Hoffman a avoué n’avoir tourné ce film que pour des raisons pécuniaires.
* Le roman, intitulé The Siege of Trencher’s farm (1969), est de l’écossais Gordon Williams.

Remake :
Chiens de paille (Straw Dogs) de Rod Lurie (2011) avec James Marsden et Kate Bosworth.

Les Chiens de paille
Le calme avant la tempête… Susan George et Dustin Hoffman dans Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah.

25 janvier 2015

Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Titre original : « Madamigella di Maupin »

Mademoiselle de MaupinAu XVIIIe siècle, Magdeleine de Maupin, déguisée en abbé, est envoyée par son père au couvent pour la protéger de l’invasion des troupes hongroises. La jeune fille préfère toutefois prendre sa liberté pour rencontrer l’amour. Prise pour un jeune garçon, elle est enrôlée de force par un fougueux capitaine du roi… Cette adaptation du roman de Théophile Gautier Mademoiselle de Maupin est l’unique film d’aventures de Mauro Bolognini. Cette histoire, qui évoque quelque peu le Chevalier d’Eon, est un divertissement léger et assez plaisant à condition de faire preuve d’imagination : aucun effort n’ayant été fait pour travestir un tant soit peu la belle Catherine Spaak en homme ou même en jeune garçon efféminé, on se demande par quel mécanisme mental les autres personnages peuvent ne pas voir qu’il s’agit d’une femme (l’habit était certes plus important à cette époque qu’aujourd’hui, la robe était certainement un élément indissociable de la féminité et inversement, les perruques gênaient-elles à l’identification des sexes ?) Toutes ces réflexions intérieures nous font perdre un peu le fil de l’histoire qui, fort heureusement, n’est guère complexe. Robert Hossein, auréolé du succès d’Angélique Marquise des anges, était un choix sans doute assez facile pour le rôle du séducteur plein de bravoure mais semble ne s’être investi qu’assez mollement dans ce personnage assez pataud. Le Chevalier de Maupin est le premier film en couleurs de Bolognini et l’image est très belle ; le meilleur du film se situe certainement là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian
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Remarques :
* Le film aurait eu quelques soucis avec la censure. Pourtant, et en cherchant bien, un seul plan semble pouvoir affoler les sens d’une personne émotive (Catherine Spaak, sortant du bain, vue nue de dos une fraction de seconde dans le reflet d’une flaque d’eau)…
* Le film est de toute évidence post-synchronisé, cela se sent.
* Catherine Spaak joue le rôle d’une mère supérieure dans un remake pour la télévision (RAI en Italie et TF1 en France) : Julie, chevalier de Maupin (2004) avec Sarah Biasini (la fille de Romy Schneider) dans le rôle principal.

Chevalier
Robert Hossein et Catherine Spaak déguisée en garçon dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Le Chevalier de Maupin de Mauro Bolognini
Catherine Spaak déguisée en garçon (si!) et Tomas Milian dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

24 janvier 2015

Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) de Clint Eastwood

Titre original : « Midnight in the Garden of Good and Evil »

Minuit dans le jardin du bien et du malUn jeune reporter arrive dans une ville du sud des Etats-Unis (Savannah en Géorgie) pour écrire un papier sur une célèbre réception annuelle chez un millionnaire local où est invitée toute la bonne société de la ville… Minuit dans le jardin du bien et du mal est adapté d’un roman de John Berendt, lui-même basé sur des faits et des personnages réels. L’intrigue n’est pas très passionnante mais c’est certainement la possibilité d’une approche plutôt ethnographique qui a attiré Clint Eastwood : l’homosexualité vient ici perturber (gentiment) les assises sociales. Le propos ne va pas très loin mais venant d’Eastwood, cela surprend quelque peu. Le film est plus remarquable par sa forme, d’un très beau classicisme avec une belle photographie et de superbes mouvements de caméra. Il n’est pas interdit de trouver l’ensemble un peu long…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Kevin Spacey, Jack Thompson, Jude Law
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Remarques :
* Lady Chablis joue ici son propre rôle.
* La statue que l’on voit sur l’affiche est une sculpture créée par Sylvia Shaw Judson et intitulée Bird Girl. Seulement quatre exemplaires furent réalisés dont un qui fut acheté par une famille de Savannah. Cette statue connut la notoriété lorsqu’elle fut placée sur la couverture du livre de John Berendt.  La statue utilisée dans le film n’est qu’une copie, mal réalisée de surcroît puisque la jeune fille a les pouces tournés vers nous, ce qui est impossible.

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23 janvier 2015

September (1987) de Woody Allen

SeptemberDans une maison de la Nouvelle Angleterre, Lane reçoit sa mère, ex-star de cinéma plutôt frivole, pour quelques jours de même que son amie Stephanie. Le voisin de Lane l’aime secrètement alors que Lane est amoureuse de Peter, un écrivain venu habiter quelques semaines dans sa maison pour parvenir à écrire au calme, mais Peter est attiré par Stephanie qui est mariée… Pour écrire September, Woody Allen dit avoir été inspiré par la maison de campagne de Mia Farrow, maison qu’il a reconstituée en studio. Il y place un drame aux accents tchékhoviens basé sur six personnages. Si September a souvent été rapproché d’Interiors (1978) pour son atmosphère bergmanienne, il n’a pas tout à fait la même profondeur. Le sujet principal est ici l’inaccessibilité de l’être aimé, les rares tentatives par Woody Allen d’élargir le propos restent limitées dans leur portée. Woody Allen marque certains contrastes : face à l’abnégation tourmentée de Lane, dont l’interprétation par Mia Farrow a parfois des inflexions christiques, la mère paraît particulièrement égoïste et superficielle (mais c’est leur seul personnage qui ressortira indemne). Il n’y a aucun plan d’extérieurs : tout le film se déroule dans la maison pour laquelle Carlo Di Palma a créé de beaux éclairages, parfois à la bougie (lors de la panne). September fut un très gros échec commercial pour Woody Allen.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dianne Wiest, Mia Farrow, Elaine Stritch, Sam Waterston, Denholm Elliott, Jack Warden
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Remarques :
* Woody Allen avait tourné et monté une première version de September avec Maureen O’Sullivan dans le rôle de la mère, Charles Durning dans le rôle du voisin, et Christopher Walken, rapidement remplacé par Sam Shepard, dans le rôle de Peter. Peu satisfait du résultat (surtout de la prestation de Maureen O’Sullivan), Woody Allen a décidé de tout refaire. La première version a été détruite.

* Fait unique dans sa filmographie : 1987 est une année où Woody Allen a sorti deux longs métrages cinéma, September et Radio Days.

September de Woody Allen
Mia Farrow et Sam Waterston dans September de Woody Allen.

22 janvier 2015

Le Couple invisible (1937) de Norman McLeod

Titre original : « Topper »

Le couple invisibleMarion et George forment un couple de riches oisifs qui mènent une vie de plaisir. Tués sur le coup dans un accident, ils deviennent des fantômes et doivent accomplir au moins une bonne action pour être acceptés au ciel. Ils décident de changer la vie morne et terne de Monsieur Topper, banquier de son état… L’histoire de Topper est tirée d’un roman de Thorne Smith. L’idée du producteur Hal Roach est de faire un film dans le style de The Thin Man qui avait rencontré un grand succès, c’est-à-dire une comédie légère basée sur un couple fantasque et frivole. L’ensemble est très amusant, bien enlevé, avec de beaux effets de transparence ou d’apparition/disparition des personnages. Si Cary Grant est un peu retenu dans son jeu, Constance Bennett est absolument délicieuse mais le plus remarquable est sans doute Roland Young dans le rôle du banquier qui rêve de s’émanciper. Topper remporta un grand succès qui suscita la mise en production de deux suites. Pour des raisons que j’ignore, les critiques ont tendance à bouder cette comédie. Ils ont tort car elle nous fait vraiment passer un bon moment.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Constance Bennett, Cary Grant, Roland Young, Billie Burke
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Remarques :
* Initialement, le projet était prévu avec Jean Harlow dans le rôle de Marion et W.C. Fields dans le rôle de Topper mais aucun des deux n’étaient libres.
* Lana Turner (alors âgée de 16 ans) apparaît dans un petit rôle de figuration (une cliente du night-club).
* Topper fut (hélas) le premier film à être colorisé en 1985.
* Mrs. Stuyvesant est interprétée par Hedda Hopper,  l’infâme chroniqueuse ultra-réactionnaire et colporteuse de ragots (concurrente de Louella Parsons). Elle débutera sa chronique l’année suivante alors que sa carrière d’actrice marque le pas.

Suites :
1) Fantômes en croisière (Topper takes a trip) de Norman Z. McLeod (1938) avec Constance Bennett, Roland Young mais sans Cary Grant.
2) Le Retour de Topper (Topper returns) de Roy Del Ruth (1941) avec Joan Blondell et Roland Young.
En outre, Topper a été repris plusieurs fois à la télévision.

Le Couple invisible (1937) de Norman Z. McLeod
(de g. à d.) Roland Young, Cary Grant et Constance Bennett dans Topper.

Le Couple invisible (1937) de Norman Z. McLeod
Au début de Topper, Constance Bennett et Cary Grant se sont endormis dans cette superbe voiture qui a été dessinée par Bohman & Schwartz sur le châssis d’une Buick 1936. Il s’agit d’un modèle unique. En outre, un deuxième volant face au passager a été placé de telle sorte qu’il ne puisse être vu par la caméra afin de donner l’impression, dans certaines scènes, qu’elle roule sans conducteur (ou plus exactement avec un conducteur invisible…)

21 janvier 2015

Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen

Titre original : « Hannah and Her Sisters »

Hannah et ses soeursUne famille réunie pour un repas de fin d’année, c’est le point de départ de Hannah et ses soeurs qui nous fait suivre les hésitations sentimentales et les angoisses existentielles des participants à ce repas sur une période de deux années. Dans la filmographie de Woody Allen, le film marque un retour au temps présent et se démarque par rapport aux précédents par le fait qu’il n’y a pas ici un personnage principal mais cinq, voire six. Cette multiplicité permet à Woody Allen de signer un film très riche où les situations sont nombreuses. Pour l’écrire, il a puisé en grande partie dans sa vie personnelle et celle de Mia Farrow. Très new-yorkais, c’est aussi un film très vivant et parfaitement équilibré, mêlant habilement l’humour au dramatique. Très allénien en quelque sorte… Hannah et ses soeurs fut un grand succès couronné par pas moins de trois Oscars. Il est certainement à classer parmi les meilleurs films de Woody Allen.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mia Farrow, Dianne Wiest, Barbara Hershey, Michael Caine, Maureen O’Sullivan, Lloyd Nolan, Max von Sydow, Woody Allen
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Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen

Remarques :
* De nombreuses scènes furent tournées dans le propre appartement de Mia Farrow. En outre, les quatre enfants de Mia Farrow apparaissent dans le film, y compris Soon-Yi Previn.

* Comme son personnage, Woody Allen a cru avoir une tumeur au cerveau (à l’époque du tournage de Manhattan).

* Comme Mia Farrow lui reprochait de mettre des éléments de leur vie personnelle dans le film, Woody Allen a modifié le scénario pour qu’Hannah reproche à sa soeur de mettre sa vie personnelle dans le scénario qu’elle écrivait ! La colère de Mia Farrow est ainsi autant celle de son personnage envers sa soeur que la sienne propre envers son compagnon Woody Allen.

* Les parents des trois soeurs sont interprétés par deux grands vétérans d’Hollywood : la mère par Maureen O’Sullivan (l’affriolante Jane des Tarzan dès 1932) qui, rappelons-le, est la mère de Mia Farrow dans la vraie vie… et le père par Lloyd Nolan (160 films au compteur dont nombre films de gangsters des années 30 et films noirs des années 40). C’est hélas son dernier film puisque l’acteur est décédé peu après la fin du tournage, avant même la sortie du film, à l’âge de 83 ans.

* Hannah et ses soeurs est le premier film de Woody Allen sans son directeur de la photographie habituel Gordon Willis, retenu sur un autre tournage. C’est ainsi le premier film du réalisateur avec Carlo Di Palma qui a été le directeur de la photo d’Antonioni. C’est un changement important pour Woody Allen qui désire donner un style plus européen à ses films, privilégier le mouvement et la mobilité. Di Palma restera son directeur de la photo pendant plus de dix ans.

Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen
Hannah (Mia Farrow) et ses soeurs Lee (Barbara Hershey) et Holly (Dianne Wiest).